Spartaco Guisco

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René Spartaco Guisco dit Spartaco, né en Italie en 1911 et fusillé par les Allemands au Mont Valérien le 17 avril 1942 est un militant communiste français, combattant des Brigades internationales et résistant. Il est particulièrement célèbre pour avoir diriger le commando de Nantes qui exécuta l'officier allemand Karl Hotz déclenchant en représailles la fusillade des otages de Chateaubriant.

Sommaire

[modifier] L'enfance

Selon le site en mémoire des accusés du procès de la Maison de la Chimie[1], Spartaco serait né à Precotto, en Émilie, en Italie[2]. Ses parents, se seraient réfugiés en France en 1921, et auraient été naturalisés français en 1932. La famille Guisco se serait installée dans la banlieue parisienne à Villeparisis, avec ses quatre enfants. Bon élève, Spartaco doit travailler comme peintre en bâtiment et décorateur sitôt son certificat d’études obtenu.

[modifier] Militant communiste et combattant des Brigades internationales

Après son service militaire, il s'installe à Paris dans le XIVe arrondissement, commence à militer et adhère au Pari communiste[3],[4]. Il s'engage en 1936 dans les Brigades internationales, à la 14e brigade où il fréquente notamment Henri Rol-Tanguy, commissaire politique, qu'il avait connu à Paris, et Roger Codou[5].

[modifier] Seconde Guerre mondiale

Mobilisé en 1939, il est décoré de la Croix de guerre avec deux étoiles de bronze alors que son frère Ereno, mobilisé également, tombe le 9 juin 1940[3]. Démobilisé à l’été 1940, Spartaco rentre dans l’Organisation spéciale, sorte de service d'ordre du Parti communiste clandestin depuis septembre 1939 (voir : Histoire du Parti communiste français). Il est affecté à des missions de propagande jusqu'à juillet 1941[3],[6].

[modifier] La Résistance

En juillet 1941, le parti communiste tente de créer diverses organisations chargées de mener des actions de lutte armée. Certains de ces groupes sont formés d'étrangers de la MOI. C'est dans l'un de ces groupes qu'est intégré Spartaco, sous le commandement de l'ancien républicain espagnol Conrado Miret-Muste, selon les sources[3]. Le groupe de Miret-Muste est amené à travailler avec des groupes des Bataillons de la Jeunesse formés de jeunes communistes depuis le mois d'août. Ainsi, le 19 septembre, Miret-Muste participe à une opération au cocktail Molotov contre un garage de l'armée allemande, dans le XVIIe arrondissement de Paris aux côtés du groupe Le Berre et du groupe Brustlein[7].

[modifier] L'attentat de Nantes

En octobre 1941, Spartaco est envoyé en commando à Nantes avec Gilbert Brustlein et Marcel Bourdarias. Brustlein décrit Spartaco comme « petit, brun, rablé »[8]. Ancien combattant des Brigades internationales, plus agé d'une dizaine d'années que ses deux camarades, Spartaco exerce facilement son ascendant sur eux. À Montparnasse, Fabien l'avait présenté à Brustlein : « Je te présente Spartaco, c'est lui le chef, il a les directives »[9]. Les trois membres du commando installent leur tente vers le 15 octobre dans un champ, à proximité du domicile d'un vieux militant. Ils projettent de saboter une ligne de chemin de fer et attendent quelques jours des explosifs que doit leur faire parvenir Marcel Paul. Le 18 octobre, ils rencontrent Fabien venu à Nantes inspecter ses troupes[9]. Le 19 octobre, alors que Brustlein cherche dans la ville un officier à abattre, Spartaco et Bourdarias sont aux prises avec des problèmes techniques de détonateurs.

À l'aube du lundi 20, le groupe parvient à provoquer une explosion qui sectionne un rail sur une longueur de 50 cm. Ensuite, Brustlein et Spartaco partent à la recherche d'un officier allemand à abattre, et ils trouvent finalement Karl Hotz le Feldkommandant de Loire-Inférieure. C'est Brustlein qui a tiré avec deux 6,35 sur l'officier allemand[10]. L'attentat contre Karl Hotz déclenche la fusillade d'otages à Châteaubriant (voir l'article : Représailles après la mort de Karl Hotz) et ne sera pas revendiqué par le PCF avant 1950. Dans la ville de Nantes, l'attentat soulève la réprobation générale. La police effectue des contrôles sur les routes et des perquisitions aux domiciles d'un certain nombre de militants communistes. Des étudiants et des étrangers sont appréhendés. La tenancière du bistrot que fréquentait le commando donne leur signalement[9]. Le commando décide de se séparer. Brustlein arrive à Paris le 21 octobre au soir. On ne sais pas très bien comment Spartaco et Bourdarias ont quitté la ville de Nantes[11].

