Abbaye d'Andlau

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L'abbaye d'Andlau est une abbaye bénédictine fondée en 880. Elle est à l'origine de la commune d'Andlau dans le département du Bas-Rhin et la région Alsace.

Fondée par l'impératrice Richarde [1] épouse de Charles III le Gros, béatifiée par le pape Léon IX en 1049, l'abbaye d'Andlau a eu un rayonnement international au cœur de la Chrétienté, à Rome. Preuves en sont, les nombreuses bulles papales précieusement conservées aux Archives départementales du Bas-Rhin à Strasbourg. Célèbre au travers des écrits et des abbesses qui s'y sont succédé et des nombreuses propriétés de l'abbaye en Alsace (Wagenbourg, Marlenheim) et en France (abbaye d'Etival). Richarde rédigea les statuts et les fit approuver par le pape Jean VIII qui dans sa réponse la qualifie de "servante de Jésus Christ et fille chérie de Dieu".

En 1049 le pape Léon IX revenant du Concile qu'il avait tenu à Mayence et passant par Andlau, fit lever le corps de Richarde, qu'il exposa à la vénération publique, ce qui équivalait à une canonisation solennelle. Sainte Richarde est honorée avec le titre de Vierge dans le diocèse de Strasbourg.

L'abbesse Hadewitz, vers 1130 commanda la réalisation du portail et de la frise du massif occidental à un atelier de sculpteurs dont on pouvait voir les réalisations dans l'ancienne église abbatiale d'Eschau. Suite à un nouvel incendie, dans la nuit du dimanche au lundi de Pâques 1160, l'église fut une nouvelle fois reconstruite et son sanctuaire recouvert de deux voûtes à la fin du XIIe siècle. La nef et le chœur ont subi plusieurs modifications au cours des siècles. Un pèlerinage fut dédié très tôt à Notre Dame dans la crypte de l'église où les chanoinesses se réunissaient chaque jour pour implorer la Vierge.

L'abbé Philippe – André Grandidier, à Strasbourg en 1778, dans son second ouvrage « Histoire de l’église et des princes – évêques de Strasbourg » a réalisé une transcription des privilèges carolingiens accordés à l’abbaye, et figurant au « liber salicus » (Saalbuch), cartulaire exécuté vers l’année 1348, que lui-même a eu ce droit de reproduire par copie par l’abbesse, la Princesse Jeanne-Madeleine de Flachslanden.

L’abbaye suivait la règle de Saint Benoît, fondateur de l’ordre des bénédictins.

L’abbaye et notamment l’église abbatiale de la fondation par sainte Richarde, était dédiée au Saint Sauveur à l’origine.

À Andlau, l’Abbesse était une religieuse nommée par l’empereur ou le roi, et bénéficiant ainsi d’un titre de noblesse de « princesse d’empire ».

C’est en 1288 que l’abbesse d’Andlau était « princesse d’Empire » avec droit de vote au Diètes du Saint Empire germanique. L’abbesse disposait d’une cour composée d’officiers et divers employés.

L’indépendance de l’abbesse, princesse d’empire depuis Charles Quint, était une réalité qui se vérifia à plusieurs reprises, et notamment lorsque l’Alsace passa sous le fief du Roi de France, Louis XIV au XVIIe siècle. Il a fallu toute la finesse de l’intendant du Roi pour que ce dernier, par un traité de juillet 1686, céda à la volonté des abbesses de n’élire que leur candidate et non celle du Roi. Les guerres que menaient par Turenne, les fortifications de Vauban et la suprématie de Louis XIV, ne résistèrent pas à ce que femme veut, et que dire au pluriel, lorsqu’il s’agissait de plusieurs chanoinesses : il abdiqua en reconnaissant ce droit aux chanoinesses d’élire une des leurs, et même si cette dernière devenait princesse d’empire, d’un état qui ne fût pas la France.

Louis XIV avait, dans sa confirmation des privilèges « vu l’importance qu’il y avait pour les gentilshommes catholiques de l’Alsace, de pouvoir mettre là leurs filles, sans faire de vœux, jusqu’à ce qu’elles trouvassent un parti pour se marier, ce qui est aux dits gentilshommes d’un grand secours et avantage, leurs maisons se trouvant par ce moyen considérablement déchargées »

Les grandes heures de l'abbaye prirent fin en 1789, et aujourd'hui il ne subsiste que les bâtiments du porche de l'abbaye, de la fondation Stoltz-Grimm, et la magnifique église abbatiale.

[modifier] Notes et références

  1. Décédée en 896 ou 897, Sainte Richarde fut inhumée dans l'enceinte même de l'église comme le voulait l'usage

[modifier] Bibliographie

  • Grandidier, André, Philippe: Histoire de l'Eglise et des princes-évêques de Strasbourg, jusqu'à nos jours, 2 t. Strasbourg, 1776, Lorenzii et Schulerii (tome 1) et Levrault (tome II)