George Montandon

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George Alexis Montandon est un universitaire français d'origine suisse, né à Cortaillod (Suisse) le 19 avril 1879. Il serait mort exécuté par la Résistance en 1944 à Clamart, bien que cette fin ait été mise en doute par son ami Louis-Ferdinand Céline. Ethnologue au Musée de l'Homme, il fut l'une des cautions scientifiques du racisme avant la Seconde Guerre mondiale.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Un médecin et explorateur suisse

George Montandon fit des études de médecine à l'Université de Genève puis à l'Université de Zurich où il pratiqua, de 1906 à 1908, la chirurgie à la clinique universitaire. Après son service militaire il se prend de passion pour l'anthropologie. Il se rend ensuite à Hambourg, puis à Londres et décide de devenir explorateur. À trente ans, en octobre 1909, il embarque de Marseille pour l'Éthiopie du négus Ménélik II, qu'il va explorer en 1910. De retour d'Éthiopie il s'installe comme médecin à Lausanne. En 1914, il s'engage comme volontaire dans un hôpital français de Bourg-en-Bresse, où il remet en pratique sa formation de chirurgien, puis rentre en Suisse en 1916. En 1919 il étudia au Musée ethnographique de Genève la généalogie des instruments de musique et les cycles de la civilisation.

[modifier] L'attrait pour le communisme et l'Union soviétique

Attiré par la révolution bolchévique de 1917, Montandon se rend en Union soviétique en 1919, chargé par la Croix-Rouge d'organiser le rapatriement par Vladivostok de prisonniers de guerre autrichiens retenus en Sibérie. Il en profite pour étudier les derniers Aïnous de l'île Sakhaline et les Bouriates du lac Baïkal. À Vladivostok il épouse une Russe communiste de 22 ans, Marie Zviaghina.

Il est alors plutôt favorable à la révolution bolchévique, comprend la création d'une police politique, la Tchéka, dans Deux ans chez Koltchak et chez les bolcheviks publié en 1923; il est un des premiers à en décrire les abus. Revenu en Suisse il devient membre du Parti communiste de Lausanne. Peut-être reçoit-il même de l'argent des services secrets soviétiques. Il dénonce l'esclavage en Abyssinie et le génocide des indiens aux États-Unis.

Il s'installe à Paris en 1925, où travaille au Muséum d'histoire naturelle, et écrit dans la revue communiste Clarté, dirigée par Henri Barbusse.

[modifier] Le théoricien de l'ethno-racisme français

En 1931, il entre à l'École d'anthropologie. En 1933 il occupe la chaire d'ethnologie et il publie La Race, les races chez Payot, ouvrage favorablement accueilli par l'ensemble de la presse scientifique, où il écrit: « Aujourd'hui les Juifs forment avant tout une ethnie, une raison sociale, et non une race uniforme ». La classification des races proposée par Montandon est encore présentée en 1965 comme une référence par Georges Olivier, Professeur d'Anthropologie à la Faculté des Sciences et Professeur d'Anatomie à la Faculté de Médecine de Paris, dans son ouvrage Morphologie et types humains (pp. 129-132).

En 1934, Montandon publie L'Ologenèse culturelle publié chez Payot, « traité d'ethnologie cyclo-culturelle et d'ergologie systématique », toujours bien accueilli. En 1935 paraît L'Ethnie française (Payot) où il jette les bases de « l'ethno-racisme » à prétentions scientifiques en France. Dans l'avant-propos il écrit : « Parler de race française, c'est ne pas savoir ce qu'est une race. Il n'y a pas de race française. Il y a une ethnie française, dans la constitution somatique de laquelle entrent les éléments de plusieurs races ». Il subdivise les Français en types divers, nordique, alpin, dinarique, méditerranéen, puis étudie certaines composantes allogènes, judaïque, négroïde, mongoloïde. Il reproduit les photos d'Henri Barbusse, de François Mauriac, de Pierre Benoit pour illustrer son propos, et Benjamin Crémieux illustre le « type judaïque à affinités méditerranéennes », et Léon Blum - « l'homme politique » - le « type judaïque à affinités alp-arméniennes ». Si l'antisémitisme n'y est pas évident, il s'y manifeste sournoisement.

