Anthroposophie

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Le Goetheanum, siège de la Société anthroposophique.
Le Goetheanum, siège de la Société anthroposophique.

Apparue au passage du XIXe au XXe siècle, l’anthroposophie, également appelée science de l'esprit par son fondateur Rudolf Steiner (25 février 1861-30 mars 1925), est une tentative d'étudier, d'éprouver et de décrire des phénomènes spirituels avec la même précision et clarté avec lesquelles la science étudie et décrit le monde physique.

Steiner postule que l'observation et le penser sont les deux piliers de toute connaissance et propose, par une intensification conjointe de l'activité du percevoir et du penser, de faire l'expérience de l'essence du penser, qui est appelé le penser pur. De ce dernier, l'homme doit pouvoir tirer en toute autonomie le motif de ses actions et agir alors librement. C'est ce que Rudolf Steiner a appelé « l'individualisme éthique » [1]. L'anthroposophie se fonde sur l'affirmation d'un dépassement possible de la vision matérialiste de la nature et du monde se limitant à l'aspect physique, en y ajoutant les niveaux suprasensibles de l'existence : processus vitaux, âme et esprit.

Sommaire

[modifier] Qu'est-ce que l'anthroposophie?

Par les mots de Steiner :

Au fond, l'anthroposophie ne doit pas être autre chose que cette sophia, cet état de conscience, cette expérience intérieure de l'âme humaine qui rend l'homme pleinement humain. L'interprétation correcte du mot « anthroposophie » n'est pas « sagesse de l'homme », mais « conscience de son humanité », c'est-à-dire : éduquer sa volonté, cultiver la connaissance, vivre le destin de son temps afin de donner à son âme une orientation de conscience, une sophia[2].

L'anthroposophie est présentée à la fois comme une voie spirituelle et une conception du monde. Selon elle, les sciences de la matière approchent la connaissance de l'homme et du monde par l'intermédiaire des perceptions sensorielles et de leurs éventuels prolongements que fournissent les appareils de mesure et d'amplification. L'anthroposophie cherche à développer en l'homme les forces nécessaires pour appréhender ce qui existerait au-delà des sens. C'est en aiguisant ses propres facultés et en accroissant la qualité de sa conscience, par la pensée, le sentiment et la volonté et par des exercices appropriés, que l'élève parviendrait progressivement à percevoir les mondes qui seraient au-delà du monde physique: monde éthérique ou monde des forces formatrices, monde psychique ou astral, monde spirituel. L'épistémologie kantienne, qui pose d'emblée des limites à la connaissance humaine, serait de la sorte surmontée. Pour Kant, l'homme ne peut pas connaître ce qui est au-delà des perceptions sensorielles. Pour l'anthroposophie, l'homme peut développer en lui les facultés qui lui permettent de dépasser cette limite.

Sur ce chemin, la connaissance de soi et le développement des forces morales sont présentés comme indispensables pour éviter les "décollements" et prévenir les dérapages.

La règle d'or est celle-ci : Quand tu tentes de faire un pas en avant dans la connaissance des vérités occultes, avance en même temps de trois pas dans le perfectionnement de ton caractère en direction du bien [3]

Dans la conception anthroposophique du monde, l'être humain existe en puissance depuis le début de l'évolution de notre univers. On peut dire que cette conception correspond au principe anthropique fort selon lequel « cet univers a été conçu spécialement pour que nous y fussions placés ». L'Adam-kadmon, l'archétype originel de l'être humain en descendant dans la matière, aurait rejeté hors de lui les autres règnes de la nature, ce qui expliquerait la parenté des processus agissant dans la nature avec ceux qui existent dans l'être humain. L'être humain évoluerait vers la perfection à travers les réincarnations, guidé par les « anges » du karma. Pour l'anthroposophie, le plan divin de l'évolution de la dixième hiérarchie - l'humanité - serait sous la tutelle des hiérarchies créatrices, celles citées par « Denys l'Aréopagite » dans son traité « De la Hiérarchie céleste ».

L'entité du Christ, le Logos ou Verbe, joue un rôle central dans la cosmogonie steinérienne ; toutefois l'anthroposophie ne se conçoit pas elle-même comme une religion.[4]

En se basant sur les résultats de l'investigation spirituelle, l'anthroposophie propose dans tous les domaines de l'existence, des applications pratiques qui se veulent en harmonie avec la nature profonde de l'homme  : éducation, médecine, thérapies artistiques, pharmacie, agriculture, économie, vie sociale, arts, etc.

Dans ses œuvres philosophiques que sont «Vérité et science» et «Philosophie de la liberté», Rudolf Steiner a tenté de donner la justification théorique épistémologique de la démarche anthroposophique.

[modifier] L'origine du terme anthroposophie

Le mot anthroposophie (de anthropos et sophia, littéralement "la sagesse de l'homme") n'est pas un néologisme créé par Rudolf Steiner. On en trouve déjà des traces au XVIe siècle chez un auteur anonyme. Puis chez Thomas Vaughan en 1650 dans un livre portant pour titre : Anthroposophia Magica. On le trouve ensuite utilisé chez Troxler (1780-1866) en 1806, chez Immanuel Hermann Fichte en 1856, chez Gideon Spicker (1872-1920) en 1872, chez le philosophe viennois Robert Zimmermann (1824-1898) en 1882; c'est de ce dernier dont Steiner s'est inspiré[5].

[modifier] Le développement historique de l'anthroposophie : quatre phases

[modifier] Première phase

En 1900, Rudolf Steiner était connu comme un spécialiste des œuvres de Nietzsche et de Goethe. Le 22 septembre 1900, il est sollicité, par un groupe local de la Société théosophique allemande, pour une conférence sur Nietzsche qui est mort quelques semaines plus tôt, le 25 août 1900. Il y donnera ensuite le 29 septembre une autre conférence sur Goethe. Par la suite, Rudolf Steiner donnera de très nombreuses conférences au sein de la Société théosophique, et accepte d'en devenir membre le 17 janvier 1902. Il fut nommé Secrétaire général de la nouvelle section allemande de la Société théosophique le 19 octobre 1902.

De 1902 à 1909, Rudolf Steiner travaille à l'approfondissement de la recherche sur la « science de l'esprit » au sein de la Société théosophique, qui s'efforce de se positionner en interlocuteur légitime face aux courants de pensée philosophiques et scientifiques de l'époque.

[modifier] Deuxième phase

[modifier] Travail artistique et eurythmie

Dès 1907, débute à Munich une phase où la priorité sera donnée au travail artistique; elle durera jusqu'en 1913.

