Théologie

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La théologie (du grec θεολογία , littéralement « discours sur la divinité ou le divin, le Θεός [Theos] ») est l'étude, qui se veut rationnelle, des réalités relatives au divin, même si d'autres disciplines, en particulier la philosophie, la psychologie ou la sociologie,la philologie, rendent compte de Dieu, des croyances et du « fait religieux ». Dans les religions monothéistes surtout, elle est considérée comme la science de la Révélation, fondée sur l'étude des textes religieux, leur interprétation, dans le but d'éclairer le croyant ou le fidèle sur la façon d'agir ou de croire selon sa religion.

En fait, au sens le plus strict on ne peut parler de théologie que pour le paganisme finissant, le christianisme occidental et orthodoxe, car c'est le produit de la rencontre entre la philosophie antique et la religion. Il a existé marginalement une vraie théologie musulmane et juive, au sens d'une rencontre entre les doctrines de ces religions et la philosophie (antique), mais la voie a été vite coupée ; si par théologie on entend tout discours sur dieu(x) et la religion alors le concept s'édulcore, les mythes et la science des religions devenant de la théologie.

Sommaire

[modifier] Terminologie

Les Anciens racontaient des mythes. Parfois ils les couchaient par écrit. Ils les sacralisaient plus ou moins, et avec le temps le degré de foi qu’ils leur accordaient variait. Ils en arrivaient de temps en temps à les canoniser et leur donner une valeur absolue, à en faire une Écriture sainte, une mythologie. Les Anciens ne faisaient néanmoins pas de théologie. N’ayant pas de dogmes mais des rites, ces peuples ne se souciaient pas de dogmatiser, ni du raffinement systématique de nos joutes intellectuelles à propos de(s) Dieu(x) et de la foi.

Néanmoins, si les Anciens ne pratiquaient pas la théologie, il faut relever l’origine grecque et païenne du concept. Le premier à avoir employé le terme est semble-t-il Platon qui, dans La République, met dans la bouche de Socrate le mot θεολογία à propos de la mythologie[1]. Et par théologie, il entend, le contexte le montre nettement, une épuration philosophique de la présentation mythologique des Dieux. C’est à ce seul compte que les poètes trouveront place dans la cité idéale qu’il propose.

Avec Platon surgit cette grande déchirure de l’histoire occidentale de la pensée, la séparation entre Mythos et Logos qui ira s’accentuant, en passant par Kant et Hegel, jusqu’au retournement propre à Heidegger : le résultat consiste à détacher le concept de son ancrage dans des discours fictifs ou poétiques. Avec Aristote la théologie se fit métaphysique. Et après lui, chaque secte philosophique grecque, jusqu’à la fin du paganisme, développa sa propre théologie comme une branche de son enseignement et un couronnement de son développement. Epicuriens, Stoïciens, Néo-Platoniciens (surtout), chacun à leur manière, et dans le cas du Jardin de manière particulièrement négative, furent à la fois philosophes, moralistes et théologiens.

Le terme est repris par Aristote pour distinguer les philosophes des théologiens qui racontent, sous forme poétique, la mythologie. Toutefois, dans un autre passage de son œuvre, il voit aussi trois degrés de philosophie théorétique, la mathématique, la physique et la « connaissance théologique », qui est proche de la métaphysique. D'autres auteurs grecs emploient aussi ce mot pour désigner la cosmogonie. Les stoïciens n'hésitent pas à parler de « philosophie théologique » à propos des réflexions sur la divinité, et à la considérer comme une branche de la philosophie.

