Mort de Napoléon

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Napoléon Bonaparte est mort le 5 mai 1821 à Longwood, sur l’île de Sainte-Hélène, à l'âge de 51 ans.

Sommaire

[modifier] Circonstances de la mort de Napoléon

Le 1er mai 1821, il s’était levé ; mais une faiblesse l’obligea à se faire recoucher. Il avait fait placer en face de son lit le buste de son fils, sur lequel il avait constamment les yeux fixés. Le 3 mai, les symptômes devinrent plus alarmants. Le 4 mai, on eut quelque espoir. Le lendemain, 5 mai, à sept heures du matin, on l’entendit balbutier [1]

" France… France… ". Ce furent les derniers mots qu’il prononça. À dix-sept heures quarante-neuf, au moment où le soleil quittait l’horizon, Napoléon croisa les bras avec effort, et prononça les mots têtearmée… jeta un dernier regard sur le buste de son fils et expira, étant âgé de cinquante et un an, sept mois, vingt jours. [2] Napoléon est mort le 5 mai 1821. Le lendemain, le gouverneur de l'île, sir Hudson Lowe, bien qu'en perpétuel conflit avec son ancien prisonnier, venant en personne s’assurer de la mort de Bonaparte, a déclaré alors à son entourage : « Hé bien, Messieurs, c'était le plus grand ennemi de l'Angleterre et le mien aussi ; mais je lui pardonne tout. À la mort d'un si grand homme, on ne doit éprouver qu'une profonde douleur et de profonds regrets. »

[modifier] Autopsie

Cèdre du Liban planté à proximité de la Malmaison par Bonaparte en commémoration de la bataille de Marengo
Cèdre du Liban planté à proximité de la Malmaison par Bonaparte en commémoration de la bataille de Marengo

D’après le désir qu’avait manifesté Napoléon, son corps fut ouvert afin de constater la cause physique de sa maladie, et de profiter dans la suite de ce document dans le cas où son fils serait attaqué de quelque incommodité offrant des analogies avec le mal qui était sur le point de l’emporter lui-même : car Napoléon était persuadé qu’il mourrait d’une maladie semblable à celle qui avait enlevé son père Charles Bonaparte.[3]

Avant de refermer le cadavre, on en tira le cœur et l’estomac, que l’on renferma dans des coupes d’argent contenant de l’esprit de vin.

L’opération terminée, le corps fut revêtu de l’uniforme des chasseurs à cheval de la garde impériale, orné de tous les ordres que le défunt avait créés ou reçus pendant son règne, après quoi il fut placé sur le lit de fer qu’il avait coutume de faire porter à sa suite dans ses campagnes ; le manteau bleu brodé en argent qu’il portait à la bataille de Marengo lui servait de drap mortuaire.

[modifier] Analyse contemporaine

Le gouverneur britannique de l'ile a diagnostiqué une mort causée par un cancer de l'estomac. Cependant de nos jours, les circonstances de sa mort ont été largement sujettes à spéculations, depuis qu'en 1961 l'empoisonnement à l'arsenic a été évoqué par un toxicologue suédois[4].

L'auteur de cette hypothèse, Sten Forshufvud, fut inspiré vers 1955 en lisant les mémoires de Louis Marchand, le valet personnel de Napoléon, qui venaient d'être publiées par les descendants de celui-ci. Les symptômes décrits par Marchand ressemblaient à ceux qu’aurait causés un empoisonnement à l'arsenic.

Enquêtant cette hypothèse, Forshufvud obtint de sources différentes plusieurs mèches de cheveux ayant appartenu à Napoléon. En découpant les cheveux en petits segments et en analysant chaque segment, puis en se rapportant aux dates auxquelles ces cheveux auraient été recueillis, et en raccordant toutes ces données, il put reconstruire un histogramme précis indiquant l'évolution de la concentration d'arsenic dans l'organisme de Napoléon durant son exil. L'arsenic aurait affaibli Napoléon jusqu'au point où les traitements médicaux de l'époque, par exemple le calomel, l’auraient achevé.

Forshufvud rencontra une opposition ferme à cette thèse, mais en 1978 il s'associa avec Ben Weider, historien amateur canadien, et ensemble ils publient Meurtre à Sainte Héléne.