[modifier] Vers un antisémitisme « scientifique »

Nommé en 1936 conservateur du Musée Broca, et déçu du Front populaire, peut-être pour des raisons plus personnelles que politiques, il se tourne définitivement vers l'antisémitisme, et correspond alors avec des antisémites réputés comme Henri-Robert Petit, Léon de Poncins et Armand Bernardini.

Il entre sans doute en relation avec Céline dès 1938, après la publication de Bagatelles pour un massacre. Ce pamphlet est clairement influencé par les travaux de Montandon; ce dernier est même cité dans L'École des cadavres. Montaudon justifie par ailleurs « l'ethno-racisme » de Céline par « l'ethno-racisme juif ».

Il approuve les lois raciales italiennes relatives aux Juifs et se prononce pour la création d'un État juif en Palestine « dont les Juifs seraient ressortissants, ne vivant dans d'autres États qu'en qualité d'étrangers, avec passeport et tout ce qui en découle », et affirme que les Jaunes, les Noirs et les Blancs ne descendraient pas de la même race de singes, mais les uns de l'oran-outang, les autres du gorille ou du chimpanzé.

[modifier] L'antisémitisme de Montandon

Le 15 décembre 1926, Montandon fait paraître sous pseudonyme dans L'Humanité un article intitulé « L'origine des types juifs ». Après ses premiers travaux d'"ethnologie" durant les années 1930, il publie dans le numéro d'avril 1939 de Contre-Révolution, un article intitulé « La Solution ethno-raciale du problème juif » où il affirme : « cette farouche intégrité du sang sémite fait des juifs les premiers ethno-racistes en date ».

« Ethno-raciste », il s'oppose à Charles Maurras et à son antisémitisme d'État : il soupçonne d'ailleurs Maurras d'une ascendance juive, « marrane », alors qu'il l'avait d'abord classé en 1935 comme « type méditerranéen du littoral - carrefour de plusieurs types » (c'était également la thèse du pamphlétaire antisémite Urbain Gohier). En novembre, dans la revue raciste italienne La Difensa della Razza, il publie un article sous le titre de « L'Etnia putana », expression qui lui resservira.

Le 2 juillet 1940, dans La France au travail, journal de Charles Dieudonné, il se lance dans les imprécations : « En sus de ses fautes à elle, la nation française a été empoisonnée par l'esprit de l'ethnie putain. Ce qui en effet caractérise psychologiquement la communauté ethnique juive et légitime l'appellation scientifique sous laquelle nous la désignons, c'est non seulement sa luxure, mais avant tout le fait que cette communauté, au lieu de servir une patrie, un pays, se met, comme une fille publique, au service de tous les pays, tout en ayant refusé pendant deux mille ans de se fondre dans la population de ces pays. C'est l'esprit de l'ethnie putain qui, s'imposant aux Français : a) faisait bêler la paix, b) sabotait l'armement, c) et surtout dégoûtait la femme, depuis des décades, de la maternité, grâce à sa presse en particulier, dont l'ancien Paris-Soir, dit "Pourrissoir", avec ses rubriques quasi pornographiques, dirigées par des putains juives, dont nous savons le nom, était le modèle accompli ».

Mais à la suite des remises en cause des naturalisations, Montandon perd la nationalité française et son emploi à l'École d'Anthropologie. Chez Denoël, l'éditeur de Céline, aux Nouvelles Éditions françaises, en novembre 1940, annonçant L'Ethnie Juive ou Ethnie putain (qui ne sera jamais édité), Montandon inaugure la collection « Les Juifs en France » en publiant un ouvrage alimentaire Comment reconnaître le Juif ?. Il s'agit d'une brochure rassemblant des citations de Louis-Ferdinand Céline, Édouard Drumont, Guy de Maupassant, Jules Michelet, Frédéric Mistral, Ernest Renan, Adolphe Thiers, Voltaire et Émile Zola. Ses travaux aideront à la mise en plce de l'exposition Le Juif et la France.

