Discuter:Philosophie juive

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Le point de vue exprimé est partial et anti philosophique. Il s'agit d'un point de vue juif religieux sur la philosophie juive qui ne rend pas compte de sa richesse ni de sa fécondité. Ce point de vue est plus proche de l'opinion d'un courant orthodoxe que d'une exposition neutre et objective de la réalité de la philosophie juive.

Affirmer que les grecs étaient dépravés est difficilement acceptable. Traiter en une phrase de Spinoza, Lévinas ou Rosenzweig est inacceptable. Moïse Mendelsohn n'est pas même cité. La définition de la philosophie juive et ses spécificités n'est pas abordée.

Il est implicitement affirmé que seuls les rabbins reconnus par la tradition juive sont acceptables. Le préambule est une anecdote qui illustre l'opposition d'une certaine tradition juive à la philosophie, mais ne reflète pas la diversité des points de vue, au sein des juifs sur ce sujet.

Il n'est pas donné de bibliographie.

En bref, le contenu de cet article est biaisé et relève plus de l'idéologie religieuse radicale que de l'exposition neutre du sujet.

Peut-être cet article est-il simplement "en cours" et n'ai-je pas mis le bandeau? Ca ne vous étonne pas, une page de philosophie juive sans Maïmonide? Et pour Martin Buber, allez donc voir dans la liste des contributeurs!
Bref, un peu d'indulgence, et laissez-moi finir, ou alors, construisez au lieu de critiquer!
Inyan 15 décembre 2005 à 19:08 (CET)

Sommaire

[modifier] Fusion avec Philosophie juive classique

J'ai remplacé les paragraphes dans Philosophie juive par ceux de Philosophie juive classique. J'ai laissé le préambule de Philosophie juive classique sous le titre "Philosophie juive classique" dans [[Philosophie juive]. jerome66 | causer 22 février 2006 à 07:39 (CET)

[modifier] Saucissonnage

A quand des articles philosophie protestante, philosophie bourguignonne, philosophie communiste, voire tant qu'on y est philosophie de Charente-Maritime entre 1830 et 1870 ? Ce type de découpage concernant une discipline qui par essence est une ne touche-t-il pas au ridicule, voire à l'ostracisme ?

Qu'on se rappelle la réponse de Jean Rostand invité à devenir le président d'honneur de l'association des biologistes catholiques : "Il n'y a pas de grenouilles catholiques".

Cela n'interdit nullement, bien sûr, de créer des catégories "Philosophe ceci" ou "philosophe cela", car il est question en ce cas de l'homme et non de la discipline. Les catégories sont faites pour cela; encore faut-il justement comprendre la différence entre une catégorie et un article : si l'article fournit une juxtaposition parce qu'aucune synthèse cohérente n'est possible - il y a des chances que ce soit ici le cas, pour ce que j'en sais - c'est le système des catégories qui répond au besoin, et non celui de l'article unique. Aucune religion, mouvance ou obédience ne peut se réclamer de quelque OPA que ce soit sur telle ou telle forme de philosophie. 81.65.26.186 15 mars 2006 à 00:32 (CET)

Saucissonage ? La philosophie juive est au contraire très spécifique, elle ne se fond sûrement pas dans l'un de la philosophie, pas plus d'ailleurs que la philosophie musulmane. Elle y tend à un moment de son histoire, lorsque les averroïstes juifs tentent de forcer la réunion des modes de pensée rationnelle et révélée. Mais c'est tout. Sinon, elle garde sa spécificité, tant par rapport à la philosophie que par rapport à la pensée juive traditionnelle. Il n'y a pas de biologie catholique, mais il y a une philosophie juive, qui démarque la philosophie hégellienne de la philosophie bubérienne, à titre d'exemple, tout commme il y a d'ailleurs une philosophie musulmane, une philosophie proto-européenne, antérieure à la philosophie actuelle, toute empreinte de spiritualisme chrétien. Qu'on la retrouve uniformément en Bourgogne, en Charente-Maritime, etc., la belle affaire ! On ne la retrouve ni en Chine, ni en Inde.
Inyan 20 mars 2006 à 22:14 (CET)
La philosophie juive est au contraire très spécifique : le simple fait de ne pas se montrer capable de dire en quoi montre que cette réaction n'est que de marketing.
elle ne se fond sûrement pas dans l'un de la philosophie : Quel un de la philosophie ? Sur quinze philosophes, on trouve quinze visions du monde différentes. Quel rapport entre Nietzsche et Russell ? Entre Maine de Biran et Renan ? Entre Dilthey et Valéry ? Ce souci de se démarquer sans rien avoir de substantiel pour le faire n'est pas sans rappeler le sketch de Raymond Devos où celui-ci répète sans cesse : "La jota, c'est pas ça !" ;-) Morus 27 mars 2006 à 16:25 (CEST)

