Butte-Pinson

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La Butte-Pinson au début du XXe siècle, vue depuis Pierrefitte-sur-Seine
La Butte-Pinson au début du XXe siècle, vue depuis Pierrefitte-sur-Seine

La Butte-Pinson est une des buttes-témoins formées par l'érosion de la cuesta du bassin parisien à l'époque de l'oligocène, qui a également formée, au nord de Paris, les buttes de Montmorency ou d'Écouen.

Elle est située à une douzaine kilomètres au nord de Paris, à cheval sur les communes de Pierrefitte, Villetaneuse (Seine-Saint-Denis), Groslay et Montmagny (Val-d'Oise) et qui est la première butte au nord de Paris après Montmartre.

La Butte-Pinson culmine à 108 m au niveau de la Redoute de la Butte Pinson et à 91 m au Bois de Richebourg, et elle est donc moins élevée que la butte de Montmorency (186 m), dont elle est séparée par le thalweg formé par le Ru d'Arra (ou Ru des Harras) qui coule de Groslay vers la Seine.

Son gypse a été exploité par de nombreux carriers du Moyen-Age au début du XXe siècle.


Sommaire

[modifier] Géologie

La structure géologique de la Butte-Pinson est comparable à celle des autres buttes-témoins du Bassin Parisien et les diverses couches reflètent la nature des différents dépôts : lagunaires (Marne et masses du gypse), lacustres (marnes de Pantin), laguno-marin (Marnes vertes) marins (Calcaires de Sannois, marnes à huitres, Sables de Fontainemebleau).

Selon les feuilles "Isle-Adam" et "Paris" de la carte géologique de France réalisée par le BRGM, la Butte-Pinson se trouve sur un socle de Calcaires de Saint-Ouen, puis des marnes à Pholodomya, des masses du gypse et marnes d'entre-deux masse, puis viennent des Marnes de Pantin et d'Argenteuil, des Marnes vertes et glaises à Cyrènes. Le sommet de la butte est formé de calcaires de Sannois et caillasses d'Orgemont, de marnes à huitres et, au faîte, de sables et grès de Fontainebleau.

[modifier] Histoire et occupation du site

L'une des guinguettes de la Butte Pinson, vers 1920
L'une des guinguettes de la Butte Pinson, vers 1920

Des Moulins à vent figurent sous le nom des Moulins Pinsons sur la Carte cantonale de Montmorency et de sa vallée, datée de 1857, sensiblement à l'emplacement de la Redoute.

Lors de la Guerre franco-allemande de 1870, les prussiens installèrent une batterie d'artillerie sur la Butte-Pinson le 15 janvier 1871, d'où ils bombardèrent notamment Saint-Denis[1]

Au début du XXe siècle, de nombreuses guinguettes s'étaient installées sur le Butte Pinson, dans le secteur du Bois de Richebourg (extrémité sud de la Butte). On y connaissait notamment un Moulin de la Galette.

[modifier] Les carrières

La carte des Chasses du Roi, datée de 1770, montre clairement de nombreuses carrières sur les flancs de la Butte-Pinson
La carte des Chasses du Roi, datée de 1770, montre clairement de nombreuses carrières sur les flancs de la Butte-Pinson

Ainsi qu'il a été exposé dans la section "Géologie", la Butte-Pinson comprend une importante strate de marnes et gypse, qui est en réalité divisée en 3 étages de gypse séparées par des marnes, soit, de haut en bas :

  • la Première masse de gypse ou Haute-Masse, qui est celle qui a été exploitée dans les carrières à l'air libre du secteur
  • puis, sous une couche de marne de 3 à 5 m de profondeur se trouve la Seconde masse de gypse, épaisse de 4 à 5 m, dont l'exploitation partielle s'est essentiellement faite en souterrains.
  • et enfin, sous des marnes à Lucines, une Troisième masse de gypse, qui n'a pas été exploitée à la Butte-Pinson.

Dès 1463, il est fait mention des carrières de pierre à plâtre de Villetaneuse, et les carrières sont bien visibles sur la Carte des Chasses du Roi, qui date de 1770. Selon les lieux, on y extrait du sable ou du gypse, matière première de la fabrication du plâtre, matériau de construction économique traditionnel de l'Île-de-France.

Le plan directeur de la Région de Paris de 1910 permet de constater une généralisation des carrières sur la Butte-Pinson, sous forme de carrières à ciel ouvert et de carrières souterraines.

Les délibérations du Conseil municipal de Villetaneuse permettent d'ailleurs de constater de fréquents conflits dans les années 1920 avec les carriers, qui creusent sous les voies publiques du secteur et sans autorisation...

