Timbres de la Libération

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Timbres français de la Libération

A la Libération, de nombreuses villes françaises ont émis des timbres.

La revue « la Philatélie Française » (revue de la fédération, ndlr) a publié une étude qui a commencé dans le N° 304 (octobre 1979) et qui s’est terminé en 1984 (N°364).

L’auteur, J.P. Bousquet, divisent les émissions de la Libération en trois catégories :

  • les émissions officielles reconnues par les PTT
  • les émissions semi-officielles non reconnues par les PTT
  • les émissions diverses (patriotiques, commémoratives, privées).

Sommaire

[modifier] les émissions officielles reconnues par l’administration des PTT

Elles sont au nombre de 15.


Pour connaître, les circonstances particulières qui ont marqué chacune des émissions, se reporter à « La Philatélie française » qui a publié ou mentionné les documents officiels qui les ont suscitées et donne les chiffres des tirages.

Ces 15 villes, correspondent aux émissions cotées dans les catalogues. Au sujet de ces 15 émissions, le catalogue « Marianne » (édition N°1, p 537) exprime l’opinion suivante : « Il n’est pas dans notre propos de rechercher les pressions qui, à l’époque, ont pu faire admettre sur cette liste telle émission plutôt que telle autre. Nous ne pouvons que nous incliner devant la décision administrative…, bien que sur cette liste figurent un bon nombre de vignettes d’origine plus que douteuse »

Ces doutes, le catalogue « Marianne » les applique aux émissions de Chambéry (« série fantaisiste officialisée on ne sait pourquoi. » et de Loches (« émission sans véritable autorisation officielle ». Souligons pour qu’il n’y ait aucune confusion que le chapitre sur les émissions de la Libération n’a pas été repris dans les éditions 2 et 3 de ce catalogue.

[modifier] Les émissions semi-officielles non reconnues par l’administration des PTT

Bien que ces émissions n’aient pas été reconnues par l’administration, observons que la plupart d’entre elles ont été réalisées à la suite d’une ordonnance officielle, fabriquées sous le contrôle de l’administration locale ; l’auteur cite les procès-verbaux, les attestations de magistrats ; ces timbres ont été vendus à la poste et les matrices détruites après tirage.

A en juger par leurs caractéristiques, on ne voit pas toujours nettement la frontière qui les sépare des émissions de la première catégorie, en dehors de la décision administrative de reconnaître les unes et pas les autres. C’est pourquoi l’examen objectif des circonstances historiques de la naissance de chaque émission est une démarche indispensable. Répétons que notre souci est de donner aux lecteurs une source d’information précise. Par exemple, le lecteur qui voudrait connaître les circonstances et le tirage de l’émission de Monteuil-Bellay pourrait chercher dans le « Philatélie Française » N° 309.

La liste des émissions de la seconde catégorie comprend 36 noms :

  • Angoulême-l’ Houmeau
  • Annecy
  • Annemasse
  • Audierne
  • Baccarat
  • Badonviller
  • Bellegarde
  • Bourgueil
  • La Charité sur Loire
  • Chouzé
  • Cinq-mars la Pile
  • Collonges-Fort-l’Ecluse
  • Curzay
  • Delle
  • Gex
  • Courcelles-de-Touraine
  • La Chapelle sur Loire
  • Château-Renault
  • Cholet
  • Evreux
  • Lignères-de-Touraine
  • Monteuil-Bellay
  • Mouthiers sur Boëme
  • Orléans
  • Paimbœuf
  • Pernay
  • Pornic
  • Rochecorbon
  • Les Rousses
  • Paris 122
  • Salins
  • Sainte-Foy-la-Grande
  • Saint Nazaire
  • Salon de Provence
  • Saverne
  • Thizy

[modifier] Les émissions diverses (patriotiques, commémoratives, privées)

Elles concernent les émissions suivantes sur lesquelles beaucoup de dotes sont permis.