Avec le fondateur du Lycée, la théologie se fit métaphysique. Le troisième livre de la Métaphysique nous renseigne sur la théologie du jeune Aristote. Plusieurs thèmes platoniciens y sont repris: identification de la théologie et de l’astronomie, principe du premier moteur immobile (idée qui a son origine dans les Lois), âme des astres. Ce fut là le moment décisif de la fondation de la théologie hellénique et même de la philosophie de la religion. Mais au livre Z, la métaphysique n’est plus la science du suprasensible, mais de l’Etre en tant qu’être (ou de l'Etant en tant qu'Etant si l'on suit la critique de Heidegger). Ce point fit apparaître l’évolution critique d’Aristote par rapport à Platon. La juxtaposition des deux passages conduit à une conception contradictoire de la métaphysique : théologie ou science de l’Etre en tant qu’être ? D’où des lectures différenciées d’Aristote au cours des siècles…


Certes les mythes se dégradent en mythologie. Certes les mythographes les rassemblent en recueils où le grivois l’emporte sur le sérieux. Mais ils survivent et leur force d’illocution n’est pas complètement perdue. Les philosophes-théologiens font place au mythe. Soit que comme Varron, ils fassent du mythe une forme inférieure de théologie, soit qu’ils l’interprètent au gré de leur système. Pour reprendre la formule de Raynal Sorel, « accordant un soupçon de raison à une parole supposée dérivante pour mieux l’arraisonner », ils désirent se rendre maître du mythe. La méthode qui connut le plus vif et le plus durable succès fut l’allégorie dont les Stoïciens se firent les champions incontestés. Mais ils ne furent pas les seuls à ne jurer que par l’allégorèse. Et du jour où Philon appliqua la méthode à la lecture de la Septante, la théologie chrétienne, paradoxalement, était née….Car on ne comprendrait pas la typologie que déploient les auteurs du Nouveau Testament recherchant sous le voile de la lettre vétérotestamentaire l’annonce prophétique du ministère, de la passion et de la résurrection du Christ sans se rapporter à la lecture allégorique des textes mises au point par les philosophes grecs. Mieux même, les paraboles de Jésus sont déjà dans les évangiles interprétées allégoriquement.

Si les philosophes latins parlent peu de théologie, un passage de Varron est resté célèbre : il y distingue la théologie mythique, la théologie physique et la théologie politique. Ce passage a été repris par les écrivains chrétiens pour justifier leur propre démarche.

L'emploi du terme dans la philosophie classique a, dans les premiers siècles, suscité une méfiance de la part des auteurs chrétiens. Les termes « théologie » et « théologiens » restent associés à la mythologie païenne. Cependant, Clément d'Alexandrie opère une distinction entre la « théologie du Verbe éternel » et la « mythologie de Dionysos ». Peu à peu, le terme ne s'emploie plus que pour la nouvelle religion. Toutefois, son sens précis n'est pas toujours le même : le mot « théologie » peut ainsi désigner les Écritures ou la confession de la foi chrétienne. Pour d'autres théologiens, la théologie était le discours sur la divinité en général, voire sur la seule divinité du Christ. Les auteurs occidentaux emploient assez peu le terme avant l'époque scolastique, préférant des expressions avec le mot sacer, telles que doctrina sacra, sacra pagina ou sacra eruditio. Cependant, les théologiens latins ont fini par l'utiliser couramment dans leurs écrits, et le mot « théologie » a alors reçu le sens, qu'il a gardé, d'étude systématique de la doctrine chrétienne.

À partir du XVIe siècle, le mot théologie redevient plus général. Il est en effet utilisé dans l'expression théologie naturelle, qui désigne la connaissance de Dieu d'une manière considérée comme "naturelle". Dès lors, il est également utilisé pour d'autres religions que le christianisme, notamment dans des perspectives d'étude comparée des religions. La théologie désigne alors l'image de Dieu et du divin dans les différentes religions, ainsi que leurs doctrines.

La philosophie classique, depuis les présocratiques jusqu’aux disciples de Leibniz, s’est souvent définie comme la science de Dieu, ou la science de l’absolu, donc comme théologie. On l’appelait aussi métaphysique, ou philosophie première. Elle était nommée ainsi parce qu’elle était considérée comme la racine, la source ou le socle de toutes les sciences.

