Madame Butterfly

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Opéras de Giacomo Puccini
  • Le Villi (1884)
  • Edgar (1889)
  • Manon Lescaut (1893)
  • La Bohème (1896)
  • Tosca (1900)
  • Madama Butterfly (1904)
  • La fanciulla del West (1910)
  • La rondine (1917)
  • Il trittico: Il Tabarro (1918)
  • Il trittico: Suor Angelica (1918)
  • Il trittico: Gianni Schicchi (1918)
  • Turandot (1926)
v · d · m

Madame Butterfly (Madama Butterfly) est un opéra en trois actes, représenté pour la première fois à La Scala de Milan le 17 février 1904.

La partition musicale est signée Giacomo Puccini, et le livret est l'œuvre de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica.

Sommaire

[modifier] Genèse

Madame Butterfly
Madame Butterfly

En 1900, Puccini est à Londres pour diriger les répétitions de Tosca au Royal Opera House. Un peu par hasard, il assiste à une pièce de théâtre de David Belasco, Madame Butterfly, tirée d’une nouvelle de l’Américain John Luther Long (1861-1927). Il est immédiatement enthousiasmé par la pièce et veut acheter les droits sur-le-champ. Après d’âpres négociations, le contrat sera finalement signé en septembre 1901 et les librettistes Giuseppe Giacosa et Luigi Illica se mettent au travail.

Après les succès de La Bohème (1896) et de Tosca (1900), Puccini s’attendait à un accueil favorable. Mais, la première représentation le 17 février 1904 à la Scala de Milan est un échec monumental. De minutieuses répétitions de l'ouvrage avaient été dirigées par l'éminent chef d'orchestre, Cleofonte Campanini, avec une distribution incluant Rosina Storchio dans le rôle de Cio-Cio-San, Giovanni Zenatello dans celui de Pinkerton, Guiseppe De Lucca dans le rôle de Sharpless et Giuseppina Gianonia dans celui de Suzuki. Malheureusement, selon l'éditeur Guilio Ricordi, "le spectacle donné par la salle semblait aussi bien organisé que celui présenté en scène puisqu'il commença en même temps". Aujourd'hui, l'on ne sait si la création fut sabotée par l'éditeur rival de Ricordi, Sonzogno, ou par une claque soutenant Pietro Mascagni. Le pire moment fut sans doute lorsque des cris d'oiseau simulés dans l'Intermezzo donnèrent aux spectateurs l'idée d'imiter une basse-cour au grand complet. Effarée, l'équipe de Puccini, Giacosa et Illica retirèrent l'opéra de l'affiche. L’opéra paraissait peut-être trop long et le découpage en deux actes romptait-il avec les habitudes de l’art lyrique italien?... - Puccini en tire les leçons, il remanie l’opéra et le réorganise en trois actes "mieux équilibrés" (il supprime quelques mélodies : lors de la signature de l'acte de mariage, la chanson à boire de l'oncle Yakusidé "A l'ombre d'un Yeki sur le Nunki-Nunko-Yama, le jour de Goseki, nombreuses sont les jolies filles", etc). - La nouvelle version présentée à Brescia le 28 mai 1904 sera un triomphe, prélude à une formidable carrière internationale : Buenos Aires, Londres, New York, Paris. - La version française présentée à l’Opéra-Comique le 28 décembre 1906 est de Paul Ferrier (1843-1920).

Le thème de la geisha épousant un Américain de passage rappelle bien sûr Madame Chrysanthème de Pierre Loti, qui a d’ailleurs été adaptée à l’opéra par André Messager en 1893. Mais la ressemblance est très lointaine. Alors que Madame Chrysanthème est une Japonaise cynique, et vénale, qui compte son argent au départ du marin, Butterfly tombe passionnément amoureuse de Pinkerton, au point de sacrifier les conventions sociales et de renier sa famille. Et Pinkerton éprouvera des remords à la mort de Butterfly, ce qui n’est pas commun pour les marins de passage.