Elle est très spécifique : je viens de l'écrire. Ce qui différencie un aristotélicien (Aristote, Averroès) d'un aristotélicien Juif (Maïmonide), un existentialiste (Hegel) d'un existentialiste Juif (Buber & Rosenzweig), c'est quelque chose de plus profond que sa judéité, c'est l'apport de son bagage intellectuel, culturel, etc. qui à la base, est en contradiction avec la philosophie. De même que "Spinoza ne fut ni un bon juif ni un bon chrétien", le philosophe juif est dans un entre-deux : il se démarque de sa tradition, en épousant l'"ennemi" (combien ne mirent-ils pas sur le compte de cette attirance "interdite" les malheurs qui frappèrent les Juifs, notamment en 1391 ?), mais il entame la philosophie de la même façon. L'Aristote (ou le Platon) ayant l'intuition du monothéisme, ce n'est pas celui de l'Académie, c'est celui de Maïmonide -- Combien révélatrices sont à cet égard les imprécations de Joseph ibn Caspi vis-à-vis du "Grec" (NB : l'"autre", le "pas comme nous") ? De même, le Ich und Du de Martin Buber est l'oeuvre d'une psyché typiquement juive, mais combien ne se sont pas récriés contre cet "anarchiste" ?
Autre point (et qui sera développé, du moins j'espère dans Pensée juive) : de tous les philosophes cités dans cette entrée, tous posent au fond cette question : qu'est-ce qu'être Juif ? (non pas Juif et citoyen, le Juif était souvent "inférieur" à cela, mais comment se concilie ma tradition avec le monde ?) Chez certains, ça se résume à ça. Tout l'échec de la philosophie (dans le monde Juif s'entend) d'Ibn Gabirol, c'est d'avoir tant glosé que la question est noyée, alors qu'elle ressort magistralement dans le Keter Malkhout, oeuvre liturgique dépourvue de questionnement vis-à-vis de Dieu, Sa place dans le monde, etc. Tout le succès d'Abraham ibn Ezra, c'est de l'avoir si bien intégrée à ses commentaires qu'on en oublierait parfois que c'est de la philosophie. Or, c'en est, il suffit de comparer son commentaire à celui de Nahmanide : là où la philosophie n'est qu'une explication possible pour le second, elle est L'explication pour le premier. D'où les réactions peu amènes du second : interpréter un monde régi par la raison sans miracle, ça revient à nier l'essence du Juif, témoin des seuls miracles observés à ce jour (si on les tient pour admis). C'est aussi la thèse de Juda Halévy. Sa question est encore une fois "Qu'est-ce qu'un Juif ? Pourquoi un Juif philosophe s'éloigne-t-il du judaïsme?".
Cependant, tous deux ne sont pas seulement philosophes, mais aussi kabbalistes. Pour eux, la question peut se résoudre sans recours à la philosophie. Spinoza, lui, vient d'être témoin de l'escroquerie du siècle, le sabbataïsme, qui n'aurait pu avoir lieu sans la kabbale. Les Juifs stupides de Spinoza, ce sont ceux-là. Que Spinoza ait retrouvé dans les Hébreux de la Bible les mêmes "naïfs" n'engage que lui, mais c'est la même question qu'il pose, polarisée sur la philosophie.
Mendelssohn est témoin d'un grand bouleversement : l'avenue de l'émancipation. Les Juifs pourraient, peuvent peut-être, devenir comme les Gentils, à condition de ... A condition de quoi ? Toute sa philosophie est là. (Finalement, il ne sera qu'un phénomène de foire berlinois, "le Juif qui philosophe", comme "le cheval qui sait compter", mais l'idée n'était pas mauvaise)
En fait, c'est cela que le Rav Nahman de Breslaw reproche à la philosophie (qui, pour se faire une opinion, les a lus, sachez-le) : la philosophie juive, c'est poser les questions que les Juifs se posent et y répondre à la façon des Gentils, avec le risque d'en arriver aux conclusions des Gentils : les Juifs sont dans l'erreur. Certains surmontent, comme Saadia Gaon (mais il faut dire que la philosophie mutazilite était elle-même une philosophie religieuse, qui ne se détachait pas des certitudes écrites dans le Coran, comme le voudrait un "bon" philosophe) ou Hasdaï Crescas, d'autres sont "limite", comme Gersonide (très controversé, d'ailleurs) ou Joseph Albo, d'autres succombent, comme Narboni, qui, venant du milieu intellectuel provençal, se contredira parfois, comme s'il ne croyait pas à ce qu'il dit, ou Spinoza, qui, venant du terrain miné du crypto-judaïsme ne voit aucun problème à chercher la lumière aileurs. Autant de leçons pour les philosophes Juifs modernes, surtout américains, qui connaissent les limites, et savent qu'en restant accrochés à leur foi et à la pensée juive en général, ne feront pas partie de l'"un" de la philosophie, qui est de faire table rase et de recréer sa vision du monde selon ce qu'apporte la réflexion philosophique.
Désolé pour la longueur
Inyan 29 mars 2006 à 23:48 (CEST)