Cette période débute par la représentation en 1907 à Munich d'œuvres dramatiques, imprégnées des principes de la science de l'esprit, telle que Les Mystères d'Éleusis et plus tard, en 1909 : Les Enfants de Lucifer, d'Édouard Schuré). Furent aussi représentés à Munich les quatre Drames-Mystères de Steiner, en 1910 La Porte de l'initiation, en 1911, l'Épreuve de l'âme, en 1912 Le Gardien du Seuil, en 1913 L'Éveil des âmes. C'est surtout Marie de Sivers qui rendit possible ces représentations, non seulement par ses traductions des œuvres de Schuré, mais de par sa formation. En effet, quand, en 1902, elle découvrit la théosophie, elle venait de terminer des études de comédienne à Saint-Pétersbourg et à Paris.

Des artistes, comme les peintres russes Wassily Kandinsky et Alexei Jawlensky, l'écrivain russe Andreï Biély et le poète Christian Morgenstern côtoyèrent de près l'effervescence culturelle anthroposophique au cours de ces années.[6],[7]

Icône de détail Article détaillé : Eurythmie.

Les premiers pas de l'eurythmie se font dès 1912, mais c'est sous l'impulsion de Marie de Sivers qu'elle prit son essor et se développa.

Steiner donna de nombreux cours aux artistes, notamment sur l'eurythmie, sur l'art de la parole et sur l'art dramatique.

[modifier] Construction du premier Goetheanum

Steiner avait le projet de faire construire à Munich un édifice appelé le « Johannes-Bau » qui aurait été un lieu voué à l'activité artistique en général, notamment théâtrale, et un centre pour la recherche, les rencontres et les conférences afin de répondre aux besoins de l'intense activité qu'il impulsait alors, dans le cadre de la Société Théosophique. Après quelques tentatives, le projet échoua pour des raisons administratives. Une opportunité se présenta à Dornach en Suisse, près de Bâle, et c'est là que démarra, en septembre 1913, la construction du Johannes-Bau, lequel fut ensuite rebaptisé « Goetheanum ». Des ouvriers, des architectes, des sculpteurs et peintres de multiples nationalités y travaillèrent ensemble pendant toute la première guerre mondiale et ensuite jusqu'en septembre 1920, suivant les indications de Steiner. Il sculpta lui-même le « Représentant de l'humanité », une énorme statue en bois d'orme qui devait figurer à l'arrière-plan de la scène, à l'est de l'édifice.

[modifier] Les débuts de la Société anthroposophique

À l'Assemblée générale de 1909 à Adyar, les responsables de la Société théosophique, Annie Besant et C.W. Leadbeater, déclarèrent que Alcyone, le futur Jiddu Krishnamurti, alors âgé de 13 ans, était le Christ réincarné. Quand les Théosophes constituèrent l'Ordre de l'Étoile d'Orient (Order of the Star of the East), une organisation dont le futur Krishnamurti devait prendre la tête à sa majorité, la rupture de la société anthroposophique avec la Société théosophique devint inévitable. De fait, cette affirmation allait à l'encontre de l'enseignement de Steiner qui affirmait que l'incarnation du Christ dans un corps humain était un événement unique dans l'histoire de l'humanité. Steiner s'étendit longuement sur ce sujet dans ses enseignements. De plus, la propagande faite autour d'Alcyone risquait fort de perturber le développement de la Section allemande et de compliquer ses rapports avec les pouvoirs publics, car l'Empire allemand vivait sous le régime de non-séparation de l'Église et de l'État. Le 8 décembre 1912, le comité de la Section allemande déclara par conséquent que l'appartenance à l'ordre de l'Étoile d'Orient était incompatible avec la qualité de membre de la Section allemande et pria les membres de l'ordre de se conformer à cette décision sous peine d'exclusion. Par ailleurs, le comité demanda la démission d'Annie Besant. Il en résulta que l'Assemblée annuelle de la Société théosophique qui se tenait à Adyar, à la demande d'Annie Besant, fit dissoudre la Section allemande, dissolution qui ne devint effective que le 7 mars 1913. Steiner et les membres dissidents, en quelque sorte exclus, fondèrent la Société Anthroposophique Universelle le 3 février 1913, au sein de laquelle Steiner n'exercerait aucune fonction administrative. La plupart des 2400 membres de la Section allemande de la Société théosophique suivirent Steiner dans son entreprise. [8],[9]

[modifier] Troisième phase

De 1919 à 1924, l'anthroposophie étend son domaine d'application, durant cette période diverses initiatives voient le jour :

  • Première approche d'une analyse de l'édifice social par Rudolf Steiner : Le mouvement pour la triarticulation de l'organisme social, dans les mois qui suivirent la fin de la première guerre mondiale, a tenté de promouvoir auprès des élites culturelles et politiques allemandes des idées nouvelles pour une reconstruction de la société. Ce mouvement fut un échec politique. Cependant l'impulsion donnée à l'époque est encore présente de nos jours (voir par ex Nicanor Perlas[10]), et poursuit son chemin. Steiner exposa ses vues concernant l'organisation de la société et l'économie sociale dans quelques cycles de conférences entre 1918 et 1924. [11]
  • Première école Waldorf : Appliquant la pédagogie de Steiner, elle vit le jour en 1919 à Stuttgart. Initialement c'était une école d'entreprise principalement destinée aux enfants des ouvriers de la fabrique de cigarettes Waldorf-Astoria dont le directeur était Emil Molt (1876-1936). Les écoles Waldorf sont aussi appelées Écoles Steiner. De 1919 à 1924 Steiner donna 15 cycles de conférences, développant les bases d'une pédagogie issue de sa compréhension spirituelle de l'être humain. Les écoles Waldorf n'enseignent cependant pas l'anthroposophie. Ce sont les professeurs qui fondent dans l'anthroposophie et dans la conception de l'homme qu'elle propose, leur capacité à enseigner. [12]
  • La Communauté des Chrétiens se développe dès 1922 à Dornach avec le projet de rénover la pratique religieuse chrétienne. De jeunes théologiens s'adressèrent au pasteur protestant Friedrich Rittelmeyer (1872-1938), alors membre de la Société anthroposophique à Berlin. Ce dernier se tourna alors vers Rudolf Steiner pour lui demander conseil sur la manière de féconder le domaine cultuel religieux à partir des conceptions anthroposophiques. Steiner accéda à cette demande et organisa deux cours à l'intention de ces théologiens à Stuttgart et à Dornach. Rittelmeyer devint le premier recteur de ce « mouvement de rénovation religieuse » dont le centre s'établit à Stuttgart. La Communauté des Chrétiens, bien que reprenant les enseignements anthroposophiques, est indépendante de la Société anthroposophique. [13],[14]
  • La médecine, dite médecine anthroposophique, s'est développée suite à des cycles de conférences données à une trentaine de médecins, à leur demande. Une introduction systématique à cette orientation médicale fut rédigée dans un ouvrage que Rudolf Steiner écrivit avec Ita Wegman, médecin hollandais (1876-1943), dont le titre est Données de base pour un élargissement de l'art de guérir selon les connaissances de la science spirituelle. Par la suite, Ita Wegman fonda en 1921, à Arlesheim, près de Bâle, en Suisse, la première clinique anthroposophique, appelée actuellement « Ita Wegman Klinik ». [15]
  • L'agriculture biodynamique a pris naissance en Allemagne, à la demande d'agriculteurs. Rudolf Steiner donna un seul cycle de 8 conférences sur le sujet en juin 1924 à Koberwitz (Silésie). Par la suite, ce sont des agriculteurs et des agronomes qui ont expérimenté et développé cette pratique qui fut l'une des premières méthodes de ce qu'on appelle aujourd'hui l'agriculture biologique. Elle est actuellement pratiquée dans de nombreux domaines agricoles dans presque tous les pays du monde. Les produits cultivés selon cette méthode peuvent recevoir le label « Demeter » délivré en France par l'association Demeter France. [16],[17]

