Thomas Friedman

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Thomas Friedman en 2005.
Thomas Friedman en 2005.

Thomas Loren Friedman, né le 20 juillet 1953 à St. Louis Park dans le Minnesota aux États-Unis, est un journaliste américain, auteur et triple vainqueur du prix Pulitzer. Il est actuellement éditorialiste au New York Times, dans lequel ses tribunes bihebdomadaires ont pour principal sujet les affaires étrangères.

Friedman est connu pour promouvoir une résolution de compromis dans le conflit israélo-palestinien, la modernisation du monde arabe, l'environnement et la mondialisation. Ses livres discutent de nombreux aspects de politique internationale d'une perspective centriste et progressiste sur le spectre politique américain.

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Thomas Friedman est né à St. Louis Park dans la banlieue de Minneapolis. Enfant, il va en colonie de vacances juive où le jeune Abe Foxman était conseiller. Au lycée, il écrit des articles pour le journal de l'établissement,[1] notamment un dans lequel il interview Ariel Sharon, un général israelien et futur premier ministre d'Israël.

Friedman reçoit un B.A. en études de la Méditerranée à l'Université de Brandeis en 1975, où il était arrivé par transfert en 1973. Il va ensuite au St Antony's College de l'Université d'Oxford grâce à une bourse (Marshall scholarship), recevant un M.A. en études du Moyen-Orient. Il désigne le Professeur Albert Hourani parmi ses influences académiques importantes.

[modifier] Carrière

Après l’obtention de ses diplômes, Friedman rejoint le bureau londonien de United Press International. Il est envoyé un an après à Beyrouth, où il reste jusqu’en 1981. Il est alors recruté par The New York Times comme reporter, et est réassigné à Beyrouth au début de l’invasion du Liban de 1982. Sa couverture de la guerre, particulièrement le massacre de Sabra et Shatila[2] lui vaut le Pulitzer Prize for International Reporting. Avec David K. Shipler, il gagne également le George Polk Award de 1982 pour reportage à l’étranger.

Il est assigné à Jérusalem de 1984 à 1988, et reçoit un second Pulitzer Prize pour sa couverture de la première Intifada. Après quoi, il écrit un livre, From Beirut to Jerusalem, décrivant ses expériences au Moyen-Orient.

Friedman couvre le secrétaire d’État James Baker durant la présidence de George H. W. Bush. À la suite de l’élection de Bill Clinton en 1992, il devient le correspondant à la Maison Blanche pour le New York Times. En 1994, il commence à écrire davantage sur la politique étrangère et l’économie, et réalise alors des éditoriaux du The New York Times l’année suivante sur les affaires étrangères.

Friedman reçoit en 2004 la récompense de l’Overseas Press Club pour l’ensemble de son oeuvre, et est nommé à l’Ordre de l'Empire britannique par la reine Élizabeth II.

[modifier] Opinion et positions

[modifier] Mondialisation

Friedman développe sa vision de la mondialisation pour la première fois dans un livre en 1999, The Lexus and the Olive Tree. En 2004, une visite à Bangalore et à Pékin donne à Friedman de nouvelles idées sur les grandes tendances de la mondialisation et sur les forces derrière ce phénomène, l’amenant à écrire une analyse, The World Is Flat.

Une des théories de Friedman est que chaque pays doit sacrifier une petite part de sa souveraineté à des institutions mondiales (telles que les marchés financiers et les multinationales) dans le but de parvenir à la prospérité économique de la Civilisation occidentale. Il nommes ces restrictions : "Golden Straitjacket."

Bien que Friedman soit un promoteur de la mondialisation, il relève également (‘’in’’ ‘’The Lexus and the Olive Tree’’) le besoin pour chaque pays de préserver ses traditions locales alors même qu’il se globalise, un processus qu’il nomme "glocalization".