[modifier] Théologie et foi

On peut considérer que l'homme fait de la théologie quand il s'intéresse à Dieu ou aux dieux, comme M. Jourdain faisait de la prose. Mais employer le terme de « théologie » dans un sens aussi large implique qu’il est alors bien difficile d’exclure les sciences des religions ou la sociologie de la religion du champ théologique. Or, très peu de chercheurs en sciences religieuses ou de sociologues, si ce n’est aucun, n’admettraient être un théologien ! Supposera-t-on alors que la théologie nécessite un rapport croyant, une relation existentielle, à son objet ? De même que selon Luther la foi justifiante est différente de la fides historica, il existe un habitus théologique qui ne prouve pas la justification et la sanctification du théologien, ni sa vocation. Personne ne peut établir en toute objectivité l’existence de ce rapport croyant, à moins de confondre l’aveu de la foi et la réalité de celle-ci.

[modifier] Théologie positive

Appelée également "Théologie cataphatique". Il s'agit de la connaissance des dogmes d'après l'écriture sainte.

[modifier] Théologie négative

On appelle théologie négative ou apophatique celle qui ne définit jamais positivement Dieu, mais lui prêt seulement des attributs négatifs. (Donner des exemples)

Ce type de discours théologique repose sur une thèse, qui est que le langage des hommes est inadéquat pour traiter dans toute leur dignité les attributs divins. Ce serait doublement dévaloriser Dieu : un jugement étant composé d'un sujet et d'un prédicat, faire de Dieu le sujet de notre jugement, c'est l'objectiver, et lui accoller un prédicat, c'est lui prêter des propriétés qui, en droit, pourraient être assignées à d'autres objets.

Transcendant les limites de la pensée et du langage humains, la nature de Dieu serait proprement indicible. C'est pourquoi on pourrait inlassablement énoncer ce qu'il n'est pas, jamais ce qu'il est vraiment.

Une radicalisation de la théologie négative pourrait être de prendre comme point de départ du travail théologique la thèse de Wittengstein: "Ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire"

[modifier] Théologie philosophique ou naturelle

La théologie naturelle désigne la discipline philosophique qui traite de la nature de Dieu et de ses attributs connus par la seule raison, sans jamais recourir a la Révélation.

Elle s'efforce de dégager de manière argumentée et déductive les propriétés de Dieu. Par exemple, Augustin appuie sa théologie sur la philosophie de Platon, tandis que Thomas d'Aquin prolonge la Métaphysique d'Aristote.

On peut parler de théologie naturelle pour certains systèmes philosophiques, comme ceux de Descartes ou de Leibniz ; ceux-ci élaborent notamment des preuves de l'existence de Dieu, telles que l'argument ontologique, et s'efforcent de démontrer les attributs divins : éternité, perfection, bonté, toute-puissance, etc.

Mais cette approche philosophique est parfois critiquée : on lui reproche notamment sa froideur, et l'absence éventuelle de recours à la foi, à l'instar de Blaise Pascal qui invoque dans le « Mémorial » ds Pensées le « Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants ». En outre, si la raison peut rapprocher certains philosophes de la religion, elle peut tout aussi bien les en éloigner, et étayer l'athéisme ou l'agnosticisme.

[modifier] Théologie révélée

[modifier] Théologie spéculative

[modifier] Théologie mystique

[modifier] Théologie juive

Dans le judaïsme, Dieu est à la fois Unique et Inconnaissable. Il ne peut être qu'approché par l'étude de la Torah et de ses commentaires, ainsi que par la pratique des commandements (mitsvot).

Voir

[modifier] Théologie chrétienne

Le christianisme est sans doute la religion qui a le plus revendiqué le concept de théologie. Certains de ses courants ont ainsi développé un ensemble de dogmes et de doctrines, qui ont donné lieu à de longues controverses.

L'importance de la théologie dans le christianisme s'explique en partie par la nature expansive qu'avait déjà cette religion à sa naissance. Ayant eu à s'opposer aux philosophes de l'empire, elle dut très tôt trouver des moyens de se faire entendre dans le monde gréco-romain, en employant ses termes, en récupérant ses catégories. De ce fait apparurent assez rapidement dans l'empire un néo-platonisme chrétien, ainsi que des formes d'Aristotélisme modifié. À ce facteur qu'on pourrait dire d'inculturation volontaire, s'ajoute l'influence en retour du substrat gréco-romain sur la doctrine chrétienne naissante. Celle-ci était particulièrement ouverte à ce genre de possibilité du fait, entre autres, de la rédaction des évangiles en grec et de la nature particulièrement spéculative de l'évangile de saint Jean. Ainsi, à l'identification, dans la philosophie grecque, de l'être et du logos répond dans l'évangile de Jean, l'identification de Dieu et du logos ("Au commencement était le Verbe [logos], et le Verbe était Dieu" Jn, 1,1).