[modifier] Bon courage

Bonjour, formé à la philosophie à la française, laïque et parfois ingrate à l'égard de son héritage religieux (voir plus haut), je m'interroge cependant de plus en plus sur l'importance du judaïsme pour ce que l'on nomme philosophie occidentale. Quelques exemples :

  • Quelle est l'influence de Philon d'Alexandrie sur Plotin par exemple ? Est-ce qu'il a une postérité indépendante dans la pensée juive ? Est-ce que la culture intellectuelle juive a su mieux passer la crise des grandes migrations que l'Europe ?
  • platonisme/aristotélisme médiéval, pourquoi Aristote revient avec Maïmonide vers une époque comparable à St Thomas, effet Avicenne ?
  • Spinoza. En lisant Cohen A. "Le Talmud" (Payot 1986), j'ai été frappé par la similitude des formulations avec le spinozisme, et je n'arrive pas à voir ce qui vient du talmud dans spinoza, ou si le spinozisme à influencé la réflexion talmudique.
  • Karl Marx, Sigmund Freud, Henri Bergson, Simone Weil, Hannah Arendt... sont juifs et universels. Qu'en pense-t-on selon une tradition juive ?

Autrement dit, je suis sympathisant de votre projet, mais...

Je suis encore perdu dans l'état actuel de l'article, surtout avec tout ce gras dont je ne vois pas de justification. Un exemple au passage, Salomon ibn Gabirol (1021-1070) vient avant Isaac Israeli (855-955), pourquoi ? Les noms cités ont apparemment pour la plupart une notice individuelle, est-ce le lieu de faire un long catalogue de biographies ? Quand je lis le triomphe du Néoplatonisme, voilà un paragraphe qui m'intéresserait, avec des dates, une articulation à ce qui précède et ce qui suit, une idée du contexte historique, et si je veux le détail des individus, je vais à leurs notices.

Les polémiques avec lesquelles vous commencez dès le début sont un autre exemple de votre démarche déroutante. Je souhaiterai plutôt qu'elles aboutissent à des énoncés pondérés, qui ne fache ni les philosophes un peu strict, ni le judaïsme. Le patronnage de Levinas que vous présentez en 1. me conviendrait (du moins s'il est apprécié par le judaïsme actuel, chose que j'ignore).

Est-ce qu'il existe un manuel du genre scolaire sur le sujet ? Car en fait, voilà ce qui est attendu. S'il n'y a pas de référence de ce genre, alors évidemment, votre tâche devient beaucoup plus difficile. En tous cas le catalogue du côté wikipedia en anglais n'est certainement pas imiter dans son incapacité de synthèse.

En souhaitant que ces remarques ne vous découragent pas, mais au contraire, vous donne des pistes, vous pouvez me contacter pour des relectures, mais malheureusement, pas pour contribuer. D'ailleurs, je crois que ce serait un mauvaise chose, car je viendrais avec le même académisme qui s'exprime ailleurs sur les articles philosophiques de wikipedia fr, ce qui gacherait l'intérêt de votre approche.

Frédéric Glorieuxdiscuter 4 octobre 2006 à 12:02 (CEST)

Je suis prêt à reprendre le flambeau pour mener à bien cet article, mais c'est pas simple, au vu de l'état de l'article. une refonte complète me semble nécessaire, mais j'aimerais pouvoir avoir un peu d'aide, ne serait ce qu'à la relecture. y a t il des volontaires ? giphilo

[modifier] pensée juive ou philosophie juive ?

Dans cet article, on trouve à la fois des philosophes et des penseurs juifs qui n'ont pas réellement fait oeuvre de philosophie, voire s'y sont opposés. Ne serait il pas plus judicieux de séparer philosophie juive et pensée juive, sachant que la philosophie est une démarche issue des grecs que des penseurs juifs ont adopté et ce faisant transformé, pour constituer une philosophie juive ? giphilo/13 mars 2007