Une étude récente, publiée dans la revue Nature Clinical Practice Gastroenterology and Hepatology tente de prouver que Napoléon présentait une lésion gastrique tumorale compatible avec un cancer de l'estomac. Cette étude repose sur les descriptions faites par Antommarchi (médecin corse ayant pratiqué la nécropsie) dans son deuxième compte-rendu d'autopsie publié en 1825, quatre ans après l'autopsie. Or il a été récemment démontré [Med Sci (Paris). 2006 Apr;22(4):434-6 ] que ce rapport d'autopsie plagie, en partie, un article médical publié en mai 1823 par le Dr Rullier dans la revue : "Archives Générales de Médecine" et intitulé "Note sur un petit engorgement cancéreux de l’estomac, extrêmement circonscrit, perforé à son centre, et suivi de l’épanchement des alimens dans l’abdomen". En plus d'être un plagiat le rapport de 1825 d'Antommarchi est un faux [Bastien J, Jeandel R. Napoléon à Sainte-Hélène. Étude critique de ses pathologies et des causes de son décès. Le Publieur, 2005: 220p][L’énigme de la mort de Napoléon est-elle enfin résolue ? Med Sci (Paris). 2007 Mai; 23(5):548-9] qui décrit entre autres des "glandes lymphatiques [...]le long des courbures de l’estomac [...]en partie tuméfiées, squirrheuses, quelques-unes même en suppuration" ainsi qu'un "lobe supérieur [pulmonaire] parsemé de tubercules et de quelques petites excavations tuberculeuses" ce qu'aucun autres témoins ne rapporta. Dans trois compte-rendus d'autopsie rédigés en mai 1821 par les médecins anglais présents, Antommarchi lui-même, et Thomas Reade ainsi que dans un compte-rendu publié en 1823 par le Dr Henry, il n'est pas fait mention de ganglions intra-abdominaux susceptibles de correspondre à des métastases ganglionnaires, ni de métastases viscérales intra ou extra-abdominales, ni de tuberculose pulmonaire. Les poumons sont décrits comme normaux ce que confirmeront ultérieurement les témoignages des non médecins (Montholon, Bertrand, Ali) présents à l'autopsie. Au total, Napoléon est peut-être mort des suites d'un ulcère ou d'un cancer gastrique perforé-bouché par le foie mais l'absence d'examen histologique de la lésion, l'absence de métastases et les descriptions des lésions abdominales faites par d'autres qu'Antommarchi ne permettent aucune certitude diagnostique contrairement à ce qu'affirme l'article publié dans "Nature Clinical Practice Gastroenterology and Hepatology".

