Règle de saint Colomban

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La règle monastique de saint Colomban est une règle rédigée par saint Colomban de Luxeuil pour régler le fonctionnement des monastères.

Sommaire

[modifier] Histoire

Saint Colomban est moine à l’abbaye de Bangor (actuelle Irlande du Nord) quand il est appelé à venir réformer les abbayes continentales en 590 par le roi mérovingien Gontran. Il met par écrit les principes sévères du monachisme irlandais à destination des monastères gaulois. Il rédige trois documents :

  • le Pénitentiel, qui est un recueil de sanctions pour les fautes commises, pour les laïcs, les clercs, et les moines ;
  • la Règle conventuelle qui ne contient que des peines pour les fautes commises ;
  • la Règle des Moines qui est une véritable règle, et insiste sur les vertus des moines.

Elle existe en deux versions :

  • Regula cujusdam patris ad monachos, longue de vingt-deux chapitres et destinée aux communautés d’hommes ;
  • Regula cujusdam patris ad virgines, longue de vingt-quatre et destinée aux communautés de femmes.

Cette règle est d‘abord en vigueur à l’abbaye de Luxeuil, la première fondée par saint Colomban (594), puis à celles de Lure et de Fontaine-lès-Luxeuil. Lorsque Colomban doit quitter Luxeuil, il s’établit à Eustaise, puis fonde les monastères de Bobbio et 18 autres : Jouarre, abbaye de Remiremont. La règle connaît un certain succès, et près de 90 monastères l’adoptent : soit fondations des disciples de Colomban (comme Attala, Gall et Colomban le Jeune), soit imitation[1]. Elle est de même utilisée par des monastères féminins ou doubles.

Mais, extrêmement sévère, parfois imprécise[1], elle est modifiée ou abandonnée : dès 628, la règle de saint Benoît est associée à celle de saint Colomban dans les monastères qui en relèvent. En 745, le concile des Francs, dirigé par saint Boniface, archevêque de Mayence, préconise l’adoption de la règle bénédictine pour tous les monastères du royaume. La règle n’est jamais utilisée dans les îles Britanniques.

Cependant, lors de sa réforme au IXe siècle, saint Benoît d'Aniane reprend quelques articles de la règle de saint Colomban qu’il incorpore à la règle de saint Benoît.

[modifier] Contenu de la règle

La règle est généralement jugée sévère, et comme insistant sur les mortifications.

Elle s’articule autour d’une liste des devoirs du moine, découlant de dix vertus, et des punitions en cas de manquement à ces devoirs.

[modifier] Vertus du moines

Les dix vertus commandées par la règle de saint Colomban sont, outre la pauvreté, la chasteté et l’obéissance demandées par la plupart des règles monastiques, le silence, la frugalité dans l’alimentation, la récitation des psaumes, la modération (dans le comportement individuel), la mortification et la perfection.

[modifier] Devoirs

Pour atteindre ces vertus, découlent des devoirs : la vie en communauté permet d’obtenir l’obéissance (au père abbé) qui donne l’humilité, la patience et la douceur (en côtoyant d’autres moines aux personnalités différentes).

Le moine de saint Colomban est pauvre : il abandonne tous ses biens, ne peut rien léguer, ni rien amasser durant sa vie. Le mépris des biens de ce monde est pour saint Colomban la première des vertus[2]. La pauvreté doit s’étendre au monastère : il ne peut posséder que ses troupeaux, et donner aux pauvres tout don en numéraire.

Pour préserver la chasteté, et comme la règle permet les monastères doubles, il est interdit à un moine de passer une nuit dans une auberge où se trouve une vierge, d’avoir des conversations régulièrement avec une vierge, de voyager avec une vierge.

Le jeûne quotidien est également conseillé. Les jeûnes du mercredi et du vendredi sont obligatoires (dans les monastères suivant cette règle, on désignait le mercredi par cet ain, le premier jeûne, et le vendredi par ain didin, le second jeûne).

[modifier] Les interdits et les pénitences

La règle de saint Colomban se distingue par la sévérité et le nombre de punitions prévues pour les manquements à la règle.

Le devoir d’évangélisation est une forme de pénitence, dite pereginatio Dei[3]. Elle existe déjà de façon informelle dans les monastères irlandais.

Il est recommandé de dormir le moins possible : il ne faut se coucher qu’épuisé. Pour y parvenir, la règle prévoie de nombreux travaux, manuels et intellectuels : de vastes scriptoria sont aménagés pour y recopier des manuscrits enluminés, et les moines travaillent la terre, dont les fruits nourrissent les moines et les pauvres.

La confession est publique et communautaire.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

  • Georges Briche. La spiritualité celtique. Règles et usages. En ligne
  • Frère Luc Brésard. « Le monachisme occidental » in Histoire de la spiritualité monastique, En ligne

[modifier] Notes et références

  1. ab Ivan Gobry. Le monachisme chrétien en Occident, Clio, janvier 2001, consulté le 28 août 2006
  2. Georges Friche. La spiritualité celtique, règles et usages. En ligne : [1], consulté le 4 septembre 2006.
  3. Clionide-religion. L’Église régulière. En ligne : [2]. Consulté le 31 août 2006