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Sommaire

[modifier] Histoire

Cette ancienne fresque minoenne de Knossos (Crète) représente un homme (au corps bleu, marchant le dos voûté) récoltant les fleurs de safran.
Cette ancienne fresque minoenne de Knossos (Crète) représente un homme (au corps bleu, marchant le dos voûté) récoltant les fleurs de safran.

L'histoire du safran dans la culture et les coutumes humaines date de plus de 3000 ans[1] ; il est présent dans de nombreuses cultures, continents et civilisations. Avec son goût amer, son parfum de foin, et ses notes légèrement métalliques, le safran a été utilisé comme assaisonnement, parfum, teinture et médicament. Il est originaire du Moyen-Orient[2],[3], mais fut d'abord cultivé en Grèce[4].

Le précurseur sauvage du crocus de safran domestique est Crocus cartwrightianus. Les cultivateurs élèvent des spécimens de C. cartwrightianus en sélectionnant des plantes possédant des stigmates anormalement longs. Ainsi, dans la Crète de l'âge de bronze tardif, un mutant provenant de C. cartwrightianus, C. sativus, émergea[5].

Le safran fut tout d'abord répertorié dans une référence botanique assyrienne du VIIe siècle av. J-C., rédigée sous Assurbanipal. Depuis lors, la documentation sur l'utilisation du safran (s'étendant sur près de 4000 ans) dans le traitement de quelque 90 maladies a été découvert[6]. Il s'est lentement propagé à travers l'Eurasie, atteignant plus tard l'Afrique du Nord, l'Amérique du Nord et l'Océanie.

[modifier] Bassin méditerranéen

Les fleurs de safran, représentés par de petites touffes rouges, sont ramassés par deux femmes sur cette fresque minoenne d'Akrotiri sur l'île égéenne de Santorin.
Les fleurs de safran, représentés par de petites touffes rouges, sont ramassés par deux femmes sur cette fresque minoenne d'Akrotiri sur l'île égéenne de Santorin.

Le safran a joué un rôle significatif durant la période gréco-romaine (du VIIIe siècle av. J-C. au IIIe siècle ap. J-C.)[7]. Pourtant, la première description du safran dans la culture grecque est bien plus ancienne et date de l'âge de bronze. La récolte de safran est représentée sur les fresques de la crète minoenne, où les fleurs cueillies sont déposées par des jeunes filles et des singes. L'une de ces sites de fresques et situé à Akrotiri, sur l'île grecque de Santorin (connue par les Grecs anciens sous le nom de Thera). Ces fresques ont été datées de 1600-1500 av. J-C.[6]. Nombre d'autres dates ont été attribuées, comme 3000-1100 av. J-C.[8] et le XVIIe siècle av. J-C.

Détail de la fresque des "cueilleurs de safran" du bâtiment "Xeste 3". C'est une des nombreuses fresques représentant le safran trouvé dans l'ancienne colonie minoenne de Akrotiri, à Santorin.
Détail de la fresque des "cueilleurs de safran" du bâtiment "Xeste 3". C'est une des nombreuses fresques représentant le safran trouvé dans l'ancienne colonie minoenne de Akrotiri, à Santorin.

Elles font le portrait d'une déesse grecque dirigeant la cueillette des fleurs et des stigmates utilisées dans la manufacture d'une drogue thérapeutique[8]. Une fresque provenant du même endroit décrit également une femme qui utilise du safran pour soigner un pied sanguinolent[6]. Ces fresques de Thera sont les premières représentations picturales précises de l'utilisation botanique du safran en tant que remède[8]. Cependant, la culture de safran dans la colonie minoenne d'Akrotiri sur Santorin fut définitivement détruite par un violent séisme et une éruption volcanique ultérieure, entre 1645 et 1500 av. J-C.[9]. C'est la cendre volcanique qui une fois retombée a aidé à conserver les fresques[10].

Les légendes des Grecs anciens parlaient des marins impudents embarqués sur les longs et périlleux voyages vers la lointaine Cilicia; ils espéraient s'y procurer ce qu'ils considéraient être le safran le plus précieux du monde[11].

