Varicelle

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Ce terme possède un paronyme?, voir : Viricelles
Éruption varicelleuse typique chez un enfant, montrant des vésicules et pustules diffuses du tronc.
Éruption varicelleuse typique chez un enfant, montrant des vésicules et pustules diffuses du tronc.

La varicelle est une maladie infantile éruptive fréquente, caractérisée par sa très grande contagiosité. Elle traduit la primo-infection par le virus varicelle-zona ou VZV, virus de la famille Herpesviridae. Dans plus de 90 % des cas elle survient chez l'enfant entre 1 et 15 ans. Sa période d’incubation est de 14 jours en moyenne (de 10 à 21 jours).

Bénigne chez l'enfant bien portant, elle peut être redoutable et mortelle chez l'adulte non immunisé, l'immunodéprimé, la femme enceinte et le nouveau-né.

Sommaire

[modifier] Cause

Icône de détail Article détaillé : virus varicelle-zona.

Le virus de la varicelle-zona, comme son nom l'indique, est à l'origine de la varicelle et du zona. Il fait partie du groupe des Herpesviridae. La première infestation entraîne le tableau de la varicelle puis le virus se réfugie dans les ganglions nerveux sensitifs où il peut rester latent durant des décennies. Sa réactivation secondaire est responsable du zona.

Le virus est présent dans le nez et la gorge avant l'éruption et dans les vésicules au cours de cette dernière. La contagiosité débute entre un et deux jours avant l'éruption. Elle se termine lors de la guérison complète (perte de toutes les croûtes résultant de la cicatrisation des vésicules). Elle peut être prolongée dans les formes graves.

Le virus pénètrerait dans l'organisme à travers les voies respiratoires, rejoignant les ganglions lymphatiques pour s'y multiplier, puis se disséminerait après la période d'incubation, dans la gorge et la peau.

[modifier] Épidémiologie

Dans les pays tempérés, plus de 90% des adultes ont eu la varicelle durant l'enfance ou l'adolescence (le plus souvent entre 1 et 9 ans). La maladie se déclare souvent plus tard dans les pays tropicaux.

L'incidence est plus élevée en hiver et au printemps. La surveillance de l'évolution de l'incidence en France est effectuée par le réseau Sentinelles de l'Inserm.

Les formes les plus tardives sont sensiblement plus graves.

[modifier] La maladie infantile

[modifier] Symptômes courants

  • Malaise général et fièvre peu élevée quelques heures avant l’éruption cutanée.
  • Eruption cutanée :
    • De petites macules rosées apparaissent initialement. Elles vont vite se recouvrir de vésicules en gouttes de rosée, qui dans les trois jours vont se dessécher et former une croûte. Il peut rester des lésions hypopigmentées transitoires, ou des cicatrices.
    • Généralement ces lésions apparaissent en premier sur le cuir chevelu, puis sur le thorax et les muqueuses, ensuite sur les membres, avec respect des régions palmo-plantaires, et enfin au visage.
    • Les différentes séries de lésions décalées dans le temps font que coexistent les différents types de lésions sur tout le corps.
    • L'importance de l'éruption est très variable d'un individu à l'autre.
  • Difficulté à s’alimenter en raison des vésicules qui se forment parfois dans la bouche.
  • Fortes démangeaisons (prurit).
  • Toux importante dans certains cas.

[modifier] Diagnostic

Il est le plus souvent évident devant l'aspect de l'éruption et la notion d'un contact dans les deux semaines qui précèdent avec un autre malade.

A titre exceptionnel, le diagnostic peut être confirmé par la recherche du virus dans les vésicules.

La recherche d' anticorps contre la varicelle (sérologie) peut être faite mais il existe quelques réactions croisées avec les anticorps dirigés contre les autres herpèsvirus. Cette recherche peut être utile afin de cibler les personnes à vacciner (absence d'anticorps).

[modifier] Évolution naturelle

  • Guérison en 7 à 16 jours pour adultes et enfants.
  • Généralement l'immunité est définitive mais il est possible, quoique rarissime, d'observer une deuxième varicelle chez un sujet immunodéprimé.
  • Le virus reste en sommeil et peut plus tard se trouver à l’origine d’un zona.

[modifier] Varicelle compliquée

Bien que bénigne dans la très grande majorité des cas, la varicelle peut se compliquer, en particulier chez les sujets immunodéprimés, les nourrissons, les adultes, les femmes enceintes.

  • Impétigo : surinfection bactérienne en cas de grattage des lésions cutanées
  • Pneumopathie varicelleuse : elle n’est pas rare chez l’adulte, et se manifeste par des symptômes pulmonaires aigus aspécifiques (toux, fièvre élevée, difficultés à respirer, hémoptysie).
  • Ataxie cérébelleuse aiguë : se voit chez l’enfant, d’évolution bénigne (un cas sur 4000).
  • Syndrome de Reye : c’est une encéphalite gravissime, exceptionnelle, due à la prise d'anti-inflammatoires, tels que l'aspirine.

[modifier] Traitement

Chez les formes banales de l'enfance, la maladie n'est pas grave et ne relève que d'un traitement des symptômes : fièvre, démangeaisons.

