Agnès Sorel

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Portrait d'Agnès Sorel d'après Jean Fouquet
Portrait d'Agnès Sorel d'après Jean Fouquet

Agnès Sorel est née au début du XVe siècle, fort probablement dans les années 1420. Elle devint la favorite du roi de France Charles VII.

Sommaire

[modifier] Sa jeunesse

Le lieu de sa naissance divise encore les historiens. Certains pensent qu’elle est née à Fromenteau en Touraine, d’autres situent cette naissance en Picardie, à Coudun, près de Compiègne, d’où étaient originaires son père, Jean Soreau ou Jean Sorel, seigneur de Coudun, et sa mère, Catherine de Maignelais, châtelaine de Verneuil-en-Bourbonnais. Agnès Sorel avait quatre frères : Charles Sorel, André Sorel, Jean Sorel et Louis Sorel. Certains membres de la famille ne sont pas inconnus pour les historiens : Geoffroy Sorel, qui fut évêque, et Jean de Maignelais, capitaine de Creil. Comment la fille de Jean Soreau devint-elle Agnès Sorel ? Fut-elle marié avec Regnaut de Sorel comme le dit Le Vasseur ?

C’est en Picardie qu’elle reçut une éducation soignée. On l’y prépara à occuper à la cour la charge enviée de demoiselle de compagnie d'Isabelle de Lorraine, reine de Sicile et femme du roi René. Cette charge n'était pas convoitée pour les avantages matériels qu’elle procurait : Agnès Sorel recevait dix livres par an. Cette charge lui était destinée dès son plus jeune âge du fait de sa naissance et des recommandations dont elle bénéficiait.

[modifier] À la cour

Sa jeunesse et sa beauté vont très rapidement la faire remarquer par le roi de France, Charles VII, le petit roi de Bourges, ce dauphin sans beauté, sans grande intelligence et sans fortune, fils d'un roi fou et d'Isabeau de Bavière, considérée par nombre de ses contemporains comme une ogresse (peut-être à cause de ses appétits que le roi ne pouvait satisfaire à cause de sa folie).

Pierre de Brézé, qui a remarqué les regards de son suzerain pour cette nouvelle venue à la cour, présente à Charles VII celle qui sera regardée comme la plus jolie femme du royaume.

Très rapidement, en 1444, Agnès Sorel passe du rang de demoiselle d’honneur d’Isabelle de Lorraine à celui de première dame officieuse du royaume de France. Officiellement, elle est demoiselle de la maison de la reine Marie d'Anjou. Elle a le statut de favorite officielle, ce qui est une nouveauté : les rois de France avaient jusque-là des maîtresses mais elles devaient rester dans l'ombre. Charles VII a d'ailleurs eu d'autres maîtresses, mais elles n'ont pas eu l'importance d'Agnès Sorel. Son art de vivre et ses extravagances rejettent la reine dans l’ombre. Les voiles et autres guimpes sont abandonnés, et elle invente le décolleté épaules nues qualifié de « ribaudise et dissolution » par les chroniqueurs de l’époque. De vertigineuses pyramides surmontent sa coiffure. Des traînes de huit mètres de long allongent ses robes bordées de fourrures précieuses : martre ou zibeline. En cette année 1444, le roi lui offre vingt mille six cents écus de bijoux dont le premier diamant taillé connu à ce jour.

Portrait d'Agnès Sorel datant du XVe siècle
Portrait d'Agnès Sorel datant du XVe siècle

Pour se procurer ces atours précieux, elle devient la meilleure cliente de Jacques Cœur, marchand international et grand argentier du roi, qui a amassé des trésors venus d’Orient dans son palais de Bourges. Elle consomme de grandes quantités d'étoffes précieuses et, bien sûr, toutes les femmes de la cour l’imitent.

Mais Agnès n’est pas qu’une jeune femme frivole. Elle est aussi une intrigante habile. C’est ainsi qu’elle impose ses amis au roi ou s'acquiert la faveur des conseillers de la Couronne, qui voient en elle le moyen de s’assurer la bienveillance royale. C’est grâce à ces manœuvres que le roi, en l'espace de quelques mois, lui octroie les fiefs de Beauté-sur-Marne (d’où son surnom de « Dame de Beauté »), Vernon, Issoudun, Roquesezière et lui offre le domaine de Loches.

Le dauphin, futur Louis XI, ne supporte pas la relation d’Agnès avec son père le roi Charles VII. Il estime que sa mère est bafouée et a de plus en plus de mal à l'accepter. Un jour il laisse éclater sa rancœur et poursuit, l’épée à la main, l’infortunée Agnès dans les pièces de la maison royale. Pour lui échapper, elle se réfugie dans le lit du roi. Charles VII, courroucé par tant d’impertinence, chasse son fils de la cour et l’envoie gouverner le Dauphiné.

[modifier] La vie avec le roi

Ensuite, s’écoulent de longues années de bonheur, jalonnées par des voyages à travers cette France en forme de S renversé. Agnès attend à Razilly près de Chinon, à Beaulieu près de Loches, à Dames près de Mehun-sur-Yèvre, le retour du guerrier ou du chasseur. Croyante, elle fait régulièrement des pèlerinages et des offrandes à l'Église. Elle donne à son royal amant trois filles, les « bâtardes de France », qu'il légitime :

Ces naissances font écrire aux moralistes Thomas Basin et Jean Jouvenel des Ursins qu’Agnès est responsable du réveil sensuel de Charles VII. Ils jugent sévèrement sa liberté de mœurs et l’accusent de faire de ce roi « chaste » un roi débauché, entièrement soumis à ses maîtresses.