La plus connue des légendes grecques impliquant du safran était la tragédie de Crocus et Smilax: le beau et jeune Crocus se dispose à poursuivre Smilax dans les bois près d'Athènes. Ils vivent alors une brève période d'amour idyllique dans laquelle elle est flattée par ses avances amoureuses. Bientôt, néanmoins, Smilax se lasse de Crocus. Alors, qu'il continue pourtant de la poursuivre malgré ses désirs, elle décide de l'ensorceler. Il est transformé en crocus de safran, avec de rayonnants stigmates oranges, dernier symbole de la passion de Crocus envers Smilax[12]. La tragédie et l'épice elle-même furent ensuite rappelés par Ovide [13]:

« Et toi, diamant aujourd'hui, nourricier fidèle de Jupiter enfant, ô Celmis ! et vous Curètes, nés d'une pluie féconde ; et vous aussi, Crocus et Smilax, changés en deux petites fleurs, je vous passe sous silence. Je veux, mes soeurs, captiver vos esprits par l'attrait de la nouveauté.[14]

(Ovide, Les Métamorphoses, Livre IV, traduction de Puget, Guiard, Chevriau et Fouquer (1876)) »
Une déesse grecque (représentée en détail) supervise la production du safran utilisé pour les drogues thérapeutiques sur cette fresque de Theran sur l'île volcanique égéenne de Santorin.
Une déesse grecque (représentée en détail) supervise la production du safran utilisé pour les drogues thérapeutiques sur cette fresque de Theran sur l'île volcanique égéenne de Santorin.

Pour les peuples méditerranéens, c'est le safran cultivé à Soli, sur la côte cilicienne, qui était le plus primé, particulièrement pour la fabrication de parfums et de pommades[7]. Cependant, certaines personnalités de l'époque comme Hérodote ou Pline l'Ancien lui préférèrent ses rivaux assyrien et babylonien (cultivé dans le Croissant fertile) pour la fabrication de remèdes contre les maladies gastro-intestinales et rénales[7].

Dans l'Égypte Ptolémaïque tardive, Cléopâtre utilisait un quart de tasse de safran dans ses bains tièdes pour ses propriétés colorantes et cosmétiques. Elle l'utilisait avant ses rencontres avec des hommes, croyant que le safran rendrait ses rapports sexuels plus plaisants[15]. Les guérisseurs égyptiens utilisaient le safran pour traiter toutes les variétés de maladies gastro-intestinales[16]. En effet, lorsque les maux d'estomac se transformaient en hémorragies internes, un traitement égyptien se composait de graines de crocus de safran mixées et écrasées ensemble avec des restes de {aager-tree}, de la graisse de bœuf, du coriandre et de la myrrhe. La mixture constituait un onguent ou un cataplasme à appliquer à même le corps. Les médecins comptaient sur celle-ci pour "[expulser] de sang par la bouche ou le rectum qui ressemble à du sang de cochon cuit."[17] Les conditions de l'appareil urinaire étaient également traitées avec une émulsion à base d'huile de fleurs de safran prématurées mélangées à des haricots grillés, utilisée principalement chez les hommes. Les femmes ingéraient une préparation plus complexe[18].

Dans les temps gréco-romains, le safran était marchandé entre les Méditerranéens et les Phéniciens. Dans les clients de ces derniers comptaient depuis parfumeurs de Rosette, aux physiciens de Gaza, en passant par les habitants de Rhodes, qui portaient des couches de safran pour masquer les mauvaises odeurs durant les sorties au théâtre[19]. Pour les Grecs, le safran était généralement associé avec les courtisans professionnels et les serviteurs connus sous le nom de heteaerae. De plus, les grands travaux de teinture réalisés à Sidon et Tyre utilisaient les bains de safran comme substitut. Ici, les vêtements royaux étaient trois fois immergés dans des teintes violettes; pour les vêtements des prétendants et roturiers royaux, les deux dernières immersions étaient remplacées par une immersion de safran, ce qui faisait perdre son intensité à la couleur violette[20].

Les anciens Grecs et Romains appréciaient également le safran pour ses utilisations parfumantes et désodorisantes. Ils le dispersaient dans les espaces publics comme les halls royaux, cours, et amphithéâtres. Lors de l'arrivée de l'Empereur Néron à Rome, ils le répandirent même dans les rues. En effet, les Romains riches firent une utilisation quotidienne des bains de safran. Ils l'utilisaient aussi comme mascara, en mettaient dans leurs vins, l'utilisaient dans leurs halls et rues comme un pot-pourri, et l'offraient à leurs divinités. Les colonisateurs romains l'emportèrent avec eux lorsqu'ils débarquèrent au sud de la Gaule, où il fut cultivé jusqu'aux invasions barbares en Italie, en 271 avant J-C. Des théories contradictoires affirment que le safran retourna en France seulement au 8e siècle ou avec la papauté d'Avignon au 14e siècle[21].