[modifier] Quatrième phase

Quelques années avant sa mort, Steiner éprouva le besoin de réorganiser la Société anthroposophique, afin de mettre un terme aux dissensions entre les groupes de membres. Il fonda donc une nouvelle société : la « Société anthroposophique universelle » lors du Congrès de Noël de 1923. L'« Ecole libre de science de l'esprit » fut dès lors également fondée en tant que nouvelle forme de cette ancienne école ésotérique, dont les activités de l'école ésotérique avaient été suspendues pour des raisons de sécurité depuis la guerre 1914-1918. Steiner constitua un comité de direction (Vorstand) dont il prit la présidence. Dans la société précédente, Steiner n'avait aucune fonction administrative, se considérant uniquement comme instructeur ; dans la nouvelle, il assumera également la présidence du Vorstand et de l'Ecole libre.

A cette époque, Steiner déploya une très grande activité malgré une santé de plus en plus précaire. Il donna notamment de nombreux cycles de conférences sur la réincarnation et le karma, sujet qui lui tenait à cœur depuis longtemps. À plusieurs reprises, il dut écourter ou remettre des conférences au dernier moment. Suite à la destruction du premier Goethéanum dans un incendie criminel, il conçut et modela une maquette en argile du futur batiment qui cette fois serait construit en béton. La maladie eut finalement raison de lui, et il décéda le 30 mars 1925, alors que les fondations du nouveau Goethéanum étaient à peine achevées.

Steiner laissa derrière lui une somme considérable d'enseignements. Au total, il écrivit environ 30 livres et donna plus de 6000 conférences, dont une partie furent recueillies et publiées. Incluant ses œuvres écrites, les recueils d'articles écrits dans des revues et des journaux ainsi que les sténogrammes retranscrits des conférences publiques et privées, l'édition allemande comprend environ 370 volumes. La plupart des œuvres écrites ont été traduites en français, ainsi qu'environ 2200 conférences à ce jour (2006).

La mort de Steiner ne signifia pas la fin des dissensions dans la Société anthroposophique. Elles reprirent de plus belle, conduisant même à l'existence de deux sociétés après l'exclusion d'Ita Wegman et d'Elisabeth Vreede (1879-1943) en 1934. L'impensable arriva même avec l'exclusion en 1945 de Marie Steiner. Marie Steiner étant l'héritière légale de son époux, elle mit en chantier l'édition intégrale des œuvres anthroposophiques. À ce jour pratiquement toute l'œuvre, y compris les documents de l'école ésotérique, a été publiée en langue allemande du moins. Elle est d'ailleurs tombée depuis peu dans le domaine public.

Sous le régime nazi, les écoles Waldorf et les institutions liées à l'anthroposophie furent interdites durant 10 ans en Allemagne. Elles furent toutefois recréées en grand nombre dans l'après-guerre, de même que dans de nombreux pays.

[modifier] Le Goetheanum - la Société Anthroposophique - le mouvement anthroposophique

Le Goetheanum est le siège de la Société anthroposophique universelle et de l'Ecole Libre de Science de l'Esprit à Dornach, près de Bâle, en Suisse. La Société anthroposophique promeut une vie culturelle et spirituelle libre. L'Ecole Libre de Science de l'Esprit a pour objet de favoriser des recherche dans le domaine spirituel. Elle est organisée en différentes sections:

Section d'anthroposophie générale - Section médicale - Section des mathématiques et d'astronomie - Section des sciences de la nature et département d'agriculture. - Section pédagogique - Section des sciences sociales - Section des arts plastiques - Section des arts de la parole et de la musique - Section des belles-lettres - Section pour la recherche spirituelle de la jeunesse (Youthsection).

Cette dernière section consacrée à la jeunesse est en lien avec la section d'anthroposophie générale, mais elle est ouverte à tout jeune intéressé, qu'il soit membre ou non. Rudolf Steiner a voulu qu'une place libre soit offerte pour les jeunes afin que la Société anthroposophique soit à l'écoute des attentes spirituelles de la jeunesse. Ainsi, lorsque dans un pays se trouve une société anthroposophique locale, une place est aussi réservée à la jeunesse.

L'ensemble des personnes liées aux idées anthroposophiques, sans être nécessairement membres, forment le mouvement anthroposophique. La Société anthroposophique universelle, en tant que telle, a en 2008 un peu plus de 50.000 membres. La Société anthroposophique ne fait ni propagande, ni prosélytisme. L'anthroposophie se fait surtout connaître indirectement par des activités au cœur de la vie publique: bio-dynamie (labels Biodyn et Demeter), écoles Waldorf, arts, médecine, produits de soins et thérapeutiques, ainsi que par des initiatives dans le domaine social.

[modifier] Réalisations et mouvement issus de l'anthroposophie

L'anthroposophie étant définie par son fondateur comme un chemin de développement spirituel, y sont décrits des exercices qui permettraient de développer certaines facultés morales, psychiques, mentales et spirituelles. Steiner insiste sur le fait qu'il serait aujourd'hui malsain de vouloir développer des facultés spirituelles avant d'avoir solidement développé la pensée logique, car cela conduirait à des illusions quand les sens spirituels s'éveilleraient. [18]

Parallèlement à ce chemin de développement, l'anthroposophie amène bien souvent les personnes qui s'y lient, à souhaiter introduire au sein de la vie sociale, dans les domaines où elles sont actives, des pratiques porteuses de l'éthique spiritualiste qu'on peut y puiser.

[modifier] Architecture, eurythmie et libre culture spirituelle

Icône de détail Article détaillé : Goetheanum.
Le premier Goetheanum
Le premier Goetheanum

Steiner a développé un style d'architecture « organique » pour le bâtiment du premier Goetheanum en 1913, siège de la Société Anthroposophique Universelle et de l'Ecole Libre de Science de l'Esprit, à Dornach (Soleure) (Suisse). Le bâtiment fut brûlé dans la nuit de la Saint-Sylvestre 1922-23 par un incendie criminel qui détruisit d'inestimables archives; mais de nombreux autres bâtiments dessinés par Steiner (le Glashaus, Haus Duldeck, le Transformerhaus, etc.) ont été épargnés par l'incendie.

