Civilisation minoenne

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Histoire de la Grèce

Grèce préhellénique
Préhistoire de la Grèce
-3200 Civilisation cycladique
-2700 Civilisation minoenne
 -1550 Civilisation mycénienne
Grèce antique
 -1200 Siècles obscurs
 -800 Époque archaïque
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 -323 Époque hellénistique
 -146 Grèce romaine
Grèce médiévale
 330 Empire byzantin
 1453 Grèce ottomane
Grèce contemporaine
  1799 République des Sept-Îles
  1822 Guerre d'indépendance
 1832 Royaume de Grèce
 1936 Régime du 4 août
 1941 Occupation
 1946 Guerre civile
 1967 Dictature des colonels
 1974 République hellénique

La civilisation minoenne se développe en Crète de 2700 à 1200 av. J.-C.. Tirant sa dénomination du nom du roi légendaire Minos, elle a été révélée par l'archéologue anglais Arthur John Evans au début du XXe siècle.

Sommaire

[modifier] Une thalassocratie déchue ?

[modifier] Insularité

Les principaux sites minoens de Crète
Les principaux sites minoens de Crète

La Crète est une île montagneuse qui se trouve dans la Méditerranée et qui offre de nombreuses rades naturelles. Située en zone sismique, elle est menacée des séismes, et les conséquences d'éruptions volcaniques.

Selon Homère, la Crète comptait 90 villes, dont Cnossos était la plus importante. Des archéologues ont trouvé des palais également à Phaistos, à Malia et à Zakros. L'île était probablement divisée en quatre unités politiques, avec celle du nord gouvernée par Cnossos, celle du sud par Phaistos, celle du centre-est par Malia et celle du bout de l'est par Zakros. Des palais de moindre importance, plus petits, ont été également trouvés dans d'autres régions. Il est à noter qu'aucune des villes minoennes ne disposait d'enceintes, et à peine trouve-t-on des armes. La célèbre hache à double tranchant n'avait sans doute qu'une fonction rituelle. Elle fut un symbole religieux.

[modifier] Une civilisation tournée vers le commerce maritime ?

Les minoens ne semblent pas avoir constitué une civilisation guerrière. On les a souvent décrits comme un peuple commerçant engagé dans le commerce d'outre-mer. Beaucoup d'historiens et d'archéologues croient que les Minoens étaient très impliqués dans le commerce de l'étain qui était très important lors de l'âge de bronze (l'étain étant utilisé pour la production de bronze).

[modifier] Théories de l'échec

Saut acrobatique sur un taureau, figurine en ivoire du palais de Cnossos
Saut acrobatique sur un taureau, figurine en ivoire du palais de Cnossos

La civilisation minoenne est une civilisation de l'âge du bronze. Son déclin semble correspondre à l'apparition des outils en fer. L'absence de déchiffrement de l'écriture minoenne, le linéaire A, restreint considérablement la connaissance que nous avons de cette brillante civilisation.

Il est possible que les réseaux de commerce se soient effondrés, et que les villes minoennes aient péri par la famine. Selon cette théorie, les Minoens auraient reçu leur blé des fermes sur le littoral de la mer Noire.

Maints historiens croient que les anciens empires commerciaux risquaient constamment d'être détruits par la traite « non-économique », c'est-à-dire que la nourriture aurait été sous-évaluée vis-à-vis du luxe, parce que la comptabilité n'était pas encore développée. Le résultat pourrait avoir été la famine et la diminution de la population.


Une autre théorie de l'effondrement minoen est que, quand on commença à utiliser des outils de fer, les Minoens, qui vendaient de l'étain pour produire du bronze, s'appauvrirent progressivement. Lorsque leurs réseaux de commerce disparurent, des famines régionales se développèrent et il leur fut impossible de les combattre.

D'autres historiens théorisent que les capacités navales des Minoens furent endommagées en quelque manière par l'explosion de la ville de Théra. Cette explosion aurait mené à une conquête par les Mycéniens, et ces derniers ne pouvaient pas gérer un grand empire commercial.

Aussi, on imagine qu'un volcan sur l'île de Théra (appelée aussi Santorin), au nord de la Crète, est entré en éruption et a causé des raz-de-marée massifs et des pluies de cendres.

Certains pensent qu'une invasion mycénienne eut lieu après l'éruption et que celle-ci a mené à la chute de la civilisation minoenne. On dit d'ailleurs que cette éruption aurait inspiré la légende de l'Atlantide.

[modifier] Une civilisation originale

[modifier] Les écritures minoennes

Les crétois ont d'abord utilisé un système d'écriture reposant sur des idéogrammes. Puis, apparaît, au début du IIe millénaire av. J.-C., un second système d'écriture syllabique dit "linéaire A". Ces deux systèmes d'écritures nous sont très mystérieux et seul, à Knossos, un troisième système d'écriture dénommé "linéaire B" recouvre le grec.