  • Ahun
  • Alençon
  • Antibes
  • Audincourt
  • Autun
  • Belfort
  • Béziers
  • Boulogne
  • Bressuire
  • Brest
  • Breiz Unan (« Bretagne Unie » ou « seule »)
  • Treich Breiz (« Bretagne victorieuse »)
  • Breiz disgavret (« Bretagne délivrée »)
  • Briançon
  • Caen
  • Calais
  • Cannes
  • Castres
  • Casteljaloux
  • Chamberaud
  • Chénérailles
  • Clermont-Ferrand
  • Cluses
  • Cognac
  • Colmar
  • Conflans-Saint-Honorine
  • Digne
  • Douai
  • Dunkerque
  • Elbeuf
  • Gap
  • Grandvillars (Territoire de Belfort)
  • Lorient
  • Louhans
  • Luble
  • Mamers
  • Mansle
  • Marseille
  • Médis
  • Metz
  • Modane
  • Montceau-les Mines
  • Montivilliers
  • Montluçon
  • Montluel
  • Montpellier
  • Morlaix
  • Mornant
  • Nanterre
  • Nevers
  • Neuilly
  • Nice
  • Notre-dame d’Alençon
  • Ouessant
  • Paris (courrier FFI)
  • Pontarlier
  • Ponthierry
  • Provence
  • Provins
  • Roanne
  • La Rochelle
  • La Roche sur Yon
  • Romorantrin
  • Rouet
  • Saint Brieuc
  • Saint-Dié
  • Saint Laurent-du-Var
  • Sault
  • Saumur
  • Sospel
  • Soulac sur mer
  • Thonon
  • Toulouse
  • Tulle
  • Venve
  • Verdun
  • Vesoul
  • Vichy
  • Vire
  • Vouvray
  • Ile d’Yeu

[modifier] Bibliographie des surcharges de la Libération

En publiant la liste des émissions de la Libération, classées en 3 grandes catégories, notre but n’était pas de présenter ce classement comme parole d’évangile. Ce classement résulte, en partie, d’une décision administrative de 1944 qui ne peut être modifiée. Quelques soient les réserves que l’on peut faire sur cette décision, le classement s’impose comme une réalité indépendante de la volonté des philatélistes.

En dehors de la « Philatélie française », existe-t-il des références bibliographiques ? Assurément. Le livre qui fait référence en ce domaine est celui de jacques F. Lion « Les timbres de la Libération », 1967, Paris. Il contient un nombre très important d’information sur les circonstances des émissions, on y trouve les textes des décisions officielles, les procès-verbaux des émissions dites « semi-officielles », les tirages etc… On le trouve à la bibliothèque du musée de la Poste.

Le défaut de ce livre est lié à sa date de parution, 1967. Depuis lors des recherches ont été faites ; elles ont abouti à des découvertes et des corrections importantes. L’exemple de Gourdon est à cet égard significatif. On connaissait une série de timbres surchargés d’une croix de Lorraine ; cette série avait été baptisée, on ne sait trop pourquoi « émission de Gourdon ». Or les recherches menées auprès des autorités de cette ville du Lot ont abouti à ce surprenant résultat : aucune autorité de cette ville n’avait donné l’ordre de surcharger des timbres et personnes n’était au courant de ces surcharges.

Le hasard intervint. On découvrit que des correspondances portant des surcharges de la Libération, en particulier de Bretagne, avaient été adressées à un philatéliste de Lyon : M. Gourdon ! On eût l’idée de faire des recherches dans cette direction, et on découvrit que l’émission « de Gourdon » était en réalité une variété de l’émission « Trec’h Briez » (Bretagne victorieuse ), avec la même croix de Lorraine mais sans l’inscription bretonne. Cette histoire montre que les légendes naissent parfois bien curieusement et combien il est difficile de découvrir et de rétablir la vérité. Il est heureux dans ce cas, qu’il se soit trouvé des philatélistes assez persévérants et assez perspicaces pour la découvrir. Cette découverte est racontée dans le N° 5 du « Bulletin des collectionneurs de timbres de la Libération » (janvier 1968) sous le titre « Emission de Gourdon ou de M. Gourdon ?».

Or le livre de M. Lion, édité avant cette découverte, mentionne la prétendue « émission de Gourdon (Lot) ». mais cela ne remet pas en cause la probité scientifique de cet auteur, qui reconnaît dans son livre l’absence de renseignement sur cette émission.

En 1973, a paru un catalogue d’un format minuscule (in 12e), intitulé « Les timbres de la Libération, la France Libre », édité par Pierre Mayer, négociant en timbres-poste ; son catalogue n’a pas d’autre prétention que d’être un catalogue de marchand, un catalogue de cotations. Chaque surcharge y est reproduite de façon à permettre l’identification. Mais on ne retrouve aucun renseignement sur les circonstances des émissions, aucun procès-verbal. Les émissions sont placées dans l’ordre alphabétique ; elles sont toutes sur le même plan, celle (plus que douteuse) de Pontarlier comme celle (indiscutable) de Bordeaux.

