Virginité

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La virginité désigne l'état d'un homme ou d'une femme qui n'a pas connu de relations sexuelles. Par extension, ce terme désigne pour une personne, un objet ou même une idée le fait de ne pas avoir été souillé, violé ou profané.

Les Vierges, tableau de Gustav Klimt, 1913
Les Vierges, tableau de Gustav Klimt, 1913

Sommaire

[modifier] Notion de virginité

Ce concept revêt généralement une très grande importance dans des religions, entre autres le catholicisme, où la virginité perpétuelle de Marie, la mère de Jésus de Nazareth, fait partie du dogme. Toutefois, depuis le concile Vatican II, les autorités catholiques considèrent que le mot « virginité » se réfère à une « virginité de l'âme », et à une « virginité physique ».[réf. nécessaire]

Au cours de l'histoire humaine, surtout avant l'apparition des grandes religions - mais encore aujourd'hui dans les sociétés dites « primitives », la virginité constituait généralement un signe d'impopularité : elle y était consacrée à une divinité et la jeune fille devait la perdre avant le mariage [réf. nécessaire]; À l'inverse, dans les cultures plus récentes , surtout celles où la religion dominante associe le sexe hors mariage au péché, la virginité revêt une connotation très positive : elle est associée à la propreté[1] et la pureté [réf. nécessaire]. Dans ces cultures, la virginité est ainsi rattachée à la notion d'honneur : la non-virginité de la femme avant le mariage y est considérée comme un déshonneur pour la famille . Dans les sociétés occidentales, ce type de considération tend à disparaître avec l'évolution des mœurs, telles que la libération de la femme et la libéralisation de la sexualité. L'idée de virginité avant le mariage revient cependant dans certains pays ayant une base culturelle ou religieuse propice, comme aux États-Unis ou dans certains pays d'Afrique.

[modifier] Le prix de la virginité

La virginité est parfois achetée et monnayée, comme un bien. Par exemple, chez les geishas, la vente de ce premier accès est nommé le mizuage. Dans certains pays, jusqu'au milieu du XXeme siècle, si un homme n'épousait pas une femme dont il avait pris la virginité, la femme était autorisée à le poursuivre en justice et à réclamer dommages et intérêts, pratique du Kranzgeld [2].

[modifier] L'hymen

Icône de détail Article détaillé : Hymen.

La virginité, chez la femme, est traditionnellement associée à la présence de l'hymen, membrane qui barre de façon incomplète le vagin et se rompt lors des premiers rapports sexuels. Cette caractérisation est utilisée, dans certaines cultures, pour des « examens de virginité », dont le but est de prouver qu'une jeune fille est encore vierge. Certaines pratiques ou opérations chirurgicales sont parfois utilisées afin de reconstruire l'hymen ou donner l'impression qu'il est intact[réf. nécessaire]. La rupture de l'hymen peut provoquer certaines pertes sanguines ; dans certaines cultures, on pouvait exposer le drap taché de sang après la nuit de noces afin de prouver l'honneur de la femme. Cependant, ces procédés sont douteux physiologiquement : certaines femmes vierges n'ont quasiment pas d'hymen.

[modifier] La défloration

Icône de détail Article détaillé : Défloration.

La défloration (dite aussi dépucelage) a été considérée à travers les temps et les cultures comme un événement important et on l'identifie souvent avec l'entrée de la femme déflorée dans la vie conjugale ou au moins comme la fin de son enfance.

Il existe dans certaines cultures, notamment dans le monde islamique, une ancienne coutume toujours pratiquée aujourd'hui qui exige d'accrocher à la fenêtre le drap nuptial taché de sang après la nuit de noces. Ainsi démontre-t-on que la femme est arrivée vierge au mariage et que le premier rapport sexuel vient d'avoir lieu. Cependant, cette 'tradition' n'a aucune source religieuse (voire, interdite) dans l'islam et tend à disparaître.

En Allemagne, plusieurs hymenkliniken sont spécialisées dans l'intervention chirurgicale de reconstruction d'hymen. Ce sont souvent les jeunes filles issues de l'immigration turque et musulmane qui y ont recours pour échapper aux représailles de la famille que pourrait causer une défloration trop précoce.

Dans certaines cultures, la défloration était considérée comme dangereuse pour l'homme. Pour cette raison c'était souvent la femme elle-même qui s'en chargeait à l'aide d'un instrument de défloration, ou on confiait ce soin à un homme âgé, souvent le chef de tribu[3].