La construction du second Goetheanum se fit sur le même site, et débuta un peu avant que Steiner ne meure en 1925. Il fut considéré comme l'extension organique et la métamorphose de la construction originelle, inspirant et précursant des architectes comme Le Corbusier (La chapelle de Ronchamp) et Eero Saarinen (aéroport international John-F.-Kennedy de 1962).

Le Goetheanum est un centre culturel qui abrite des laboratoires de recherches scientifiques (sciences de la nature, astronomie-mathématique, agriculture, médecine), des ateliers d'enseignement des arts (théâtre, discours, peinture, sculpture et eurythmie). C'est aussi un lieu de séminaires, conférences et spectacles.

Avec sa femme, Marie von Sivers, il développa une nouvelle forme d'art connue en tant qu'eurythmie - quelquefois nommée « chant visible ». Cet art du mouvement est aussi employé à des fins thérapeutiques. Des représentations sont données au Goetheanum, et dans divers théâtres à travers le monde. Il y a maintenant plusieurs écoles d'eurythmie qui offrent une formation complète de durées variables.

En tant que sculpteur, son œuvre principale fut le Représentant de l'Humanité (1922). Cette œuvre énorme est exposée au Goetheanum, Dornach.

En tant que dramaturge, il écrivit Les Quatre Drames-Mystères entre 1909 et 1913, incluant La Porte de l'Initiation et L'Éveil des Âmes. Ils sont encore joués aujourd'hui.

[modifier] Tripartition sociale

Steiner a aussi développé un nouveau modèle social fondé sur la tripartition (également appelé triarticulation de l'organisation sociale). Les trois domaines indépendants de ce système sont : la sphère économique, la sphère des droits civils et la sphère culturelle. Selon l'anthroposophie, la vie de toute société humaine s'organise autour de trois champs (inter-opérants): la sphère juridique (fondée sur le principe d'Égalité - la voix de chaque citoyen vaut celle de tout autre), la sphère économique (fondée sur le principe de Fraternité - ici défini en ce sens que la nature même de l'économie est de produire « pour les autres », que toute offre doit répondre à un besoin, et cetera) et enfin la sphère de la Culture (fondée sur le principe de Liberté, comme essence même de tout processus créatif).

Steiner déclarait en 1920 que si on enlève la liberté à la culture, celle-ci se vide de toute substance, ce qui historiquement pourrait se produire de 2 manières : 1) la censure d'une dictature (exemple : le dirigisme à la soviétique), ou 2) la dictature de la rentabilité. Dans le premier cas, on soumettrait la sphère de la culture au diktat du juridique (le principe d'égalité perverti dans le concept d'une même culture pour tous), dans le second cas, on la soumettrait au diktat de l'économie en imposant que les critères propres à la sphère de l'économie (la rentabilité) définissent pour l'essentiel la dynamique de la vie culturelle.

[modifier] Médecine anthroposophique

Icône de détail Article détaillé : médecine anthroposophique.

La médecine anthroposophique est une médecine alternative utilisant l'homéopathie et la phytothérapie notamment, mais d'une manière qui lui est propre. C'est une médecine que l'on peut dire "holistique", c'est-à-dire qu'elle prendrait en compte l'être humain dans sa globalité. La médecine anthroposophique n'exclut pas des thérapies complémentaires, ni la médecine classique quand elle est nécessaire. Elle est exclusivement pratiquée par des médecins.

Icône de détail Article détaillé : Weleda.

Les remèdes nécessaires à l'exercice de la médecine anthroposophique étant très spécifiques, des laboratoires et des équipements de recherche se sont vite avérés indispensables. C'est pourquoi en 1921, des pharmaciens et médecins se sont réunis en présence de Steiner pour créer un laboratoire pharmaceutique, Weleda, qui fabrique et distribue encore aujourd'hui des médicaments et des cosmétiques naturels à travers le monde. Weleda est cependant une entreprise autonome.

[modifier] Agriculture biodynamique

Icône de détail Article détaillé : agriculture biodynamique.

En 1924, un groupe d'agriculteurs préoccupés par les tendances de l'agriculture chimique et industrielle, en plein essor à l'époque, qu'ils jugeaient destructrice, demandèrent à Steiner qu'il leur offre un cours imlpulsant de nouvelles méthodes agricoles qui auraient des visées plus saines et en harmonie avec la nature. Ainsi furent posés les fondements de l'agriculture biodynamique. La Biodynamie est maintenant pratiquée un peu partout dans le monde.

[modifier] Pédagogie

La première école appliquant la pédagogie de Steiner vit le jour en 1919 à Stuttgart. Il existe maintenant plus de 900 écoles Waldorf (ou écoles Steiner) dans le monde: en Belgique, Pays-Bas, France, Suisse, Autriche, Allemagne, Norvège, Suède, Royaume-Uni, Danemark, Italie, États-Unis, Canada, Nouvelle-Zélande, Australie, Mexique, Brésil, Égypte, Zimbabwe, Inde etc.[19]

Icône de détail Article détaillé : Pédagogie Steiner-Waldorf.

Selon le Mouvement international des écoles Waldorf (écoles Steiner), le rôle de l'école est d'« accueillir chaque enfant comme une personne unique, établir avec lui une relation de confiance réciproque et lui permettre ainsi de découvrir, de déployer et de mettre en valeur ses capacités et ses potentialités ».

En 1939, le docteur Karl König fonda le Mouvement Camphill en Écosse dans le but de fournir un lieu propice au développement des enfants ayant de sérieux problèmes d'apprentissage. Le Mouvement Camphill organisa des écoles pour enfants handicapés mentaux, et plus tard des communautés villageoises pour des adultes handicapés. Ces centres de pédagogie curative et de sociothérapie s'étendirent de la Grande-Bretagne à d'autres pays dans le monde entier, y compris la France et la Suisse. À travers le Mouvement Camphill, le Dr König et ses collaborateurs ont élaboré une conception originale du sens de la vie d'un être handicapé. Il en découle une pratique d'accompagnement des enfants et des adultes qui les intègre dans une vie sociale diversifiée incluant notamment beaucoup d'activités artistiques et culturelles.

Icône de détail Article détaillé : Mouvement Camphill.

