Angilbert

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'''Saint Angilbert'''
Simple moine à abbaye de Centule
Naissance 740
Aix-la-Chapelle
Décès 18 février 814  (environ 74 ans)
abbaye de Centule, en Picardie
Nationalité Franc
Canonisation Il ne sera jamais canonisé
Vénéré par L'Église catholique romaine
Fête le 18 février
Serviteur de Dieu - Vénérable - Bienheureux - Saint

Saint Angilbert, Angilberk, né vers 740 à Aix-la-Chapelle et mort le 18 février 814 à l’abbaye de Centule, en Picardie[1] est un proche de Charlemagne, l’un de ses diplomates et un poète. Comte de Ponthieu, septième abbé de l'abbaye de Centule[2] , il vit deux ans avec l’une des filles de l’empereur. Angilbert finit sa vie comme simple moine à abbaye de Centule. Angilbert est vénéré comme un saint, le jour de sa mort, au 18 février.

Sommaire

[modifier] Sa famille

Malgré des généalogistes affirmant que sa famille possédait le Ponthieu depuis le VIe siècle, affirmations reprises sans dicernement par des biographes au XIXe siècle[3], on ne peut rien dire à propos de l'ascendance paternel d'Angilbert si ce n'est que son père se nommait Nithard et possédait des biens dans le Saalgau[4]. Son père est marié à Richarde, fille du comte Jérôme, lui-même fils bâtard de Charles Martel[5]. A la fin de ce même siècle Angilbert, est établi duc et gouverneur du Ponthieu ou plutôt de la Côte Maritime[6].

[modifier] Biographie

[modifier] Sa jeunesse

Raban Maur (gauche), soutenu par Alcuin (milieu), dédicace son œuvre à l'archevêque Otgar de Mayence (droite)
Raban Maur (gauche), soutenu par Alcuin (milieu), dédicace son œuvre à l'archevêque Otgar de Mayence (droite)

Angilbert est élevé à la cour de Charlemagne, où il est l'élève et l'ami du grand érudit Anglo-saxon Alcuin, dont il devient le disciple. Il est destiné à l'état ecclésiastique et reçoit des ordres mineurs tôt dans la vie. Il acquiert une grande connaissance des lettres humaines et va continuer à se perfectionner dans cette connaissance sous la direction d'Alcuin tout le reste de sa vie et de suivre les conseils d’Adélard de Corbie.

[modifier] Au service du roi des Lombards (781-791)

Lorsque Charlemagne envoie son jeune fils Pépin (777- 810), en Italie, comme roi des Lombards, en 781, Angilbert l’accompagne. Il devient son primicerius palatii et un haut administrateur de Pépin et son ami. Il l’assiste pendant un certain temps dans le gouvernement de l'Italie. Son rôle est d’être un grand commis de l’état laïc. Charlemagne le fait ensuite chef du conseil de Pépin, roi d'Italie et fils de Charlemagne en 791. Angilbert est aussi comte de Rouen en 787.

[modifier] Mariage ou relation avec Berthe de France[7]

Louis le Pieux, son frère, le 11 septembre 813, fait bannir Bertha de la cour.
Louis le Pieux, son frère, le 11 septembre 813, fait bannir Bertha de la cour.

Berta de France (Bertrada ou Berta), née en 779 ou 780 à Aix-la Chapelle, morte après le 14 janvier 823 est la fille de Chalemagne et de Hildegarde de Vintzgau. Vers 789, le roi Offa de Mercie demande sa main pour son fils, le futur roi Ecgfrith de Mercie, en échange du mariage d'une de ses filles avec Charles le jeune, fils de Charlemagne. Mais ce dernier, craignant peut-être de donner ainsi un otage, rompt les négociations. A partir de 788, elle vit maritalement avec Angilbert et ils ont des enfants. Selon certaines sources Charlemagne lui fait épouser en secret sa fille. Selon d’autres sources le mariage n’a lieu qu’après la naissance des enfants[8]. Il faut toutefois préciser qu'en 788, Bertha a 9 ans et elle ne peut pas avoir d'enfants avec Angilbert. L'an 800 semble une date plus probable pour la naissance de leurs deux fils.

Cette intrigue de Angilbert, souvent considéré comme un mariage, sera contestée par certains érudits catholiques, puis sera admise et un autre Angilbert, celui-là du XIIe siècle, son biographe, précisera que l'abbé avant sa mort n'a aucune envie de faire pénitence pour ce mariage, et l'historien Nithard, qu’il citera, affirme que Angilbert est son père.

Bertha ne vit toutefois que deux années avec Angilbert, car celui-ci, à la suite d'une grave maladie y voit une punition de Dieu[9].