Comme tous les mouvements religieux, le christianisme a croisé au cours de son histoire plus d'un mouvement de pensée qu'il a intégré, rejeté, influencé. Outre les diversités confessionnelles actuelles et leurs théologies afférentes, ce qu'on nomme traditionnellement les "grandes hérésies" comme le gnosticisme, étaient souvent des synthèses de conceptions philosophiques pré-existantes et de christianisme. Ainsi, dans cette histoire des rencontres entre la pensée et le christianisme, on peut noter, plus proche de nous, l'importance primordiale de celui-ci dans la philosophie de Kierkegaard, qui se place d'elle-même à la frontière de la théologie, de l'éthique, de la philosophie, témoignant par là de la plasticité de ce concept dans la culture chrétienne.

[modifier] Théologie en islam

Voir Islam et la Catégorie:Courant musulman.

Ce terme n'a pas la même importance que pour la théologie chrétienne. En effet, la théologie musulmane repose sur la révélation par Mahomet à travers le Coran de l'existence du Créateur, Allah, unique, omniscient et omnipotent. Cela impose donc de nombreuses limites d'interprétations, car jamais les enseignements philosophiques tirés ne peuvent mettre en cause le Coran.
Plusieurs écoles théologiques ont été créés à partir de plusieurs systèmes de pensée qui s'affrontent :

  • En premier lieu le système méthologique et la théologie associée appelé Kalâm, basée sur la réflexion.
  • Le soufisme, basé sur une étude mystique, voire ésotérique, de l'Islam

Le Kalâm est utilisé pour élaborer les lois (fiqh).

D'autre part le nombre de branches de l'Islam, avec chacune ses doctrines particulières, multiplie le nombre de théologies.

[modifier] Citations

Jorge Luis Borges considère qu'il n'existe que deux sciences exactes : la théologie qui se bâtit sur l'étude des conséquences d'écrits fondateurs considérés comme d'origine - ou au moins d'inspiration - divine, et les mathématiques qui procèdent à un exercice analogue, mais cette fois-ci à partir d'axiomes arbitraires.

" Discourir sur Dieu, c'est vouloir jouer Mozart sur un tambourin. "

« La théologie c'est simple comme Dieu et dieux font trois. » Jacques Prévert

« Ceux qui m'amusent le plus, dit Dieu, ce sont les théologiens. » Charles Péguy

« Le médecin voit l'homme dans toute sa faiblesse ; le juriste le voit dans toute sa méchanceté; le théologien dans toute sa bêtise. » Arthur Schopenhauer

« Égaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n'ai qu'une petite lumière pour me conduire. Survient un inconnu qui me dit : Mon ami, souffle ta bougie pour mieux trouver ton chemin. Cet inconnu est un théologien. » Denis Diderot....

[modifier] Notes et références

  1. Dictionnaire critique de la théologie, sv « théologie », p. 1140-1141 (J.-Y. Lacoste).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

Dieu - Philosophie de la religion - Religion - Métaphysique - Théologie critique

[modifier] Bibliographie

  • Jean-Marc Rouvière, Brèves méditations sur la création du monde, Paris L'Harmattan, 2006.
  • Lucien Jerphagnon, Les Dieux ne sont jamais loin, Desclée de Brouwer, Paris, 2003, 5e éd., 223 p. (ISBN 2-220-05177-3) ;
    Introduction à la théologie. Présente la formation des théologies y compris historiques (que nous nommons mythologies) et non européennes.
  • Paul Veyne, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? : essai sur l'imagination constituante, Seuil, coll. « Des travaux », Paris, 1983, 162 p. (ISBN 2-02-006367-0).

[modifier] Liens externes