[modifier] L'anthroposophie en tant que chemin de développement spirituel

Selon l'anthroposophie, de même que pour percevoir le monde sensible il nous faut des organes des sens, pour percevoir les mondes suprasensibles, nous aurions besoin d'organes suprasensibles. Ces organes existeraient en germe chez tous les êtres humains, mais seraient en sommeil à notre époque. Certains de ces organes ou « chakras » auraient été en partie actifs autrefois mais auraient été comme anesthésiés pour les besoins de l'évolution. Il fallait, selon Steiner, que l'être humain perde provisoirement la conscience des mondes spirituels afin de développer la conscience de soi. Seul quelques médiums et personnes très peu développées intellectuellement auraient encore des chakras leur permettant une perception selon le mode ancien. Cependant, par un travail sur soi, au moyen d'exercices appropriés, ces organes de perception pourraient être développés et réactivés. La mise en activité des chakras serait en rapport avec le développement de certaines valeurs de l'âme. L'action directe sur les chakras serait cependant jugée dangereuse en l'absence de guides expérimentés. Steiner ne s'étend pas tellement sur les chakras, car pour lui leur développement serait une conséquence directe du développement moral de l'individu.

De nos jours, le stade actuel de l'évolution de l'humanité exigerait que les enseignements anthroposophiques soient mis à la disposition de tous, alors qu'autrefois les contenus ésotériques n'étaient divulgués qu'aux disciples de certaines sociétés secrètes.

Steiner ajoute que ces exercices seraient appropriés à l'état de conscience de notre époque et qu'ils seraient inoffensifs si les conseils qu'il donne dans ses ouvrages de base sur le sujet sont suivis scrupuleusement. [20].

[modifier] L’organisation spirituelle, psychique et physique de l’être humain selon l'anthroposophie

Selon le point de vue envisagé, Steiner propose diverses approches de la nature humaine, ce qui se traduit selon les cas par une subdivision en neuf, sept, quatre ou trois constituants:

  • En neuf : physique, éthérique, astral, âme de sensibilité, âme d'entendement, âme de conscience, Soi spirituel (manas), Esprit de vie (bouddhi), Homme-Esprit (atma).
  • En sept : physique, éthérique, astral, Moi, Soi spirituel (manas), Esprit de vie (bouddhi), Homme-Esprit (atma).
  • En quatre, puisque les corps supérieurs ne sont pas encore entièrement développés : physique, éthérique, astral, Moi (le Moi contenant en lui le germe de la triade spirituelle).
  • En trois : corps, âme et esprit.

1. Le corps physique
C'est le seul que la science traditionnelle reconnaisse.

2. Le corps éthérique
Steiner l'appelle aussi corps vital ou corps de forces formatrices. Il s'agirait davantage d'un champ de forces que d'un corps. Il présiderait au développement du corps physique jusqu'à sa taille adulte et ensuite il dirigerait les processus qui maintiennent sa forme. C'est lui qui ferait du corps physique un corps vivant. Les plantes et les animaux auraient également un corps éthérique.

3. Le corps astral

Cette dénomination ancienne a été conservée par Steiner du fait qu'elle était d'usage courant en ésotérisme, mais il l'appelle aussi corps psychique, corps de conscience, parfois corps des désirs ou corps animique. Ce corps n'épouserait pas les formes des corps physique ou éthérique. Il affecterait une forme ovoïde parcourue par des courants de forces psychiques apparaissant lumineuses et très colorées à ceux qui seraient "clairvoyants". Dans la littérature ésotérique, on en parle souvent comme de l'aura.

4. Le « Moi » ou le « Je »

Le Moi est considéré comme l'entité supérieure immortelle de l'homme, destinée à se déployer et se structurer sous la forme de ce que l'anthroposophie appelle "la triade spirituelle". Le Moi agirait dans l'âme et susciterait ainsi l'être conscient.

5. L'âme

Dans la structure ternaire anthroposophique de l'être humain, on appelle « corps » l'ensemble constitué du corps physique, du corps éthérique, et de la partie inférieure du corps astral. Le terme âme, sous-entendant ses trois facettes appelées âme de sensation, âme d'entendement et âme de conscience, désigne la partie supérieure du corps astral, tandis que le terme d'esprit désigne le moi, incluant le germe de la triade spirituelle.

6. Les corps supérieurs

Le disciple qui suit un chemin spirituel, anticipe par le travail qu'il fait sur lui-même, des stades de conscience qui ne deviendraient l'apanage naturel de l'humanité que dans le futur.

  • Le travail du Moi sur le corps astral, en le métamorphosant, donnerait naissance au Soi spirituel.
  • Le travail du Moi sur le corps éthérique (ou vital), en le métamorphosant donnerait naissance à l'Esprit de vie.
  • Le travail du Moi sur le corps physique, en le métamorphosant, donnerait naissance à l'Homme-Esprit.

Références:
Rudolf Steiner, notamment: Esquisse d'une science de l'occulte (GA 13), Théosophie (GA 9)...

Nick Thomas, The Battle for the Etheric Realm, Temple Lodge publishing (1995)

[modifier] Cosmologie et anthropologie anthroposophique

[modifier] Les stades de développement de la Terre

Pour Steiner, notre Terre est la manifestation de l'activité d'êtres spirituels, êtres humains compris. Ces derniers et les êtres humains évolueraient parallèlement tandis que la Terre passerait par des incarnations successives dans des substances de plus en plus denses, selon un rythme septénaire. Vers le milieu l'évolution terrestre, le processus s'inverserait grâce à l'impusion cosmique du Logos et la Terre repasserait par des états de plus en plus subtils. Notre Terre serait actuellement au 172e stade sur les 343 (7x7x7) que comporte toute l'évolution terrestre.

[modifier] L'entité christique

Selon l'anthroposophie, chaque religion aurait une mission particulière au sein de l'évolution. Steiner précise que l'anthroposophie n'est pas une religion, cependant ses enseignements sont censés élucider le contenu spirituel des diverses religions. Dans le christianisme ce n'est pas le message religieux qui serait le plus important, mais l'action objective de l'entité du Christ, qui serait devenu l'esprit guide de la terre. Afin de développer sa conscience individuelle, son Je conscient, l'être humain a développé au cours de son évolution une certaine égoïté. Toutefois, d'un point de vue social le renforcement unilatéral des personnalités autonomes et outrancièrement egocentrées conduirait au chaos, à la « guerre de tous contre tous ». Pour éviter cela, l'entité christique devrait imprégner les Je humains de la force d'amour, ce qui leur permettrait de vivre ensemble en harmonie.

[modifier] L'incarnation du principe christique

Selon l'anthroposophie, l'incarnation du Logos en Jésus aurait eu lieu lors du baptême par Jean dans le Jourdain. Le Logos, ou Verbe, aurait été connu des anciens qui lui donnaient d'autres noms : Vishvakarma dans les Védas, Ahura-Mazao dans l'ancienne religion persanne, Osiris en Égypte, Apollon en Grèce ou encore Odin dans les mythes nordiques.