Si, bien sûr, regardez à Kabbale (dans cet article) et une discussion que j'avais eue avec Jonat pour déterminer si l'oeuvre du Ramhal faisait partie de la philosophie ou la pensée. Pensée juive n'existe d'ailleurs pas encore. Bien à vous--'Inyan m'écrire 14 mars 2007 à 14:38 (CET)
mais, question à Inyan au passage, est-ce qu'on pourrait pas songer à un article Pensée juive? Tryphon Tournesol 14 mars 2007 à 18:10 (CET)
Heuuu oui, mais perso, je développerais la philosophie avant, ainsi que l'éthique, l'herméneutique talmudique, la Kabbale (mais je suis incompétent en la matière et je doute que beaucoup le soient. Il y a une très bon livre de Maurice Ruben-Hayoun là-dessus et les travaux de Guershom Sholem). La pensée juive, c'est tout ça (et plus encore). En clair, je ne voudrais pas ouvrir trop de fronts à la fois, mais bien sûr, cela n'engage que moi.
Menahem Macina a récemment joint wikipedia, et il a, si je ne m'abuse, une maîtrise en pensée juive justement. IL faudrait lui demander--'Inyan m'écrire 14 mars 2007 à 21:10 (CET)
Je rappelle que Armand Abécassis a commis quatre volumes sous le titre La pensée juive. MLL 19 mars 2007 à 12:57 (CET)
Oui, mais l'ouvrage d'Abécassis ne concerne directement que la pensée biblique.

[modifier] Philosophie et philosophes

Cet article n'est pas seulement une présentation généraliste de la philosophie juive, mais un dictionnaire des philosophes juifs. De fait, il est beaucoup trop long et la partie dictionnaire des philosophes fait doublon avec les articles séparés de philosophes juifs. Apparemment, cela ne gêne personne. Ne vaudrait-il pas mieux founir une liste de philosophes juifs avec liens internes ?

Ce n'est pas que ça ne gêne personne, mais c'est en cours d'écriture. Cela dit, une présentation généraliste de la philosophie juive me semble difficile. Il n'y a de philosophie juive que celle des philosophes du judaïsme, le judaïsme et la philosophie étant indépendants l'un de l'autre. Mais oui,la version finale devrait être sensiblement plus courte. Cordialement--'Inyan m'écrire 20 mars 2007 à 11:36 (CET)

[modifier] {{pas fini}}

Bonjour,

Ce modèle est la depuis le 15 décembre 2005, soit plus de 18 mois (!). Il serait peut etre plus judicieux, pour ne pas entraver les bonnes volontés, de le retirer si personne ne travaille en profondeur l'article actuellement non? Clin d'œil Si personne ne s'y oppose, je repasserais d'ici quelques jour pour le retirer. Cordialement, Maloq causer 24 mai 2007 à 02:25 (CEST)

Non, pas de pb, mai il faudrait tout de meme indiquer qu'en l'etat, cet article est un f...'Inyan
Peut être que le {{À recycler}} devrait convenir? Il encouragerait les éventuels courageux? Tire la langue. Maloq causer 24 mai 2007 à 11:26 (CEST)

[modifier] Élie del Medigo

Un personnage, deux articles ... Élie del Medigo et Philosophie juive#Eliya Delmedigo (1460–1497) parle apprement de la même personne. Par contre deux orthographe et deux dates de naissance et mort différente. Qui dit vrai ? Alecs.y (disc. - contr.) 22 juin 2007 à 16:21 (CEST)

