Anarcha-féminisme

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L'anarcha-féminisme (également appelé anarcho-féminisme), qui combine féminisme et anarchisme, voit la domination des hommes sur les femmes comme l'une des premières manifestations de la hiérarchie dans nos sociétés. Le combat contre le patriarcat est donc pour les anarcha-féministes partie intégrante de la lutte des classes et de la lutte contre l'Etat, comme l'a formulé Susan Brown: "Puisque l'anarchisme est une philosophie politique opposée à toute relation de pouvoir, il est intrinsèquement féministe"[1]. L'anarcha-féminisme peut apparaitre sous forme individuelle, comme aux Etats-Unis, alors qu'en Europe il est plus souvent pratiqué sous forme collectiviste[2].

Sommaire

[modifier] Histoire

L'anarcha-féminisme s'inspire d'écrivaines de la fin du XIXe siècle telles Emma Goldman, Lucy Parsons et Voltairine de Cleyre. L'idéologie est pour la première fois mise en pratique en 1936 lors de la Guerre Civile espagnole, par le groupe Mujeres Libres (Femmes Libres).

Les anarcho-féministes critiquent certains théoriciens anarchistes traditionels, comme Pierre-Joseph Proudhon ou Mikhail Bakunin, pour avoir minorisé le probleme du patriarcat, rendu une simple conséquence du capitalisme, ou pour l'avoir supporté. Proudhon, par exemple, considérait la famille comme une société sous sa forme première, où les femmes avaient la responsabilité de remplir le role traditionnel.

[modifier] Thèmes

Un des aspects principaux de l'anarcha-féminisme est son opposition aux conceptions traditionnelles de la famille, de l'éducation et du role des sexes[3], opposition traduite notamment dans sa critique de l'institution du mariage[4]. De Cleyre affirme que le mariage freine l'évolution individuelle[5], tandis que Goldman écrit : "Le mariage est avant tout un arrangement économique [...] la femme le paye de son nom, de sa vie privée, de son estime de soi et meme de sa vie"[6]. L'anarcha-féminisme défend donc une famille et des structures éducatives non-hiérarchiques, comme les Ecoles Modernes, basées sur les idées de Francisco Ferrer[7].

De nos jours, l'anarcho-féminisme a une forte influence sur l'écoféminisme: "Les écoféministes doivent remarquer qu'à part les anarcho-féministes, aucun mouvement féministe ne s'est préoccupé de la division nature/culture"[8]. Les rassemblements anarcha-féministes modernes les plus notables sont Mujeres Creando en Bolivie, Radical Cheerleaders aux Etats-Unis, et la conférence annuelle La Rivolta! à Boston.

L'anarcho-primitivisme est une autre forme d'anarchisme à impliquer une idéologie féministe. Inspirés des travaux d'anthropologistes tels Jared Diamond[9] et Eleanor Leacok, qui décrivent dans certaines sociétés passées une relation égalitaire entre hommes et femmes, les anarcho-primitivistes soutiennent que l'agriculture a donné naissance non seulement à la distinction des classes, mais également au patriarcat et au sexisme[10].

[modifier] Liens internes

Écoféminisme
Féminisme radical

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Brown, p.208
  2. Judy Greenway, Feminism: Anarchist
  3. Emma Goldman, Marriage and Love
  4. Emma Goldman, Marriage and Love
  5. Voltairine de Cleyre, They Who Marry Do Ill (1907)
  6. Emma Goldman, Marriage and Love
  7. Paul Avrich, The Modern School Movement: Anarchism and Education in the United States
  8. Nacy Tuana & Rosemarie Tong, Feminism and Philosophy, Westview Press (1995)
  9. [1] http://www.environnement.ens.fr/perso/claessen/agriculture/mistake_jared_diamond.pdf
  10. John Zerzan, Patriarchy, Civilization, and the Origins of Gender