Friedman a été loué pour sa forte posture sur la nécessité pour l’Amérique de devenir plus indépendante énergétiquement, et à mener dans les technologies concernant la compatibilité avec l’environnement. Il croit que ceci causera la chute des dirigeants autoritaires du Moyen-Orient, quand leurs pétrodollars s’évanouiront, en raison d’une jeunesse croissante et pourtant en détresse.Il estime que là est la clé pour répandre stabilité et modernisation dans une région du monde autoritaire et théocratique. Friedman argumente aussi que l’indépendance énergétique fortifira l’économie américaine en basant son infrastructure énergétique sur la production nationale, et relachera les tensions mondiales causées par une demande en énergie bourgeonante, exacerbée par les économies émergentes telles que celles de l’Inde et de la Chine.

La position de Friedman sur la mondialisation à travers le libre marché a été critiquée comme fondée sur les convictions plus que sur les faits et les statistiques. Il a été entendu affirmer "I wrote a column supporting CAFTA. I didn't even know what was in it. I just knew two words: free trade."[3]

Une critique de Friedman est qu’il ne considère pas le pouvoir d’achat des travailleurs locaux comme un facteur-clé de la production économique. Cependant, Friedman argumente qu’en exportant les emplois mal qualifiés et mal payés à des pays étrangers, davantage d’emplois avancés et plus qualifiés seront libérés et rendus disponibles pour ceux affectés par les délocalisations. Il théorise ceci sous réserve que ceux dont les emplois sont délocalisés continuent à approfondir leur éducation et se spécialisent dans leur secteur, ainsi ils trouveraient des emplois mieux payés et mieux qualifiés.

[modifier] Terrorisme

Après les attentats du 11 septembre 2001, les écrits de Friedman se focalisent plus sur la menace du terrorisme et le Moyen-Orient. Il est récompensé en 2002 du Pulitzer Prize for Commentary "pour la clarté de sa vision, fondée sur des reportages exhaustifs, commentant l’impact mondial de la menace terroriste". Ces colonnes ont été recueillies et publiées dans le livre Longitudes and Attitudes. Pendant un moment, ses reportages sur des thèmes post-11 septembre l’amenèrent à diverger de ses premiers sujets de prédilection sur les avancées technologiques et la mondialisation, jusqu’à ce qu’il commence ses recherches pour The World Is Flat.

Après les attentats du 7 juillet 2005 à Londres, Friedman appelle le département d'État des États-Unis pour "éclairer d’un projecteur tout discours haineux d’où qu’il vienne", créer "Rapport sur la Guerre des Idées, qui se pencherait sur les chefs et écrivains religieux qui incitent à la violence contre autrui." Friedman affirmait que la surveillance gouvernementale des discours devrait aller au-delà des promoteurs de violence et inclure aussi ce que l’ancien porte-parole du département d’Etat Jamie Rubin appelle les "donneurs d’excuse” (“excuse makers”). Dans sa tribune du 25 juillet, Friedman écrivit contre les "excuses" faite par des terroristes et apologistes qui blament pour leurs actions des influences tierces ou des pressions

After every major terrorist incident, the excuse makers come out to tell us...why the terrorists acted. These excuse makers are just one notch less despicable than the terrorists and also deserve to be exposed. When you live in an open society like London, where anyone with a grievance can publish an article, run for office or start a political movement, the notion that blowing up a busload of innocent civilians in response to Iraq is somehow "understandable" is outrageous. "It erases the distinction between legitimate dissent and terrorism" Mr. Rubin said, "and an open society needs to maintain a clear wall between them."

[modifier] Guerre du Kosovo

Durant les bombardements de l’OTAN sur la Yougoslavie en 1999, Friedman écrivit dans The New York Times:

"Like it or not, we are at war with the Serbian nation (the Serbs certainly think so), and the stakes have to be very clear: Every week you ravage Kosovo is another decade we will set your country back by pulverizing you. You want 1950? We can do 1950. You want 1389? We can do 1389 too."[4]

Ces phrases furent critiquées par les analystes britanniques des media David Edwards et David Cromwell, qui écrivit “L’excitation de ceci pour Friedman repose dans la discussion de la dévastation d’une nation comme s’il était un vendeur offrant un éventail de services”[5] Le journaliste Chris Floyd décrivit le commentaire comme celui d'une "pom-pom girl étourdie" ("giddy cheerleading") et "bone-chilling warning to the people of Serbia". [6]

