Esclavage en Rome antique

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En latin, l'esclave se dit servus ou encore ancillus. Les Romains considèrent l'esclavage comme infamant, et un soldat romain préfère se suicider que de tomber en esclavage dans un peuple barbare, c’est-à-dire non-romain.

Souvent, les personnes réduites en esclavage, ou maintenues dans cette condition d'esclave, proviennent d'autres peuples conquis, ce qui se manifeste souvent par une couleur de peau, ou une langue, etc., différente de celle des maîtres.

Sommaire

Règles

Un esclave est un bien que l'on possède et n'a aucun droit ; les esclaves sont sous la domination du maître. Le maître a droit de vie et de mort sur son esclave, comme un père sur ses enfants. Le terme « manus » symbolise la domination du maître sur l'esclave, au même titre que la domination du mari sur sa femme. Leur condition était variable, selon la proximité du maître. Tout enfant issu d'une femme esclave était esclave. Le statut social d'un homme se mesurait à son nombre d'esclaves. Le prix de l'esclave a beaucoup varié selon les époques et se situait, selon sa qualification et les endroits, aux alentours de 2000 sesterces et son entretien revenait à 300 sesterces par an. Les esclaves travaillent tous les jours sauf pendant les festivités des saturnales, en décembre et les compitalia en janvier.

Affranchissement

Icône de détail Article détaillé : Affranchissement.

Dans la Rome antique, un affranchi (Latin:libertus ou libertinus) est un esclave qui a été affranchi par son maître, il a été libéré. Il devient un homme presque libre, il reste client : il n'a pas tous les droits de l'homme libre. Les enfants affranchis seront des hommes libres à part entière. L'esclavage est donc tempéré par l'affranchissement : celui-ci est une étape intermédiaire entre l'esclavage et la liberté (libertus).

Devenir esclave

On devenait esclave pour dette, en tant que prisonnier suite à une guerre, suite à un acte de piraterie ou par déchéance civique. Un enfant abandonné recueilli pouvait aussi devenir esclave. Un esclave né dans la demeure de son propriétaire est appelé verna[1].

Historique

Icône de détail Article connexe : Ergastule.

Période de la République

Jusqu'au IIIe siècle, les Romains pouvaient devenir esclave pour dette, c'était le nexum. Jusqu'à son abolition, ce type d'asservissement va provoquer du mécontentement parmi la plèbe. L'esclave romain est décrit par Plaute comme un membre de la famille, l'esclavage était semble-t-il de type patriarcal.

La forte augmentation du nombre des esclaves prisonniers de guerre (leur nombre passe à 15 ou 20 % au IIe siècle av. J.-C.) et leur intégration dans les latifundia, transforment ceux-ci en hommes-machines comme le décrit Caton l'Ancien.

Toutes les campagnes militaires se traduisent par l'importation d'une grande quantité d'esclaves, parfois toute la population vaincue comme lors de la destruction de Carthage en 146 av. J.-C.

L'esclave romain est ambivalent : il est à la fois homme et marchandise. Sa valeur monétaire incite le maître à prendre soin de ses esclaves pour que son investissement soit rentable. De même, il a des devoirs envers ceux-ci : les nourrir, les vêtir et les loger. Les privations sont les châtiments les plus courants, mais les coups, les mutilations, ou même, à certaines époques, la mort, pouvaient être pratiqués sans qu'il y ait de recours à la justice. Caton l'Ancien, que ses contemporains considéraient comme dur, voire excessif, disait « l'esclave doit travailler ou dormir ».

La situation de l'esclave romain varie beaucoup selon son affectation :