[modifier] Personnages

  • Madame Butterfly, Cio-Cio-San, soprano
  • Suzuki, sa servante, mezzo-soprano
  • Benjamin Franklin Pinkerton, ténor
  • Kate Pinkerton, soprano
  • Sharpless, le consul, baryton
  • Goro, l’entremetteur, ténor
  • Yamadori, le prétendant, ténor
  • Bonzo, l’oncle bonze, basse
  • Commissario, l’officier d’état civil, basse

[modifier] Synopsis

Nagasaki, 1904. Un jeune officier Américain de passage, B.F. Pinkerton épouse une geisha, Madama Butterfly (en japonais italianisé Ciocio-san, soit Madame Papillon). Simple divertissement exotique pour lui, le mariage est pris très au sérieux par la jeune Japonaise. Après la cérémonie et après lui avoir fait un enfant, Pinkerton repart. Espérant son retour, elle lui reste fidèle et refuse de nombreuses propositions de mariage. Trois ans plus tard, Pinkerton revient au Japon avec sa nouvelle épouse américaine. Quand Butterfly comprend la situation, elle leur abandonne son enfant et se donne la mort par seppuku (hara-kiri).

[modifier] Argument

[modifier] Acte I

  • Bref prélude: exposition du "thème japonais" allegro vigoroso qui réapparaîtra tout au long de l'opéra mais à chaque fois quelque peu modifié.
  • À Nagasaki, en 1904, Goro, entremetteur, fait visiter à B.F.Pinkerton, officier américain de passage, la maison que ce dernier vient d’acheter. Il lui présente ses serviteurs dont Suzuki, la servante de sa fiancée Madame Butterfly.
  • Puis le consul américain Sharpless arrive. Pinkerton lui explique que les contrats de location, ici, sont très précaires. On signe pour 999 ans mais on peut se dédire chaque mois ! C’est pareil pour les contrats de mariage (Air : « Dovunque al mundo, lo yankee vagabondo ». « Partout dans le monde, le Yankee vagabonde ».)
  • Sharpless le met en garde et l’avertit de la candeur et de la sincérité de Butterfly. Pinkerton prend ce mariage comme un passe-temps et lui explique qu’il se mariera plus tard avec une vraie épouse Américaine « una vera spoza americana »
  • Arrivée de Butterfly en tête d’un magnifique cortège avec ses amies et ses parents (Air : « Ecco ! Son giunte ».) Elle chante son bonheur. Pinkerton est sous le charme.
  • Les critiques fusent dans la foule, humiliant Butterfly, qui se déshonore en épousant un étranger. Pinkerton prend le mariage au second degré (« che burletta » quelle farce) malgré les avertissements répétés de Sharpless.
  • Ils entrent dans la maison. Elle lui montre quelques petits objets qu’elle a emportés, le poignard avec lequel son père s’est suicidé et les Ottokés, statuettes symbolisant les âmes de ses ancêtres. Elle lui avoue s’être convertie au « Dieu des Américains » par amour pour lui.
  • Le commissaire impérial célèbre la cérémonie de mariage. Tout le monde trinque et se réjouit quand soudain, apparition quasi-surnaturelle, l’oncle bonze surgit ! Il maudit Butterfly (Cio-Cio-San) qui a renié sa famille et ses ancêtres. Moment d’une grande intensité dramatique, Pinkerton défend Butterfly et chasse le bonze.
  • Restés seuls, il la réconforte. Le premier acte s’achève sur un très beau duo d’amour (« Viene la sera » « la nuit approche »). Elle se sent « seule … et reniée, reniée… et heureuse » « Sola e rinnegata ! rinnegata e felice ! » Comme le papillon (« farfalle »), elle est épinglée pour la vie !

[modifier] Acte II

  • Trois ans se sont écoulés depuis le départ de Pinkerton et Butterfly l’attend toujours. Entre temps, la situation financière de Butterfly s’est dégradée. Suzuki prie pour que Butterfly cesse de pleurer, mais sans grand espoir : « on n’a jamais vu un mari étranger revenir au nid », tandis que Butterfly prie le Dieu américain. Elle espère le retour de Pinkerton à la « saison où les rouge-gorge font leur nid » comme il lui avait promis. Très bel et touchant aria de Butterfly: « Un bel dì vedremo…» « un beau jour…»
  • Goro et Sharpless rendent visite à Butterfly. Goro lui présente des riches prétendants, dont le prince Yamadori. Mais elle les éconduit tous car elle se considère encore comme mariée.
  • Sharpless commence à lui lire une lettre où Pinkerton lui annonce que c’est fini, mais il n’ose terminer. Bouleversée, elle promet qu’elle se tuera s’il ne revient pas. Puis, elle lui présente son enfant, dont Pinkerton ignore l’existence (Aria triste : « Che tua madre dovrà ».) Elle préfère mourir plutôt que redevenir geisha. Sharpless se retire, promettant de prévenir Pinkerton. Pendant ce temps, Goro rôde autour de la maison, répandant le bruit que l’enfant n’a pas de père.

[modifier] Acte III

  • Coup de canon ! Le navire « Abraham Lincoln » de Pinkerton entre au port et Butterfly l’aperçoit avec sa longue-vue. Quel bonheur ! Butterfly et Suzuki décorent la maison avec toutes les fleurs du jardin. Butterfly s’habille comme au premier jour pour accueillir Pinkerton.
  • Butterfly veille toute la nuit avec son enfant et au petit matin elle s’endort épuisée.
  • Pinkerton et Sharpless arrivent alors à la maison avec Kate, la nouvelle épouse américaine de Pinkerton. Il demande à Suzuki de lui confier l’enfant pour assurer son avenir. Sharpless lui répète ses reproches : « Ve dissi » « je vous l’avais bien dit ». Tragique trio entre Pinkerton, Suzuki et Sharpless. Pinkerton éprouve un grand remords sincère (Air : « addio, fiorito asil » « Adieu asile fleuri ».) Puis il s’enfuit lâchement.
  • Kate demande l’enfant à Suzuki et promet d’en prendre soin. Butterfly se réveille, aperçoit Kate et comprend la vérité. Désespérée, elle consent à donner son fils à Pinkerton à condition qu’il vienne le chercher lui-même.
  • Butterfly se tue avec un poignard sur lequel sont gravés ces mots : « celui qui ne peut vivre dans l’honneur meurt avec honneur ». Dehors, on entend les appels émus de Pinkerton, saisi par le remords : « Butterfly, Butterfly, Butterfly... »

[modifier] Arias célèbres

Les arias les plus célèbres sont :

  • Un bel dì, vedremo (Butterfly), au deuxième acte,
  • « con onor muore » (Butterfly), à la fin du troisième acte.
  • Che tua madre dovrà (Butterfly), au deuxième acte,
  • Viene la sera (duo Butterfly, Pinkerton), au premier acte.

On peut citer également :

  • Dovunque al mondo (Pinkerton, Sharpless), au premier acte,
  • Ecco ! Son giunte (Goro, les amies de Butterfly), au premier acte,
  • Addio, fiorito asil (Pinkerton, Sharpless), au troisième acte.

[modifier] Discographie

On peut citer, parmi les grandes adaptations discographiques :

[modifier] Adaptations au théâtre

  • 1988 : L'adaptation de David Henry, M. Butterfly, qui raconte l'histoire mais avec un diplomate français et une chanteuse d'opéra chinoise, est dénoncée pour avoir dépeint Butterfly comme une Asiatique soumise, selon le stéréotype occidental.
  • 1989 : Le musical Miss Saigon, qui prend l'affiche à Broadway, est en partie inspiré de Madame Butterfly. L'histoire est campée au Viet nâm et en Thaïlande, avec comme décor la guerre du Vietnam et la chute de Saigon.

[modifier] Filmographie

[modifier] Références dans la culture populaire

  • Le groupe rock Weezer s'est inspiré de Madame Butterfly pour son second disque Pinkerton, qui contient des références à l'œuvre de Puccini et à ses personnages, particulièrement sur le dernier morceau de l'album, "Butterfly". Une carte du monde fictive incluse dans la pochette du disque contient également des références à Sharpless et Cio-Cio-San. Enfin, un extrait de l'opéra, en italien est inscrit autour du disque compact même.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes