Scherwiller

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Scherwiller
Carte de localisation de Scherwiller
Pays France France
Région Alsace
Département Bas-Rhin
Arrondissement Sélestat-Erstein
Canton Sélestat
Code Insee 67445
Code postal 67750
Maire
Mandat en cours
André Boesch
2008-2014
Intercommunalité C.C. de Sélestat
Latitude
Longitude
48° 17′ 18″ Nord
         7° 25′ 07″ Est
/ 48.28833333, 7.41861111
Altitude 168 m (mini) – 532 m (maxi)
Superficie 18,08 km²
Population sans
doubles comptes
2 614 hab.
(1999)
Densité 145 hab./km²

Scherwiller est une commune française, située dans le département du Bas-Rhin et la région Alsace.

Sommaire

[modifier] Géographie

La commune se situe sur la route des vins à une altitude de 185 mètres. Scherwiller se situe au débouché des vallées de Sainte-Marie-aux-Mines à l'est, et de Villé au nord, à cinq kilomètres à l’ouest de Sélestat, en Alsace centrale et à 3,5 km de Châtenois vers le sud.


[modifier] Écarts et lieux-dits

[modifier] Kientzville

[modifier] Petite histoire

M. Kientz Robert est avant tout connu pour la création de la cité destinée aux ouvriers de son usine : Kientzville qui fut fondée en 1947. Il fut l’un des premiers en France à œuvrer dans le domaine des logements ouvriers, après guerre.

Les premiers chalets de Kientzville avaient été livrés à partir du mois de mars 1947. Les travaux se déroulaient sous la direction de M. Kientz lui-même et de son architecte Gustave Stoskopf. La construction était assurée par des prisonniers de guerre allemands dont l’effectif atteignait presque 200 hommes. Le premier pavillon fut achevé le 3 avril 1947. À la fin de l’année 1947, Kientzville comptait 40 maisons, 107 habitants et 51 enfants.

De nombreuses installations virent le jour à Kientzville : une école primaire, un stade de football, un lac artificiel, un hôtel-restaurant, une chapelle et même un aérodrome ou 9 avions vinrent atterrir en 1951. Après avoir fait construire 45 chalets, M. Kientz éprouva de grandes difficultés financières liées à la crise du textile. De nombreux chalets furent vendus dès 1952 et par la suite, l’ensemble de la cité de Kientzville devint propriété de la commune de Scherwiller, excepté un terrain de 25 hectares, situé à l’est du nouveau village.

En 1956, Kientzville comptait 44 chalets en bois et 10 maisons en « dur », avec une population de 300 habitants. Depuis, la cité est devenue une annexe de Scherwiller.

Aujourd'hui, le lac, l’hôtel-restaurant, l’aérodrome ont disparu mais il subsiste toujours un cadre de vie agréable, sentiment partagé par tout les habitants de Kientzville, qui avait été voulu par le fondateur : M. Kientz.

[modifier] Blason

[modifier] Histoire

[modifier] Un domaine occupé par les Romains

Le site de Scherwiller fut occupé depuis très longtemps, peut-être depuis l’ère néolithique. Puis, à l’époque romaine, la voie du Piémont passait par le ban communal. A l'époque où les Romains occupèrent l'Alsace, ils construisirent une route qui partait d'Ebersmunster, passait par Scherwiller, traversait le Val de Villé et conduisait en Lorraine par Saales, le Ban-de-Rupt et Raon-l'Étape [1]. Cette voie romaine, dont on voyait encore des traces en Lorraine [2] il y a peu de temps, suivait, à peu de chose près le tracé de la vieille route de Scherwiller à Thanvillé et celui de la route actuelle de Villé à Saales, par Steige. Elle portait le nom de Chaussée des Sarmates, c'est du moins ainsi qu'elle était désignée dans les diplômes des rois des deux premières races, datés de 661 et de 949 [3] . Plus tard, elle s'appela "Route des Saulniers" parce qu'elle était surtout fréquentée par les gens qui venaient d'Alsace chercher du sel en Lorraine. Non loin de cette route on a découvert à différentes reprises, des monnaies, des débris de tuiles et de la poterie romaine.Aujourd’hui encore, deux bornes milliaires subsistent, sur l'axe nord-sud, la route du sel venant du Val de Villé et au sud l'axe nord-sud une route romaine [4]. Cette situation stratégique engendra plus tard la construction du château de l'Ortenbourg vers le XIIe siècle.

