Ayahuasca

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Le nom d'ayahuasca (ou yagé) est donné à un breuvage à base de lianes aux vertus enthéogènes, consommé traditionnellement par les chamans des tribus indiennes d'Amazonie. En kichwa selvatique, aya signifie mort ou esprit des mort et huasca : liane, d'où la traduction habituelle de liane des esprits.

Par extension, ayahuasca est le nom donné aux lianes de la famille des Banisteriopsis dont l'écorce sert principalement à la composition de cette boisson.

Sommaire

[modifier] Historique

Une légende dit qu’après la mort d’une princesse Inca nommé Oascaca, une plante poussa sur sa tombe. Cette plante s'appelle Chacruna (psychotria viridis). Un général en chef inca éperdument amoureux de la princesse cueillit cette plante et s'en fit un thé, à la suite de quoi il mourut empoisonné. Il fut enterré au côté de la princesse et sur la tombe du général poussa une plante. Cette plante s'appelle Mariri (Banisteriopsis caapi). Un sage inca eu l'idée de faire un thé en mélangeant les deux plantes, ce qui donna l'Ayahuasca.[réf. nécessaire]

Cette boisson psychotrope a été découverte en 1851 par Richard Spruce, un botaniste anglais qui explorait le Rio negro en Amazonie où on l'appelle caapi. Quelques années plus tard, il découvrit une boisson narcotique appelée localement ayahuasca et il eut l'intuition qu'il s'agissait de la même plante Banisteriopsis caapi.

On assiste depuis la fin des années 1990 à un tourisme dit de l'ayahuasca en provenance des pays d'Europe de l'Ouest et d'Amérique du Nord, ce type de consommation se pratiquant parfois hors du cadre rituel, sans préparation adéquate, et sans motivation spirituelle, ce qui peut entraîner un bad trip.

[modifier] L'ayahuasca comme breuvage

Le breuvage, en lui-même, est connu sous différents noms en fonction des régions et des groupes ethniques : ayahuasca, ayawaska, yagé, jagé, caapi, natema, natem, purga, pinde, Santo Daime.

Dans ces communautés amérindiennes, l'ayahuasca est traditionnellement utilisé pour entrer en transe dans un but divinatoire ou comme outil thérapeutique et comme puissant outil de purification lors de rituels de guérison sacrés. Cette boisson semble être consommée depuis 4 à 5 000 ans.[1]

[modifier] Composition du breuvage

Il s'agit généralement d'une infusion de plusieurs espèces de plantes. La composition du breuvage varie grandement dans les groupes ethniques.

Préparation de l'ayahuasca en Équateur.
Préparation de l'ayahuasca en Équateur.

Il faut au moins deux plantes pour combiner les principes actifs ; un alcaloïde de type harmaline (Banisteriopsis caapi) et de la N, N-DMT (Psychotria viridis), la combinaison de ces deux produits permettant l'activation du DMT, molécule hallucinogène de la famille des tryptamines.[2]

Les plantes pouvant entrer dans la composition de cette boisson cérémonielle sont principalement :

D'autres espèces appartenant à la famille des Solanaceae des genres Nicotiana, Brugmansia ou Brunfelsia peuvent aussi être ajoutées.

Le breuvage de l'ayahuasca est divisé en sous types dont les mélanges, les effets et les rituels d'utilisations varient d'une société amazonienne à l'autre. Au Pérou il existe par exemple différentes formes d'ayahuasca selon la couleur du breuvage : jaune, rouge, blanc, noir. Ces variations correspondent le plus souvent à l'addition ou non d'autres plantes psychotropes.

On notera que Peganum harmala (Zygophyllaceae) ou Rue de Syrie, bien que comportant les mêmes principes actifs IMAO que le Banisteriopsis caapi, n'est historiquement pas utilisée dans le breuvage, car elle est originaire des régions du Sud de la Méditerranée, et non d'Amérique latine.

[modifier] Principe actif

Le principal alcaloïde hallucinogène est la diméthyltryptamine (DMT) présente chez Diplopterys cabrerana et les espèces de Psychotria. Ce composé, normalement détruit par des enzymes lors de l'absorption par voie buccale, est préservé par des inhibiteurs de monoamine oxydase (IMAO) tels que l'harmine, l'harmaline, et la d-tétrahydroharmine contenus dans le Banisteriopsis caapi.

[modifier] Préparation du breuvage

Comme sa composition, la préparation varie en fonction des groupes ethniques.

Ainsi l'écorce est préparée en infusion dans de l'eau froide dans la partie extrême occidentale de l'Amazonie alors que dans d'autres endroits cette infusion se prépare par une longue ébullition des tiges et de l'écorce.[3]

[modifier] Effets du breuvage

L'ingestion d'ayahuasca qui est purgatif, entraîne des vomissement, notamment du fait de son amertume. C'est pourquoi l'écorce fraîche est parfois chiquée ou réduite en poudre pour être prisée comme c'est le cas dans certaines parties de l'Orénoque. La prise de la plante se fait dans un cadre rituel, de préférence dirigé et contrôlé par un chaman.

