Walter Bonatti

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Walter Bonatti, né le 22 juin 1930 à Bergame, est un alpiniste, guide de haute montagne et journaliste italien.

Alpiniste exceptionnel par ses réalisations et sa personnalité atypique, il abandonne l'alpinisme de haut niveau en 1965, après avoir réussi l'ouverture d'une voie directe en hivernale et en solitaire dans la face nord du Cervin.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Débuts prometteurs

Enfant, il était fasciné par les cordées grimpant les aiguilles proches de chez lui. Un jour d'août 1948 un grimpeur lui propose de l'accompagner : cette première escalade l'enchante, c'est le début d'une passion. A peine un an plus tard, il affronte déjà des itinéraires prestigieux (face ouest de l'aiguille noire de Peuterey, éperon Walker dans les Grandes Jorasses).

En 1951, il accomplit une première dans le massif du mont-Blanc : la face est du Grand Capucin avec Luciano Ghigo, après qu'ils eurent renoncé tous les deux un an plus tôt pour cause de mauvais temps dans la paroi. Au retour des deux alpinistes Gaston Rébuffat définira cette ascension comme « le plus grand exploit en rocher accompli à ce jour, un exploit dont l'alpinisme italien peut être fier. »

Pendant l'année 1953, il réalise plusieurs itinéraires au Lavaredo. Il obtient ensuite son brevet de guide et s'installe à Courmayeur.

[modifier] Expédition au K2

Fin 1953 il est sélectionné pour faire partie d'une expédition italienne pour conquérir le K2 (8 611 mètres). Il est le plus jeune d'une équipe de 11 alpinistes.

Après la mise en place de plusieurs camps, le plan d'attaque du sommet est décidé : Achille Compagnoni et Lino Lacedelli monteront le camp IX, Walter Bonatti et Madhi (un Hunza) les ravitailleront. L'après midi du 30 juillet, chargés principalement de bouteilles d'oxygène, les 2 hommes montent difficilement à ce dernier camp situé à environ 8 100 mètres d'altitude. Arrivés à l'endroit prévu, après maintes recherches du camp, ils sont obligés de bivouaquer dans la neige, abandonnés par Compagnoni et Lacedelli. Le lendemain ils redescendent, Madhi gravement gelé, Bonatti ayant eu plus de chance est peu atteint.

Entre temps le sommet a été conquis. Compagnoni et Lacedelli déclareront qu'ils ont vaincu le sommet sans oxygène, abandonnant les bouteilles deux heures avant le sommet, en accusant Bonatti de s'en être servi pendant son bivouac improvisé. C'est cette version calomnieuse qui sera officialisée par Ardito Desio et le CAI (Club Alpin Italien). Bonatti commencera alors son combat pour rétablir la vérité : il n'a jamais touché aux bouteilles qu'il a montées au camp IX. S'en suivra une longue polémique, et c'est en 1993 que des preuves irréfutables seront dévoilées[1]. Il aura fallu 50 ans à Walter Bonatti pour rétablir la vérité sur cette affaire, puisqu'en 2004 le club alpin italien annonce enfin que la version officielle de l'ascension est celle de Bonatti.

[modifier] Alpiniste

En août 1955, il passe six jours dans le pilier sud-ouest des Drus, en solitaire, pour ouvrir une nouvelle voie qui sera désormais appelée le pilier Bonatti.

Noël 1956, il tente (avec Silvano Gheser) une voie en hivernale, et y rencontre deux alpinistes français : Jean Vincendon et François Henry. Le mauvais temps se lève, les quatre hommes décident de rejoindre le refuge Vallot. La cordée de Bonatti l'atteindra, mais leurs deux compagnons, épuisés, se réfugieront dans une crevasse. Bonatti ne peut plus les sauver, son compagnon souffrant de graves gelures. Ils redescendront tous les deux et seront sauvés. Les deux autres mourront, la polémique sur les tentatives de sauvetage depuis la vallée deviendront l'affaire Vincendon et Henry, qui révolutionnera les secours en montagne.

En 1961, Walter Bonatti survivra dans le massif du Mont-Blanc, en compagnie de Pierre Mazeaud et de Roberto Gallieni, à ce que la presse appellera la grande tragédie du Pilier Central du Frêney qui vit la mort d'Andréa Oggioni, Pierre Kohlman, Robert Guillaume et Antoine Vieille.

