Abbaye de Honcourt

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L'Abbaye de Honcourt (Hugshofen en allemand et Hugonis Curia en latin) située près du village de Saint-Martin (Bas-Rhin) fut fondée en l'an 1000 par le comte Werner d'Ortenbourg, descendant de la famille des Etichonides et de la famille des Eberhard sous le règne de l'empereur Othon III (983-1002) et sous l'épiscopat d'Alewic comme l'atteste un diplôme de Frédéric Barberousse [1].

Sommaire

[modifier] Histoire

La rotonde de Honcourt, vue du sud d'après A.Silbermann. Lithographie du calque pris par A.Straub en 1856 (Litho R.Schultz)
La rotonde de Honcourt, vue du sud d'après A.Silbermann. Lithographie du calque pris par A.Straub en 1856 (Litho R.Schultz)

Il a un fils qui s'appelle Volmar dont l'histoire ne retiendra pas grand chose. Cette abbaye se trouvait à côté du village de Saint-Martin (Bas-Rhin) à l'orée du Klosterwald. Selon les rares textes, le monastère a été construit sur l'emplacement d'un ancien château de chasse de petite envergure. Le chroniqueur Jean de Ruyr rapporte : "Hugon, susnommé le gros ou le grand à cause de sa stature excessive, avait un petit castel, qui s'appelait aussi de ce nom Hugshoffen, auquel lieu et au contour du dit Val on a érigé un monastère de l'ordre de Saint-Benoît [2]. L'abbaye avait des biens un peu partout dans le Val de Villé, particulière à Dieffenthal. Theoger, abbé (1088-1120) de Saint-Georges en Forêt-Noire, y introduisit la réforme de Hirsau. Ce renouveau conduisit le monastère à une certaine floraison. L'abbaye fut pillée et brûlée en mai 1525. La communauté des moines se dispersa peu après. Le dernier abbé, Paul Voltz, passa au protestantisme et participa à la réforme strasbourgeoise. En 1599 les restes de l'abbaye sont vendus par les archiducs d'Autriche à l'abbaye d'Andlau [3].

[modifier] Hugon, le confondateur du monastère

Selon certains historiens, Hugon le second fils de d'Albrecht aurait donc été le cofondateur du monastère de Honcourt érigé sur son ancienne propriété de chasse. Comme son frère il avait une stature herculéenne et fut enterré avec lui dans l'abbaye. D'après Jean Daniel Schoepflin dans l'Alsace illustrée, Hugon, comte de Reichenberg, le dernier de sa famille, mourut en 1361 et fut enterré dans l'église du monastère de Honcourt. En juillet 1986 trois fragments de dalles en grès rose ont été découvertes à Saint-Martin avec des inscriptions. Le millésime sur la dalle indique l'année 1359 qui pourrait être l'année de décès de Hugues. Dans les armoiries on remarque le chevron des armoiries des Reichenberg représenté au chef, alors que sur sur la dalle le sculpteur le fait apparaître en pointe.

Étant de passage en Alsace en 1516, l'empereur Maximilien Ier voulut en avoir le cœur net de cette renommée de titan. il fit ouvrir le tombeau. On retira comme pièce à conviction un fémur impressionnant, pour déterminer en toute proportion, la taille des corps ensevelis. L'esquisse que l'on en fit se trouva longtemps conservé au prieuré de Sainte Foy à Sélestat. On conclut à une stature de huit pieds, soit à peu près 8 X 0,3248 = 2m59 ! Ce qui est déjà impressionnant ! Mais chose curieuse, on eut aussi la surprise de constater que les ossements de Wernher et de Hugon étaient mélangés.

[modifier] La construction de l'église abbatiale

Ancien emplacement où se trouvait avant la Révolution l'abbaye de Honcourt aujourd'hui baptisé le château de Hugshoffen
Ancien emplacement où se trouvait avant la Révolution l'abbaye de Honcourt aujourd'hui baptisé le château de Hugshoffen

C'est en 1186 que l'on commença à édifier l'église abbatiale qui fut achevée un siècle plus tard par l'abbé Conrad III, en 1286. C'était une église circulaire, comme la rotonde du monastère de Senones, flanquée d'un chœur rectangulaire dont la construction dura une centaine d'années. L'édifice résista pendant de longs siècles aux assauts du temps et des guerres. Malheureusement, cette construction remarquable n'existe plus. Elle résista aux assauts du temps et des guerres, mais succomba pitoyablement à la pioche des démolisseurs, sur ordre des religieuses d'Andlau en 1782. Par sa forme circulaire, l'édifice religieux, rarissime, ressemblait fortement à l'église d'Ottmarsheim près de Kembs, un des joyaux de l'architecture romane primitive, réplique fidèle mais en plus petit de la chapelle Palatine d'Aix la Chapelle.