[modifier] Collaboration et eugénisme

En juillet 1940, il devient directeur de la revue L'Ethnie française, financée par l'Institut Allemand de Paris, puis par le Commissaire aux questions juives, Darquier de Pellepoix. Il y publie des articles sur l'« ethnie juive ». En novembre 1940 paraît aux Nouvelles Éditions Françaises son ouvrage Comment reconnaître le Juif?, le premier volume de la collection « Les Juifs en France ».

Montandon est nommé président de la Commission ethnique du Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot, et il écrit dans La Gerbe d'Alphonse de Châteaubriant. Le 27 juillet 1941, un décret lui rend la nationalité française.

En octobre 1941, il contribue à l'organisation de l'exposition de Berlitz où l'on cherche à apprendre à tout un chacun "comment reconnaître un juif ?". À partir de décembre 1941, il est attaché au Commissariat général aux questions juives en qualité d'ethnologue. À ce titre, et moyennant une bonne somme, il délivre des certificats de non-appartenance à la race juive.

En 1942, Xavier Vallat est remplacé par Darquier de Pellepoix au Commissariat général aux questions juives. L'Institut d'étude des questions juives, d'abord confié au capitaine Sézille pour organiser l'exposition allemande Le Juif et la France, et surtout destiné à l'« aryanisation économique » du pays (« administrer les biens juifs et dénoncer les camouflages »), est alors dissous. Rebaptisé en Institut d'études des questions juives et ethnoraciales - l'IEQJER, école de formation à l'« hygiène sociale » et à l'antisémitisme à partir de mars 1943. La direction de cet Institut est confiée à Montandon, chargé du cours d'ethnoraciologie judaïque. Parmi les formateurs de cet institut se trouvent Armand Bernardini et Claude Vacher de Lapouge, Jean Héritier, journaliste au Pilori.

En 1943, Montandon fait distribuer une traduction, destinée aux étudiants en médecine, du Manuel d'eugénique et d'hérédité humaine du nazi Otmar von Verschuer, responsable de l'Institut d'anthropologie à Berlin.

Dans Le Cahier Jaune il propose de pratiquer une « opération défigurante pour les belles juives ». Le 15 avril 1944, la revue publie Je vous hais (Henry Coston), brochure de 50 pages où 500 documents dénoncent le rôle des Juifs dans la littérature, le cinéma, la peinture, la prostitution, les trafics en tous genres, les crimes rituels et le terrorisme

[modifier] Deux hypothèses sur la mort de Montandon

Montandon aurait été abattu avec sa femme par la Résistance le 3 août 1944 dans sa villa de Clamart sous les yeux de ses deux filles et de son fils. Cependant Céline et d'autres sources affirment qu'il n'aurait été que blessé et transporté d'abord à l'hôpital Lariboisière, qui était alors sous administration allemande, puis transporté en Allemagne où il serait mort, le 30 août à l'hôpital Karl-Weinrich-Kranhenhaus de Fulda, des suites d'un cancer dont il souffrait déjà et des blessures de Clamart. La trace de son fils et de ses filles se perd alors. Une de ses filles, Irène, a épousé plus tard l'explorateur saharien Henri Lhote. Elle est décédée à Montrichard, dans la région de Tours, en septembre 2006.

[modifier] Ouvrages

  • Deux ans chez Koltchak et chez les bolcheviks, 1923
  • La race, les races. Mise au point d'ethnologie somatique, Payot, 1933
  • L'Ologenèse culturelle, Payot, 1934
  • L'Ethnie française, Payot, 1935
  • La civilisation Aïnou et les cultures arctiques, Payot, 1937
  • Comment reconnaître le Juif ? Nouvelles Éditions Françaises, 1940

[modifier] Bibliographie

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