Sighetu Marmaţiei

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Sighetu Marmaţiei ou Sighetul Marmaţiei (au moyen-âge Ostrovu Marmaţiei, ukrainien: Сигіт, Сигіт-Мармароський, (hu) Máramarossziget, rusyn: Sihota), mais seulement Sighet à l'époque de la dictature communiste, est une ville (municipalité) du Judeţ de Maramureş au confluent de l'Iza et de la Tisa, dans le nord-ouest de la Roumanie.

Sommaire

[modifier] Nom

Sziget, prononcé comme Sighet, signifie "île" en hongrois, ce qui est aussi le sens du mot médiéval Ostrov en roumain et en rusyn.

[modifier] Géographie

La ville est située sur la rivière Tisa, qui la sépare de la Ruthénie ukrainienne.

Les communautés avoisinnantes incluent : Sărăsau, Săpânţa, Câmpulung la Tisa, Ocna Şugatag, Giuleşti, Vadu Izei, Rona de Jos et Bocicoiu Mare en Roumanie; Bila Cerkva et Solotvino en Ukraine (oblast d'Ukraine subcarpatique).

[modifier] Démographie

La ville abritait avant la Seconde Guerre mondiale une importante communauté juive ashkénaze, dont Elie Wiesel, qui l'évoque dans de nombreuses œuvres.

Elle compte à présent 44.185 habitants.edrc, dont

  • 79.73% de Roumains
  • 15.80% de Hongrois
  • 1.08% de Roms
  • 2.97% d'Ukrainiens et Rusyns

D'après le recensement effectué en 1910, la ville comptait 21.370 habitants dont 17.542 (82.1%) Magyars et Juifs, 2.001 (9.4%) Roumains, 1,257 (5.9%) Allemands, and 32 (2.5%) Ruthènes.[1] Ces statistiques ne prenaient pas encompte la population juive, qui était substantielle à Sighet, avant la Shoah — selon certains comptes, Sighet possédait en 1940 la plus grande proportion de Juifs de toutes les villes du pays.[2]

[modifier] Histoire

Encore inhabitée à l'époque de la culture de Hallstatt, la confluence de la Tisa et de l'Iza se situait sur la route qui, par le col de Iablonitsa, reliait la plaine pannonienne à la grande plaine scythique, en franchissant les Alpes Bastarniques. Cette route était très empruntée par les Agathyrses, Roxolans et Sarmates, peuples de la steppe de langues iraniennes (comme les Daces locaux), auxquels vînrent se mêler ultérieurement des Celtes, les Scordices. Il est probable que l'endroit ait pu abriter périodiquement des marchés, mais la première mention d'un établissement permanent ne date que du XIe siècle, et la ville en tant que telle n'est citée qu'en 1326. En 1352, elle est mentionnée comme ville franche et capitale du voévodat du Maramureş, lui-même vassal du royaume de Hongrie. Au siècle suivant, le voïvodat perd son autonomie et devient un simple comté de la Hongrie, statut qu'il gardera jusqu'en 1918, Sighet en étant le chef-lieu.

Toutefois, de 1570 à 1733, le comté et la ville firent partie de la Principauté de Transylvanie, d'abord indépendante, ensuite vassale de l'empire d'Autriche. Après 1733, le comté revînt à la Hongrie au sein de l'empire austro-hongrois. Sighetu Marmaţiei fut un centre culturel à la fois roumain, ukrainien et juif ashkénaze. La communauté juive y a de vifs souvenirs liés à la famille Teitelbaum et au Hassidisme. Lors du partage en 1918 du Maramureş entre la Tchécoslovaquie et la Roumanie à l'issue de la Première Guerre mondiale, Sighet échut à cette dernière.

Alliée au Troisième Reich durant la deuxième guerre mondiale, la Hongrie reprit le Maramureş aux Tchécoslovaques en 1939 (Accords de Munich) et aux Roumains en 1940 (Diktat de Vienne). De 1941 à 1944, plus de 20.000 juifs de Sighet furent envoyés à Auschwitz par les autorités hongroises, dont le futur prix Nobel Elie Wiesel. il reste aujourd'hui moins de cent juifs à Sighetu Marmaţiei.

Les troupes roumaines et soviétiques libérèrent Sighetu Marmaţiei fin 1944 et le Traité de Paris (1947) rendit la ville à la Roumanie.

Dans les années 1946-1989, le régime communiste et sa police politique, la Securitate firent de la vieille prison préfectorale austro-hongroise un mouroir pour détenus politiques et d'opinion où périt une partie de l'élite intellectuelle et politique de la Roumanie parlementaire d'avant-guerre, dont l'ancien premier ministre démocrate Iuliu Maniu (décédé en 1953). Après la chute de la dictature, fin 1989, la prison est devenue un Mémorial des Victimes du Communisme, reconnu en 1998 par le Conseil de l'Europe comme "Lieu de Mémoire de l'Europe", comme celui d'Auschwitz et celui de la Paix en Normandie. Ce Mémorial jouxte le monument aux victimes de la Shoah et de nombreuses commémorations se font simultanément: selon Ana Blandiana, fondatrice du mémorial, "Sighet est une petite ville à côté de Berlin: nous ne pouvons pas nous permettre de nous diviser, de fragmenter nos mémoires, et il serait atroce de banaliser celle des voisins pour mettre en exergue la nôtre, car lorsque la justice ne parvient pas à devenir mémoire, seule la mémoire peut devenir justice".[3]

Le mémorial aux victimes du communisme et le monument à celles de la Shoah à Sighetu Marmaţiei
Le mémorial aux victimes du communisme et le monument à celles de la Shoah à Sighetu Marmaţiei

[modifier] Natifs de Sighet

La maison natale d'Elie Wiesel à Sighet
La maison natale d'Elie Wiesel à Sighet
  • Elie Wiesel
  • David Weiss Halivni
  • Simon Hollósy
  • Alexandru Sainelic
  • Moshe Teitelbaum
  • Yekusiel Yehuda Teitelbaum (I)
  • Yekusiel Yehuda Teitelbaum (II)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. Atlas and Gazetteer of Historic Hungary 1914, Talma Kiadó ISBN 963-85683-4-8
  2. Museum of Tolerance
  3. Memorialul Victimelor Comunismului si al Rezistentei

[modifier] Liens externes