[modifier] Nettoyage

  1. Alexandre introduisit l'hellénisme en Judée, et sa composante doctrinale, la philosophie.
    Selon des penseurs juifs, comme Léon Askénazi[1], le phénomène religieux, juif s'entend, c'est-à-dire la conception de la "législation mosaïque" en terme de religion, et le phénomène philosophique furent plus ou moins concommitants, Ezra étant contemporain de Socrate. De façon schématique, "le premier philosophe parle lorsque le dernier prophète se tait".
  2. Une légende apocryphe probablement née au dixième siècle réconciliera les adeptes de la philosophie hellène avec la sagesse juive : Alexandre, disciple d'Aristote, lui aurait rapporté de Jérusalem les écrits du Roi Salomon. C'est ainsi que Joseph ibn Caspi dira[réf. nécessaire]:"Comment puis-je connaître Dieu, et savoir qu'Il est Un, à moins de savoir ce que signifie savoir, et ce qui constitue l'unité? Pourquoi cela devrait-il être abandonné aux philosophes des Nations? Pourquoi Aristote devrait-il garder en sa seule possession les trésors qu'il a volés à Salomon ?" Une autre légende va jusqu'à dire qu'Aristote se serait converti au judaïsme et aurait enjoint un disciple à renier ses enseignements[réf. nécessaire].
  3. Les penseurs juifs de l'école française du vingtième siècle (Jacob Gordin, Emmanuel Levinas, André Neher, Léon Askénazi…), qui étaient tous à l'intersection de la religion et de la philosophie, s'accordaient à penser que le phénomène religieux (juif s'entend) et le phénomène philosophique étaient plus ou moins ou moins en concordance. Les "doctrines mosaïques" ne furent pas pensées en terme de religion avant Ezra, tout comme on s'accorde généralement à reconnaître le début de la philosophie à l'époque de Socrate, sans remettre en question la valeur de philosophes antérieurs comme les Présocratiques.
    Ces deux phénomènes ne présentaient et ne présentent pas d'interdépendance. Le judaïsme fut d'abord conçu non comme un système de pensée, mais comme un mode de vie à mettre en œuvre, tout comme l'hellénisme, dont la philosophie n'était que l'aspect doctrinal. Les controverses savantes des Talmuds n'avaient d'autre but que de fixer et d'enseigner la pratique des prescriptions toraniques ou rabbiniques, sans penser qu'elles puissent être 'philosophées', ni même discutées autrement que pour en affiner les méthodes discutées, ou pour les appliquer à une situation nouvelle. Les discours philosophiques qu'y trouveront les philosophes résultent de leur interprétation propre, avant d'être celle des Sages, sans toutefois les trahir.
    Il est significatif que ni le Tanakh, ni le Talmud ne possèdent de terme pour philosophie -- un mot grec signifiant "amour de la sagesse" -- ni pour judaïsme -- un terme latin pour désigner les habitants de la Judée, alors que ceux-ci se désignaient comme le peuple d'Israël et non les "adhérents de la doctrine de Juda".
  4. Néanmoins, ces systèmes de pensée différents ne sont pas totalement inconciliables : l'une des caractéristiques fondamentales du judaïsme est d'ancrer toute pratique dans un Texte, expression divine, et ses commentaires (il serait cependant erroné de considérer le judaïsme comme la religion du Pentateuque, ou même de la Bible hébraïque, car, depuis ses débuts, la pratique juive n'a cessé d'évoluer et changer. Cette évolution s'est toujours faite conformément à une démarche très stricte et codifiée, qui commence dans le Talmud et perdure aujourd'hui).
    La démarche du judaïsme, en ce qu'elle a toujours voulu penser l'acte, l'action, et les ancrer dans le Transcendant, le divin, présente des analogies avec la démarche philosophique. La tradition juive entend penser le monde, l'humain et l'action à partir du divin. Dieu n'ayant pas de forme, de représentation, de corps, et n'étant pas soumis à la temporalité, il est tentant de faire le parallèle avec l'Idée au sens de la philosophie grecque et, en particulier, de la Métaphysique d'Aristote. Ainsi que le fait remarquer Emmanuel Levinas, judaïsme et philosophie ont en commun, entre autres valeurs profondes,
  • une prédilection pour l'instruction, qui doit tenir une place majeure dans l'éducation. L'ignorant ne saurait être pieux, et vice versa.
  • un rejet du numineux, le sacré, qui possède l'homme et le prive de sa liberté d'être, de son indépendance.
  • un rejet de l'idolâtrie et du mythe, confinant à l'athéisme; toutefois, et c'est déjà là une de leurs profondes divergences, la philosophie opte pour l'athéisme, tandis que le judaïsme le dépasse et l'englobe.

Tel fut, et tel est encore, dans une certaine mesure, le principal obstacle à la naissance et au développement de la philosophie juive : la volonté affirmée du judaïsme de se poser comme un mode de pensée différent de la philosophie, voire en opposition avec elle, en dépit de leurs nombreuses analogies.
Il est significatif à) ce titre que les hérétiques Juifs soient pour la plupart nommés Apikoros, à rapprocher d'épicurien. La tentation pour cette forme de philosophie qui prône, comme le judaïsme, le rejet d'une vie débridée et le plaisir de l'étude était grande. Cependant, l'étude pour le judaïsme n'est pas une fin en soi, la mort n'est pas l'aboutissement de tout, et Dieu n'est pas indifférent. Dans cette optique, le judaïsme confinait à la foi, la philosophie à l'hérésie et à l'apostasie.

  1. Judaïsme et philosophie divergent aussi, et en profondeur, dans le rapport de l'homme au monde, et de l'homme à l'homme. Il n'est pas innocent que le mot "comprendre" (cum prehendere, ou "saisir") ne comporte pas la même notion que son contrepied hébraïque lehavin (construit sur la racine bein, "entre"; faire la part des choses entre").


Au contraire de la philosophie, apport de la civilisation grecque, premier système de pensée à se démarquer des croyances, triomphe de la raison sur le mythe, annonçant les progrès de l'humanité, qui ne se font souvent pas sans un certain mépris pour les prédécesseurs, proposant une législation raisonnée, le judaïsme, fruit par excellence de la révélation, a proposé au monde la Torah, législation révélée proposant un système d'éthique et de morale, mais aussi de pratiques susceptibles d'être discutées pour en connaître la "bonne" interprétation.