[modifier] Symbolique

En Occident, lors de la cérémonie du mariage, les mariées portent une robe blanche et un voile blanc, considérés comme un symbole de virginité. Néanmoins, le port du blanc est un phénomène récent, les mariées portant auparavant une robe à leur goût et non spécifiquement blanche (par exemple, les femmes modestes n'avaient qu'une seule 'robe du dimanche', souvent noire, qu'elles ne portaient que pour les fêtes). Porter du blanc n'est devenu une mode, puis une tradition, qu'au cours du XIXeme siècle.

La fleur d'oranger, donnée comme symbole de virginité, est utilisée dès 1860 dans la confection de couronnes et de bouquets de mariée ainsi que pour le « bouquet de virginité » du mari porté au revers de son costume[4].

La licorne est également un symbole de virginité physique. Dans l'iconographie chrétienne, elle représente la Vierge fécondée par l'Esprit Saint. Dans les conceptions médiévales de l'amour courtois, la licorne est douée du mystérieux pouvoir de déceler l'impur[5].

[modifier] Critères de virginité

Le thème de la virginité a attiré très tôt l'attention des premiers chirurgiens. En 1598, Séverin Pineau fait paraître quelques années après la mort d'Ambroise Paré un livre sur la virginité et la défloration. Il affirme qu'une femme est vierge lorsque son cou peut être embrassé par un fil qui s'étendrait de la pointe du nez à la réunion des sutures sagittale et lambdoïde (en arrière du crâne)[réf. nécessaire].

Les filles, contrairement aux garçons, ont une membrane qui marque généralement physiquement si elles ont déjà eu un rapport sexuel, l'hymen. Une fille vierge est parfois définie comme possédant encore son hymen[6]. Cette définition est non seulement non fiable, mais l'utilisation d'un tel test est jugé discriminatoire puisque n'existant que pour un seul sexe.

De nos jours, certaines filles ont recours à un médecin, un gynécologue ou un simple généraliste, pour obtenir un certificat de virginité avant leur mariage, pour des raisons culturelles. Après un examen, le praticien délivre un certificat à la fille attestant qu'elle est supposée être vierge. L'examen se fait généralement par observation directe de l'entrée du vagin. Le médecin donne en outre une petite description du type d'hymen observé (élastique, fin ou très fin, souple, etc).

Cette pratique d'authentification de la virginité se heurte à des questions d'ordre éthique, mais aussi à un problème médical. En effet, toutes les études confirment [réf. nécessaire] l'extrême difficulté de certifier l'absence ou la présence d'une sexualité prénuptiale, même en cas de rupture évidente de l'hymen. Une importante proportion de cliniciens [réf. nécessaire] ne sont pas en mesure de décider si une déchirure partielle de l'hymen est corrélée avec une activité sexuelle ou pas. Les études montrent que l'altération la plus fréquente de l'hymen après une pénétration vaginale est une rupture partielle du bord libre, alors qu'une rupture totale est exceptionnelle. Le premier rapport sexuel n'entraîne pas, de façon systématique, la rupture et le saignement de l'hymen.

[modifier] La non-fiabilité de l'hymen comme marqueur de la pénétration

Certaines gymnastes brisent leur hymen par des activités non sexuelles. Au contraire, il existe des cas où l'hymen est assez souple pour rester intact après pénétration. Enfin, il est possible de réparer chirurgicalement un hymen brisé[7].

[modifier] La pertinence de la pénétration comme rapport sexuel

Même en supposant pour l'hymen une fiabilité absolue, ce critère n'est pas forcément déterminant pour les filles. Par exemple la présence de l'hymen comme critère de virginité amène à considérer comme vierge une fille ayant eu des rapports avec sodomie mais dont l'hymen est intact, alors qu'une autre n'ayant eu de rapport sexuel avec aucun individu mais pratiquant la masturbation serait dite non vierge si elle a ainsi rompu son hymen.

On peut définir une personne vierge comme une personne n'ayant jamais eu de rapport sexuel. Cette définition présente de plus l'avantage de s'appliquer aux deux sexes, mais n'est plus vérifiable physiquement. Au contraire, l'utilisation de l'hymen comme critère a été dénoncé comme discriminant pour les femmes, seules à pouvoir subir un examen de virginité[8].