[modifier] Moyen-Orient

Des pigments à base de safran on été trouvés sur les peintures préhistoriques représentant des animaux dans des caves de 50 000 ans dans l'Iraq actuelle[12],[22]. Plus tard, les Sumériens utilisèrent le safran comme ingrédient dans leurs remèdes et potions. Pourtant, ils ne le cultivaient que peu. Ils choisirent plutôt de rassembler dans leurs étalages les fleurs sauvages uniquement, pensant que seule l'intervention divine pouvaient charger le safran de ses propriétés médicales[23]. Ceci tend à démontrer que le safran était un produit provenant principalement du troc de longue distance avant que la culture en Crète atteigne un pic durant le second millénaire avant J-C. Le safran a également honoré en tant qu'épice à l'odeur sucrée jusqu'à il y a 3 000 ans dans le Tanakh hébreux[24]:

« 13: Tes pousses sont un bosquet de grenadiers, avec les fruits les plus exquis ; le cypre avec le nard,
14: le nard et le safran, la cannelle et le cinnamome, avec tous les arbres à encens, la myrrhe et l’aloès, avec tous les meilleurs baumiers.[25]

(Ancien Testament, Cantique des cantiques IV , version Chanoine Crampon (1923)) »

Dans la Perse ancienne, le safran (Crocus sativus "Hausknechtii") était cultivé à Derbena et Isfahan au Xe siècle av. J-C. Là, des filaments safran perse on été trouvés tissés ensemble dans d'anciens tapis royaux perses et des linceuls funéraux[12]. Le safran était utilisé par les anciens adorateurs perses lors des rituels d'offrandes aux divinités. Il était également utilisé comme excellent colorant jaune, comme parfum et comme remède médicinal. Aussi, les filaments de safran étaient étendus sur les lits et mélangés à du thé brûlant pour soigner la mélancolie. En effet, les filaments de safran perses, utilisés pour épicer la nourriture et les thés, étaient suspectés par les étrangers d'être une drogue et un aphrodisiaque. Ainsi les voyageurs pour la Perse étaient prévenus à propos de la cuisine au safran[7]. De plus, le safran perse était dissous avec du bois de santal dans de l'eau pour se laver le corps après un travail dur et la transpiration sous le soleil brûlant[26]. Plus tard, le safran fut largement utilisé par Alexandre le Grand et ses forces durant ses campagnes en Asie. Ils mirent du safran dans leurs thés et dînèrent de riz safrané. Alexandre lui-même utilisa du safran dans de l'eau chaude pour un bain. Il espérait soigner ses nombreuses blessures, et sa foi dans le safran grandit avec chaque traitement. En effet, il recommanda même les bains de safran pour ses hommes. Les soldats grecs, pris avec les propriétés soignantes qu'ils percevaient du safran, continuèrent leurs pratiques après leur retour en Macédoine[27]. La culture du safran arriva aussi dans l'actuelle Turquie, avec des moissons concentrées autour de la cité du nord de Safranbolu; l'endroit est toujours connu pour ses festivals annuels de récoltes du safran.

[modifier] Inde et Chine

[modifier] Europe

[modifier] Amérique du Nord

[modifier] Notes

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  5. (en)MH. Goyns (1999), Saffron, Taylor & Francis, p. 1, ISBN 90-5702-394-6
  6. abc (en) WH. Honan, "Researchers Rewrite First Chapter for the History of Medicine", The New York Times
  7. abcd P. Willard, op. cit., p. 41
  8. abc (en) Ferrence, SC (2004), "Therapy with saffron and the Goddess at Thera", Perspectives in Biology and Medicine 47(2). PMID 15259204
  9. P. Willard, op. cit., p. 37
  10. P. Willard, op. cit., pp. 37–38
  11. P. Willard, op. cit., pp. 2–3
  12. abc P. Willard, op. cit., p. 2
  13. P. Willard, op. cit., p. 1
  14. te quoque, nunc adamas, quondam fidissime parvo,
    Celmi, Iovi largoque satos Curetas ab imbri
    et Crocon in parvos versum cum Smilace flores
    praetereo dulcique animos novitate tenebo.
  15. P. Willard, op. cit., p. 55
  16. P. Willard, op. cit., p. 34
  17. P. Willard, op. cit., pp. 34-35
  18. P. Willard, op. cit., p. 35
  19. P. Willard, op. cit., p. 58
  20. P. Willard, op. cit., p. 59
  21. P. Willard, op. cit., p. 36
  22. J. Humphries (1998), The Essential Saffron Companion, Ten Speed Press, p. 20, ISBN 1-58008-024-3
  23. P. Willard, op. cit., p. 12
  24. J. Humphries, op. cit., p. 20
  25. 13
    שלחיך פרדס רמונים
    עם פרי מגדים
    כפרים עם־נרדים׃
    14
    נרד וכרכם קנה
    וקנמון עם כל־עצי
    לבונה מר ואהלות
    עם כל־ראשי בשמים׃
  26. P. Willard, op. cit., pp. 17–18
  27. P. Willard, op. cit., pp. 54–55


Safrans en fleurs
Safrans en fleurs
Safrans en fleurs dans un jardin dans la Préfecture d'Ōsaka (大阪府), Kansai, Honshū, Japon.
Safrans en fleurs dans un jardin dans la Préfecture d'Ōsaka (大阪府), Kansai, Honshū, Japon.