A l'avènement du frère de sa femme, Louis le Pieux, le 11 septembre 813, Bertha de France est bannie de la cour. Mais, elle a pris le voile bien avant cette date. Elle vit à l’abbaye de Centule au côté de son ancien compagnon[10].

[modifier] La défense des Provinces maritimes (791-814)

A son retour en France, en 791, Angilbert est chargé par Charlemagne de la défense et du gouvernement des côtes septentrionales de l'Empire de l'Escaut à la Seine. Il établit sa résidence au château de Centule, en Ponthieu, près de l'endroit où se trouve l'abbaye fondée par saint Riquier[11]. Il a une grande dévotion pour ce saint abbé en raison des miracles qui s'opèrent autour de son tombeau. Atteint d'une grave maladie, il fait vœu de se faire religieux à Centule s'il recouvre la santé. A peine guéri, il doit défendre ses terres contre les irruptions des Vikings. Il remporte une grande victoire, qu'il attribue à l'intercession du saint, et va devoir dès lors accomplir son vœu[12].

[modifier] Diplomate (792-800)

Charlemagne et le pape Adrien Ier.
Charlemagne et le pape Adrien Ier.

Angilbert est envoyé à plusieurs reprises comme envoyé au pape, et il est imputé sur lui qu'il s'est identifié avec le point de vue quelque peu hétérodoxes de Charlemagne dans la controverse sur les images. Angilbert livre le document sur Iconoclasm du francique Synode de Francfort à Adrien Ier (792-795), et va être envoyé sur trois importantes ambassades au pape, en 792, 794 et 796. Charlemagne ne le laisse pas s'enterrer vivant complètement dans l'obscurité de sa tranquille solitude, mais il utilise ses vertus et ses talents pour le bien public de l'Église et de l'État. Il en fait son archichapelain, l'envoie trois fois à Rome en qualité d'ambassadeur. La première fois, en 792, il y mène Félix d'Urgel, pour lui faire abjurer son hérésie devant le pape Adrien Ier[13], la seconde fois pour porter au même pape un mémoire au sujet du IIe concile de Nicée et du culte des saintes images, la troisième fois pour s'assurer de la fidélité du peuple romain sous le pape Léon III et offrir des présents à l'église Saint-Pierre. Enfin, en 799, il suit encore à Rome, Charlemagne, qui vient recevoir la couronne impériale. En l'an 800, il a l'honneur de recevoir Charlemagne comme son invité. Il semble probable que Angilbert à cette période mène une vie très mondaine et en rien monastique. Angilbert est aussi cité en 795 comme surintendant (provisor) des domaines royaux.

[modifier] Poète et historien

Charlemagne, entouré des ses principaux officiers, reçoit Alcuin qui lui présente des manuscrits, ouvrage de ses moines, Victor Schnetz.
Charlemagne, entouré des ses principaux officiers, reçoit Alcuin qui lui présente des manuscrits, ouvrage de ses moines, Victor Schnetz.

Ses poèmes révèlent la culture et les goûts d'un homme du monde, jouissant de la plus grande intimité avec la famille impériale. Surnommé l'Homère de la cour, il cultive la poésie avec succès, et est membre de l'Académie Palatine où il occupe le siège d'Homère. L'auteur Dufresne de Francheville, en utilisant quelques écrits d'Angilbert, écrira Histoire des premières expéditions de Charlemagne, roman qui sera attribué à tort à Angilbert[14]. Angilbert est probablement l'auteur d'une épopée, dont l'extrait sera préservé et qui décrit la vie au palais et la rencontre entre Charlemagne et Léon III. Il s'inspire de Virgile, Ovide, Lucain et Venance Fortunat, mais aussi Eginhard et Suétone. Ses poèmes courts comporte outre un hommage à Pépin à son retour de la campagne contre les Avars (796), une épître à David (Charlemagne) et révèle d'ailleurs une image du poète vivant avec ses enfants dans une maison entourée d'un joli jardin, dans le palais de l'empereur. La référence à Bertha, cependant, est distante et respectueuse. Son nom figure sur la liste des princesses, auxquelles il envoie ses salutations.

Charlemagne trouve le moyen d’utiliser ses talents dans l’intérêt de la religion et des sciences. Angilbert s’applique à protéger les arts et les lettres et à répandre ainsi la lumière et les bienfaits au sein de sa paisible retraite[15]. L'Académie Palatine est à l’origine de la production accrue de l'écrit et entraîne l'apparition de très grandes bibliothèques, comme celle d'Angilbert, à l'abbaye de Saint-Riquier[16].

[modifier] Abbé (788), puis moine

Copiste dans une abbaye
Copiste dans une abbaye

Il se retire dans l’abbaye de Centule ou de Saint-Riquier, sans quitter néanmoins son gouvernement[17].