Est-ce Agnès Sorel qui souffle à Charles VII que la réorganisation des finances royales passe par la reconquête de la Guyenne et de la Normandie occupées par les Anglais ? Toujours est il que c'est alors qu'elle allait mettre au monde un quatrième enfant, qu'Agnès entreprend, en plein hiver, d'aller retrouver le roi à Rouen où il commande son armée. Nul ne connaît les raisons de ce voyage ; se languissait-elle de son royal amant, ou voulait elle le prévenir d'un nouveau complot ourdi par le dauphin, futur Louis XI ?

[modifier] Les enfants issus de la liaison d'Agnès Sorel avec Charles VII

[modifier] Sa mort

Dès qu’elle est installée par Charles au manoir de la Vigne au Mesnil-sous-Jumièges près de Rouen, elle est soudainement prise d'un « flux de ventre » et meurt en quelques heures, non sans recommander son âme à Dieu et à la Vierge Marie. Elle a le temps de léguer ses biens à la collégiale de Loches pour que des messes y soient dites pour le repos de son âme, à l'abbaye de Jumièges où est déposé son cœur, ainsi qu'aux membres de sa famille et au roi à qui elle lègue ses bijoux. Celle qui fut la première maîtresse officielle d’un roi de France, meurt à l’âge de vingt-huit ans au Mesnil-sous-Jumièges, le 9 février 1450. L'enfant meurt quelques semaines après elle.

Sa mort est si rapide qu’on croit tout d’abord à un empoisonnement. On accuse même Jacques Cœur, qui fut sans doute plus qu’un ami et qu'elle avait désigné comme exécuteur testamentaire, de l’avoir fait assassiner, mais il fut lavé de ce chef d’inculpation. Les soupçons se portèrent alors jusqu'au XXIe siècle sur le dauphin, le futur Louis XI, ennemi du parti qu’elle soutenait.

Une autopsie de son cadavre a révélé en 2004-2005 que son tube digestif était infesté d'ascaris, et qu'elle avait absorbé du mercure, comme dernier recours pour s'en débarrasser. C'est l'ingestion de ce métal lourd qui a entraîné une mort très rapide. Cependant, les doses de mercure observées lors de l'autopsie sont telles (cent mille fois la dose thérapeutique) qu'il est difficile de croire à une erreur médicale. L'empoisonnement n'est donc pas à écarter. Parmi les coupables idéaux restent sa cousine germaine, Antoinette de Maignelais, qui trois mois après la mort d'Agnès Sorel prenait sa place dans le lit du roi, et son médecin, Robert Poitevin, qui toucha une partie de l'héritage.

[modifier] Sa sépulture

Le tombeau d'Agnès Sorel au château de Loches (avant 2005)
Le tombeau d'Agnès Sorel au château de Loches (avant 2005)

Éploré, le roi commande deux magnifiques tombeaux de marbre, l’un se trouve à Jumièges en Seine-Maritime et contient son cœur, l’autre est à Loches et son corps y repose.

On mit le second de ces tombeaux dans le choeur de la Collégiale Saint-Ours de Loches. Ce tombeau fut déplacé dans la nef en 1777 sur ordre de Louis XVI qu'on avait persuadé qu'il gênait les services religieux.

En 1794, après que son tombeau eut été saccagé par les "volontaires" de l'Indre, ses restes furent mis dans une urne et déposés dans le cimetière du chapitre. Le préfet Pomereul décida de la remise en place du tombeau dans le Logis royal, on l'a déplacé en 1970 dans une autre salle du chateau.[1]

En 2005, les restes des ossements d'Agnès Sorel ont fait l'objet d'une longue série d'analyses effectuées à la demande du Conseil Général d'Indre-et-Loire et son président en charge du patrimoine Jean-Yves Couteau. L'étude fut lancée et financé par le Conseil Général propriétaire du tombeau et des restes d'Agnès Sorel furent confiés à Philippe Charlier et vingt-deux spécialistes de dix-huit laboratoires et institutions. Ce groupe était coordonné par le docteur Philippe Charlier (service d'anatomie et cytologie pathologiques, CHU de Lille ; École pratique des hautes études). Ils ont révélé qu'Agnès Sorel a été victime d'une intoxication aiguë au mercure, sans que l'on puisse conclure quant au caractère criminel ou non de cette intoxication. « À cette époque, les sels de mercure servaient comme traitement vermifuge. Or on sait que la dame souffrait d'une infection parasitaire intestinale, d'après nos examens. Mais là, il y a vraiment une dose excessive donnée par accident ou volontairement. Nous ne pouvons l'affirmer. » a déclaré le docteur Philippe Charlier. Le 2 avril 2005, une manifestation officielle en présence du ministre de la culture présentait les résultats des travaux commandés.

[modifier] Les représentations d'Agnès Sorel

Agnès Sorel était blonde avec la peau claire. Certains de ses contemporains disent qu'entre les belles c'était la plus belle du monde. Suivant la mode de l'époque, elle portait de profonds décolletés qui laissaient voir sa poitrine.

La Vierge représentée sous les traits d'Agnès Sorel
La Vierge représentée sous les traits d'Agnès Sorel

Les représentations qui restent d'Agnès Sorel sont :

Agnès Sorel est vraisemblablement le modèle de cette vierge Marie couronnée. Elle est représentée avec une petite bouche, un front haut et avec un sein découvert.

  • son gisant

Une statue d'Agnès Sorel gisante se trouve sur son tombeau. Attribuée au sculpteur Jacques Morel, la statue a été restaurée en 1807. À cette occasion, la tête et les mains ont été remplacées (Voir Tombeau d'Agnès Sorel).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens internes

[modifier] Notes et références

  1. Loches à travers les siècles, Jean Raust, CLD