[modifier] L'arrestation et la mort au Mont Valérien

De retour à Paris, Spartaco travaille à nouveau avec Miret-Muste. C'est France Bloch-Serazin, que Spartaco avait connu avant-guerre, qui assure la liaison entre les deux hommes, mais toutes les polices françaises sont aux trousses de ces « terroristes ». Spartaco est appréhendé Rue de la Gaîté le 10 février 1942. Spartaco est torturé, comme en témoignent les photographies retrouvées dans les archives de la police. Il ne lâche rien sur l'attentat de Nantes, ni sur France Bloch-Serazin, mais finit par lâcher des informations qui aideront la police à retrouver Miret-Muste[12]. Spartaco est jugé par les Allemands à la Maison de la Chimie, avec vingt-six autres résistants, le 14 avril 1942, et fusillé au Mont-Valérien le 17 avril 1942[7].

[modifier] L'ostracisme et la réhabilitation

L'Humanité clandestine datée du 9 mars 1942, dénonce Guisco comme un traître et au lendemain de la Libération, un résistant communiste a affirmé dans un rapport à la commission centrale de contrôle politique du parti que Spartaco avait donné des noms après son arrestation[13]. Selon Roger Codou, son ancien camarade de la 14e brigade interrogé par « Le Maitron » :

« [...] le bruit courut alors qu'il avait été libéré après avoir parlé et qu'il avait filé en Espagne. Le Parti communiste refusa de la réhabiliter ; son nom disparut des listes des combattants des Brigades internationales et des martyrs de la Résistance. Des communistes qui avaient côtoyé Spartaco en prison au moment où il subissait la torture refusent toujours de croire à sa culpabilité et pensent que Guisco Spartaco a été chargé d'erreurs commises par d'autres[14]. »

Dans son livre : Le Cabochard : mémoires d'un communiste, Codou fait d'Henri Rol-Tanguy le calomniateur de Spartaco, affirmant même que Rol-Tanguy lui aurait dit, en janvier 1945, avoir reçu une carte postale de Guisco, envoyée d'Espagne[15].

Le 29 août 1996, à la suite des démarches de Jean-Marie Rossi, un étudiant en histoire qui s'était lié d'amitié avec Roger Codou, Francette Lazard, au nom du PCF, a envoyé une lettre à Ernesta Guisco, sœur de Spartaco, une lettre l'informant que les mesures d'exclusion et de mise à l'écart concernant son frère étaient « nulles et non avenues »[16]. Marcel Paul avait déclaré à Codou qu'il considérait Spartaco comme un « pur héros »[17].

[modifier] Rues, Plaques commémoratives

Néant

[modifier] Notes, sources et références

  1. Site du procès de la maison de la chimie Ce site dont il n'est pas facile de connaître les auteurs malgré les nombreuses personnalités signalées dans les différents comités ne cite malheureusement pas ses sources. Il est vraisemblable que ce soit la sœur de Spartaco qui ait fourni les informations
  2. Jean-Marc Berlière et Frank Liaigre, qui ont étudié les archives de la police notent que selon la BS1, il serait né à Precotto mais selon la BS2, à Milan, Le sang des communistes, Fayard, 2004
  3. abcd Site du procès de la maison de la chimie
  4. Sa présence comme militant communiste du XIVe arrondissement est confirmée par Henri Rol-Tanguy, voir Roger Bourderon, Rol-Tanguy, Taillandier, 2004, p. 71
  5. Roger Bourderon, Rol-Tanguy, Taillandier, 2004, p. 103 et 107
  6. Stéphane Courtois le mentionne parmi les hommes « triés sur le volet » de cette période, Le PCF dans la guerre, Ramsay, 1980, p. 240
  7. ab Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, p. 137 ; Ouzoulias ne mentionne pas la présence de Spartaco à cette opération.
  8. Gilbert Brustlein, Chant d'amour d'un terroriste à la retraite, édité à compte d'auteur, 1989 (ISBN 2-9504258-0-1)
  9. abc Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le Sang des communistes, Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004, p. 127-140
  10. Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, p. 143-145
  11. Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le Sang des communistes, Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004, p. 337, note 596
  12. Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le Sang des communistes, Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004, p. 238-239
  13. Roger Bourderon, Rol-Tanguy, Taillandier, 2004, p. 717-718
  14. Notice Spartaco Guisco René, dit Spartaco, dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (« Le Maitron »)
  15. Roger Codou, Le Cabochard : mémoires d'un communiste, Maspero, 1982, p. 250. Selon Roger Bourderon, les sources disponibles démentent cette accusation (Rol-Tanguy, p. 718).
  16. Site de Louis Oury
  17. Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le Sang des communistes, Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004, p. 379

[modifier] Liens internes