Voltairine de Cleyre

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Voltairine de Cleyre
Photographie de Voltairine de Cleyre, Philadelphie, Noël 1891
Photographie de Voltairine de Cleyre, Philadelphie, Noël 1891
Nom Voltairine de Cleyre
Naissance 17 novembre 1866
à Leslie (États-Unis)
Décès 6 juin 1912 (à 46 ans)
à Chicago (États-Unis)
Occupation Militante anarchiste

Voltairine de Cleyre, née le 17 novembre 1866 à Leslie, Michigan et morte le 6 juin 1912 à Chicago, Illinois était une activiste anarchiste américaine.

Voltairine de Cleyre était, selon Emma Goldman, « la femme anarchiste la plus douée et la plus brillante que l’Amérique ait jamais produit » et pourtant, elle est inconnue, même de la plupart des anarchistes.

[modifier] Biographie

Née dans une famille d’origine française, Voltairine de Cleyre doit son prénom à son père libre-penseur et grand admirateur de Voltaire, Auguste de Cleyre. Celui-ci étant retourné dans le sein de l’Église, il place Voltairine de force dans un couvent à l’adolescence. Cette expérience, associée aux liens de sa famille avec le mouvement abolitionniste et le Chemin de fer clandestin, la dureté et la persistance de la pauvreté dans laquelle elle a grandi ajoutée à son nom de baptême, l’a rendue athée. Ceci a certainement contribué à la rhétorique radicale qu’elle a développé peu de temps après son adolescence.

Elle commence à s’impliquer dans le mouvement libre-penseur (principalement anti-catholique et anticlérical) après sa sortie du couvent en donnant des conférences et des articles aux périodiques libres-penseurs. Au début des années 1880, sa présence dans le mouvement libre-penseur est influencée par Thomas Paine et surtout Mary Wollstonecraft, ainsi que de Henry David Thoreau, Big Bill Haywood, Clarence Darrow, et plus tard Eugene Debs. Elle devient anarchiste après la pendaison, le 11 novembre 1887, des quatre martyrs anarchistes de l’émeute de Haymarket. « Jusqu’alors, je croyais en la justice essentielle de la loi américaine, au procès par un jury », écrit-elle dans un essai autobiographique datant de 1914, « après cela, je n’ai jamais pu. »

Elle était connue pour être une excellente oratrice et rédactrice. Selon son biographe Paul Avrich, elle possédait « un talent littéraire plus grand que celui de n’importe quel autre anarchiste américain » et, selon Goldman, en tant qu’avocate inlassable de la cause anarchiste dont « l’ardeur religieuse marquait tout ce qu’elle entreprenait […] Sa nature tout entière était celle d’une ascète. »

Emma Goldman, qui estimait Voltairine de Cleyre, a écrit un essai en sa défense. Cependant, les deux femmes étaient en désaccord sur quelques points-clé. Voltairine de Cleyre a commencé à fréquenter pour plusieurs années les anarchistes individualistes dont elle a adopté les idées. Dans son essai de 1894 intitulé In Defense of Emma Goldman and the Right of Expropriation, (Défense d’Emma Goldman et du droit d’expropriation), elle a soutenu le droit d’expropriation tout en restant neutre en ce qui concerne la tentative de le faire appliquer : « Je ne pense pas que la moindre parcelle de chair humaine sensible vaille tous les droits de propriété de la ville de New York… Je dis que c’est à vous de décider si vous mourrez de faim ou de froid à la vue de vivres et de vêtements, hors de prison ou si vous commettrez quelque acte manifeste contre l’institution de la propriété […] Et en disant ceci, je ne cherche pas à remettre en cause ce que Mlle Goldman fait par ailleurs. Nos vues divergent en ce qui concerne l’économie et la morale […] Miss Goldmann est communiste et je suis individualiste. Elle désire abolir le droit de propriété tandis que je désire le soutenir. »

Par la suite, Voltairine de Cleyre a néanmoins fini par rejeter également l’individualisme : « Le socialisme et le communisme exigent un degré d’effort commun et d’administration qui engendrerait plus de règles qu’il n’en faudrait pour être conforme à l’anarchisme idéal ; reposant sur la propriété, l’individualisme et le mutualisme impliquent un développement du policier privé entièrement incompatible avec ma notion de la liberté. » Elle est devenue, à la place, l’une des avocates les plus en vue d’un « anarchisme sans adjectifs », une faction de l’anarchisme se concentrant sur l’harmonie entre ses diverses factions, et n’a rien préconisé au-delà de la conception de base de l’anarchisme comme idéologie anti-étatiste et anticapitaliste. Dans The Making of an Anarchist (Biographie d’une anarchiste), elle écrit : « Je ne me m’appelle plus autrement que simple anarchiste. »

Dans son essai de 1912, largement cité aujourd’hui, en défense de l’action directe, elle souligne des exemples tels que ceux de la Boston Tea Party en faisant remarquer que « l’action directe a été toujours employée et jouit de la sanction historique de ceux-là même qui la réprouvent actuellement. »

Son essai de 1914, Sex Slavery (L’esclavage sexuel), condamne les idéaux de beauté qui encouragent des femmes à se déformer le corps et les pratiques éducatives qui forment de façon artificielle les enfants selon qu’ils appartiennent à un sexe ou un autre. Le titre de l’essai réfère non pas à la prostitution, bien que ce sujet soit également mentionné, mais plutôt aux lois du mariage permettant aux hommes de violer leurs épouses sans conséquences. De telles lois font de « chaque femme mariée ce qu’elle est, une esclave qui prend le nom de son maître, le pain de son maître, les ordres de son maître et sert ses passions. »

Voltairine de Cleyre s’est également opposée avec force à l’existence d’une armée en temps de paix, arguant du fait que son existence rend les guerres plus probables. Dans son essai de 1909 intitulé Anarchism and American Traditions (L’anarchie et les traditions américaines), elle propose, afin d’obtenir la paix, que « toutes les personnes aimant la paix devraient retirer leur soutien à l’armée et exiger de tous ceux qui souhaitent faire la guerre qu’ils la fassent à leurs propres frais et à leurs propres risques ; que ni salaire ni pension ne soit octroyés à ceux qui choisissent de faire commerce d’homicide. »

Voltairine de Cleyre était proche de Dyer D. Lum, « son professeur, son confident, son camarade » et inspirateur. Le 12 juin 1890, elle a donné naissance à un fils, Harry, engendré par le libre-penseur James B. Elliot. Elle a été sujette toute sa vie à la dépression et à la maladie. Elle a essayé de se suicider à au moins une occasion et a survécu à une tentative d’assassinat le 9 décembre 1902. Son assaillant, Herman Helcher, était un ancien élève auquel elle a pardonné plus tard, écrivant : « Ce serait un outrage à la civilisation s’il était envoyé en prison pour un acte qui était le produit d’un esprit malade ».

Un recueil de ses discours, The First Mayday: The Haymarket Speeches, 1895-1910 (Le premier 1er mai : Les discours de Haymarket, 1895-1910) ont été édités par le Libertarian Book Club en 1980 et en 2004, AK Press a également publié un manuel, The Voltairine de Cleyre Reader, édité par AJ Brigati.

[modifier] Liens externes