Solon

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Solon
Solon

Solon, en grec ancien Σόλων, né à Salamine vers 640 av. J.-C., mort sur l'île de Chypre vers 558 av. J.-C., homme d'État, législateur et poète athénien.

Sommaire

[modifier] Biographie

Souvent considéré comme l'inventeur de la démocratie, il fait partie des Sept Sages de la Grèce. Il naît à Athènes dans une famille eupatride. Il se rend populaire lors d’une guerre contre la cité voisine de Mégare, gagnée sur ses conseils. Il joue ensuite un rôle politique important, et promulgue une série de réformes accroissant considérablement le rôle de la classe populaire dans la politique athénienne, réformes qui portent son nom.

[modifier] Carrière politique

Il fut d’abord négociant, commerçant, ce qui le fit beaucoup voyager. Sa fortune et son savoir le placèrent au rang des premiers citoyens de la ville. Durant son absence, Mégare reprit Salamine aux Athéniens et une loi fut votée interdisant, sous peine de mort, que l’on en reparle. Dans le milieu des années 590 av. J.-C., il milite pour une nouvelle guerre contre Mégare, pendant laquelle il conseille de s’emparer de l’île de Salamine ; une expédition fut préparée, Solon à sa tête, et Salamine fut reprise. Pisistrate abrogea la loi d’interdiction du sujet ; c'était sur ses conseils que la guerre avait été gagnée et il devint très populaire.

Pour les historiens grecs postérieurs, ses poèmes étaient la principale source d'informations sur la crise économique et sociale à laquelle il tenta de remédier. Il est élu archonte pour 594593 av. J.-C., avec pour principale tâche de remédier aux troubles civils qui menaçaient : l’esclavage pour dettes réduisait fortement le nombre d’hommes libres. Il introduit une importante réforme législative, la sisachthie (seisachtheia) qui déduisait les intérêts déjà payés du capital des dettes.

Tout Athénien est moralement solidaire des outrages, violences et insultes subis par un de ses concitoyens. Son devoir est de le poursuivre devant les tribunaux. Les femmes qui ne sont pas vêtues convenablement sont punies d’une amende de cent drachmes. Les fils étaient forcés de nourrir les pères dans leur vieillesse, à condition d’être né d’une relation légitime. Il établit des fontaines et fit chasser les loups.

On lui confie ensuite la tâche de rédiger une nouvelle constitution (voir constitution de Solon), qui établit les premières bases de ce qui est devenu plus tard la démocratie athénienne. Il institue une timocratie, oligarchie où les droits politiques sont définis par la richesse immobilière et la capacité de production.Cette constitution est un compromis entre l’oligarchie et la démocratie, acceptable par l’aristocratie et le peuple.

Quatre classes sont créées :

  • les Pentakosiomedimnoi (ceux dont les revenus dépassent les 500 boisseaux par an) ;
  • les hippeis (chevaliers, c’est-à-dire ceux qui pouvaient se payer un équipement militaire et un cheval pour aller à la guerre, soit un revenu de 300 boisseaux par an),
  • les zeugitai (laboureurs, c’est-à-dire les propriétaires d’une paire de bêtes de labour, ayant un revenu d’environ 200 boisseaux par an),
  • les thètes (manouvriers).

L’historien NGL Hammond suppose que des taxes proportionnelles étaient établies, aux taux suivant l’échelle de 6-3-1, les thètes ne payant aucun impôt, ne combattant pas lors des guerres, mais étant inéligibles. Il crée également la boulè (conseil de 400 hommes qui rédige les lois discutées à l’Ecclésia. Il réforme la justice : tous les citoyens peuvent porter plainte devant un tribunal, crée des jurys ouverts aux classes populaires dans un nouveau tribunal, l’Héliée, tribunal composé de citoyens, qui est également compétent pour juger les archontes à leur sortie de charge. Il réforme l'aréopage, modifie le calendrier et le système des poids et mesures.

Il encourage également la croissance économique en offrant la citoyenneté aux travailleurs étrangers les plus habiles. Ses lois ont été gravées sur les cylindres en bois spéciaux et placées dans l'Acropole. Avant Solon, un père avait le droit de vendre ses enfants ; à présent il ne pouvait le faire qu’après avoir été témoin de son déshonneur.

[modifier] Voyages

Après que sa constitution eut été acceptée, Solon quitte Athènes. Selon les écrivains grecs postérieurs, il voyage dix ans à Chypre, où il vit à la cour du roi de l'endroit, Philocyre, en Égypte, en Lydie.

Âgé de plus de quatre-vingts ans, il revient à Athènes vers 560 avant J.-C. Il est associé à Pisistrate lors de sa prise de pouvoir, Pisistrate qu’Aristote décrit comme un démocrate radical. Lorsque Pisistrate instaure une tyrannie à Athènes, Solon quitte à nouveau sa cité, parcoure la Méditerranée et l'Asie, revient lors de la deuxième tyrannie de Pisistrate, retrouve son exil chez Philocyre et meurt peu après son retour.

[modifier] Citation

"Je décrète comme criminel tout citoyen se désintéressant du débat Public."

[modifier] Postérité

Solon était un législateur vénéré de Platon et d'Aristote.

[modifier] Solon et l'Atlantide

D'après Hérodote, Solon effectua des voyages en Libye et en Égypte. C'est en Egypte à Saïs que, d'après Platon (Timée), Solon aurait entendu le mythe de l'Atlantide de la bouche de prêtres locaux, gardiens d'une colonne gravée de hiéroglyphes contant l'histoire.

Il projeta à son retour à Athènes de rédiger un poème sur le sujet, mais abandonna à cause de l'ampleur de la tâche. L'histoire fut néanmoins transmise dans sa famille par l'intermédiaire de Dropides et de Critias, jusqu'à Platon.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes


[modifier] Bibliographie

s:Accueil

Voir sur Wikisource : Solon.

  • Yvon Garlan, Les Esclaves en Grèce ancienne, La Découverte, coll. « Textes à l'appui », 1989 (ISBN 2-7071-2475-3) ;
  • Louis Gernet, « La loi de Solon sur le testament », Droit et société en Grèce ancienne, Publications de l'Institut de Droit romain de l'Université de Paris, 13, 1964 (2e édition) ;
  • Moses Finley :
    • « La servitude pour dette », Revue historique de droit français et étranger, série 4, XLIII (1965), p. 159–184,
    • « La terre, les dettes et le propriétaire foncier dans l'Athènes classique », Économie et société en Grèce ancienne, Seuil, coll. « Points », 1997 (ISBN 2-02-014644-4) ;
  • Claude Mossé, « Comment s'élabore un mythe politique : Solon, “Père fondateur de la démocratie athénienne” », Annales, 54 (1979), p. 425–437 ;
  • Pauline Schmitt-Pantel, La Cité au banquet : histoire des repas publics dans les cités grecques, École française de Rome, 2000 ;
  • Pierre Vidal-Naquet :
    • « Athènes et l'Atlantide », Le Chasseur noir. Formes de pensées et formes de société dans le monde grec, La Découverte, 2005 (ISBN 2-7071-4500-9),
    • L'Atlantide : Petite histoire d'un mythe platonicien, Belles Lettres, 2005 (ISBN 225138071X).
  • Jacques Dufresne :
    • La démocratie athénienne, miroir de la nôtre., La bibliothèque de l'Agora, 1994 (ISBN 2980078921).
  • Histoire grecque, Claude Orieux, Pauline Schimitt Pantel, Puf, 2005
  • Frammenti dell'opera poetica. Testo greco a fronte, BUR, 2001