  1. Le problème n'est donc pas uniquement intellectuel ou, à la rigueur, affectif : il a une forte connotation politique. On se souvient de la République de Platon, on se souvient des règles édictées par Moïse. Ces deux systèmes de pensée prônent deux modes de gouvernement.
  2. La philosophie juive ne pouvait prendre naissance qu'à l'intersection de ces deux mondes, dans les communautés juives hellénisées d'Alexandrie et d'Eléphantine, comme une tentative de synthèse. L'entreprise, bien qu'ayant eu peu d'influence sur le monde juif, assura la propagation de ses idées dans le monde grec, puis romain. C'est par le biais des Juifs hellènes que YHWH Elohim "devint" Kurios Theos, le "Seigneur Dieu", et que Moïse fut connu dans sa dimension de législateur, et comparé à Lycurgue et Solon.
  3. Au Moyen Âge, la philosophie juive fut adoptée sans réserve par les uns, conspuée sans retenue par les autres. Les milieux rabbiniques traditionnels se méfiaient de la philosophie et condamnaient ceux qui s'y adonnaient. C'est que les philosophies grecque, karaïte, ou musulmane constituaient une menace pour le judaïsme.
    Paradoxalement, les plus éminents représentants de la philosophie juive, jusqu'à l'époque des Lumières, étaient des rabbins réputés. Le grand Sage Moïse Maïmonide réussit à imposer sa version de la philosophie aristotélicienne comme une forme de rationalisation du judaïsme, qui, sans se substituer aux Talmuds, tendait à perpétuer la recherche infinie de sens que les rabbins préconisaient. Cette philosophie devint ensuite comparable à certains enseignements du Talmud, en ce qu'elle défendait la validité du judaïsme contre des systèmes fondés non plus sur la foi, comme le christianisme primitif, mais sur la raison.
    Cependant, là encore, certains de ces Sages qui voulaient lutter sur le terrain même de leurs adversaires et démontrer que la pensée juive était basée tout autant sur la tradition que sur la raison, furent accusés "de s'être pris au jeu", et d'avoir renié l'essentiel des traditions et principes fondamentaux du judaïsme, comme la création du monde, l'existence d'une justice divine, etc. De plus, certains de leurs disciples, souvent de moindre envergure que leurs maîtres, furent tentés de substituer la pensée philosophique à la pensée juive, à sa façon de poser les questions et de chercher les réponses. Ce faisant, ils menaçaient également de fragiliser la foi de certains.
  4. Avec l'expulsion des Juifs d'Espagne, et surtout la constitution de la classe des Marranes, rejetés tant par le christianisme que par le judaïsme, philosophie et judaïsme semblèrent divorcer, la première éclosant dans sa modernité en conspuant le second. Par ailleurs, avec l'assimilation des Juifs, peu concernés par le judaïsme mais jalousement attachés, parfois, à leur "judéité", apparut une "philosophie de Juifs" qui, bien que traitant de questions plutôt spécifiques aux Juifs et à leur histoire face au monde, s'écartait sensiblement de la philosophie juive "traditionnelle". Celle-ci était plus que jamais combattue par les milieux traditionnels, malgré la présence de maîtres exceptionnels, comme le Maharal de Prague. Un autre grand maître de la tradition juive, le Rav Nahman de Breslav, bien qu'ayant lui-même étudié la philosophie, énonçait :

    philosopher, pour un penseur juif, c'est poser les questions que se posent les Juifs et y répondre comme les Gentils, et traiter de sujets ayant trait au divin avec des moyens humains, sans les limites que s'impose la pensée juive « traditionnelle »