[modifier] Première mention du village

Château de l'Ortenbourg vu depuis la sortie ouest de Scherwiller
Château de l'Ortenbourg vu depuis la sortie ouest de Scherwiller


La première mention de Scherwiller date de l’année 817 sous le nom de Scerewilre. Louis le Pieux évoque dans son diplôme confirmatoire des biens de l’abbaye d’Ebersmunster qui est appelé "Scerwillare" ou "Scerwiller" un hameau sur les bords de la Scheer, nom donné autrefois à la rivière qui traverse le village, devenue aujourd'hui l'Aubach. Vers le XIe siècle on retrouve le nom de Scegrawilare. D'après le légende Sainte Odile a passé sa jeunesse à Scherwiller. La première trace écrite concernant le vignoble remonte à l'année 888. L'impératrice Sainte Richarde offrit la dîme de la récolte des vignes au couvent de Gegenbach (Allemagne). Scherwiller possédait une cour colongère relevant de l'abbaye d'Andlau.

La chronique d'Ebersmunster raconte que deux frères de noble race possédaient des terres dans la région.Ils firent entre eux un partage: l'un donna sa part à l'abbaye de Moyenmoutier, l'autre céda sa part à l'abbaye d'Ebersmunster. Ces biens étaient considérables, ils s'étendaient de Stotzheim à Kintzheim et Scherwiller [5].

Vers l'an 1000 le comte d'Ortenberg qui avait fondé l'abbaye de Honcourt, possédait une bonne partie de la région qui comprenaient les villages situés sur la rive gauche de la Scherr. Elle comprenait par exemple Scherwiller, Dieffenthal et les villages lorrains de Colroy, Ranrupt, Salsey, Stampemont [6] et Saales, ce dernier village aujourd'hui situé dans le Bas-Rhin. [7].

Entre le XIIe siècle et le XIVe siècle le village appartient aux Habsbourg, mais plusieurs abbayes et monastères sont également possessionnés dans la commune. Deux paroisses existent à cette époque dans le village: l'une dépend du chapitre cathédral et l'autre de l'abbaye de Honcourt. Le village n’a sans doute jamais été entouré d’un rempart. Une petite forteresse a sans doute existé, dans le village même, comme semble l’attester l’ancien nom de la rue Joffre qui s’appelait Turmgasse (rue de la Tour). La situation géographique du village située sur un axe très important lui vaut d'être à plusieurs reprises d'être mêlé à des conflits sanglants. Le village est incendié en 1262 puis en 1370 lors du passage des bourguignons.

[modifier] Du XVIe siècle au XIXe siècle

En 1525 est une date importante dans l’histoire de Scherwiller. Lors de la Guerre des Paysans allemands, une bataille opposa les Rustauds d’Alsace au duc de Lorraine : Antoine de Lorraine. La bataille se déroula sur le ban communal de Scherwiller, au lieu-dit Kreftzen, le 20 mai 1525 et fit plus de 5000 morts. Les deux paroisses seront réunies en 1528. La bataille de Scherwiller s'inscrit dans un contexte de révoltes de paysans, et fait suite, à la révolte du Bundschuh en 1493, qui concerna toute l'alsace moyenne et dont les chefs furent issus de communes voisines de Scherwiller : Hans Ulmann de Sélestat et Jacques Hanser de Blienschwiller.

En 1632, lors de la guerre de Trente Ans, le village fut dévasté par les Suédois. Le village prit son essor au XVIIIe siècle. De nombreuses maisons, qui existent encore aujourd’hui, datent de cette époque.

Le XIXe siècle fut le siècle d’or de Scherwiller. Le village était très prospère et bénéficia de l’industrialisation de la vallée de Sainte Marie-aux-Mines. Scherwiller comptait vers 1860, deux usines de tissage, deux tuileries, une usine de carton et papier ainsi que plusieurs fours à chaux.

En octobre 1870, pendant le siège de la place-forte de Sélestat, le village accueilli des soldats prussiens. Il n’y eut aucun dégât à Scherwiller. Après le traité de Francfort du 10 mai 1871, le village fut annexé à l’empire allemand, comme le reste de l’Alsace-Moselle.

À la fin du XIXe siècle, le village était très riche, il comptait alors près de 2400 habitants. Une nouvelle église fut même édifiée en 1899-1900, car l’ancienne était devenue trop exiguë.

[modifier] De 1900 à 1939

Vers 1900, l’usine de tissage installée près de la gare, employait environ un quart de la population active du village. En 1908, l’empereur Guillaume II passa par le village, lors d’une de ses visites au château du Haut-Kœnigsbourg, tout proche. Lors de la première Guerre mondiale, le village perdit 51 de ses fils mais aucun dégât ne fut à déplorer. Le 17 novembre 1918, Scherwiller redevint française.

Dans les années 1930, le village était assez prospère. En 1935, un grand projet avait vu le jour : la réalisation de la canalisation d’eau potable.

