Critique du darwinisme

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En tant que théorie scientifique, le darwinisme fait l'objet de diverses critiques. Ces critiques du darwinisme ne proviennent pas exclusivement des milieux religieux, opposés à l'idée d'évolution des espèces pour cause d'incompatibilité avec les récits bibliques ou coraniques, mais également du milieu scientifique qui oppose des faits et des arguments rationnels non à l'idée d'évolution elle-même, mais plus particulièrement à l'idée que le mécanisme darwinien serait le facteur unique ou principal de cette évolution. D'autres critiques sont de nature plus historiques et sociologiques, accusant le darwinisme d'idéologie scientifique.

Sommaire

[modifier] Critiques en provenance du milieu scientifique


De la part de certains zoologistes, éthologistes, paléontologues tels que Rémy Chauvin ou Pierre-Paul Grassé. Ce dernier, a résumé ses principaux arguments, sans pour autant proposer une théorie nouvelle, dans son livre L'évolution du vivant, matériaux pour une nouvelle théorie transformiste. Pierre-Paul Grassé se situe sur le terrain du lamarckisme, et Rémy Chauvin sur celui du Dessein intelligent.

Plus récemment, Gérard Nissim Amzallag a émis des critiques d'ordre épistémologique dans son ouvrage La raison malmenée, critique des idées reçues en biologie moderne, et d'ordre scientifique dans son deuxième ouvrage L'homme végétal, pour une autonomie du vivant, qui traite de la variabilité du phénotype.

[modifier] Critique historique et sociologique

Les premières critiques proviennent de Karl Marx et de Friedrich Engels :

1. Lettre de Marx à Engels du 18 juin 1862 :

« Il est curieux de voir comment Darwin retrouve chez les bêtes et les végétaux sa société anglaise avec la division du travail, la concurrence, l’ouverture de nouveaux marchés, les "inventions" et la "lutte pour la vie" de Malthus. C’est le bellum omnium contre omnes [la guerre de tous contre tous] de Hobbes, et cela fait penser à la phénoménologie de Hegel, où la société bourgeoise figure sous le nom de "règne animal intellectuel", tandis que chez Darwin, c’est le règne animal qui fait figure de société bourgeoise. »
Engels précise en 1883 : "Cette idée, ai-je écrit dans la préface à l'édition anglaise, cette idée qui selon moi, est appelée à marquer pour la science historique le même progrès que la théorie de Darwin pour la biologie" (Le manifeste du Parti communiste, K. Marx - F. Engels, Préface à l’édition allemande de 1883)

2. Lettre de Engels à Lavrov du 12 [17] novembre 1875 :

« Toute doctrine darwiniste de la lutte pour la vie n’est que la transposition pure et simple, du domaine social dans la nature vivante, de la doctrine de Hobbes : bellum omnium contre omnes et de la thèse de la concurrence chère aux économistes bourgeois, associée à la théorie malthusienne de la population. Après avoir réalisé ce tour de passe-passe […], on retranspose les mêmes théories cette fois de la nature organique dans l’histoire humaine, en prétendant que l’on a fait la preuve de leur validité en tant que lois éternelles de la société humaine. Le caractère puéril de cette façon de procéder saute aux yeux, il n’est pas besoin de perdre son temps à en parler. »

Engel précise en 1878, dans une longue étude sur Darwin : "Mais en voilà assez des récriminations et des chicanes maussades et contradictoires par lesquelles M. Dühring soulage son dépit devant l'essor colossal que la science de la nature doit à l'impulsion de la théorie darwinienne." (Anti-Dühring - Mr. E. Dühring bouleverse la science)

En 1910, le sociologue Jacques Novicow publie Le darwinisme social (éd. Alcan) qui contient une critique du darwinisme au plan biologique et une critique de l'usage qui est fait du darwinisme dans la sociologie.

Plus récemment, l'historien des sciences André Pichot a consacré un chapitre entier de son Histoire de la notion de vie (1993) à une analyse très critique des thèses de Darwin. André Pichot est l'auteur de La société pure : de Darwin à Hitler, où son terrain de critique est le "darwinisme social". Cet auteur préface le premier livre de Gérard Nissim Amzallag.

La notion d'idéologie scientifique a été avancée par Georges Canguilhem dans son ouvrage Idéologie et rationalité dans l’histoire des sciences de la vie: Nouvelles études d’histoire et de philosophie des sciences (éd. Vrin, 1977). Certains auteur avancent l'idée que le darwinisme répondrait à cette définition.

[modifier] Critique religieuse

Cette critique du darwinisme fait référence aux attaques des tenants d'une vision religieuse ou spiritualiste généralement inspirée d'une exégèse littéraliste de la bible contre les recherches des scientifiques travaillant à la théorie darwinienne. En tant que telle cette critique n'est pas scientifique mais s'inscrit plutôt dans le débat sur raison et foi et en particulier science et christianisme.

Le pape Jean-Paul II critiqua cette position sur la science dans le cadre de l'affaire Galilée:

« Ainsi la science nouvelle, avec ses méthodes et la liberté de recherche qu'elle suppose, obligeait les théologiens à s'interroger sur leurs propres critères d'interprétation de l'Écriture. La plupart n'ont pas su le faire. »

En 1996, le pape affirma que l'évolution était « plus qu'une hypothèse ».[1] Dès lors, c'est surtout des milieux protestants que proviennent les critiques du darwinisme.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références