  5. Cependant, c'est dans les sphères orthodoxes, voire ultra-orthodoxes, que la philosophie juive tend à renaître actuellement, bien que les contributions de penseurs juifs non-orthodoxes soient également fort importantes.
  6. La synthèse de deux systèmes de pensée se fait rarement sans confrontation, à plus forte raison entre philosophie et religion; en tant que tels, ils se positionnent en contradiction fondamentale sur plusieurs points, notamment :
  • la raison par rapport la foi
    • le philosophe se veut libre de préjugés lorsqu'il aborde une question, y compris quant à la voie qu'il devra emprunter, ou les règles qu'il devra suivre.
    • le croyant (ou le fidèle) est tenu à des principes de foi auxquels il lui faut adhérer sous peine d'apostasie. À ce titre, il est considéré comme aberrant que la philosophie l'amène à les formuler, ou à les affiner.
  • la raison par rapport à la tradition
    • À l'instar des mathématiques, beaucoup d'approches philosophiques sont un langage qui se veut universel pour décrire une réalité qui, bien souvent, est une propre au philosophe. Le but du philosophe est de trouver la voie. Il n'hésitera donc pas à se démarquer de ses prédécesseurs.
    • le judaïsme croit en une vérité révélée, universelle, intemporelle et immuable. De plus - et ceci est particulièrement vrai dans le judaïsme rabbinique -, il s'en tient à une tradition, c'est-à-dire à une chaîne de transmission qui remonte à Moïse et dont dépend la valeur de l'enseignement transmis. La contredire est impensable. Il s'agit donc de "coller" à ses prédécesseurs, qui étaient plus proches de l'époque de la Révélation.
      Ainsi, à l'inverse de Démocrite, Platon ou Aristote - autant de noms qui constituent des jalons tant dans l'histoire de la pensée, que dans la recherche de la raison -, lorsqu'un Sage est nommément cité, c'est que son opinion, bien que d'une grande valeur intellectuelle, n'a le plus souvent pas été suivie. Le Talmud consigne simplement que tel Sage « dit » ceci. Inversement, lorsqu'il a rapporté un enseignement au nom de ses maîtres, tel Sage « a dit », l'enseignement est irréfutable (à moins de trouver un avis contraire chez des Sages antérieurs).
      La conciliation peut sembler impossible, entre le judaïsme, lorsque le maître hassidique Rabbi Nahman de Braslav décrète que toute vue philosophique est fausse et hérétique, que de la philosophie, lorsque Baruch Spinoza formule que la "religion" est inférieure à la philosophie, et ne peut donc considérer la philosophie juive traditionnelle autrement que comme un échec.


Néanmoins, cette synthèse fut bel et bien tentée par d'autres :