[modifier] Guerre en Irak

Friedman supporta l’invasion de l’Irak de 2003, écrivant que l’établissement d’un Etat démocratique au Moyen-Orient forcerait d’autres pays de la région à se libéraliser et se moderniser. Dans sa tribune du 9 février 2003 pour The New York Times, Friedman désigna également le manque de coopération avec la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur les armes de destruction massive irakiennes:

The French position is utterly incoherent. The inspections have not worked yet, says Mr. de Villepin, because Saddam has not fully cooperated, and, therefore, we should triple the number of inspectors. But the inspections have failed not because of a shortage of inspectors. They have failed because of a shortage of compliance on Saddam's part, as the French know. The way you get that compliance out of a thug like Saddam is not by tripling the inspectors, but by tripling the threat that if he does not comply he will be faced with a U.N.-approved war. [7]

Son hostilité envers la France qui cherche à prévenir la guerre s'exprime notablement dans un éditorial dans le New York Times, le 18 septembre 2003, intitulé "Notre guerre avec la France" ("Our War with France"), Thomas Friedman écrit :

Il est temps que les Américains se rendent à l'évidence : la France n'est pas seulement un allié embarrassant. Pas seulement un rival jaloux. La France est en train de devenir l'ennemi de l'Amérique. »

Depuis l’invasion, Friedman a été alarmant quant à la conduite post-invasion de la guerre par l’administration de George W. Bush. Néanmoins, jusqu’à son article du 4 août 2006 (voir dessous), ses tribunes demeuraient optimistes quant à la possibilité d’une issue positive du conflit irakien (encore que cet optimisme apparaissait diminuer au fur et à mesure du conflit).

En janvier 2004, il participe à un forum sur Slate.com intitulé "Liberal Hawks Reconsider the Iraq War" (‘’Les faucons progressistes reviennent sur la guerre en Irak’’), dans lequel il écarte la justification de la guerre fondée sur le manque de coopération de l’Irak avec les résolutions américaines:

The stated reason for the war was that Saddam Hussein had developed weapons of mass destruction that posed a long-term threat to America. I never bought this argument… The WMD argument was hyped by George Bush and Tony Blair to try to turn a war of choice into a war of necessity.[8]

Friedman écrit que le changement de régime était la justification correcte de la guerre:

The right reason for this war, as I argued before it started, was to oust Saddam's regime and partner with the Iraqi people to try to implement the Arab Human Development report's prescriptions in the heart of the Arab world. That report said the Arab world is falling off the globe because of a lack of freedom, women's empowerment, and modern education. The right reason for this war was to partner with Arab moderates in a long-term strategy of dehumiliation and redignification.[8]

Dans sa tribune du 4 août 2006 pour The New York Times, Friedman finalement affirme que l’effort pour transformer l’Irak par des moyens militaires a échoué, et qu’il est temps pour les Etats-Unis d’admettre leur échec et de se désengager:

Whether for Bush reasons or Arab reasons, democracy is not emerging in Iraq, and we can’t throw more good lives after good lives.[9]

Cependant, Friedman écrit que les compagnies pétrolières sont les véritables vilains:

ExxonMobil –- I think this is a real group of bad guys, considering that they have funded all the anti-global-warming propaganda out there in the world. ... They are bad, bad guys – because of what they are doing in fighting the science of global warming..[10]

[modifier] “Un Friedman”

Le néologisme Friedman ou unité Friedman, signifiant une période de 6 mois, a été forgé en hommage satirique à Friedman. Le terme est fondé sur ses prédictions optimistes répétées de novembre 2003 à mai 2006 que dans les six mois de l'écriture de son article, le succès ou l'échec du projet américain en Irak serait connu.[11]

[modifier] Vie personnelle

En novembre 1978, Friedman se marie avec l'économiste Ann Bucksbaum, native Des Moines, membre de la société Phi Beta Kappa, diplômée de l'Université Stanford.[12] La famille Bucksbaum est connue pour être une des plus riches d'Amérique: le père de Ann, Matthew Bucksbaum, est président du bureau de la compagnie General Growth Properties, un groupe de développement immobilier qu'il fonda avec son frère en 1954. Les Bucksbaum furent pionner du développement des centres commerciaux aux Etats-Unis.[13] Forbes (magazine) estime les actifs de la famille à 2,7 milliards de dollars, incluant près de 200 millions de m² d'espaces commerciaux.[14]