  • l'esclave rural exécute les travaux agricoles, et vit une condition pénible, surtout dans les grands domaines agricoles. Les révoltes d'esclaves de la Rome républicaine sont qualifiées de guerres serviles ou révoltes ancillaires, et sont parties des régions d'agriculture intensive : Sicile, Campanie. La plus célèbre fut celle menée par le gladiateur Spartacus en 73 av. J.-C.. Spartacus vainquit plusieurs armées romaines avant d'être à son tour vaincu. La répression féroce servit d'exemple dissuasif à de futurs révoltés.
  • les esclaves dans les mines étaient les plus maltraités.
  • l'esclave en ville est généralement mieux loti. Dans les maisons modestes, les quelques esclaves étaient proches du maître et faisaient partie plus ou moins de la famille. Dans les grandes maisons (domus), les tâches nombreuses et variées permettent une spécialisation, distinguant des emplois « nobles » (magister) : secrétaire, comptable, pédagogue, etc. et des emplois ménagers mineurs (minister). De nombreux locuteurs grecs esclaves étaient précepteurs. La prostitution, peu évoquée par les historiens, est une réalité constatée par exemple à Pompéi par les graffitis et les lupanars.
  • l'esclave public (servi publici) appartient à l'État (la cité ou Rome). Il assure les tâches d'intérêt général, et travaille pour les services municipaux : là encore, les situations sont contrastées selon que l'on est affecté à la voirie, au service des bâtiments publics, ou au contraire aux tâches de bureau de l'administration. En bas de l'échelle, les esclaves affectés aux mines sont de véritables forçats.

Les Romains de la République connaissaient un système incitatif pour l'esclave : c'est le peculium (d'où vient le mot pécule), épargne que se constitue l'esclave sur les gains d'une activité le plus souvent artisanale ou commerciale. En droit, le peculium appartient au maître, mais l'esclave en dispose à terme pour racheter sa liberté..

Principat

Entraves d'esclave. Musée de la civilisation celtique, Bibracte
Entraves d'esclave. Musée de la civilisation celtique, Bibracte

Les lois romaines évoluent avec le temps, et vers le Ier siècle av. J.-C. le maître perd son droit de vie et de mort sur son esclave. Sous l'Empire romain, les lois améliorent la situation de l'esclave, certains mauvais traitements sont interdits et lourdement condamnés, il est également interdit de revendre un esclave vieux pour s'en débarrasser. Les conditions de l'esclave rural s'améliorent légèrement (plus aucune guerre servile n'a lieu) car l'approvisionnement massif en esclaves lors des grands conflits s'est tari. La ville de Rome compte probablement plusieurs centaines de milliers d'esclaves.

On peut distinguer une nouvelle catégorie d'esclaves, les esclaves impériaux. Propriété de l'empereur, ils travaillent ses domaines et servent dans les Palais comme les précédentes catégories, mais investissent également les postes de l'administration d'État, soit comme esclave soit comme affranchi.

Selon Marc Ferro (Le Livre noir du colonialisme, R. Laffont, 2003), il y aurait de 2 à 3 millions d'esclaves en Italie, soit jusqu'à 30 % de la population au début du principat.

Le développement de l'affranchissement offrit une espérance de sortie de la condition d'esclave. Il devint usuel dans les grandes maisons que le maître affranchisse dans son testament une partie de la maisonnée. Il faut noter que la pratique de l'affranchissement dans la période impériale romaine est courante, au point d'engendrer sous Auguste un impôt sur les affranchissements et un plafonnement du nombre d'affranchissements accordés par les testaments[2]

Les premières lois les protégeant arrivent avec Hadrien. Leur condition s'améliore peu à peu, surtout sous l'influence du stoïcisme.

Bas-Empire

L'esclavage est moins important car il est relayé par le système du colonat.

Au IVe siècle, l'Empire Romain devient chrétien, sans que le principe de l'esclavage ne soit remis en cause. Notons qu'aucune discussion ne sera nécessaire pour établir que l'esclave possède une âme et peut être baptisé, question qui sera posée ultérieurement face aux indiens d'Amérique ou aux noirs. Saint Augustin apportera au début Ve siècle une justification théologique à l'esclavage : on est ou devient esclave en raison de ses péchés, ou à défaut en raison du péché originel.

À la chute de l'Empire romain d'Occident, l'esclavage perdure, mais régresse dans une économie essentiellement rurale. Le servage médiéval le remplace.

Chiffres

Un des centres les plus important de vente d'esclave se trouve sur l'île de Délos[1].

  • 150 000 esclaves se révoltent avec Spartacus en -73

Voir aussi

Notes

  1. abc Esclavage, Lexique d'histoire et de civilisation romaines, Jean Luc Lamboley (ISBN 2729855475)
  2. Plafonnement à cent affranchissements par testament, selon la loi Fufia-Caninia cité dans Gaius, Institutes, I, 42
  3. Plus de 400 000 captifs selon Velleius Paterculus, Histoire romaine, II, 47, un million selon Plutarque, Vie de César, 16

Bibliographie

Liens internes

Liens externes