Bataille du Cap-Vert (1806)

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Bataille du Cap-Vert

Informations générales
Date 13 mars 1806
Lieu Cap-Vert
Issue Victoire anglaise
Belligérants
Empire français  Royaume-Uni
Commandants
Charles de Linois Warren
Quatrième coalition
Cap-Vert (navale) — San Domingo (navale)

Campagne de Dalmatie (1806-1807)
Raguse — Castel-Nuovo


Campagne de Prusse (1806)
Saafeld — Auerstaedt — Iéna — Golymin — Pułtusk


Campagne de Pologne (1807)
Eylau — Ostrołęka — Gdańsk — Heilsberg — Friedland

Réduit à la nécessité de réparer son navire fatigué par un long séjour dans les mers lointaines et criblé du feu de l'ennemi, l'amiral Linois se décida à faire route pour l'Europe. La frégate la Belle-Poule, qui avait rallié depuis peu, devait le suivre dans cette dernière traversée vers les côtes.

Lors du voyage de retour vers la France, l'escadre française de l'amiral Linois rencontre en 1806 au large du Cap-Vert une importante escadre britannique sous le commandement de l'amiral Warren.

[modifier] Circonstances

Le 13 mars 1806, les deux fidèles compagnons de route, se trouvant déjà à la hauteur des îles du cap Vert aperçoivent à deux heures du matin une voile courant à contre-bord d'eux. Bientôt cette voile, dont l'obscurité de la nuit permettait à peine d'observer tous les mouvements, fut suivie de deux autres voiles. Le premier de ces trois navires portait des feux à sa corne d'artimon : c'était un signal de ralliement. Quelques fusées romaines, lancées dans les airs par un des bâtiments en vue, ne laissèrent plus de doute au Marengo sur l'espèce de rencontre qu'il venait de faire.

Ce sont des navires de guerre, dit Linois à son capitaine Vrignaud, qui commandait sous les ordres de l'amiral ; ils escortent sans doute un fort convoi, faites faire un branle-bas de combat à notre bord, et gouvernez de manière à passer près d'eux, pour que nous puissions les reconnaître.

Cet ordre est bientôt exécuté. A trois heures l'amiral s'aperçut qu'au lieu de redouter la chasse qu'il voulait leur appuyer, les navires rencontrés avaient manœuvré de manière à attaquer le Marengo et la Belle-Poule, dont la marche était inférieure à celle du vaisseau. A cinq heures du matin, alors que le jour commençait à poindre et à jeter quelque clarté à portée de fusil dans les eaux du Marengo , un vaisseau à trois ponts, couvert de toile, et battant pavillon anglais à sa corne d'artimon.

Les couleurs nationales furent aussitôt hissées à bord du vaisseau français, et, pour assurer le signal, Linois fit envoyer au même moment toute sa volée dé tribord dans l'avant du vaisseau chasseur. Le feu, ainsi commencé, ne fut interrompu que lorsque le London approchant le Marengo, à la largeur d'écouvillon, sembla vouloir présenter l'abordage. Trompé par ce simulacre d'attaque, Linois ordonne au capitaine Vrignaud de faire monter tout le monde sur le pont et de jeter des grapins à bord de l'ennemi : les grapins, hissés au bout des vergues qui se sont déjà croisées avec les vergues plus élevées d'un trois points, tombèrent à bord du London, tant l'équipage français; perché sur les bastingages, ou suspendu dans le gréement est prêt, à commencer le carnage. Mais à l'instant où les deux vaisseaux vont s'accoster et s'étendre pour ne plus se séparer que vainqueurs ou vaincus, le London laisse brusquement arriver, emportant avec lui, au large du Marengo, les grapins rompus qui lui déchirent les plats bords, et qui devaient attacher un instant sur ses flancs le vaisseau français.

Il fallut, après cet abordage manqué, reprendre la canonnade meurtrière que le Marengo, trompé par la ruse du London, avait suspendue avec trop de joie et de confiance. Les ponts et les gaillards balayés par des volées de mitraille, sont jonchés de blessés et de morts. L'officier de manœuvre est déjà mis hors de combat. Les écoutes et les amures sont hachées; les haubans et les étais coupés sur la mâture chancelante; les voiles criblées sur leurs vergues à moitié rompues, et cependant, à la lueur des pièces qui tonnent à bord des deux vaisseaux, Linois, sans être ébranlé dans sa résolution, veut encore se projeter et défiler, dans l'épaisse fumée dont le Marengo est environné, les voiles menaçantes des navires anglais qui viennent de secourir le London. La Belle-Poule, engagée déjà avec la frégate l'Amazone, combat à la fois le London et le nouvel assaillant qui lui prête le travers. La résistance était belle, mais désespérée : c'étaient deux navires luttant bord à bord avec toute une escadre, sans qu'une voix se fût élevée à bord de ces navires pour parler de se rendre. Un seul incident est remarqué sur le gaillard d'arrière du Marengo : l'amiral vient d'être transporté au poste des chirurgiens, et à la place qu'il occupait est monté le capitaine Vrignaud ; le capitaine de frégate Chasseriau remplace son commandant, qui, lui-même, quelques minutes auparavant, a remplacé sur sou banc de quart l'amiral Linois, grièvement blessé. « Tous nos officiers passeront sur ce banc de quart » se disent tout bas les hommes de l'équipage; et tout l'équipage continue à combattre en silence et toujours avec fureur.

A chaque minute, l'amiral Linois et le commandant Vrignaud, l'un avec le mollet droit enlevé, et l'autre avec un bras de moins, donnaient au lieutenant Armand des ordres que celui-ci s'empressait de transmettre au capitaine de frégate devenu si vite le commandant du Marengo.

A neuf heures et demie enfin et après six heures de combat, le Marengo et la Belle-Poule, entourés par sept vaisseaux de ligne et plusieurs frégates, sentirent l'inutilité de la résistance, et commencèrent à concevoir l'impuissance des moyens qui leur restaient pour résister. Huit pièces seulement, à bord du vaisseau français, se trouvaient encore en état de faire feu ; les batteries, commandées par les lieutenants Ravin et Keridrain, épuisées par le nombre d'hommes qu'elles avaient été obligées de fournir pour remplacer les morts dont les dunettes et les gaillards étaient couverts, ne tiraient plus qu'à de longs intervalles quelques coups de canon de retraite.

Tous les officiers étaient blessés, il n'y avait plus que des victimes à offrir à la supériorité invincible des forces de l'ennemi. L'état-major et les maîtres furent consultés et, à neuf heures quarante minutes, le pavillon en lambeaux fut amené lentement sur les tronçons des mâts du vaisseau le Marengo haché, percé à jour et à moitié coulant bas d'eau sous la volée de toute l'escadre ennemie rassemblée autour de ses débris fumants.

Le mot de l'amiral John Varrens, sur ce combat, mérite d'être rapporté : « Voilà dit-il en apprenant à quel bâtiment il venait d'avoir affairé, un vaisseau qui s'est montré digne du nom qu'il porte. »

Les vainqueurs comptèrent sur le vaisseau amiral 60 hommes tués, 82 blessés, et parmi ces derniers, Linois et son capitaine de pavillon.

[modifier] Source

Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)

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