Ce catalogue plus récent que l’ouvrage de J. Lion a tenu compte de certaines découvertes, a corrigé certaines erreurs. Par rapport à l’ouvrage, on y trouve 26 émissions en moins et 22 en plus. Opposés par leur conception, ces deux ouvrages se complètent.

Venons-en au principe de la classification des émissions de la Libération. En limitant à 15, les émissions qu’elle reconnaît, l’administration a créé une situation qui à l’origine d’une interminable controverse. L’administration a pris sa décision à la suite d’une enquête se fondant sur deux critères : la qualité de l’autorité qui a demandé l’émission, la mise en vente de la totalité aux guichets de la poste. Mais, font remarquer certains, quel crédit accorder à une enquête effectuée en 1944, alors que les communications étaient incertaines ? Et quels étaient les autorités ayant qualité pour faire surcharger les timbres dans cette période de guerre et d’insurrection où les premiers administrateurs des villes libérées (autorités militaires ou civiles, responsables de la résistance) avaient hâte de faire disparaître sur les correspondances les traces d’un régime honni ?

Dès 1945, des philatélistes spécialisés dans cette collection ont qualifié le choix de l’administration de fantaisiste. Deux des 15 émissions reconnues ne répondaient pas exactement aux critères, alors qu’une quarantaine y satisferaient, bien que non reconnues. Le débat atteignit une acuité élevée en 1975 quand l’administration des PTT publia un communiqué où était réaffirmé la pérennité de la liste des 15 émissions (« Le Monde des philatélistes », n° 268, août 1974). L’association des collectionneurs des timbres de la Libération (ACTL) contesta cette liste auprès des PTT. Le ministre des PTT répondit par une fin de non recevoir : « Il ne saurait évidemment être question pour mon administration de revenir, après un délai de 30 ans, sur le contenu de cette liste. » l’ACTL envisagea alors un recours au conseil d’état. Mais cette action (qui ne peut se faire que dans un délai de 2 mois) se révéla irrecevable. (« Le Monde des philatélistes », n° 276, mai 1975, publia alors un article intitulé « Trente ans après, les surcharges de la Libération », dans lequel son auteur M. Paul Demeny, défendit pour l’essentiel , la vérité de liste officielle. Le « Bulletin de l’ACTL » y répondit par la plume acerbe de M. Huot. La controverse atteignit le ton aigre de la polémique. Mais le silence de la grande presse fut tel que ni la tentative de recours en conseil d’état, ni l’augmentation des contestataires ne parvinrent à la connaissance des philatélistes.

Cinq ans plus tard. (« Le Monde des philatélistes », n° 329, mars 1980, publia un communiqué des PTT, rappelant le caractère sacro-saint de la liste des 15 émissions et vouant à la damnation éternelle toutes les autres surcharges. Dans son numéro suivant, le même journal publia une « mise au point » de M. Dumont, de l’Académie de Philatélie, qui mettait en doute le bien fondé du communiqué des PTT. Après avoir dénoncé le scandale de Decazeville (émission aussitôt disparue que vendue) et l’infime tirage de celle de Chambéry, il note : « Mais le plus cocasse en matière d’émission de la Libération est que si, les PTT, ont donc légitimé d’affreux bâtards, ils se sont toujours refusé à reconnaître un enfant légitime, à savoir l’émission d’Orléans ». Il s’agit d’un entier postal de 1,20F, surchargé « R.F. » par la direction régionale des PTT et tiré à 120.000 exemplaires largement diffusés.

Entre-temps, à partir d’octobre 1979, « La Philatélie Française », avait ouvert ses colonnes à un collectionneur spécialisé, M. Bousquet, qui en publiant la liste des émissions de la Libération popularisait les recherches de jacques Lion après les avoir mises à jour. Cette publication a duré jusqu’à la fin de 1984.

Telle est l’histoire de ce conflit qui existe depuis 1944 au sein du monde de la philatélie, conflit qui engendre périodiquement des controverses dont nous avons retracé quelques épisodes. Les collectionneurs spécialisés ont-ils raison sur tout ces points ? Pour le savoir, il faut examiner chaque point ! Cette étude que l’immobilisme administratif rend impossible sur le plan officiel, chacun peut l’entreprendre pour son compte. Des documents de base existent, ils ont été publiés. Maintenant nos lecteurs savent exactement où ils peuvent les trouver.

[modifier] Sources:

  • « la Philatélie Française », revue la Fédération française de Philatélie (N°304 à N°364).
  • « Philatélie Populaire  », revue de l'Union Philatélique Internationale (N°322 et N° 326) (www.philatelie-populaire.com

[modifier] Liens externes