Si, selon la carte IGN de 1934, les carrières des Moutonnes (à Villetaneuse) et des Faucilles (Montmagny) se sont élargies, et sont essentiellement exploitées en mode souterrain, c'est la fin de leur cycle, puisque, selon les cartes de 1962, les carrières de Villetaneuse et de Montmagny ont fermées, et les secteurs nord servent de dépotoirs.

La Carrière Vieujot, située le plus au sud, est transformée en Parc départemental au début des années 1980, après avoir été remblayée. Les autres carrières seront elles aussi remblayées, soit par des déchets ménagers, soit par des remblais, et l'ensemble de la Butte Pinson est destinée à devenir un grand parc régional de plus de 120 hectares.

Cartes postales anciennes des carrières de la Butte Pinson
Une des carrières de Montmagny au début du XXe siècle
Une des carrières de Montmagny au début du XXe siècle
Carrière à Villetaneuse, avant 1907
Carrière à Villetaneuse, avant 1907
Carrière à Montmagny
Carrière à Montmagny



[modifier] La redoute de la Butte-Pinçon

Carte postale allemande du début du XXe siècle, montrant le plan des fortifications de la Place de Paris
Carte postale allemande du début du XXe siècle, montrant le plan des fortifications de la Place de Paris

L'ancienne redoute de la Butte Pinçon conçue après la guerre de 1870 par Séré de Rivière pour contribuer à la défense du camp retranché de Paris, pouvait accueillir 13 pièces d'artillerie servies par une garnison de 150 militaires et devait pouvoir résister à un siège de trois mois.

Le site possédait des vues très étendues grace à son altitude (108 mètres) :

La redoute se trouvait à l'arrière des Forts d’Écouen et de Stains, et complétait la surveillance des abords de Saint-Denis par les forts de l'Est, de la Double-Couronne et de la Briche.

Le 28 août 1944, elle fut le QG du Général Leclerc[2]. Après guerre, elle abrita des radars militaires protégeant l'aéroport du Bourget.

Les des souterrains de contrescarpe de la Redoute.
Les des souterrains de contrescarpe de la Redoute.
Le chantier international de l'été 2007 a permis la réparation d'un des murs d'enceinte de la Redoute
Le chantier international de l'été 2007 a permis la réparation d'un des murs d'enceinte de la Redoute

Démilitarisée depuis 1954, a été rachetée en 1973 par le Syndicat d'étude et d'aménagement de la Butte Pinson (SIEABP), alors formé par les communes de Pierrefitte et Montmagny, d'abord pour éviter que le site et les environs ne soient empiétés par un projet d'autoroute (qui aurait porté le nom de B15 ou de B16) entre la route nationale 1 et l'autoroute A13 [3], et en vue de l'aménagement du Parc. Cette redoute n'a pas aujourd'hui d'usage particulier. La caserne est occupée par des associations (club de tir, association viticole), et les fossés par des jardins familiaux. Le syndicat (qui a été rejoint par les communes de Groslay et de Villetaneuse) souhaite travailler à son ouverture au public.

Depuis quelques années, un chantier international de jeunes a lieu chaque été pour débroussailler et remettre en état le site.

[modifier] La vigne, le maraîchage et les jardins ouvriers

[modifier] Les projets

Aujourd'hui, la Butte-Pinson est un espace vert de 120 hectares environ, s'étendant du futur Boulevard intercommunal du Parisis et de l'entrée de Sarcelles jusqu'à Villetaneuse, dont une grande partie appartient au Conseil régional d'Île-de-France, qui en réalise progressivement l'aménagement par l'intermédiaire de son établissement public, l'agence des Espaces verts d'Île de France.

Le Syndicat intercommunal s'est fixé comme objectif d'être partenaire de la Région d'Ile de France pour l'aménagement du parc régional, et de mettre en valeur la Redoute.

Le site abrite également 120 familles de gens du voyage, dont le relogement conditionne la réalisation de ce projet.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

Bibliographie

  • Anne Marin et F. Gorrand, Perspectives d'aménagement du domaine régional de la Butte Pinson, étude réalisée pour l'Agence des espaces verts de la Région d'Île-de-France, Novembre 1995
  • Claire Gauthier, Paul Poulard, Diagnostic des paysages de la Butte Pinson, étude réalisée pour l'Agence des espaces verts de la Région d'Île-de-France, Juin 2007

Sites internet

[modifier] Vue aérienne WikiMapia

48° 58′ 27″ N 2° 21′ 24″ E / 48.974231, 2.356782 : Vue aérienne de la Butte-Pinson


[modifier] Sources, notes et références

  1. Revue 1870-71 - Sept mois d'histoire par la photographie, la gravure, l'estampe, la sculpture, les autographes, la caricature et la peinture, N°19, éditée par Farjat en 1871
  2. Source : Atlas du patrimoine du pays de Roissy, par l'Association du pays de Roissy-CDG, 2006
  3. Le Parisien, 14 août 2006, édition de Seine-Saint-Denis, page I