Steiner considère l'incarnation de ce Logos dans un corps physique comme un fait de la plus haute importance pour l'évolution humaine. Alors que les théosophes minimisaient ce rôle en faisant du Christ un avatar, un initié, voire un prophète ordinaire, Steiner voit dans le Christ une incarnation unique de la divinité, rendue nécessaire par le cours de l'évolution. Son rôle cosmique serait d'amorcer et d'accompagner la spiritualisation de la Terre. Il en déduisit que l'impulsion christique est un fait objectif qui transcende toutes les religions. Selon Steiner, les premiers chrétiens ont saisi toute la portée de cet événement, mais cette compréhension commença à se perdre à partir du IVe siècle. Les schismes au sein du christianisme sont la signature de la perte de cette compréhension. A cet époque s'amorça le déploiement de l'intellect dans l'âme humaine, ce qui en contrepartie fit disparaître l'ancienne sagesse instinctive. En perdant cette sagesse, l'être humain gagne en liberté et devient de plus en plus capable de retrouver de manière consciente le lien avec le monde spirituel .

Steiner enseigne que la venue du Christ dans un corps physique, il y a deux mille ans, ne serait que la partie visible d'un processus cosmique qui aurait commencé bien avant cette incarnation sur la Terre. Steiner prédisait qu'à partir de 1930, de plus en plus d'êtres humains seraient en mesure de prendre conscience de la présence du Logos dans le monde éthérique.

[modifier] L'incarnation d'Ahriman

Le Représentant de l'humanité, luttant entre Lucifer et Ahriman pour les équilibrer
Le Représentant de l'humanité, luttant entre Lucifer et Ahriman pour les équilibrer

Pour Steiner, un retour du Christ dans une incarnation humaine est impossible. Les écoles ésotériques qui annoncent un futur retour du Christ, ne feraient que préparer les conditions de la venue d'une entité adverse, laquelle se ferait passer pour le Christ réincarné. Cette entité, Steiner l'appelle Ahriman, un autre nom pour Satan. Selon lui Ahriman s'incarnerait au début du IIIe millénaire. [1]

[modifier] Les entités dites « adverses »

Pour Steiner, les forces opposées sont représentées par Lucifer et Ahriman. Lucifer et Ahriman seraient des entités spirituelles ni bonnes, ni mauvaises en soi. Elles auraient seulement un rôle à jouer dans l'évolution en tant que forces cosmiques tout comme les autres entités spirituelles.

Les forces lucifériennes auraient un effet centrifuge, expansif, dilatatoire, dissolvant, et calorique tandis que les forces ahrimaniennes ont un effet centripète, contractif, durcissant, et refroidissant. Selon cette vision, dans l'organisme humain, les forces lucifériennes auraient un certain rapport avec les maladies de type inflammatoire, microbienne, tandis que les forces ahrimaniennes seraient liées aux maladies sclérosantes, paralysantes et virales. La santé résulterait ainsi de l'équilibre dynamique entre ces deux tendances.

[modifier] Ère du Verseau

Pour Steiner, l'humanité entrera dans l'ère du Verseau en 3573.

(voir Chronologie précessionnelle et L'Ère des Poissons)

[modifier] Réincarnation et karma

Pour Steiner, au stade actuel l'homme ne serait ni tout à fait libre, ni déterminé ; il se trouverait sur le chemin qui mène à la liberté. Progressant d'incarnation en incarnation, l'être humain développerait les facultés et le savoir qui lui permettraient d'aborder son environnement et sa destinée avec une maturité croissante.Un esprit qui se détermine lui-même, en toute lucidité sur ses motivations profondes, est un esprit libre.

Dans la perspective anthroposophique, l'esprit est l'élément éternel qui voyage d'une incarnation à l'autre. Le corps est renouvelé à chaque incarnation. Le karma est défini comme le lien qui rattache un être aux conséquences de ses actions. L'esprit humain suit une évolution ascendante. Lorsque l'être humain psycho-spirituel, après la mort, s'est débarrassé de ce qui le rattachait à la terre, l'esprit s'élève dans les mondes spirituels aussi haut que lui permet son degré d'évolution. L'esprit humain n'est pas inactif dans les mondes spirituels ; en collaborant avec les entités spirituelles, il prépare sa prochaine incarnation. Quand il est prêt et que les conditions terrestres sont adéquates, le processus s'inverse et l'esprit humain redescend vers la terre.

[modifier] Sommeil et après-vie

Selon la conception de Steiner, au cours du sommeil, le corps physique resterait imprégné de l’éthérique (qui le maintient en vie), mais l’astral (l’âme) et le moi (je) s'en sépareraient. En revanche, au moment de la mort, le corps éthérique, le corps astral et le moi quitteraient définitivement le corps physique.

A partir du moment de la mort, l’individu revivrait toute ses nuits de sommeil, soit un tiers de la durée totale de sa vie. Il retrouverait aussi ses proches décédés avant lui. Il ne pourrait que contempler le spectacle de ses actions – tel que le conçoit Aristote -, impuissant parce qu’il ne peut plus rien y changer, ce qui l’attriste au plus haut point. Plus l’individu aurait eu un comportement moral, plus il serait entouré et en bonne compagnie. Après avoir traversé, la sphère lunaire, la sphère de Mercure et celle de Vénus, il poursuivrait son ascension à travers les sphères, solaire, de Mars, de Jupiter et de Saturne qui correspondraient à des niveaux spirituels de plus en plus élevés. Au fur et à mesure de son ascension à travers les sphères spirituelles, l'individu se dépouillerait successivement de ses corps éthérique et astral. Par la suite le processus s'inverserait et l'individualité se reconstruirait des corps au fur et à mesure de sa descente vers une nouvelle incarnation terrestre. Sources

  • Rudolf Steiner, La science de l'occulte,(1910), EAR
  • Rudolf Steiner, La vie entre la mort et une nouvelle naissance(1912), EAR
  • Pietro Archiati, La réincarnation dans la vie quotidienne, EAR, 1997
  • Irène Diet, La réincarnation sans l'esprit, histoire d'une contre-vérité, Éd. Triades, 2002

[modifier] Homme et femme

L'anthroposophie postule des différences psychologiques entre hommes et femmes. Selon cette conception, par nature, l’homme serait plus incrusté dans la matière ; il serait davantage conduit par le cerveau et l’intellect. À l’inverse, la femme serait moins profondément incarnée. Elle serait plus proche de l’intériorité de sa psyché, de l’âme, de son monde intérieur. Selon cette vision, une vie d’homme serait la cause d’une réincarnation en femme et vice versa.

[modifier] Durée entre les incarnations

Les êtres humains étant très dissemblables, la durée-type entre les incarnations (environ 2000 ans) serait susceptible de variations considérables. Par exemple, les personnalités très liées à une conception matérialiste de la vie, ou fortement marquées par l’intellectualité, auraient du mal à évoluer dans les mondes supérieurs et se réincarneraient de ce fait plus rapidement.