[modifier] Cinéma

[modifier] Notes et références

  1. « Rien à mon fils que mon nom !… Mon Dieu !… La nation française… Mon fils… »
  2. Extrait du testament de Napoléon.
    NAPOLÉON,
    I
    Ce jourd’hui 15 avril 1821, île de Sainte-Hélène, etc. Ceci est mon testament.
    1° Je meurs dans le sein de la religion apostolique et romaine…
    2° Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé.
    4° Je recommande à mon fils de ne jamais oublier qu’il est né prince français, et de ne jamais se prêter à être un instrument entre les mains des triumvirs (probablement l’Angleterre, l’Autriche et la Russie) qui oppriment les peuples de l’Europe. Il ne doit jamais combattre ni nuire en aucune manière à la France. Il doit adopter ma devise : Tout pour le peuple français. Je meurs prématurément, assassiné par l’oligarchie anglaise (la noblesse).
    6° (Il pardonne à Marmont, Augereau, Talleyrand, La Fayette.)
    7° (Il remercie tous les membres de sa famille de l’intérêt qu’ils lui ont porté, et il pardonne à Louis le libelle qu’il a publié en 1820).
    8° Je désavoue le manuscrit de Sainte-Hélène… J’ai fait arrêter et juger le duc d’Enghien parce que cela était nécessaire à la sûreté,… à l’honneur du peuple français ;… dans une semblable circonstance, j’agirais encore de même.
    II
    Je lègue à mon fils les boîtes, ordres et autres objets, tels qu’argenterie, etc., etc. Je désire que ce faible legs lui soit cher, comme lui retraçant le souvenir d’un père dont l’univers l’entretiendra.
    (Il lui lègue en outre les vases de sa chapelle, l’épée qu’il portait à Austerlitz, le sabre de Sobieski, son glaive de Consul, son poignard, son couteau de chasse, ses pistolets, le nécessaire d’or qui lui a servi le matin des journées d’Austerlitz, d’Iéna, d’Eylau, de Montmirail ; trente-trois tabatières ou bonbonnières, ses lits de camp, sa lunette de guerre, un de chacun de ses uniformes, douze chemises, ses deux montres, la chaîne de cheveux de l’impératrice, son médailler, l’argenterie et la porcelaine de Sèvres dont il a fait usage à Sainte-Hélène, ses fusils de chasse, quatre cents volumes choisis dans sa bibliothèque, le réveille-matin de Frédéric II, qu’il a pris à Potsdam, ses deux sceaux, dont un de France, le manteau bleu qu’il portait à Marengo, etc., etc.
    Il lègue 2 millions au comte Montholon ; 300.000 fr. au comte Bertrand, 400.000 à Marchand, son valet de chambre, dont les services qu’il lui a rendus « sont ceux d’un ami. » Viennent ensuite des dons de 100.000 fr. à MM. Saint-Denis, Noverraz, Pierron, l’abbé Vignali, Las-Cases, Lavalette, Larrey, le plus honnête homme qu’il ait connu, les généraux Brayer, Lefebvre-Desnouettes, Drouot, Pierre Cambronne, enfants de Mouton-Duvernet, idem de Labédoyère, idem du général Gérard, idem du général Chartran, idem du général Travot, aux généraux Lallemand aîné, comte Réal, Costa Bastalica, général Clausel, baron de Menneval, poète Arnault, colonel Marbot, baron Bignon, Poggi-di-Lavolo, chirurgien Emmery.
    Dons de 80.000 fr. à Archambault, de 25.000 à Corsot et Chandelier.
    Toutes ces diverses sommes, en cas de mort des légataires, seront payées à leurs veuves et à leurs enfants.
    III
    2° Je lègue mon domaine privé, moitié aux officiers et soldats restant de l’armée française qui ont combattu depuis 1792 à 1815, pour la gloire et l’indépendance de la nation, … moitié aux villes et campagnes d’Alsace… qui auraient souffert par l’une ou l’autre invasion. Il sera de cette somme prélevé un million pour la ville de Brienne et un million ponr celle de Méry.
    Il lègue 10.000 fr. au sous-officier Cantillon, qui a essuyé un procès comme prévenu d’avoir voulu assassiner lord Wellington… « Cantillon avait autant de droit d’assassiner cet oligarque, que celui-ci de m’envoyer pour périr sur le rocher de Sainte-Hélène. »
    Ce testament est fort long, et comme il a été fait à plusieurs reprises, il offre des répétitions qui jettent beaucoup de confusion dans son ensemble.
  3. Extrait du rapport des médecins, après l’autopsie du corps de Napoléon. « À la première apparence, le corps paraissait très-gras, ce qui fut confirmé par une incision pratiquée vers le bas-ventre, où la graisse qui couvrait l’abdomen avait plus d’un pouce et demi d’épaisseur. Les poumons étaient très-sains ; le cœur était de la grandeur naturelle, mais revêtu d’une forte couche de graisse ; les oreillettes et les ventricules n’avaient rien d’extraordinaire, si ce n’est que les parties musculaires paraissaient plus pâles qu’elles ne devaient l’être. « En ouvrant l’abdomen, on vit que la coiffe qui couvre les boyaux était extrêmement grasse ; en examinant l’estomac, on s’aperçut que ce viscère était le siège d’une grande maladie : de fortes adhésions liaient toute la surface supérieure, surtout vers l’extrémité du pylore jusqu’à la surface concave du lobe gauche du foie ; en séparant, ou découvrit qu’un ulcère pénétrait les enveloppes de l’estomac à un pouce du pylore, et qu’il était assez grand pour y passer le petit doigt. « La surface intérieure de l’estomac, c’est-à-dire presque toute son étendue, présentait une masse d’affection cancéreuse, ou des parties squirreuses se changeant en cancer, l’estomac était presque plein d’un liquide ressemblant à du marc de café. La surface convexe du côté gauche adhérait au diaphragme ; à l’exception des adhésions occasionnées par la maladie de l’estomac, le foie ne présentait rien de malsain. Le reste des viscères abdominaux était en bon état.
    « Ont signé :
    Thomas SHORT, premier médecin ; Arch. ARNOTT, médecin du 20e régiment ; Francis BURTON, médecin du 66e régiment ; Chas. MICHELL, médecin de Vigo ; Matthieu LEWINGSTONE, médecin de la compagnie des Indes. »
  4. Sten Forshufvud, Napoléon a-t-il été empoisonné ?, Plon, Paris, 1961

[modifier] Source partielle

Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)


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