Ann et Thomas Friedman vivent à Bethesda (Maryland), une banlieue de Washington (District de Columbia). L'édition de juillet 2006 du Washingtonian rapporte qu'ils possèdent "un palais de 11.400 m², valant maintenant $9,3 million, sur un terrain de plusieurs hectares juste à quelques blocs de I-495 et du Bethesda Country Club." Les Friedman ont deux filles: Orly Friedman (née en 1985) et Natalie Friedman (née en 1988). Les deux sont nées en Israël quand Friedman servait comme correspondant pour The New York Times[15], et Friedman a dedicacé nombre de ses ouvrages à ses filles.

[modifier] Ouvrages publiés

Les livres de Friedman ont été de considérables succès commerciaux. Son dernier livre, The World Is Flat, a été un best-seller depuis sa publication en avril 2005. Depuis juillet 2006, le livre a été vendu à plus de deux millions d'exemplaires.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Documentaires

Friedman a aussi commenté plusieurs documentaires pour Discovery Channel de plusieurs endroits du monde. Dans "Straddling the Fence" (2003), il visite les territoires occupés de Gaza et discute avec des israeliens et des palestiniens de la barrière de séparation et de son impact sur leurs vies. Aussi en 2003, "Thomas L. Friedman Reporting: Searching for the Roots of 9-11" diffusée sur Discovery Times Channel. Ce programme enquêtait sur les raisons de la haine des musulmans pour les Etats-Unis, et comment les attaques du 11 septembre à New York, en Pennsylvanie et sur le Pentagone, étaient vues dans le monde musulman. Dans "The Other Side of Outsourcing" (2004), il visitait un centre d'appel au Bangalore, entretenant de jeunes Indiens y travaillant, puis voyagea dans la partie rurale et misérable de l'Inde, où il débattit des pour et contre la mondialisation avec des locaux (ce voyage engendra le best-seller "The World is Flat"). Dans "Does Europe Hate Us?" (2005), il voyage au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, discutant avec des universitaires, journalistes, des étudiants boursiers Marshall ou Rhodes, des jeunes musulmans etc sur la nature de la relation distendue entre l'Europe et les Etats-Unis. Le documentaire le plus récent de Friedman, "Addicted to Oil" ouvrt le Silverdocs Film Festival le 16 juin 2006 et fut diffusé le 24 juin 2006 sur Discovery Times Channel. Dedans il examine les conséquences géopolitiques, économiques et environnementales de l'usage du pétrole et la façon dont les technologies vertes telles que les alternatives au fuel et à l'énergie, l'efficience et la conservation peuvent réduire la dépendance au pétrole.

[modifier] Réferences

  1. (en)The Echo
  2. article dans le New York Times de Thomas Friedman sur le massacre à Beyrouth
  3. Sirota, David. Where Economics Meets Religious Fundamentalism, San Francisco Chronicle, Hearst Communications, 2006-08-11, p. B6. Consultée le 2006-08-18.
  4. CPJ Declares Open Season on Thomas Friedman FAIR
  5. "The thrill of this for Friedman lies in discussing the devastation of a nation as if he were a salesman offering a range of services." David Edwards and David Cromwell. Guardians of Power. p53
  6. Floyd.shtml Hideous Kinky: The Genocidal Fury of Thomas Friedman. Chris Floyd. Baltimore Chronicle and Sentinel
  7. Vote France Off the Island
  8. ab Thomas Friedman, « Liberal Hawks Reconsider the Iraq War: Four Reasons To Invade Iraq », 12 janvier 2004, Slate.com. Consulté le 7 décembre 2006
  9. NYTimes.com
  10. Best of Notable Quotables 2002 -- Media Research Center
  11. Needlenose.com,Fairness and Accuracy In Reporting
  12. College of Liberal Arts and Sciences, Iowa State University
  13. Generalgrowth.com
  14. Bloomberg.com, Forbes.com
  15. College of Liberal Arts and Sciences, Iowa State University, Notable Names DataBase

[modifier] Liens externes

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Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Thomas Friedman.

[modifier] Points de vue