[modifier] La redescente sur terre

Peu de temps avant la renaissance, l’individu verrait le germe de son corps physique se lier à l'organisme de la future mère. Après la troisième semaine de développement fœtal, le Moi s'engagerait activement dans le processus de formation du corps, lui donnerait sa forme et commencerait à s’y incarner (Archiati, 1996). Le nouveau né vivrait d’abord en communion avec son environnement et son entourage. Au moment de la chute des dents, un changement majeur se produirait dans l’enfant : l’énergie vitale, pleinement investie dans le développement physique, deviendrait tout à coup partiellement disponible et pourrait se transformer en force de représentation. Le Moi ne serait complètement incarné dans le corps que vers l'âge de 20 ans.

[modifier] Controverses

[modifier] Accusations de racisme

Des accusations de racisme, se fondant sur certains écrits de Steiner, ont été formulées contre l'anthroposophie aux Pays-Bas, aux États-Unis, en Allemagne et en France.

Aux Pays-Bas, la Société anthroposophique a répliqué en mandatant une commission d'enquête chargée de soupeser les allégations de racisme dans l'œuvre de Steiner. Le 1er avril 2000, après quatre ans de délibérations, un rapport de 720 pages a été produit à partir de 245 citations litigieuses tirées de 89 000 pages. La commission a conclu que: "l'œuvre ne contient ni doctrine raciale, ni déclarations faites dans le but d'insulter certains groupes de personnes". Elle pose Steiner comme un ennemi de l'antisémitisme et du nationalisme. Il reste toutefois seize déclarations jugées discriminatoires et juridiquement litigieuses. La commission a donc proposé quelques solutions, telles que l'annotation des passages litigieux afin d'éviter le risque de malentendu et recommanda aux écoles Waldorf d'abandonner les stéréotypes raciaux. Au sein de la fédération des écoles Waldorf, un groupe d'experts aurait été mis sur pied afin de veiller à ces corrections. [réf. nécessaire]

Au sujet des écrits de Steiner : Ce dernier était issu du théosophisme qui soutenait l'existence de "Races-Mères ou Races-Racines" et de "sous-races". Les Races-Racines seraient : Hyperboréenne, Lémurienne, Atlantéenne et Post-Atlantéenne. Nous serions l'humanité de la Race-Racine Post-Atlantéenne. Durant la civilisation de l'Atlantide, l'être humain aurait généré une pluralité de races, d'abord quatre grandes races (noirs, rouges, jaunes, blancs) ainsi que quelques variantes plus tardives.

Steiner a rapidement abandonné l'idée de race pour parler plutôt de "périodes culturelles". La race est une réalité appartenant à l'Atlantide. Depuis le Déluge qui aurait mis fin à l'Atlantide, les races auraient perdu leur importance. Notons que Steiner faisait correspondre les différentes couleurs de peau (qui correspondent à une physiologie particulière) aux quatre grandes périodes du développement biographique de l'homme: les Noirs seraient l'enfance, les Orientaux l'adolescence, les Blancs l'âge mûr et les amérindiens la vieillesse. Or, tous les âges ont leur propre dignité dans cette perspective et seraient en fait de valeur égale.

Steiner parlait toutefois de races "dégénérées". Mais dans cette vision, l'hérédité ne s'applique qu'au corps; l'esprit étant d'origine spirituelle, il est perçu comme totalement indépendant de l'hérédité. Il demeure que Steiner semblait d'avis que certaines races étaient vouées à l'extinction, parce qu'elles seraient adaptées à une période révolue du développement terrestre. Ce processus de mort d'une race serait la cause des maladies qui ont ravagé les populations des Indiens d'Amérique par exemple. Steiner affirme que dans un lointain futur, l'humanité transcenderait la notion de race et que celle-ci disparaîtrait par elle-même. L'esprit humain serait, en vertu de la réincarnation, libre de s'incarner dans différentes races. Un individu trop attaché à la matière, un raciste par exemple, retomberait dans son animalité et s'emprisonnerait dans sa race. Il se réincarnerait toujours dans la même, ou dans la race qu'il autait haï. Steiner aurait dit que lorsqu'on observe un individu d'une autre couleur de peau avec un mépris raciste, on pourrait être sûr que notre future incarnation serait dans cette race. [réf. nécessaire]

En France, ces accusations de racisme ont été reprises par certains militants anti-sectes. Selon Paul Ariès, la MILS considère certaines allégations des écrits de Steiner comme étant "susceptibles d'être interprétées comme racistes et qu'exposées publiquement aujourd'hui, ces opinions pourraient faire l'objet de procédures judiciaires, en vertu des articles 225.1 et suivants du Code pénal français" [21]. Il ne prônerait pas toutefois un racisme biologique mais une vision inégalitaire et hiérarchisée du cosmos. Selon Ariès, ce serait le groupe GEMPPI qui est responsable d'avoir débusqué "les croyances et les doctrines racistes de Rudolf Steiner". Cependant l'étude produite par le GEMPPI affirme que les rares allégations de racisme relevées dans des écoles Steiner-Waldorf sont peu significatives et « sont même contraires aux comportements de beaucoup d'éducateurs des écoles Waldorf, notamment dans les townships d'Afrique du sud ou à Milwaukee » [22]

[modifier] Accusations de sectarisme

Le rapport parlementaire français sur les sectes et l'argent de 1999, sous la direction de Jacques Guyard,[23] a mis en cause l'anthroposophie. Jacques Guyard, contre qui diverses associations du mouvement anthroposophique avaient porté plainte, fut condamné en première instance pour diffamation et a été relaxé en appel. La Cour d'appel a en effet jugé que les propos en question étaient bien « diffamatoires » mais a relaxé Jacques Guyard en raison de sa « bonne foi », et parce que « Le juge n'est pas lié par les conclusions d'une Commission d'enquête et ne peut donc pas se prononcer sur la qualité des investigations menées par l'enquêteur ». La Cour a notamment relevé que l'anthroposophie inspirerait un mouvement « considéré comme une secte non seulement par la commission d'enquête française, mais aussi par une commission d'enquête belge, un rapport des Renseignements généraux de 1997 et les spécialistes du mouvement sectaire »[24].

En février 2001, le directeur du journal Le Figaro a été condamné pour diffamation par le tribunal correctionnel de Paris. Il a dû verser une amende de 15 000 F, 7 500 F au titre des frais et 1 F de dommages et intérêts. C'est le Mercure fédéral, la fédération des associations médicales anthroposophiques de France, qui a intenté la poursuite judiciaire pour dénoncer un article paru le 13 juin 2000 affirmant que « l'anthroposophie… aurait gagné son procès contre Jacques Guyard, président de la Commission parlementaire d'enquête sur les sectes et l'argent, grâce à l'appui de la scientologie ».

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Anthroposophie.

[modifier] Sources primaires : l'œuvre de Rudolf Steiner

Se rapporter à la liste de ses œuvres dans l'article qui lui est dédié.

