Gilbert Brustlein

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Gilbert Brustlein est un militant communiste né en 1919 à Paris, rendu célèbre par son engagement dans les Bataillons de la Jeunesse, organisation de Résistance d'obédience communiste qui le conduira à assister Fabien lors de l'attentat anti-allemand du métro Barbès, le 21 août 1940 et à participer à l'attentat de Nantes qui déclencha en représailles la fusillade des otages de Chateaubriant.

Sommaire

[modifier] De l'enfance jusqu'à l'attentat du métro Barbès

D'origine alsacienne, orphelin de père assez jeune, Gilbert Brustlein milite aux Jeunesses communistes (JC) du XIe arrondissement. Il est recalé à l'École normale en 1936. À l'automne 1940, il est promu chef de groupe des JC. Avec un fusain ou une craie, il couvre les murs de mots d'ordre du Parti : « À bas le régime fasciste de Pétain », « À bas la guerre impérialiste »... Il est arrêté puis relâché par la police en janvier 1941. Comme il est réputé courageux et actif, Odile Arrighi le propose pour faire partie de l'Organisation spéciale (OS), et il est placé directement sous les ordres de Pierre Georges plus connu sous le nom de Fabien. Le groupe Brustlein comprend Fernand Zalkinow, Robert Peltier, Roger Hanlet, Christian Rizo, Pierre Milan, Asher Semahiya et Tony Bloncourt, des jeunes de l'Est Parisien de 20 ans ou moins. Ils seront connus sous le nom de « Bataillons de la Jeunesse » et participent au « camp » de Lardy, les 15, 16 et 17 août pour y apprendre des rudiments de scoutisme sous la houlette de Fabien, ancien des Brigades internationales, Albert Ouzoulias et Danielle Ouzoulias, anciens responsables nationaux des JC. Le 21 août, Gilbert est sur les quais du métro Barbés pour couvrir Fabien. Un troisième homme, Bob Gueusquin était également présent.

[modifier] L'attentat de Nantes

À la fin du mois d'août 1941 et en septembre, à la tête de son groupe, Brustlein poursuit tentatives de sabotages, attentats plus ou moins loupés contre des officiers allemands. Le 20 octobre 1941, il est envoyé en commando à Nantes avec Marcel Bourdarias, 17 ans, et Spartaco Guisco. Ils exécutent Karl Hotz le Feldkommandant de Loire-Inférieure, déclenchant la fusillade d'otages à Châteaubriant (voir l'article : Représailles après la mort de Karl Hotz). C'est Brustlein qui a tiré avec deux 6,35 sur l'officier allemand[1]. L'attentat de Nantes ne sera pas revendiqué par le PCF avant 1950. Le commando décide de se séparer. Brustlein arrive à Paris le 21 octobre au soir. On ne sais pas très bien comment Spartaco et Bourdarias ont quitté la ville de Nantes[2]. La fin du mois d'octobre 1941 voit la chute du groupe Brustlein à la suite d'un banal enchaînement d'imprudences et d'infiltration par la police. L'expédition à Nantes met Gilbert Brustlein à l'écart de ce coup de filet. Mais il est recherché par toutes les polices, et les journaux publient sa photo. On lui trouve une planque au « labo », un atelier clandestin de fabrication d'explosifs mis en place par le colonel Jules Dumont, premier responsable de l'OS (Organisation spéciale du PCF), et France Bloch-Serazin, une jeune chimiste. Le 19 novembre, le « labo », tombe à son tour, et Brustlein est soupçonné d'avoir été à l'origine de cette chute. En réalité, c'est une série d'imprudences commises par ceux qui sont chargés de le cacher qui fait tomber le labo. La mère de Gilbert, arrêtée et incarcérée à la prison de la Petite Roquette est mise en quarantaine par le Parti. Elle est ensuite déportée à Auschwitz-Birkenau où elle est assassinée en février 1943[3].

[modifier] L'après-guerre

Brustlein gagne la zone sud, parvient à passer la frontière espagnole, est arrêté et incarcéré sous un pseudonyme au camp de concentration de Miranda, puis il est pris en charge par les britanniques et transféré en Angleterre via Gibraltar. De 1945 à 1952, il redevient militant de base au Parti. Le 20 août 1950 l'Humanité publie son témoignage : « J'étais avec Fabien », mais en 1952, à la suite d'une altercation avec Florimond Bonte, député du XIe arrondissement, il déchire sa carte du Parti. Pendant plus de trente ans, il vit dans l'anonymat le plus complet, mais Albert Ouzoulias, resté membre du Parti, s'étend largement sur son parcours et celui de tous ses camarades du XIe dans ses deux ouvrages : Les Bataillons de la Jeunesses, en 1972 et Les fils de la Nuit en 1975.

En 1981, une vitrine installée sur les quais du métro Barbès en mémoire de l'attentat du 21 août 1941 ne cite pas son nom. En 2004, cette vitrine n'a pas été changée.

En octobre 1983, il répond aux questions de quelques journalistes Nantais. En 1989, il publie à compte d'auteur Le chant d'amour d'un terroriste à la retraite qui inspira le film Des terroristes à la retraite que Mosco Boucault réalisa pour la télévision en 1985.

Le 20 octobre 1991, à la commémoration de Châteaubriant inaugurée en grande pompe par Georges Marchais, devant 15 000 personnes, il brandit un panonceau : « J'exige ma place à la tribune, je suis le seul survivant du commando de Nantes. » Et il invective : « Marchais, tu n'as pas ta place ici[4]. » Il est bien entendu expulsé par le service d'ordre.

[modifier] Notes et Références

  1. Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, p. 143-145
  2. Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le Sang des communistes, Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004, p. 337, note 596
  3. Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier
  4. Berlière et Liaigre, p. 279

[modifier] Bibliographie

  • Gilbert Brustlein, Chant d'amour d'un terroriste à la retraite, édité à compte d'auteur, 1989, (ISBN 2-9504258-0-1)
  • Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Éditions de Minuit, 1965
  • Claude Angeli et Paul Gillet, Debout, partisans!, Fayard, 1970
  • Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, Éditions sociales, 1972 (ISBN 2-209-05372-2)
  • Albert Ouzoulias, Les Fils de la Nuit, Grasset, 1975
  • Eric Alary, Un procès sous l'Occupation au Palais-Bourbon, mars 1942, Éditions de l'Assemblée Nationale, 2000
  • Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le Sang des communistes, Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004,

[modifier] Liens internes