  • ceux qui, par le biais de la philosophie, tentaient de fournir des arguments et preuves en faveur des principes de base d'une religion. Cette voie, qui n'est pas propre au judaïsme, puisqu'elle fut empruntée par les penseurs de la chrétienté et de l'islam, fut rejetée comme n'étant pas de la "vraie" philosophie par les "vrais" philosophes.
    Leo Strauss, par exemple, démontre en quoi des classiques, comme le Kuzari ou le Guide des Egarés, n'étaient pas de la philosophie.
  • ceux qui, partant d'un postulat typiquement philosophique, proposèrent de prouver qu'aucune croyance religieuse n'est vraie jusqu'à preuve du contraire, par une analyse philosophique indépendante. Cette voie, qui fut empruntée par Joseph Albo ou Mordekhaï Kaplan, le fondateur du judaïsme reconstructionniste, fut néanmoins abondamment critiquée par la plupart des "vrais" adhérents aux principes d'une religion, et, dans le cas du Rav Kaplan, lui valut d'être effacé de projets et institutions qu'il avait contribué à modeler.
  1. La méthode la plus traditionnelle consistait à appliquer les méthodes analytiques de la philosophie au judaïsme, mais non le raisonnement, afin de renforcer les bases de sa foi par des arguments rationnels. Ce fut le point de vue de la plupart des philosophes du judaïsme, comme Saadia Gaon ou Abraham ibn Daoud, bien que lui aussi mena des maîtres comme Gersonide ou Albalag à professer des idées controversées tant par leurs contemporains que par les générations suivantes.
  2. Il se créa au vingtième siècle, particulièrement en France une tentative de réconcilier philosophie et tradition. L'un de ses plus illustres représentants fut Emmanuel Levinas, figure de la phénoménologie inspirée de Hegel [Husserl], comme de la pensée juive. Comme il le disait : « je ne place pas ma réflexion sous l'autorité de la Bible, je la place sous l'autorité de la phénoménologie », mais sa réflexion n'a pas cessé de se fonder sur la tradition juive (dont il ne se prétendit jamais maître). La question n'a pas été résolue à ce jour, et ce n'est pas la prétention de cet article, qui ne fait qu'exposer les différents philosophes au cours de l'histoire.
    On peut néanmoins faire remarquer que :
  • pour ceux des philosophes qui veulent exclure du judaïsme son essence révélée, le verdict est sans appel : ils peuvent être les plus grands philosophes aux yeux des nations, les vainqueurs de la religion (Hegel, à propos de Spinoza), du point de vue du judaïsme, ils se sont égarés.
  • pour ceux des Juifs qui ne soumettent jamais leurs croyances au questionnement, le risque est grand d'intégrer de nouvelles coutumes sans fondement religieux. Ces Juifs, bien qu'honorés pour leur piété, leur érudition, voire leur sagesse, sont souvent perçus comme obscurantistes, voire intégristes ou fanatiques par la population en général, et les Juifs eux-mêmes.
  1. Cette interrogation, formulée à propos d'Emmanuel Levinas, pourrait être posée à propos de toutes les figures de la philosophie juive.
    D'une façon générale, quatre types d'interrogation se posent :
  2. Quelle est la nature de Dieu ? Comment savons-nous qu’Il existe ?
  • Quelle est la nature de la Révélation ? Comment savons-nous que Dieu révèle Sa volonté aux hommes ?
  • Parmi nos traditions, lesquelles sont-elles à prendre au sens littéral, lesquelles sont-elles à prendre au figuré ?
    • la prophétie et les miracles se sont-ils tenus dans "notre" monde, tel que nous le connaissons, "où les miracle ne se voient pas tous les jours" et en ce cas, la prophétie est allégorique, mais qu'explique-t-elle ? ou bien, l'ère de la prophétie a-t-elle vu des actes purement miraculeux, d'autant moins appréhensibles par l'intellect qu'ils ne se sont pas reproduits depuis, et la prophétie serait-elle donc à accepter littéralement?
  • Quels sont les principes de base de notre foi, auxquels devraient croire tous ses adhérents (inclus les non-pratiquants) ?
  • Comment concilier les données philosophiques (ou scientifiques) avec notre foi ?
  1. En ce sens, la philosophie juive est une forme de pensée juive, comme l'exégèse, la poésie ou la mystique, héritière du Talmud. On peut même dire que c'est une forme juive de la pensée universelle, qui chez les Grecs, aboutirait à la philosophie. Il n'est donc pas étonnant que les philosophes Juifs en empruntent la méthode et le langage, en d'autres mots la forme, puisque celle-ci est souvent la plus poussée de l'humanité. En revanche, la tradition se sent en danger lorsque certains parmi ces philosophes puisent non seulement dans sa forme mais aussi dans son fond.
  2. Les philosophes du judaïsme sont des maîtres reconnus en leur tradition, bien qu’ils puissent être fortement contestés, à l’exemple de Gersonide ou Moïse Narboni. Ils en maîtrisent les fondements, sont souvent rabbins, mais tentent, outre leur rôle de juge en matière de Loi juive et/ou d’enseignants, d’adopter, ou au moins adapter, les procédés, à défaut des vues, philosophiques aux questions traditionnelles juives, en vue de renforcer la foi.
  3. Abraham ibn Dawd Halevi encourage l’étude de la philosophie, car elle éveille l’esprit tant dans le profane que dans le religieux. Ces maîtres ès judaïsme et pensée sont souvent beaucoup plus connus pour leurs travaux philosophiques que ‘religieux’, avec des exceptions notables, comme Maïmonide, géant dans les deux domaines, Nahmanide et ibn Ezra, dont la philosophie se fond dans l’œuvre religieuse.
  4. Le but de ces maîtres de philosophie et de judaïsme est d'en faciliter la pratique, en expurgeant de la foi les aspects qu'ils jugent « irrationnels », en apportant une réponse, ou une ébauche de réponse, philosophique à des questions comme la nature divine, les miracles ou la prophétie.
  5. la foi est elle compatible avec la raison ?
  • quelle est leur place respective ?
  1. Il s'agit de penser le rapport du philosophe au Judaïsme, leurs apports mutuels ou au contraire leurs insolubles différences. C'est à ce niveau que se situent Spinoza, Mendelssohn et bon nombre de philosophes Juifs modernes, comme André Neher ou Emmanuel Levinas.
  2. La réflexion ne concerne plus à proprement parler le Judaïsme, mais la Judéité, l'identité juive, qui ne se pose plus en termes religieux mais existentialistes, culturels, politiques.
  • Qu'est-ce que le judaïsme ? Comment influe-t-il la vision du monde des Juifs ?
  • Comment un Juif voit-il le monde, l'histoire, y compris celle de la philosophie ? Et comment le monde voit-il le judaïsme et les Juifs ?
  1. Il s'agit par exemple des regrets d'un Heinrich Heine vieillissant, au sujet de sa conversion au protestantisme, des discussions de Franz Rosenzweig ou de Martin Buber, confrontant leur identité juive aux grands courants existentialistes du siècle, des réflexions sur l'antisémitisme de Hannah Arendt, qui n'entre jamais dans des considérations théologiques, voire idéologiques, de Hans Jonas posant de multiples questions d'ordre philosophique ou théologique qui se feront jour après le traumatisme de la Shoah, de Benny Lévy, dont les concepts parlent moins du Juif dans sa stature spirituelle que sans sa dimension historico-politique, ou civique. Comme il ne s'agit pas ici de confronter deux formes de pensée mais de développer la phénoménologie, l'existentialisme, etc. dans la dimension d'un épiphénomène, la judéité, cette identité particulière qui caractérise les Juifs, qu'ils y consentent ou non, indépendamment de leur adhérence à la foi développée par le peuple juif, la synthèse est beaucoup plus facile, tout en suscitant de nouveaux horizons intellectuels.
  2. Les "philosophes généraux" qui n'ont de caractère juif que leur ascendance, comme Karl Marx, Edmund Husserl ou Henri Bergson, ne font pas de philosophie juive.