Lors de la phase éruptive :

  • Eviter que l’enfant se gratte (couper les ongles au ras, voire utilisation de moufles chez le petit enfant), car cela peut provoquer des cicatrices cutanées inesthétiques définitives. On peut aussi donner à l’enfant un bain d’eau tiède dans lequel on aura fait dissoudre un peu de bicarbonate de soude afin de calmer les démangeaisons. Un antihistaminique peut éventuellement être prescrit par votre médecin.
  • Isoler l’enfant de ses camarades et des adultes n’ayant pas été infectés lors de leur enfance. L’éviction scolaire est probable et se décide au cas par cas. La contagion commençant la plupart du temps avant que les symptômes n'aient été identifiés, il est généralement trop tard pour stopper totalement la transmission de la maladie.
  • Consulter un médecin, il prescrira des antiseptiques et parfois des antibiotiques, uniquement en cas de surinfection (impétiginisation).
  • Donner à boire en abondance.
  • Ne pas donner d'anti-inflammatoires contenant de l'acide acétylsalicylique, type aspirine, ni d'anti-inflammatoire stéroïdien (corticoïdes, aussi bien en application locale que par voie orale – ce qui arrive chez les enfants souffrant d’eczéma sévère –), ou non stéroïdien (notamment de type ibuprofène), qui sont formellement contre-indiqués du fait du risque – rarissime – de syndrome de Reye
  • Ne pas utiliser de crèmes, gels, talc, pommades, qui augmentent le risque de surinfection par macération.

Dans les formes graves, un traitement antiviral est prescrit : L'aciclovir est régulièrement efficace, avec des résistances exceptionnelles.

[modifier] Vaccination

Elle se fait en une injection unique chez l'enfant de moins de 12 ans, et en deux injections espacées d'un à deux mois, chez l'enfant plus âgé. Elle peut être faite de manière isolée, ou groupée (vaccination anti-varicelle, rubéole, oreillons et rougeole).

L'efficacité atteint près de 90%, et en cas de varicelle, cette dernière est sensiblement moins grave. De plus, elle devrait théoriquement diminuer le risque de zona mais cela n'a pas été démontrée formellement. L'efficacité de la vaccination semble cependant sensiblement diminuer avec le temps[1].

La vaccination reste sûre avec moins de 3 accidents pour 100 000 doses, ces derniers survenant essentiellement chez l'enfant immunodéprimé.

[modifier] En France

Depuis septembre 2004 le vaccin est disponible en France. Il n’est pas obligatoire pour les enfants en raison de la bénignité de la maladie et du risque de déplacer la maladie vers l'âge adulte, donc vers des formes bien plus graves. Elle est recommandée (et remboursée) dans 4 cas :

  1. vaccination post-exposition dans les 3 jours suivant l’exposition à un patient avec éruption, chez les adultes immunocompétents sans antécédents de varicelle.
  2. entrée en 1re année des études médicales et paramédicales, pour les étudiants sans antécédents de varicelle et dont la sérologie est négative.
  3. toute personne sans antécédents de varicelle et dont la sérologie est négative, en contact étroit avec des personnes immunodéprimées.
  4. enfants sans antécédents de varicelle et dont la sérologie est négative, candidats receveurs à une greffe d’organe solide, dans les six mois précédant l’intervention.

[modifier] En Suisse

Les indications pour la vaccination contre la varicelle sont les suivantes[2] :

  • Jeunes de 11 à 15 ans n’ayant pas d’anamnèse de varicelle.
  • Sujets dès l’âge de 12 mois non immuns (IgG négatives) présentant des risques de complication suivants :
    • Leucémie ; cancer ; avant une thérapie immunosuppressive ou une transplantation ; enfant infecté par le VIH, avant immunodéficience.
    • Enfants souffrant d’un eczéma grave.
    • Personnes en contact étroit avec les patients susmentionnés (parents, fratrie).
    • Personnel médical et soignant.
    • Rattrapage vaccinal chez les adultes de moins de 40 ans n’ayant pas d’anamnèse de varicelle.

En cas d’anamnèse incertaine, une sérologie peut être obtenue, mais on peut aussi procéder directement à la vaccination. Dans les indications ci-dessus, le coût de la vaccination est prise en charge par les caisses dans le cadre de l’assurance maladie obligatoire.

[modifier] Autres pays

Dans d'autres pays, la vaccination est beaucoup plus systématique (États-Unis, Canada, Taiwan...), entraînant une forte diminution de la maladie et des formes graves de celle-ci ainsi qu'une diminution sensible en terme de coût (médicaments, absentéisme, garde d'enfant...).

[modifier] Autres traitements préventifs

Dans certains cas, l'injection d’immunoglobulines spécifiques peut prévenir l'apparition de la maladie ou en réduire la gravité. Ils sont essentiellement utilisées en cas de contre-indication à la vaccination (immunodépression).

L'aciclovir a également démontré une certaine efficacité lorsqu'il est donné tôt après le contage (contamination).

[modifier] Varicelle et grossesse

Chez la femme enceinte cette maladie est grave pour la femme et le fœtus :

  • Chez la femme enceinte, la varicelle est responsable de pneumonie mortelle dans 10% des cas
  • Chez le fœtus, la varicelle peut provoquer des malformations si la maladie est contractée avant cinq mois
  • Chez le nouveau-né, une varicelle congénitale néonatale peut survenir si sa mère a eu la varicelle quelques jours avant ou après la naissance. Cette varicelle congénitale néonatale est très grave avec une mortalité de 20 %.

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Varicelle.

[modifier] Notes et références

  1. Chaves SS et al. Loss of vaccine-induced immunity to varicella over time, N Engl J Med 2007 Mar 15; 356:1121-9.
  2. Extrait de « Plan de vaccination suisse 2006 » par l’Office Fédéral de la Santé Publique (http://www.bag.admin.ch/themen/medizin/00682/00685/01021/index.html?lang=fr) et de « Recommandations pour la vaccination de base contre la varicelle pour les adolescents » par la Commission Fédérale pour les Vaccinations
  • (en) Varicella, U Heininger, J Seward, Lancet, 2006; 368:1365-1376.
  • (en) [pdf] Chickenpox and Pregnancy, Royal College ob Obstetricians and Gynaecologists, juillet 2001