Struthof

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Entrée du camp nazi
Entrée du camp nazi
Camp de concentration du Struthof
Camp de concentration du Struthof
La chambre à gaz située 2km en contrebas du camp
La chambre à gaz située 2km en contrebas du camp
Panorama du camp de concentration après l'incendie
Panorama du camp de concentration après l'incendie
Mémorial aux martyrs et héros de la déportation
Mémorial aux martyrs et héros de la déportation
La villa du commandant du camp
La villa du commandant du camp

Le Struthof est un écart de la commune de Natzwiller au sud-ouest du département du Bas-Rhin.

Le lieu est resté tristement célèbre pour avoir accueilli le seul camp de concentration et d'extermination[1] installé par les nazis sur le territoire français, l'Alsace-Lorraine étant alors annexée au IIIème Reich.

Sommaire

[modifier] Opérations

Le camp est opérationnel du 21 mai 1941 jusqu'à son évacuation par les SS en septembre 1944. Le camp est libéré par les Américains le 23 novembre 1944. Il comprend aussi des dizaines de kommandos, camp de travail annexes.

Le nombre total de prisonniers est estimé à 52 000, originaires de différents pays comme la Pologne, l'Union soviétique, la France, les Pays-Bas, l'Allemagne et la Norvège. Le camp était principalement un camp de travail mais il contenait également une chambre à gaz et un four crématoire.

Comme la population féminine du camp était très faible, seules sept femmes SS servirent dans le camp (alors que les hommes étaient 600), et quinze dans les camps annexes. Leur rôle principal était de garder les rares femmes qui étaient amenées au camp pour des expériences médicales ou pour être exécutées. Le camp a donc entraîné des femmes SS qui se rendirent plus tard dans les camps de Geisenheim et de Geislingen dans l'ouest de l'Allemagne.

Le travail intensif, la malnutrition, les mauvais traitements et l'évacuation finale provoquèrent environ 20 000 morts. Quatre d'entre eux étaient des femmes exécutées ensemble le 6 juillet 1944. Diana Rowden, Vera Leigh, Andrée Borrel et Sonya Olschanezky étaient des agents de la Special Operations Executive, un service secret britannique.

Pierre Seel, seul déporté français pour homosexualité à avoir osé porter témoignage, fut déporté dans le camp du Struthof en mai 1941, à l'âge de 17 ans. En 1994, il publiait un récit-témoignage intitulé Moi Pierre Seel, déporté homosexuel (Calmann-Lévy), resté sans équivalent en France. Il y raconte les tortures endurées au Struthof. Il y décrit aussi la mise à mort de son premier amour, Jo, 18 ans, dévoré vivant par des chiens devant les prisonniers du Struthof. Parmi les détenus célèbres, on note l'écrivain slovène Boris Pahor.

Une chambre à gaz fut utilisée du 11 au 19 août 1943. 57 hommes et 30 femmes, tous Juifs, sont envoyés de Birkenau pour y être assassinées avec des sels cyanhydriques dans le but de disposer de leur squelette pour l'Institut anatomique de Strasbourg. Cet institut était alors dirigé par le SS-Hauptsturmführer, le professeur August Hirt. Une personne ayant été exécutée par balle pour rebellion, ce sont 86 personnes qui ont été tuées par Joseph Kramer dans la chambre à gaz aménagée en contrebas du Struthof. La chambre à gaz fut par la suite utilisée pour 15 expériences sur le gaz phosgène par le virologiste Otto Bickenbach sur des détenus de droit commun et des Tziganes.[2]

Dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1944, 108 résistants du mouvement Alliance sont exécutés d'une balle dans la nuque.

L'aviateur angalais le Sgt F.H. HABGOOD (21 ans)avait sauté en parachute au "Langen Weg" à Ottrott, dans la nuit du 28 au 29 juillet 1944, son Lancaster s'étant crashé au pied du Mont Ste Odile, près du Willerhof. Il a été pris en charge par la population pour être remis à la Résistance. Dénoncé à la Gestapo il a été interné au Camp de Schirmeck d'où il s'échappa. Le SS Straub du Camp du Struthof le captura à Niederhaslach, il l'éxécuta par pendaison le 31 juillet 1944 au Struthof. Son corps ne fut jamais retrouvé. Le SS Straub a été éxécuté par pendaison en octobre 1946 après le procès des SS du Struthof, qui a eu lieu à Flensburg.(Source : Ministère de la Défense - Londres)


Après son évacuation par les SS, le camp devient un centre provisoire de détention pour prisonniers de guerre et collaborateurs. À partir de 1946, il se remplit de jeunes condamnés des cours de justice, tous âgés de moins de 21 ans. S'y entassent environ 2000 personnes, anciens de la Légion des volontaires français, de la Division Charlemagne, du Parti populaire français, du Rassemblement national populaire, du Parti franciste, auxiliaires de la Gestapo et fils de dignitaires du régime de Vichy et de la collaboration. Parmi eux, on peut trouver Pierre Sidos, futur créateur des mouvements d'extrême droite Jeune Nation, Occident et Œuvre française.

[modifier] Procès postérieurs à la guerre

Nous connaissons le nom des sept femmes qui servirent dans le camp. Il s'agit de Maria Aichele, Berta Bommer, Maria Luise Merkle, Elisabeth Peschke, Else Rueck, Kreszenzia Ruf (qui servit aussi à Geislingen) et Anna Zengerle, qui servit comme Aufseherin à Ravensbrück.