Angilbert est primicier de la chapelle royale (791-794). A Centule, Angilbert est, paraît-il, un sujet d'édification pour tous les religieux par une humilité sincère et les pratiques d'une austère pénitence dès 788. A la mort de l'abbé Symphorien, les moines, d'un commun accord, élisent Angilbert pour le remplacer, et ce choix a la pleine approbation de Charlemagne. Le nouvel abbé s'occupe tout à la fois du spirituel et du temporel de son abbaye; il rebâtit presque en entier le monastère, augmente le nombre des religieux, rétablit l'observance de la Règle dans sa première rigueur par ses exemples tout autant que par ses instructions, donne tous ses soins à la digne célébration des saints Offices et enrichit son abbaye d'un grand nombre de reliques. Selon la légende, Angilbert prend dès 790, l'habit de Saint-Benoît, à l'abbaye de Saint-Riquier, dont il édifie la nouvelle église, élu abbé de ce monastère en 792. Il n'est pas rare pour les princes mérovingiens, carolingiens ou plus tard, les rois de se faire abbés laïcs de monastères. Le non-religieux utilise les revenus du monastère pour leurs dépenses personnelles et les moines font cadeau de leurs biens pour les dépenses de la fondation. Angilbert, en revanche, dépense sa fortune pour la reconstruction Centule, terminé à Pâques de l'année 800. Toutes ces absences n'empêchèrent pas les moines de Centule de considérer Angilbert pour leur abbé. Angilbert souscrit en 811 au testament de Charlemagne et devait être d'après cet acte, l'exécuteur des dernières volontés de l'empereur. Angilbert est l'un des témoins des dernières volontés de Charlemagne le 28 janvier 814[18]. Il meurt peu de temps après son empereur le 18 février 814 et est inhumé en l'église du Saint-Sauveur et de Saint-Richard de son monastère.

[modifier] Sa descendance

Angilbert ont au moins deux fils L'Univers histoire et description de tous les peuples … p.662 :

  • Nithard (800-15 mai 845), historien, avoué de Saint-Riquier, homme d'Église franc. Il déclarera : le corps d’Angilbert a été retrouvé non décomposé quelques années après son enterrement.

Les poèmes de Angilbert seront publiés par Ernst Dümmler dans sa Monumenta Germaniae Historica.

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Mémoires, par Birago Diop, Marc, Caussidiere, p.602 et Encyclopædia Britannica
  2. Moreri, Le grand dictionnaire historique
  3. comme le Biographie universelle (Michaud) ancienne et moderne, par Joseph Fr. Michaud, Louis Gabriel Michaud.
  4. Foundation for Medieval Genealogy : Family of Nithard. Le Saalgau était un petit comté au nord-ouest de la Bavière (article que Wikipedia en allemand)
  5. Patrick Van Kerrebrouck, Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1 : La Préhistoire des Capétiens (par Christian Settipani), 1993 [détail des éditions], p. 206 et 361
  6. Monnaies féodales de France, par Faustin Poey d'Avant, p.385.
  7. (788-790) ou vers 800
  8. Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes..., publié sous la dir. de M. Michaud, tome I, p.698
  9. Nithard. Ilist., lib. IV; Ann. Pith., a., p. 372. ... et Alcuin et Charlemagne avec des fragments d'un commentaire inédit d'Alcuin sur ... - Page 146 de Francis Monnier - 1863 - 376 pages
  10. Charlemagne, par Jean-Baptiste Honoré Raymond Capefigue, M. Capefigue, p.296 et De Vita Angilberti, Gall. Hist. Collect., t.V.
  11. L'Univers histoire et description de tous les peuples … p.662
  12. Description historique de l'église de l'ancienne abbaye royale de Saint ..., par Antoine Pierre M. Gilbert, p.11
  13. Description historique de l'église de l'ancienne abbaye royale de Saint ..., Par Antoine Pierre M. Gilbert, p.12
  14. Description historique de l'église de l'ancienne abbaye royale de Saint ..., par Antoine Pierre M. Gilbert, p.3
  15. Description historique de l'église de l'ancienne abbaye royale de Saint ..., Par Antoine Pierre M. Gilbert, p.12
  16. L'École palatine, Erudition et savoir à l'époque carolingienne
  17. L'art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des ..., par Maur-François Dantine, Charles Clémencet, Saint-Allais (Nicolas Viton), François Clément, Ursin Durant, p.318
  18. La mort de Charlemagne
  19. Biographie universelle, ancienne et moderne, ou, Histoire par ordre ... , par Joseph Fr. Michaud, Louis Gabriel Michaud, p.429.

Patrick Van Kerrebrouck, Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1 : La Préhistoire des Capétiens (par Christian Settipani), 1993 [détail des éditions]

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes



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