[modifier] Une civilisation palatiale

La civilisation minoenne se caractérise, d'abord par ses palais à l'image de ceux de Cnossos, Phaistos, Malia ou encore de Zakros. Aussi, de 2000 à 1700 av. J.-C., une première période dite "protopalatiale" voit, au final, ses palais être détruits et, de 1700 à 1400 av. J.-C., durant une seconde période dite "néopalatiale", sont édifiés de nouveaux palais, plus riches.

[modifier] La religion minoenne

Déesse aux serpents
Déesse aux serpents

La religion de la Crète minoenne se distingue des religions contemporaines continentales sur plusieurs points. Aucune fresque ne figure les dieux, bien qu'on sache que les divinités ont été nombreuses ; pas plus que n'y apparaissent des représentations du pouvoir politique, administratif ou juridique. Aucun vestige de temple dédié à une divinité n'a été retrouvé. On sait que des manifestations cultuelles et rituelles avaient lieu en plein air ou dans des grottes.

Les cérémonies religieuses semblent avoir accordé une grande importance à l'apparition momentanée d'une divinité, en réponse à une invocation, sur le sacrifice fait à la divinité et surtout sur les danses rituelles et l'extase des adeptes qui s'ensuit plus qu'à la divinité elle-même, dont on ne sait rien, tandis que le côté humain de ces cérémonies est mis en évidence sur les objets qui en témoignent : sarcophages, anneaux, céramiques.

La double hache et les cornes étaient des objets cultuels possédant une valeur symbolique ; un éventuel symbolisme astral n'est pas établi.

Les offrandes faites aux divinités étaient constituées de toute une variété de statuettes de petite dimension, le plus souvent aux connotations féminines. Les fameuses statuettes des « déesses aux serpents » sont en réalité une apparition assez tardive et très probablement d'origine orientale.

Dans les grottes, les cendres des victimes sacrificielles ont été retrouvées ; il s'agissait de cendres animales : ovins, bovins, porcins et chiens.

[modifier] Population et activités à l'intérieur des terres

[modifier] Des centres urbains organisés

A l'image de Gournia ou Malia, des villes ont pu être mises au jour. Place, rues dallées, et habitations modestes d'une à deux pièces ont ainsi pu être mis en évidence. Elles semblent prouver un souci urbanistique. Des petits centres d'artisanat et des villas telles celles de Cortyne, Tylissos ou Vathypetro ont encore été mis en évidence dans la campagne méridionale.

[modifier] Une agriculture diversifiée

La population n'est pas seulement répartie dans les centres urbains mais aussi à la campagne.

Les Minoens élevaient des vaches, des moutons, des cochons, des chèvres ; ils cultivaient du blé, de l'orge, de la vesce, du pois chiche, des figues, des olives, et des raisins.

Les agriculteurs utilisaient des charrues en bois, liées par cuir aux manettes en bois, traînées par des paires d'ânes ou bien des bœufs.

[modifier] Un artisanat développé

Des vases faits au tour sont produits et servent d'amphores de réserve ou encore de récipients de transport. Des vases en pierre sont eux marqués par l'aspect décoratif et le soin qui leur est porté. Les minoens brillent dans les travaux minutieux particulièrement dans la glyptique et l'orfèvrerie. Les sculptures se limitent, par contre, à des petites statuettes en ivoire, bronze ou argile.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • Moses Finley, Les Premiers Temps de la Grèce, Maspéro, Paris, 1973.
  • R. Hägg, N. Marinatos (éd.) :
    • (en) The Minoan Thalassocracy. Myth and Reality, Paul Åström, Stockholm, 1984,
    • (en) The Function of Minoan Palaces. Proceedings of the Fourth International Symposium at the Swedish Institute in Athens, 10–16 June, 1984, Paul Åström, Stockholm, 1987.
  • Michel Mastorakis et Micheline van Effenterre, Les Minoens, l'âge d'or de la Crète, Paris, Éditions Errance, 1991, 211 p.
  • Reynold Higgins, L'Art de la Crète et de Mycènes, Thames & Hudson, Londres, 1995 (1re édition 1967, revue en 1981 et 1995) (ISBN 2-8711-097-8).
  • (en) O. Krzyszkowska et L. Nixon (dir.), Minoan Society, Bristol Classical Press, 1998 (2e édition) (ISBN 0862920191).
  • E. Lévy (éd.), Le Système palatial en Orient, en Grèce et à Rome, Brill, Leyde, 1987.
  • Jean-Claude Poursat, La Grèce préclassique, des origines à la fin du VIe siècle, Nouvelle histoire de l’Antiquité, vol. 1, Seuil, coll. « Points Histoire », 1995 (ISBN 2-02-013127-7).

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur la civilisation minoenne.

  • Le peuple de Minos par Paul Faure, Professeur émérite de langues et civilisations helléniques à l'université Blaise Pascal de Clermont Ferrand.