Ante Marković

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Ante Marković (né le 25 novembre 1924 à Konjic, Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes (actuellement Bosnie-Herzégovine) fut le dernier premier ministre de la République Socialiste Fédérale de Yougoslavie.

Sommaire

[modifier] Biographie

De culture Croate il est diplômé du Département Électrotechnique de la Faculté Technique de l'Université de Zagreb en 1954.[1]

En 1986 il devint chef de la Présidence de la République Socialiste Croatie (devenant ainsi le 7e président Croate) en remplacement d'Ema Derosi-Bjelajac. Il occupa cette fonction jusqu'à 1988, où il fut remplacé par Ivo Latin.

[modifier] Premier Ministre de Yougoslavie: Mars 89-Décembre 91

Il devint Premier Ministre en mars 1989 après la démission de Branko Mikulić. À la fin de l'année, Marković entama un programme de réformes économiques très ambitieuses, comportant la stabilisation de la monnaie et la privatisation en ouvrant le capital des entreprises à leurs employés. Le résultat de cette réforme monétaire fut de stopper l'inflation, qui touchait la Yougoslavie depuis plusieurs décennies, ainsi qu'une hausse, brève mais spectaculaire, du niveau de vie, ce qui fit de Marković un des politiciens les plus appréciés de l'histoire yougoslave.

Marković devait son succès à son image de politique occidental moderne, ne lésinant pas sur le maquillage lors de ses apparitions télévisées, ou apparaissant dans quelques publicités télévisées. C'est ainsi qu'il devint la coqueluche des cercles libéraux qui souhaitaient la transformation de la Yougoslavie en une fédération démocratique. Marković conserva sa popularité en restant à l'écart des luttes de pouvoir au sein du Parti Communiste de Yougoslavie ou en essayant d'agir comme médiateur entre les différentes républiques issues de la Yougoslavie.

À l'éclatement de la Yougoslavie en 1990, sa popularité et le succès apparent de ses réformes étaient du côté de Marković. En juillet 1990, il créa l'Union des Forces de la Réforme (Savez reformskih snaga), parti politique plaidant pour une Yougoslavie fédérale et réformée. Selon un sondage commandé par le SIV (Conseil exécutif fédéral), son parti avait le soutien de 14% de la population de Bosnie-Herzégovine et moins de 5% dans les autres républiques.[2]

Son programme fut saboté par Slobodan Milošević et le gouvernement Serbe, et l'autorité du gouvernement fédéral fut amoindri par les sécessions de la Slovénie et de la Croatie. Dans les derniers mois de son mandat, Marković essaya de trouver un compromis entre les sécessionnistes et ceux qui réclamaient le maintien de l'union Yougoslave en une seule entité. Ses réformes, malgré leur poursuite par les gouvernements de Bosnie-Herzégovine et de Macédoine, ont finalement échoué, car l'armée - qui devait être un de leurs principaux soutiens - prit finalement le parti de Milošević et des nationalistes Serbes.

En 1991, les États-Unis suspendirent toutes les aides financières à la Yougoslavie jusqu'à ce que les 6 républiques organisent des élections libres (1991 Foreign Operations Appropriations Law 101-513), contribuant ainsi à une nouvelle déstabilisation de l'économie, qui s'ajoutait à une importante dette extérieure.[3]

Marković resta en fonction même après le début de la guerre, et démissionna seulement en décembre 1991, isolé et sans aucun pouvoir. Il disparut ensuite de la vie publique avant d'être pressenti comme premier ministre de Tuđman en raison de sa compétence sur le plan économique. Le poste échut finalement à Nikica Valentić, qui utilisa une nouvelle fois les recettes de Marković pour stopper l'inflation.

[modifier] Après la guerre

Marković s'investit alors dans une carrière d'homme d'affaires, et travailla comme consultant économique pour le gouvernement Macédonien au début des années 2000.

Il fut cité comme témoin au procès de Slobodan Milošević au Tribunal Pénal pour l'Ex-Yougoslavie en 2003. Son apparition rompit 12 ans de silence ; après sa déposition, il donna une interview au magazine Globus (de Zagreb). Dans son témoignage il déclara que Tuđman et Milošević lui avaient confirmé qu'en mars 1991 ils avaient conclu à Karađorđevo un accord pour l'écarter de la vie politique.[4]

[modifier] References

  1. Kristijan Zimmer, « Dodijeljene Zlatne diplome i priznanja "Josip Lončar" », 2004
  2. Danas
  3. Sara Flounders, « Origins of the breakup—a U.S. law », 1995
  4. Croatian News Agency, « Report on Marković's testimony on ICTY », 2003

[modifier] Liens externes