Rite mozarabe

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Le rite wisigoth ou mozarabe, a été promulgué par le IVe concile de Tolède, présidé par saint Isidore de Séville, en 633. Il est une des manières de célébrer la messe, les sacrements et l'office divin en usage dans les diocèses catholiques de l'Espagne, à partir du VIIe siècle. Il est aujourd'hui célébré dans le diocèse de Tolède, à égalité avec le rite romain.

Sommaire

[modifier] La liturgie mozarabe

Héritière directe de la liturgie wisigothe, cette liturgie est influencée à la fois par le christianisme oriental, par la liturgie romaine et quelques traditions musulmanes. Le rite présente de notables différences avec le rite romain. Ainsi lors de la messe, neuf oraisons sont récitées, trois passages des Évangiles sont lus et la communion se fait systématiquement sous les deux espèces. Le chant liturgique est très spécifique.

[modifier] Historique

Après l'invasion musulmane de 711, les chrétiens restés dans la péninsule ont pu, en vertu du statut de dhimmi (protégé) que l'islam accorde aux « gens du Livre », conserver leurs biens et exercer librement leur culte, en échange d'un impôt de capitation, la djizya, versé à l'occupant.

Nombreux dans les villes de Tolède, Cordoue, Séville, et Mérida, ces chrétiens soumis à l'autorité musulmane et qualifiés a posteriori de mozarabes (de musta’rib, arabisé), jouissent d'une certaine autonomie ; ils élisent des notables (comte, censor ou exceptor) à la tête de leurs communautés, chargés de maintenir l'ordre, de régler les litiges et de percevoir la djizya (taxe).

S'il leur est interdit de construire de nouvelles églises, les chrétiens mozarabes parviennent à maintenir la hiérarchie ecclésiastique et les principales charges épiscopales d'avant l'invasion ; Trois sièges métropolitains Tolède, Séville et Mérida, ainsi que 18 sièges épiscopaux. Leurs évêques sont convoqués en synodes réguliers, sous l'autorité du métropolitain de Tolède.

Les chrétiens mozarabes des royaumes musulmans ont donc vécu en vase clos, sur leur tradition wisigothe, quatre siècles durant, sans pouvoir suivre les évolutions du monde chrétien. Pour la liturgie comme pour l’art. Or dès le XIe siècle, les royaumes de Navarre et d’Aragon ont adopté la règle de saint Benoît et le nouveau rite romain. Au XIe siècle, l’ordre de Cluny envoie ses moines qui vont bâtir leurs monastères tout le long du Chemin de Saint-Jacques, le Camino frances. C’est une véritable révolution culturelle, qui ne va pas sans quelques drames personnels.

Elle sera plus difficile dans les provinces nouvellement conquises, où musulmans et mozarabes négocient en corps constitués leur soumission.

Le 25 mai 1085, Alphonse VI le Vaillant (1042-roi du León en 1065 et de Castille en 1072-1109) a ainsi accordé aux musulmans de Tolède le maintien de leurs biens et de leur religion. Les chrétiens mozarabes font alors observer qu’eux aussi sont attachés à la règle de saint Isidore.

[modifier] L’autodafé de Tolède

Dans Tolède reconquise, l’embarras était grand. Les nouveaux prélats, les gens de Cluny, voulaient établir partout la réforme grégorienne. Le peuple mozarabe de Tolède tenait à la vieille liturgie de saint Isidore qu’il avait, avec un si grand courage, maintenue pendant quatre siècles en terre musulmane. Une seule solution : s’en remettre au jugement de Dieu. On fit donc un bûcher d’autodafé, en jetant dans les flammes les deux liturgies en concurrence.

L’apôtre Jacques de Zébédée apparut et retira les deux liturgies du bûcher. Selon la légende, les parchemins en sortirent tous les deux intacts. Devant cette volonté divine si évidente, il fut décidé que les deux liturgies auraient droit de cité à Tolède.

Cet autodafé providentiel trancha la difficulté. Désormais, les deux rites furent admis. En foi de quoi, l’on peut encore suivre parfois dans cette ville, et six autres paroisses, une messe de rite wisigothique en arabe, suivant la vieille règle de saint Isidore…

Saint Veremond, (1020-1092) abbé du monastère d'Irache en Navarre, défenseur du rite mozarabe, envoie à Rome pour leur approbation deux livres liturgiques.

En 1500 le cardinal Ximénès obtint du pape Jules II (1503-1513), le maintien définitif de ce rite.

Après le Concile de Trente et l'unification liturgique de l'Église latine réalisée par la bulle Quo Primum du pape pie V, elle subsista par exception, ayant plus de deux cents ans d'ancienneté, aux côtés de la liturgie romaine.

[modifier] L’ère wisigothe ou ère hispanique

Introduite par l’évêque Idace (388-470), elle compte 38 ans de plus que l’ère du reste du monde chrétien ou ère latine.
Elle survivra jusqu’au XIe siècle avec l’introduction progressive de la réforme grégorienne par les moines de Cluny, dans les territoires reconquis.

[modifier] L’Aljamía

Nom féminin.
De l’arabe al-’adjamiyya (paroles d’étranger), le mot aljamía désigne le latin corrompu utilisé par les mozarabes, c’est-à-dire les chrétiens hispano-romains de l’al-Andalus ayant accepté la domination de l’islam, et pratiquant la liturgie de saint Isidore ou wisigothique.
Il reste un nombre assez important de traces de cette langue, notamment les « diwanes » (collections de poèmes).

Les maures utilisèrent ce mot pour désigner le castillan.

[modifier] Liens internes


Les rites catholiques latins
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