Les habitants vivaient essentiellement de la culture de la terre : blé, pommes de terre, tabac et vignes étaient les principales activités agricoles. Certains possédaient également des animaux d’élevages comme des poules, des lapins, des cochons, des vaches…

D'autres habitants travaillaient dans le secteur textile : soit à l’usine textile de Scherwiller soit aux filatures de Sélestat. En 1936, les grèves du Front populaire avaient touché l’usine textile de Scherwiller, qui venait d’être rachetée par M. Kientz, originaire de Muttersholtz.

De nombreux commerces existaient dans le village. Il y avait donc : 8 restaurants ou cafés, 6 boulangeries, 6 épiceries, 4 boucheries, 4 tailleurs, 3 cordonniers, 2 entreprises de camionneurs, une entreprise de vente de vin en gros, une entreprise de maçons, un cinéma, plusieurs couturières…

Le village était déjà situé dans la zone d’attraction de Sélestat. On allait à la ville pour y faire des achats plus importants et pour certains divertissements (concerts, spectacles, cinéma…). La gestion du village était assurée, à la veille de la seconde Guerre mondiale, par le maire Joseph Bleger, en fonctions depuis les élections municipales de 1925.

[modifier] Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
1945 1957 Honoré Haag
1957 1977 Alphonse Haag
1977 1989 Emile Barthel
1989 1995 Joseph Boesch
1995 2008 Emile Barthel
2008 2014 André Boesch
Toutes les données ne sont pas encore connues.

[modifier] Démographie

Évolution démographique
1811 1819 1820 1826 1831 1836 1841 1846 1851 1856 1861 1866 1871 1875 1880 1885 1890 1895
2306 2501 2534 2668 2631 2711 2651 2823 2836 2757 2844 3009 2746 2628 2559 2494 2401 2336
Évolution démographique
1900 1905 1910 1921 1926 1931 1936 1941 1962 1968 1975 1982 1990 1999
2386 2438 2411 2123 2162 2144 2104 1959 2269 2300 2368 2382 2278 2614
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes
  • population provisoire pour 2008 : 3011

[modifier] Lieux et monuments

[modifier] Corps de garde du XVIIIe siècle

Corps de garde du XVIIIe siècle
Corps de garde du XVIIIe siècle

Corps de garde du XVIIIe siècle, puis école de filles entre 1853 et 1861. Le bâtiment sert ensuite de corps de garde pour l'appariteur. Depuis 1973, cette maison abrite l'office de tourisme de Scherwiller. Décor sculpté en feuille d'acanthe et emblème de tonnelier. Maison classé Monument historique depuis 1924. Corps de garde de Xavier Weber, adjoint au maire de 1904 à 1995.

[modifier] Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul

L'église Saint-Pierre et Saint-Paul (1899)
L'église Saint-Pierre et Saint-Paul (1899)

Eglise bâtie en 1898-1899 ; Edifice, vitraux et mobilier néogothique - Orgue Rickenbach

[modifier] Chapelle Saint-Wolfgang

Chapelle Saint-Wolfgang (1698)
Chapelle Saint-Wolfgang (1698)

Chapelle se trouvant entre les routes de Sélestat et du Giessen à Scherwiller construite en 1698. Le choeur polygonal, présente une fente gothique, murée, et représente la partie la plus intéressante de cette chapelle. La toiture comprend des tuiles canal. La nef a été détruite au cours de la guerre de trente ans, puis a été treconstruite au XVIIe siècle. A l'intérieur de la chapelle se trouve une statue de Saint Jean l'évangéliste et Marie en sabots. Cette chapelle renfermait autefois une Vierge des Sept douleurs remontant à la fin du XVIIe siècle. La chapelle fut endommagée par la foudre en 1899 puis restaurée la même année. L'autel est de style baroque.

[modifier] Chapelle Sainte Odile

La chapelle Sainte Odile a été reconstruite du temps où le chapitre de la cathédrale de Strasbourg était le maître de Scherwiller. Elle était située sur l'emplacement d'une ancienne chapelle dédiée en l'honneur de la patronne de l'Alsace. En 1298 cette chapelle servait de paroisse et était déservie par un vicaire. D'après la légende, Sainte Odile aurait séjournée à Scherwiller, dont sa nourrice était originaire. Lieu de pèlerinage très important, elle l'est encore au XVIIIe siècle . Elle conserve une relique de la sainte offerte le 4 mai 1836, provenant de sa tombe et transportée en procession depuis le Mont Sainte-Odile le 13 décembre 1836.