Toutefois, on a montré que les définitions du rapport sexuels peuvent être assez variées pour que de nombreux actes soient tantôt inclus, tantôt exclus[9].

Un sondage chez les adolescents américains montre que 2% s'estiment non vierge après un baiser profond, 15% s'ils touchent les parties génitales d'autrui ou inversement, 40% s'ils sont impliqués dans un acte de sexe oral, 99,5% après un coït (les questions sont de type oui/non, ceux qui indiquent le baiser comme perte de virginité peuvent aussi indiquer les autres)[10].

Dans l'article présentant ce sondage, USA Today titrait que les adolescents avaient assimilé la « virginité technique ». Cette notion est en effet la définition la plus restreinte de la perte de virginité : la pénétration d'un pénis dans une vulve. Cette notion avait été popularisée par la présentatrice américaine Melanie Martinez, dans des vidéos qui se trouvaient sur le site TechnicalVirgin.com. Ces vidéos parodiaient les publicités puritaines encourageant les jeunes à l'abstinence avant le mariage. Dans J'ai un avenir Martinez expliquait qu'à l'âge des études, une fille devait prendre ses précautions pour éviter de gâcher ses chances en se retrouvant enceinte, et concluait en disant qu'elle s'en tenait au sexe anal. Dans Les garçons peuvent attendre, sa mère la dissuade de s'offrir à un garçon qui ne serait finalement pas le bon, et finalement lui offre un sex-toy pour qu'elle n'ait pas envie de rapports sexuels. Le nom de domaine indique qu'une fille qui adopterait ces pratiques serait « techniquement » encore vierge.

À l'opposé, les chrétiens les plus conservateurs défendent une idée de pureté selon laquelle il est important de rester vierge avant le mariage, avec une définition très rigoureuse de la virginité : même les simples baisers sont découragés, considérés comme une étape menant à des activités plus explicitement sexuelles[11].

[modifier] La question de la pleine conscience de la sexualité

On peut ainsi défendre une idée de la virginité sur des critères non physiques, mais moraux.

La chanteuse Britney Spears clamait publiquement sa volonté de rester vierge avant le mariage. Des médias d'information aux jeunes répliquèrent qu'il est douteux qu'on puisse se dire vierge sous prétexte qu'on n'a pas eu de relations sexuelles quand on se donne en spectacle public avec des vêtements d'un esthétique érotique[12].

Réciproquement Saint Augustin précisa que le consentement est nécessaire pour perdre la virginité[13], autrement dit un viol ne retire pas la virginité.

On peut ainsi définir la virginité comme résultant, non d'un contact physique, mais d'un choix. Cela amène à considérer qu'on ne perd sa virginité qu'à l'issue d'un rapport sexuel avec pleine prise de conscience de l'acte[14].

[modifier] Théorie de l'imprégnation

La progression des connaissances en génétique est sans doute aussi une des causes de la diminution de l'importance de la virginité : au début du XXe siècle, la théorie de l'imprégnation, ou « télégonie », selon laquelle la première expérience sexuelle pouvait avoir un effet sur la descendance, était encore très répandue. L'écrivain Victor Margueritte en fait mention dans son roman La Garçonne.

[modifier] Notes et références

  1. "L'amour d'une vierge est aussi assommant qu'un appartement neuf. Il semble qu'on essuie les plâtres. Il est vrai qu'on n'a pas à redouter les germes maladifs, pestilentiels, d'un autre locataire". Jules Renard - Journal
  2. Brockhaus 2004, Kranzgeld
    • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Defloration ».
  3. L'amour sous verre : l'ensemble du texte
  4. Bestiaires du moyen age, Gabriel BIANCIOTTO, 1995, Stock, ISBN 2-234-04499-5.
  5. La virginité - Fil Santé Jeunes - 0 800 235 236 Anonyme et Gratuit
  6. L’hymen - Fil Santé Jeunes
  7. Les politiques indignés par l'annulation d'un mariage à Lille
  8. Perjury about sexual relations from the Paula Jones deposition
  9. USATODAY.com - 'Technical virginity' becomes part of teens' equation
  10. Sexual Purity, Premarital Sex and Abstinence
  11. Pourquoi vouloir rester vierge ? - Fil Santé Jeunes - 0 800 235 236 Anonyme et Gratuit
  12. Vierge et virginité : définitions - Réseau informations médicales en sexologie
  13. La virginité - Fil Santé Jeunes

[modifier] Voir aussi