[modifier] Les ravages et pillages

L'abbaye de Honcourt a été soumis à de dures épreuves au cours de son existence. Elle fut occupée une première fois par les bourguignons sous le commandement de Charles le Téméraire (1433-1477). Ce prince déferla dans la vallée le 20 décembre 1473, occupa Villé et ravagea peu après tout le coin [4]. Un demi siècle plus tard, en avril 1525, ce fut encore pire ! Lors de la révolte des Rustauds, les bâtiments conventuels saccagés flambèrent et l'ensemble des documents fut réduit pour ainsi dire à néant [5]. Durant la mise à sec de l'abbaye par les paysans, un précieux retable en provenance de Honcourt fut entreposé à l'église de Villé. Volcyr de Serouville, secrétaire du duc Antoine de Lorraine, s'intéressa à ce chef d'œuvre. Ce retable a été retrouvé pris aux paysans avec d'autres objets du culte et emportés par les lorrains. Ce retable fut sans doute une œuvre du sculpteur Sixte Schultheiss, mort en 1527. La Révolution française donna le coup de grâce aux archives de l'abbaye d'Andlau dans lesquelles avaient été incorporés les restes des documents sauvés de la mise à sec de 1525 [6].

[modifier] Acquis par l'abbaye d'Andlau

Honcourt, qui présidait durant cinq siècle aux destinées spirituelles de la vallée de Villé, ne pouvant plus se suffire à lui-même, fut acquis en 1599 par l'abbaye d'Andlau et son incorporation à cette maison fut définitivement prononcée en 1616 par le pape Paul V. L'abbesse d'Andlau, estimant que l'entretien du sanctuaire de Honcourt était trop onéreux, eut la malencontreuse idée de faire démolir la vénérable abbatiale en 1782, privant ainsi le Val de Villé d'un édifice d'une architecture et d'un style exceptionnels. Il faut préciser, que c'est par le Val de Villé que l'art roman et l'art bourguignon pénétrèrent en Alsace. L'abbaye de Honcourt fut en quelque sorte le pont entre la petite église de Saint-Dié et l'église Sainte Foy de Sélestat.

[modifier] Sources

Tout ou partie de cet article est tiré de l'annuaire 1976 avec autorisation de la Société d'histoire du Val de Villé. L'article a pu être modifié depuis.

[modifier] Notes et références

  1. Omnium christi nostrique fidelium noverit universitas, qualites anno Incarnationis M,ind VII,; regnante Ottone III, Wernherus comes de Ortiberg ... cenobium Hugeshoven constrixit .. Nartz op.cit. p.126-127 - Ce diplôme est considéré comme un faux
  2. Jean Ruyr p. 243
  3. L'abbaye de Honcourt, Société d'histoire du val de Villé,1976, p.26-29
  4. Reichsland Elsass-Lothringer, tome III, p.409 - Maurice de Castex: Histoire de la seigneurie Lorraine de Tanviller-en-Alsace, Berger-Levrault, Paris, 1886, p.51-52 - Théodore Nartz, ibid. p.178 et suivants
  5. G. Hirschfell S.H.V.V., n°3, 1978, Le Bundschuh et la guerre des Paysans, p.51-52
  6. Bernard Metz, S.H.V.V. , n° 3, 1978 - Notes sur l'histoire d'Urbeis et ses rapports avec Fouchy, p.115

[modifier] Bibliographie

  • Grandidier, André, Philippe: Histoire ecclésiastique, militaire, civile et littéraire de la province Alsace, Strasbourg, 1787, Lorenzii & Schulerii, t.1 et Levrault, t.II
  • Grandidier, André, Philippe: Histoire de l'Église et des princes évêques de Strasbourg, jusqu'à nos jours, 2 t. Strasbourg, 1776, Imprimerie François Levrault
  • Hirschfell Georges: Etudes sur le Val de Villé, SHVV, 1976, p.13-40 (SHVV = Société d'Histoire du Val de Villé)
  • Hirschfell Georges: L'Abbaye de Honcourt, SHVV 1976, p.26-28
  • Hirschfell Georges: La Guerre des paysans, SHVV, 1978, p. 29-64
  • Hirschfell Georges: Honcourt, point de mire des convoitises, SHVV, 1978, p. 46-49
  • Hirschfell Georges: 1525, le soulèvement d'avril, pillage de Honcourt, SHVV, 1978, p. 51
  • Hirschfell Georges: Nouveau regards sur l'abbaye de Honcourt(4) - Le message des vestiges, SHVV, 1997, p.103-129
  • Laguille (Père): Histoire de la province d'Alsace, Strasbourg, 1727
  • Nartz, Th.: Le val de Villé, Recherches historiques, E. Bauer, Typographie, Strasbourg, 1887
  • Ruyr, Jean: Charmesier, chantre et chanoine de l'Église insigne de Sainct Diey. Recherches des sainctes antiquitez de la Vosge, province de Lorraine, Epinal, 1634, Ambroise Ambroise
  • Sittler, Lucien: L'Alsace terre d'histoire, Édition Alsatia, Colmar, 1973