Discuter:Ayahuasca

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Vendredi 02 Février 2007 Ayahuasca: entretien avec le réprésentant français du Santo Daime

             Patron de PME, Claude Bauchet est le représentant en France du Santo Daime, culte christiano-chamanique originaire du Brésil, où il compte plusieurs milliers de fidèles et est reconnu comme une religion. En France, l’ayahuasca, plante psychotrope utilisée comme sacrement par les daimistes, a été interdite en 2005. Entretien.


Quels sont vos rapports avec les autorités françaises ?

               Nous avons subi les pires persécutions (trois personnes en prison durant plus de vingt jours). Après une instruction qui a duré trois ans, un premier procès a eu lieu, sous les hospices de la chasse aux sectes. Nous avons été condamnés à huit mois de prison avec sursis, pour «trafic international et utilisation de stupéfiants», alors que l’ayahuasca n’était pas sur la liste des stupéfiants!

Nous avons fait appel et gagné. La justice reconnaissait enfin que l’ayahuasca n’était pas interdite! Notre répit aura été de courte durée car trois mois après, le ministère de la Santé procédait au classement des principales composantes de l’ayahuasca! Une décision politique qui n’a rien à voir avec la santé publique! Le Santo Daime est une religion chrétienne, qui utilise l’ayahuasca comme sacrement. Interdire l’ayahuasca, c’est interdire une religion, puisque notre sacrement est inséparable de notre rituel. Nous sommes donc devant un cas de violation de la liberté de conscience! De violation des droits de l’homme!

Vous avez déposé un recours au Conseil d'Etat...

         Il s’agit d’un abus de pouvoir et d’une profonde injustice mais nous utilisons des moyens pacifiques pour contrer les calomnies qui sont propagées au nom de la santé publique! Nous faisons à nouveau appel pour que, avec les autorités, nous puissions harmoniser notre pratique religieuse avec les impératifs de santé publique! Nous sommes partisans d’une réglementation afin d’éviter les utilisations inadéquates de l’ayahuasca et de la voir pervertie, comme de nombreuses autres plantes sacrées!
        Pour être entendu, faut-il organiser une manifestation dans les rues de Paris de tous les amis européens des plantes sacrées qui sont médusés par l’attitude rétrograde des autorités Françaises?

Des membres du collectif Meyaya, organisateur de stages iboga, ont été mis en examen la semaine dernière. Comment expliquez-vous ce soudain intérêt des autorités?

         Nous remarquons que ce «soudain intérêt» intervient à un moment crucial de notre recours! Je mets donc en garde contre les amalgames, que ne manqueront pas de faire les prohibitionnistes pour affirmer la dangerosité des plantes enthéogènes et réclamer leur prohibition! Ce n’est ni l’iboga, ni l’ayahuasca qui sont dangereux, mais les apprentis sorciers qui les utilisent sans aucun respect des règles de la tradition qui enseigne leurs usages. Prohiber ces plantes sacrées c’est porter atteinte aux droits de l'homme et les jeter dans l’enfer du trafic, donc les diaboliser.

La mission interministérielle contre les sectes pointe les risques de dérives du «néo-chamanisme» en France…

            Les membres de la Miviludes n’ont jamais tenté de rentrer en contact avec moi. Ils fondent leurs jugements sur des cas discutables qui frôlent le ridicule. Il n’a jamais été constaté de cas mortel dû à l’ayahuasca utilisée dans un cadre rituel! Si on veut vraiment savoir ce qu’est l’ayahuasca, il faut venir la boire! Ils pourraient au moins tenter de parler avec nous. L’ayahuasca est un breuvage sacré, la comparer à une drogue est d’une imbécillité sans nom! Nous sommes des gens sérieux, bien intégrés dans la société et nous voulons la liberté de pratiquer notre culte. Nous ne faisons aucun prosélytisme, mais celui qui frappe à la porte est le bienvenu!

Que représente le Santo Daime hors du Brésil?

              Il existe désormais à travers le monde un grand mouvement de légalisation des plantes sacrées utilisées à des fins religieuses. Récemment, la Cour suprême des Etats-Unis a légalisé l’utilisation de l’ayahuasca à des fins religieuses. En Europe, le Santo Daime est désormais bien implanté. Sa pratique a déjà été légalisée en Hollande et en Espagne. Dans les autres pays européens, les autorités ont été informées par les groupes eux-mêmes de leur existence et ils continuent de se développer de façon harmonieuse.
            En France, il est présent depuis à peu près vingt ans et environ 500 personnes ont, au moins, fait l’expérience de son rituel sur le territoire français, sans compter les personnes qui l'utilisent de façon différente.
           Aujourd’hui, la peur domine, mais il reste tout de même une poignée de fidèles obligés de s’exiler pour pratiquer leur religion. En ce qui me concerne, je maintiens de façon virtuelle le Centro livre do Ceu de Paris, actuellement fermé en raison de la situation mais appelé à accueillir à nouveau les personnes intéressées par le Santo Daime, après la reconnaissance de notre sacrement par les autorités.

Et si votre recours était rejeté ?

           Le Santo Daime est ma voie spirituelle et je vais continuer sur ce chemin, même si je dois m’exiler! En cas de réponse négative du Conseil d’Etat, il restera la cour de Justice européenne… Nous allons aussi commencer un travail de relations publiques auprès des élus. C’est quelque chose que je peux continuer à faire... même en exil!

publié par Arnaud Aubron dans: "www.droguesnews.com"