Suite à l'ingestion et aux problèmes digestifs consécutifs apparaissent une euphorie et des hallucinations auditives et visuelles d'abord dans des teintes bleues ou violettes.[3]

Cet hallucinogène procure des visions interprétées comme des phénomènes de clairvoyance et sont souvent considérées par certaines sociétés amazoniennes, comme plus réelles que le monde du quotidien.[4] Selon les Amérindiens, les hallucinations sont de deux types soit des scènes avec des animaux (jaguars, serpents) soit sous forme de paysages ou de villes.[5]

De nombreux témoignages font état d'experience mystique et c'est pourquoi l'ayahuasca est souvent considéré comme enthéogène.

Parfois, son ingestion peut entraîner un bad trip, en particulier quand l'ingestion se fait de façon incontrôlée ou dans un but récréatif.

La consommation d'ayahuasca s'accompagne d'une accélération du rythme cardiaque, d'hypertension et d'une potentialisation des médicaments sérotoninergiques.

[modifier] Utilisation

Dans ces communautés amérindiennes, l'ayahuasca est traditionnellement utilisé pour entrer en transe dans un but divinatoire ou comme outil thérapeutique et comme puissant outil de purification lors de rituels de guérison sacrés.[1]

Dans le nord-ouest de l'Amazonie, l'ayahuasca sert aussi à donner du courage aux jeunes garçons lors d'une cérémonie connue sous le nom yurupari.[3]

Dans la religion du Santo Daime, originaire de l'État du Acre au Brésil, l'ayahuasca rebaptisée Santo Daime (même nom que la religion elle méme), est utilisée comme sacrement à l'instar de l'hostie dans la religion catholique.

[modifier] Législation

L'ayahuasca n'est pas réglementé par les conventions internationales. Sa législation est donc variable d'un pays à l'autre, mais il est dépénalisé dans la plupart des pays.

En France

L'ayahuasca est inscrit depuis 2005 (JO du 3 mai 2005, publication de l’arrêté du 20 avril modifiant l’arrêté du 22 février 1990) au registre des stupéfiants, que ce texte présente comme une liane originaire d'Amérique latine ou comme une décoction.
Un recours a été déposé, en juillet 2005, devant le Conseil d'État pour demander l'annulation de cet arrêté pour le motif suivant: atteinte à la liberté de culte de la religion du Santo Daime. Au regard des préoccupations de santé publique", ce recours a été rejeté lors de la séance du 3 décembre 2007 (lecture du 21 décembre, communication aux requérants le 4 janvier 2008).

Au Brésil

En 2006, l'ayahuasca a été dépénalisée définitivement au titre d'objet de culte. Le 23 novembre 2006 le compte rendu final du Groupe Multidisciplinaire de travail (GMT) sur l'ayahusaca a été remis au ministre de la sécurité institutionnelle, le Général Armando Félix et approuvé lors de l'assemblée plénière du CONAD (Conseil Nationale Anti-Drogues de l'État Brésilien) le 6 décembre 2006. L'utilisation de l'ayahuasca a donc été confirmée légale dans un contexte religieux.

Aux États-Unis

Depuis le 21 février 2006, l'ayahuasca n'est plus pénalisé, selon un mandat de la cour suprême de justice.

Au Pérou

L'ayahuasca n'est pas pénalisé, il est utilisé dans le cadre de la médecine traditionnelle.

[modifier] Notes

  1. ab Denis Richard, Jean-Louis Senon, Marc Valleur, Dictionnaire des drogues et des dépendances, Larousse, 2004 (ISBN 2-03-505431-1)
  2. http://www.drogues.gouv.fr/fr/pdf/pro/etudes/Trend2003.pdf, Cinquième rapport national du dispositif TREND, Phénomènes émergents liés aux drogues en 2003.
  3. abc Richard Evans Schultes, Un panorama des hallucinogènes du nouveau monde, Édition L'esprit frappeur, 2000 (ISBN 2-84405-098-0)
  4. Denis richard, Dictionnaire des drogues, des toxicomanies et des dépendances, 1999
  5. Michel Hautefeuille, Dan Véléa, Les drogues de synthèse, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2002 (ISBN 2-13-052059-6)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Romuald Leterrier, L'enseignement de l'Ayahuasca : Chamanisme et ADN 2004
  • Jeremy Narby, Le Serpent cosmique : l'ADN et les origines du savoir 1998
  • Jeremy Narby, Jan Kounen, Vincent Ravalec, Plantes et chamanisme — Conversations autour de l'ayahuasca et de l'iboga, Mama Éditions, 2008
  • Patrick Dehayes, Les trois mondes du Santo Daime Revue Socio-Anthropologie n° 17/18, 1° semestre 2006

[modifier] Filmographie