[modifier] Sources secondaires

  • Christian Bouchet, Rudolf Steiner, Éditions Pardès, 2005.
  • Christian Bouchet, L'Anthroposophie, Éditions Pardès, 2006.
  • Serge Bramly, Rudolf Steiner, prophète de l'homme nouveau, Retz, Bibliothèque de l'Irrationnel, domaine de l'invisible, 1976.
  • Pierre Lefrançois, Le génie universel de Rudolf Steiner, Guide Ressources, 1996.
  • Marie-Thérèse Ribeycon, Steiner, la pédagogie de l'éclosion, Guide Ressources, 1996.
  • Pierre Feschotte, "L'évolution de la conscience et la mission de l'oubli", La réincarnation, théories raisonnements et appréciations, 1986.
  • Geneviève et Paul-Henri Bideau, Une Biographie de Rudolf Steiner, Éditions Novalis, Montesson, 1997.
  • Otto Julius Hartmann, Approche de l'anthroposophie, Éditions Triades, Paris, 2000.
  • Hemleben Johannes, Rudolf Steiner, Éditions Triades, Paris, 2003.
  • Nicolas Diertelé, "La spiritualité du mois: L'anthroposophie. Un chemin de connaissance"Actualité des Religions, no 18. G.R. (1999) "Rudolf Steiner" Guide Ressources, 2000.
  • Bernadette Nuoffer, "La vision anthroposophique du jeune enfant", Krakenpflege/ soins infirmiers, vol. 80, no.2, 1987.
  • Françoise Hildesheimer, Rudolf Steiner: un gourou entre science et foi, Notre Histoire, no 2263, 1988.
  • Denis Müller, "L'anthroposophie de Rudolf Steiner et son approche de la réincarnation", in Réincarnation et foi chrétienne, 1986.
  • "Anthroposophie" revue "24 heures" 7/7/1999 in "La Croix", 15/12/1999
  • C.C. (?) "L'Anthroposophie" Centre éditions de la foi et CINR BLANDRE, Bernard (oct. 2000) "Anthroposophie, les écoles Steiner inspectées"


[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Voir à ce sujet sa thèse de doctorat de philosophie Vérité et science et son livre Philosophie de la liberté
  2. Rudolf Steiner, conférence du 13 février 1923 à Stuttgart in Éveil au contact du Moi d'autrui, GA 257, Éditions Anthroposophiques Romandes.
  3. Rudolf Steiner in Comment parvient-on à des connaissances des mondes supérieurs?, 1904/1905 - GA 10, Éditions Triades
  4. Rudolf Steiner, Conférence faite à Berlin le 4 juillet 1916 in Êtres universels et Essence du Moi, GA 169, Éditions Anthroposophiques Romandes.
  5. Steiner dit dans une conférence à Berlin en janvier 1916 : « Anthroposophie n'est pas un nom nouveau. Il y a quelques années alors qu'il s'agissait de donner un nom à notre cause, je me suis souvenu d'un nom qui m'était devenu cher parce qu'un professeur de philosophie, Robert Zimmerman dont j'avais suivi les conférences, avait intitulé son ouvrage principal Anthroposophie. C'était dans les années quatre-vingt du XIXe siècle et même avant. De toute façon le terme « anthroposophie » remonte à bien plus loin dans la littérature. Il était déjà utilisé au XVIIIe siècle et même avant. Le nom est donc ancien ; nous nous en servons pour quelque chose de nouveau. Pour nous ce nom ne doit pas seulement signifier connaissance de l'homme. C'est l'intention expresse de ceux qui ont choisi ce nom. Notre science elle-même nous amène à la conviction qu'à l'intérieur de l'homme sensoriel existe un homme spirituel, un homme intérieur, en quelque sorte un deuxième homme.
    Alors que ce que l'homme peut savoir du monde grâce à ses sens et à l'intelligence qui s'en tient à l'observation sensorielle, peut être appelé « anthropologie », ce que l'homme intérieur, l'homme spirituel, est en mesure de savoir peut être appelé « anthroposophie » (in La démarche de l'investigation spirituelle, Philosophie et Anthroposophie, GA 35, Ed. Anthroposophiques Romandes, )
  6. Andréï Biély, Souvenirs sur Rudolf Steiner, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, 1996
  7. Johannes Hemleben, Rudolf Steiner, sa vie, son œuvre, Éditions Triades, Paris 2003, page 120
  8. Geneviève et Paul-Henri Bideau, Une biographie de Rudolf Steiner, Éditions Novalis, Montesson, 1997
  9. Hella Wiesberger, L'enseignement ésotérique de Rudolf Steiner et la Franc-maçonnerie, Éditions Anthroposophiques Romandes, Genève, 2004
  10. La société civile : le 3ème pouvoir Changer la face de la mondialisation par Nicanor Perlas Préfaces de Bernard Ginisty, Agnès Bertrand et Mohammed Taleb. 320 p. Editions Yves Michel
  11. Geneviève et Paul-Henri Bideau, Une Biographie de Rudolf Steiner, Édtions Novalis, Montesson 1997, Ch. 3 La triarticulation de l'organisme social.
  12. Frans Carlgren & Arne Klingborg, Éduquer vers la liberté, la pédagogie de Rudolf Steiner, Éditions Les Trois Arches, Chatou, 1992
  13. Pierre Lienhard, Friedrich Rittelmeyer, Biographie et textes d'un témoin du Christ vivant, Éditions Iona, Franchesse, 1998
  14. Friedrich Rittelmeyer, J'ai rencontré Rudolf Steiner, Éditions Triades, Paris, 1980
  15. Frans Carlgren, Rudolf Steiner et l'Anthroposophie, Éditions du Goetheanum, Dornach, 1982
  16. Pierre Masson, Guide pratique de la bio-dynamie à l'usage des agriculteurs, Mouvement de Culture bio-dynamique, Donzy-Le-national, 2007
  17. Textes rassemblés par le comte Adalbert von Keyserlingk, La Naissance de l'agriculture bio-dynamique,Édition Novalis, Montesson 2003
  18. Rudolf Steiner Comment parvenir à des Connaissances sur les Mondes supérieurs ?  » (parfois nommé l'Initiation en français) et Rudolf Steiner, La Science de l'Occulte, Leçons ésotériques, tomes 1, 2 et 3
  19. Voir la liste liste des écoles
  20. Rudolf Steiner Comment parvenir à des Connaissances sur les Mondes supérieurs ?  » (parfois nommé l'Initiation en français) et Rudolf Steiner, La Science de l'Occulte
  21. Rapport Mils 2000 (Page 56)
  22. Gemppi - Étude sur l'anthroposophie sur le site prévensectes.
  23. Rapport parlementaire français sur les sectes et l'argent (1999)
  24. Dépêche AFP, 6 septembre 2001 http://www.vigi-sectes.org/articles/art-juridique.html#Antroposophie : Relaxe en appel