Fritz Hartjenstein mourut en prison avant que sa sentence soit exécutée. Les sentences suivantes furent prononcées le 11 octobre 1946 :

  • Franz Berg, peine de mort (exécutée)
  • Kurt Geigling, dix ans d'emprisonnement
  • Fritz Hartjenstein (commandant), peine de mort (décédé avant l'exécution de la sentence)
  • Josef Muth, quinze ans d'emprisonnement
  • Peter Straub, peine de mort (exécutée)
  • Magnus Wochner, dix ans d'emprisonnement

Joseph Kramer, commandant SS du camp, a été fait prisonnier par les Britanniques à Bergen-Belsen, camp de concentration situé en Allemagne, dont il a assuré le commandement après l'évacuation du Struthof ; condamné à mort, il a été pendu à Lunebourg, en 1945.[3]

[modifier] Le "recyclage" du camp

  • 1949 La gestion du site est placée sous la tutelle du ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre.
  • 1950 Le site du camp est classé monument historique
  • 1951 Le bâtiment de la chambre à gaz est classé monument historique
  • 1954 Les baraques qui menaçent de s'effondrer sont détruites à l'exception de quatre d'entre elles situées en haut et en bas du site :

en haut, la baraque n° 1 et la baraque des cuisines ; en bas, la baraque du four crématoire et la baraque du bloc cellulaire.

  • 23 juillet 1960, le Mémorial aux martyrs et héros de la déportation, ainsi que la nécropole nationale sont inaugurés par le Président de la République, le général de Gaulle.
  • 27 juin 1963 inauguration du musée de la déportation de Natzweiler-Struthof, aménagé dans la baraque n°1 par le Ministère des Anciens combattants.
  • nuit du 12 mai au 13 mai 1976 destruction totale du musée par un incendie criminel perpétré par des négationnistes néo-nazis; il sera reconstruit selon les plans d'origine.
  • 3 novembre 2005, à l'occasion du 60e anniversaire de la libération du camp, le Président de la République, Jacques Chirac, inaugure sur le site de Natzweiler-Struthof, le Centre européen du résistant déporté.

[modifier] Liste des kommandos de Natzweiler

De nombreux kommandos (sorte de camp de travail annexes) dépendaient de Natzweiler-Struthof. Ils étaient situés tant en Alsace qu'en Allemagne. Le camp de Thil étant situé en France. A l'automne 1944, il y avait environ 7 000 prisonniers au camp principal et plus de 20 000 dans les kommandos.[4]

  1. Asbach,
  2. Audun-le-Tiche,
  3. Auerbach,
  4. Bad Rappenau,
  5. Baden Baden,
  6. Baden Oos,
  7. Balingen,
  8. Bernhausen,
  9. Bensheim,
  10. Binau,
  11. Bisingen,
  12. Brüttig,
  13. Calw,
  14. Cernay (Sennheim),
  15. Colmar,
  16. Darmstadt,
  17. Daudenzell,
  18. Dautmergen,
  19. Dorlisheim,
  20. Dormettingen,
  21. Echterdingen,
  22. Ellwangen,
  23. Ensingen,
  24. Frommern,
  25. Geisenheim,
  26. Geislingen an der Steige,
  27. Gross-Sachsenheim,
  28. Hailfingen,
  29. Haslach,
  30. Hayange,
  31. Heidenheim,
  32. Heilbronn,
  33. Heppenheim,
  34. Hessental,
  35. Iffezheim,
  36. Katzbach,
  37. Kochendorf,
  38. Leonberg,
  39. Mosbach,
  40. Mulhouse,
  41. Metz,
  42. Neckarbischofsheim,
  43. Neckarelz (2 camps)
  44. Neckargartach,
  45. Neckargerach,
  46. Neckarzimmern,
  47. Neunkirchen,
  48. Nuttenbach,
  49. Obernai (Oberehnheim),
  50. Obrigheim,
  51. Offenburg,
  52. Peltre,
  53. Rastatt,
  54. Rothau,
  55. Schwäbisch Hall,
  56. Sainte-Marie-aux-Mines (Markirch),
  57. Sandweier,
  58. Sandhofen,
  59. Schömberg,
  60. Schörzingen,
  61. Schwindratzheim,
  62. Spaichingen,
  63. Strasbourg,
  64. Tailfingen,
  65. Thil,
  66. Treis,
  67. Unterriexingen,
  68. Urbès,
  69. Vaihingen,
  70. Unterriexingen,
  71. Walldorf,
  72. Wasseralfingen,
  73. Zepfenhahn
  74. Zuffenhausen

[modifier] Lien interne

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Struthof - Le KL Natzweiler et ses Kommandos : une nébuleuse concentrationnaire des deux côtés du Rhin 1941-1945, de Robert Steegmann (préface de Pierre Ayçoberry), Strasbourg, Kaléidoscope – La Nuée Bleue, 2005 (ouvrage de référence)
  • Struthof-Natzweiler, un camp de la mort en France de Raymond Couraud, paru aux Editions Hirlé, 2004, ISBN 2914729278
  • Auschwitz en France de Henry Allainmat, paru aux Presses de la Cité, 1974
  • Bibliographie complète

[modifier] Notes et références

  1. Ne pas confondre avec le camp de rééducation de Vorbrück-Schirmeck qui se trouvait dans la commune proche de Schirmeck, et dont des détenus construisirent celui du Struthof.
  2. Le Struthof: KL-Natzweiler Histoire d'un camp de concentration en Alsace annexée 1941-1945, Robert Steegmann (préface de Hamlaoui Mekachera), Strasbourg, Kalédiscope-La Nuée bleue, 2005. Page 36
  3. Enseigner la mémoire ? - Natzweiler-Struthof, un camp de concentration nazi en France par Jean-Pierre Husson
  4. Liste tiré du livre de Steegmann