Il réalisera encore de grandes premières dans les Alpes les années suivantes, tout en s'éloignant de plus en plus du club alpin italien dont il ne partage pas les idées. Tenté par l'ascension du Cervin, mais lassé d'attendre ses compagnons de cordée, il part alors seul dans la face nord en plein hiver. Il en sort en trois jours.

[modifier] Explorateur et reporter

Sur cet exploit il décide alors d'arrêter l'alpinisme extrême pour se consacrer à l'exploration des terres lointaines, la découverte d'horizons inconnus. Il devient grand reporter pour l'hebdomadaire Epoca, et va sillonner pendant des décennies toute la planète.

[modifier] Réalisations

  • 1949 : face nord-ouest du Piz Badile, face ouest de l'aiguille noire de Peuterey, éperon Walker aux grandes jorasses.
  • 1951 : première à la face est du Grand Capucin.
  • 1953 : première hivernale à la face nord de la Cima Ovest di Lavaredo, deuxième de la Cima Grande.
  • 1954 : participation à l'expédition italienne victorieuse au K2 où il fut abandonné de nuit à plus de 8000m.
  • 1955 : première, en solo, du pilier sud-ouest Bonatti au petit Dru.
  • 1956 : traversée intégrale des Alpes à ski, hivernale de la Brenva.
  • 1957 : première de l'éperon nord-est du pilier d'Angle
  • 1958 : Gasherbrum IV avec Carlo Mauri.
  • 1959 : première au pilier Rouge du Brouillard.
  • 1961 : première au Nevado Rondoy nord.
  • 1961 : tentative au pilier central du Frêney qui se termina en tragédie (avec Oggioni, Gallieni et l'équipe de Mazeaud)
  • 1962 : première dans l'entonnoir du pilier d'Angle.
  • 1963 : première hivernale de l'éperon Walker dans les Grandes Jorasses.
  • 1964 : première ascension de l'éperon Whymper, toujours dans les Grandes Jorasses avec Michel Vaucher. Première également à la face est du pilier d'Angle.
  • 1965 : voie directe hivernale et solitaire en face nord du Cervin.

[modifier] Citations

« L'aventure est un engagement de l'être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d'humain en nous. Quand le paquet de cartes n'a pas été truqué pour gagner à tous les coups existent encore le jeu, la surprise, l'imagination, l'enthousiasme de la réussite et le doute de l'échec. L'aventure. »
    — Walter Bonatti

« Les montagnes n’appartiennent à personne, c’est bien connu, mais les expériences appartiennent à chacun. Beaucoup d’autres peuvent grimper sur les montagnes, mais personne ne pourra jamais s’emparer des expériences qui sont et demeurent nôtres. »
    — Walter Bonatti

« Il y a de la spiritualité chez cet être-là. Pour moi, Walter est sans doute un héros de légende mais c’est avant tout un homme de vérité qui a tout simplement du cœur. »
    — Pierre Mazeaud

[modifier] Bibliographie

  • Hautes terres, éditions Guérin, collection Beaux Livres, 2006 (ISBN 2352210046). Recueil de photos.
  • K2, la vérité, éditions Guérin, collection Terra Nova, 2004 (ISBN 2911755758).
  • Montagnes d'une vie, éditions Guérin, collection Texte & Images, 2001 (ISBN 2911755456). Son autobiographie sur sa vie d'alpiniste.
  • L'affaire du K2, éditions Guérin, collection Terra Nova, 2001 (ISBN 2911755464)
  • En terre lointaine, Arthaud, 1999 (ISBN 2700312309)
  • Un modo di essere, Dal'Oglio, 1989, Epuisé
  • La Patagonie, Denoël, 1986, Epuisé
  • Adieu Amazonie, Denoël, 1986, Epuisé
  • Processo al K2, Baldini, 1985, Epuisé
  • La Magie du Mont-Blanc, Denoël, 1984 (ISBN 2207230767)
  • A mes montagnes, Arthaud, 1962, Epuisé

[modifier] Notes et références

  1. Article récapitulatif de la polémique du K2 par les Éditions Guérin