[modifier] Chapelle du Tannelkreuz (1906)

[modifier] Synagogue

[modifier] Pont de la route du sel

[modifier] Borne milliaire

En longeant les anciennes voies romaines on peut apercevoir des bornes qui sont réparties tous les milles romains, c'est-à-dire tous les 1 481,50 mètres ou toutes les lieues romaines (2222 mètres). Certaines bornes portent des inscriptions,d'autres sont anépigraphes. Il n'existe plus que six bornes milliaires qui sont de forme cylindrique. Les bornes de Scherwiller sont connues sous le nom de Steinerne Saule c'est-à-dire la colonne de pierre.

[modifier] Châteaux

[modifier] Communauté d'Emmaüs

[modifier] Personnalités liées à la commune

  • Kientz Robert (1907 - 1967)

Robert Kientz, fils des époux Émile Kientz et Marie-Anne Schandené, a vu le jour le 15 juin 1907, à Muttersholtz. Il était un élève doué et sérieux et fit ses études primaires au collège de Matzenheim. Après un baccalauréat commercial à Strasbourg, il fit un stage de deux ans à la banque du Rhin à Sélestat. Cette banque se trouvait dans les locaux de l’actuelle banque CIAL, à Sélestat. Dans les années 30, il fit son service militaire à Oran, en Algérie. À son retour en Alsace, il se lança dans les affaires en reprenant l’usine textile de son père. Le 30 avril 1934, il se maria avec Melle Adèle Beysang (1913 - 1993), originaire de Guémar. De cette union sont issus quatre enfants :

– Christiane, née en 1942 à Strasbourg et décédée quelques jours après sa naissance ;
– Sylvia, née le 29 juillet 1943 à Colmar. Elle a épousée M. Gilles Jeanpierre (1940 - 2004), médecin militaire, le 2 juillet 1965. De ce mariage sont issus trois enfants : Igor né le 22 juillet 1966 à Sélestat, Agnès et Yves nés le 14 avril 1970 à Rabat, au Maroc ;
– André, né le 14 août 1946 à Colmar. Il a épousé Melle Michèle Meyer (née le 17 juin 1949), le 7 octobre 1972. Il est huissier de justice à Sainte-Marie-aux-Mines.
– Maximin, né le 13 novembre 1949 à Colmar. Il tient un tabac à Sélestat.
  • Robert Kientz s'installa à Scherwiller en 1936 et fit prospérer son usine pendant de nombreuses années jusqu'à ce que la crise du textile vienne mettre un terme à son extraordinaire odyssée.

Il fut un homme extraordinaire, il fut le premier à œuvrer pour la construction de logements pour ses ouvriers et créa la cité de Kientzville en 1946. Robert Kientz s'intéressa aussi durant toute sa vie à la musique et fut pendant 15 années président de l'association des Chefs de Musique de l'arrondissement de Sélestat. En 1965, il fut élu conseiller municipal de Scherwiller, dès le premier tour. Il décéda subitement en son domicile, le 27 août 1967. Ses obsèques eurent lieu à Scherwiller, 4 jours plus tard. Le général de Gaulle envoya une lettre manuscrite à la famille pour déplorer la perte d'un homme si bon envers ses ouvriers.

[modifier] Notes et références

  1. Grandidier: Histoire de l'Alsace
  2. Gravier: Histoire de Saint-Dié
  3. Grandidier: Histoire de l'Alsace
  4. Appelée Via Salinaria
  5. Charte de 1042, reproduite par Schoepflin, qui en nie l'authenticité, Alsatia diplomatica, t.1, p.215
  6. Hameau de Ranrupt
  7. En 1871 Saales est annexée par l'Allemagne en vertu du traité de Francfort. Lorsque l'Alsace retourne à la France en 1918, Saales restera alsacienne

[modifier] Bibliographie

  • Forrer, Robert: L'Alsace romaine, Paris, Ernest Leroux, 1935, 220 pages
  • Grandidier, André, Philippe: Histoire écclésiastique, militaire, civile, littéraire de la province Alsace, Strasbourg, 1787, Lorenzi & Schulerii, t.1, et Levrault, t.II
  • Gravier, N.F: Histoire de Saint-Dié, Epinal, 1836 ( Réédité en 1993 par les Editions de la Tour Gile)
  • Hautemer, Charles de: Histoire de Strasbourg et de la province d'Alsace, Strasbourg, 1770 (4 volumes)
  • Schoepflin Jean Daniel: L'Alsace illustrée ou son histoire sous les empereurs d'Allemagne et depuis sa réunion à la France, traduite par L.W. Revenez, Strasbourg, 1949-52, 5 volumes ( Volume 5 chez François Perrin, librairie Editeur, Mulhouse, 1852)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes