Langues d'Arda

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Exemple de quenya : le Namárië.
Exemple de quenya : le Namárië.

Les langues d'Arda sont les langues construites inventées par J.R.R. Tolkien et utilisées dans ses œuvres, notamment Bilbo le Hobbit, Le Seigneur des anneaux, et Le Silmarillion. Elles sont importantes, tant comme inspiration pour son monde imaginaire que comme méthode pour donner une profondeur linguistique aux noms et mots, généralement absente dans les œuvres de fantasy et science-fiction.

En parlant des langues inventées par Tolkien, il est nécessaire de prendre en compte deux aspects : leur histoire au sein du « monde primaire », c'est-à-dire leur développement réel par le philologue Tolkien, et leur histoire à l'intérieur du « monde secondaire », leur développement dans l'histoire fictive de la Terre du Milieu.

Sommaire

[modifier] Monde primaire

Tolkien était philologue professionnel des langues germaniques, spécialisé en anglo-saxon. Il s'intéressait également à beaucoup de langues en dehors de son domaine, et développa un amour pour le finnois en particulier : il a décrit sa découverte d'un livre de grammaire finnoise comme « découvrir toute une cave remplie de bouteilles d'un vin extraordinaire, d'une sorte et d'un goût jamais connus jusqu'alors »[1].

La morphologie du finnois (et particulièrement son système très riche de flexions), est en partie à l'origine du quenya. Une autre langue qu'appréciait Tolkien était le gallois : des particularités de la phonologie galloise se retrouvèrent dans le sindarin. Plusieurs mots furent empruntés à des langues existantes, mais ils se raréfièrent de plus en plus au fur et à mesure que Tolkien les développait ; ainsi, il est généralement douteux de chercher l'origine d'un terme ou d'un nom inventé en particulier dans un terme des langues du monde primaire. Tolkien lui-même était agacé par ces rapprochements :

« Il est donc oiseux de comparer les similarités fortuites existant entre des noms propres construits à partir des « langues elfiques » et des mots existants dans les langues « réelles » extérieures, surtout si cela est censé avoir un quelconque rapport avec la signification ou les idées de mon histoire. » (Lettres, p. 532)

La création de langues fut le passe-temps de Tolkien pendant presque toute sa vie. On sait qu'il a créé ses premières langues (l'animalique et le nevbosh) peu après ses treize ans[2], et qu'il continua à modifier et penser à ses créations jusqu'à sa mort, plus de soixante-cinq ans plus tard. L'invention de langues fut toujours étroitement liée à la mythologie qu'il développait, parce qu'il trouvait qu'une langue n'était pas complète sans l'histoire du peuple qui la parle ; ainsi a-t-il déclaré que « le volapük, l'espéranto, l'ido, le novial, etc., sont des langues mortes, bien plus mortes que des langues anciennes que l'on ne parle plus, parce que leurs auteurs n'ont jamais inventé aucune légende espéranto »[3]. De même, ses peuples ne seraient jamais « réels » s'ils étaient imaginés uniquement à travers la langue anglaise et comme parlant uniquement l'anglais. Tolkien se positionnait donc comme traducteur et adaptateur de ses œuvres, non comme auteur original.

Le sindarin et le quenya sont les langues de Tolkien les plus connues et les plus développées, mais elles ne sont pas les seules. Elles font partie d'une famille de dialectes elfiques qui trouvent leurs origines dans l'eldarin commun, la langue de tous les Eldar, qui à son tour puise ses origines dans le quendien primitif, la racine commune des langues des Eldar et des Avari. Une autre famille de langues est parlée par les Hommes, dont la plus importante est le westron, qui est la « langue commune » des peuples du Seigneur des anneaux, issue de l'adûnaic de Númenor. La plupart des langues des Hommes montrent une influence elfique, ainsi qu'un peu d'influence naine. D'autres langues indépendantes furent créées, dont le khuzdul des Nains, le valarin des Valar et le noir parler créé par Sauron pendant le Second Âge.

[modifier] Études elfiques

Quoique l'étude des langues de Tolkien ne soit pas considérée comme sérieuse par les linguistes en général, plusieurs auteurs ont tâché de recueillir toutes les informations disponibles sur leur histoire et leur grammaire. L'un des plus anciens livres dédiés aux langues de Tolkien est An Introduction to Elvish de Jim Allan, édité avant la publication du Silmarillion (en 1977) ; il est donc dépassé en de nombreux points. De nombreux fanzines sont dédiés à ce sujet :

  • Parma Eldalamberon, Vinyar Tengwar et Tengwestië, publiés par l'Elvish Linguistic Fellowship ;
  • Tyalie Tyelellieva, édité par Lisa Star ;
  • Quettar, Bulletin of the Linguistic Fellowship of The Tolkien Society, édité par Julian C. Bradfield.

Tolklang, Elfling et Lambengolmor sont des mailing-lists dédiés à la linguistique tolkienienne. Voir aussi Elfcon.

[modifier] Monde secondaire

Dans l'histoire de la Terre du Milieu, les premier êtres parlants sont les Elfes, ou Quendi. Leur première langue, le quendien primitif, évolue lorsqu'une partie d'entre eux, les Eldar, émigre en Aman alors que d'autres, les Avari choisissent de rester en Terre du Milieu : la langue des Eldar devient l'eldarin commun, alors que les Avari se dispersent et forment de nouvelles langues, très mal connues. L'eldarin évolue à son tour séparément comme les trois tribus des Eldar, Vanyar, Ñoldor et Teleri, progressent vers Aman, donnant naissance au vanyarin, au ñoldorin et au telerin.

L'invention de l'écriture est attribuée au Ñoldo Rúmil, qui crée un alphabet, les sarati (littéralement « lettres »). Fëanor l'améliore et le développe davantage, créant les tengwar, répandus en Terre du Milieu par les Ñoldor et utilisés par la suite.

Daeron de Doriath crée à son tour les cirth, mais ceux-ci ne seront utilisés que par les Nains, et par les Elfes que pour les inscriptions gravées.

Une source importante des études linguistiques en Terre du Milieu se trouve dans les œuvres de Pengolodh de Gondolin, qui écrit en quenya. Il est l'auteur des textes Quendi and Eldar (HoMe XI), Lhammas et Ósanwe-kenta.

[modifier] Écriture et orthographe

Le sindarin et le quenya s'écrivent avec les tengwar, que Tolkien inventa spécialement pour eux, ou les cirth. Quand les langues de la Terre du Milieu sont écrites avec l'alphabet latin, on trouve des accents circonflexes (â, ê, î, ô, û, ŷ) ou aigus (á, é, í, ó, ú), marquant les voyelles longues, dépendant de la langue ou des conventions. Le tréma (ä, ë, ö), est généralement utilisé pour marquer une voyelle courte devant être prononcée séparément, non silencieuse ou faisant partie d'une diphtongue. Par exemple, les quatre dernières lettres de « Ainulindalë » doivent être prononcées « dah-lé » (distinction faite pour qu'on ne prononce pas « dale » en anglais). Les trois premières lettres de « Eärendil » se prononcent « é-ahr » et non « ear » (« oreille » en anglais). Occasionnellement, surtout dans l'orthographe des formes proto-eldarines, Tolkien utilise le macron pour indiquer les voyelles longues et le tréma sur ä, ö, et ü pour indiquer, comme en allemand, les modifications de i et de e.

Dans Le Seigneur des anneaux Tolkien prend le rôle du traducteur, feignant que le texte, originellement en westron, fut traduit par ses soins en anglais. Ce rôle implique le remplacement d'une langue imaginaire par une vraie. De la même façon, il remplace le rohirique (qui trouve ses origines dans une ancienne forme du westron) par l'anglo-saxon et les noms de la langue de Dale, au Rhovanion, par le vieux norrois, mettant ainsi en exergue la relation « génétique » entre ses langues de fiction, similaire à celle reliant les langues germaniques. Une conséquence dérivant de cette décision est le faible développement de ces trois langues : Tolkien ne les développe guère, parce qu'elles n'apparaissent presque jamais dans son œuvre.

[modifier] Liste des langues

  1. Langues elfiques
  2. Langues des Hommes
  3. Langues des Nains
  4. Entique
  5. Langues des Ainur (Valar et Maiar)
  6. Langues des Orques
  7. Plusieurs formes profanes du Noir parler et dialectes régionaux influencés par le westron
  8. Méthodes primitives de communication
    • Langue des Trolls
    • Langue des Wargs

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. J.R.R. Tolkien (éd. Christopher Tolkien & Humphrey Carpenter), Lettres, p. 303
  2. J.R.R. Tolkien, « Un vice secret », Les monstres et les critiques et autres essais
  3. Lettres, p. 328

[modifier] Liens externes