Siège de Ciudad Rodrigo

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Siège de Ciudad Rodrigo
Informations générales
Date 18-19 janvier 1812
Lieu Ciudad Rodrigo
(Espagne)
Issue Victoire britannique
Belligérants
France France Royaume-Uni Royaume-Uni
Royaume du Portugal
Commandants
Jean Léonard Barrié Arthur Wellesley de Wellington
Forces en présence
1 900 27 canons de siège
Pertes
600 morts ou blessés
1 300 prisonniers
1 100 morts ou blessés
Guerre d'indépendance espagnole
Bruc — Saragosse (1er) — Medina del Rio Seco — Bailén — Roliça —Vimeiro — Durango — Valmaseda — Burgos (1e) — Espinosa — Tudela — Somosierra — Saragosse (2e) — Sahagún — Castellón — Uclés — La Corogne — Valls — Villafranca — Medellin — Oporto —Gérone — Talavera — Almonacid — Ocaña — Buçaco — Alba de Tormes — Gebora — Barrosa — Figueres — Fuentes de Oñoro — Albuera — Ciudad Rodrigo — Badajoz — Arapiles — Burgos (2e) — Vitoria — Sorauren — Nivelle — Nive — Orthez — Toulouse

Sommaire

[modifier] Contexte

Ciudad Rodrigo est une ville espagnole fortifiée à la frontière avec le Portugal et qui contrôlait la route allant du centre du Portugal à Salamanque. Cette forteresse surplombe le pont sur l'Agueda qui est un passage obligé venant du Portugal pour aller vers le nord de l'Espagne. La forteresse avait été prise par les Français du Maréchal Ney en 1810. Les Français avaient pu prendre la place après avoir installé leurs batteries de siège sur le Grand Teson, une colline située au nord ouest de la ville, surplombant les fortifications. Conscients de cette faiblesse dans le dispositif de défense de la ville, les Français avaient construit un fort sur cette colline afin d'en interdire l'accès aux assaillants. Lord Wellington voulait prendre la ville rapidement car il craignait qu'elle ne reçut les secours de l'armée de Marmont et de celle du général Jean Dorsenne.

[modifier] Déroulement du siège

Le siège commença le 8 janvier 1812 par une attaque surprise du fort situé sur le Grand Teson. Le fort fut enlevé par la division légère britannique. La prise du fort permit de creuser le premier parallèle[1] où furent installées les batteries de siège. Le pilonnage des remparts commença le 13 janvier.

Sur une colline moins élevée (le Petit Teson) mais située entre le Grand Teson et les remparts, on commença à creuser un second parallèle. Le couvent de Santa Cruz, qui commandait le Petit Teson fut pris par les Britanniques, repris par les Français et finalement resta aux mains des Britanniques après d'âpres combats. Le 19 janvier, les Britanniques avaient ouvert deux brèches dans les remparts de la ville. Une grande brèche à l'angle nord ouest de la ville et une autre plus petite à 200 m à l'Est de la première.

Les Français renforcèrent le sommet de la grande brèche avec des chevaux de frise et minèrent les éboulis qui y donnaient accès. Ils creusèrent une tranchée de cinq mètres de profondeur et trois mètres de large sur le terre plein autour du sommet de la brèche. Deux canons de 24 livres furent placés sur les côtés afin de balayer la brèche. Le fond de la tranchée était semé de piques, de quadripointes[2] et de chevaux de frise. Des fagots de combustible étaient prévus pour éclairer les approches de la brèche en cas d'attaque nocturne.

Les Français avaient eu peu de temps pour renforcer la petite brèche, car celle-ci fut ouverte au dernier moment. Les chevaux de frise et les tranchées n'avaient pu être mis en œuvre. Seul un canon hors service fut placé en travers du sommet de la brèche. Par contre au moins un canon pouvait depuis les flancs frapper la pente de la brèche.

L'assaut était prévu pour la nuit du 19 janvier. La 3e division fut assignée à la brèche principale, la petite brèche fut attribuée à la division légère. Trois attaques de diversion avaient été planifiées. Un bataillon de chasseurs portugais devait traverser le pont et prendre quelques redoutes près de la porte principale, qui protégeait les défenseurs des fossés[3]. Le 5e régiment devait attaquer depuis le couvent de Santa Cruz et nettoyer le parapet entre les fossés de tous défenseurs, et le 94e régiment devait nettoyer le fossé en avant du parapet.

A 7 heures du soir l'attaque commença avec les chasseurs portugais fonçant sur le pont et prenant les postes avancés. Les deux autres régiments accomplirent rapidement leur mission et la voie était libre pour l'attaque principale. Celle-ci devait être mené par la brigade du général McKinnon, qui était précédée de 150 hommes portant des sacs de foin.[4]. A peu près au même moment les 5e et 95e régiments venaient juste de terminer le nettoyage des parapets et dans leur enthousiasme ils poursuivirent jusqu'à la brèche principale. En fait, ils l'atteignirent avant la force d'assaut principale! La brigade de McKinnon les suivit de près, mais tous furent arrêtés par la tranchée creusée au sommet de la grande brèche. A ce moment ils subirent le feu meurtrier des deux canons qui balayaient la brèche à bout portant avec de la mitraille. Alors que les Britanniques tournoyaient en désordre, les Français mirent à feu une mine enterrées sous les décombres de la brèche. Cette explosion massive assomma les assaillants et provoqua de lourdes pertes parmi leurs chefs. Les Britanniques parvinrent bientôt à se reformer et par des efforts héroïques ils réussirent à réduire au silence les deux canons et à prendre la brèche. La voie vers l'intérieur de la ville était ouverte !

La division légère se rassembla derrière le couvent de San Francisco avant son assaut vers la petite brèche. Malgré le grand nombre d'officiers supérieurs, cette attaque fut mal menée depuis le départ. Les troupes portant les sacs de foin se perdirent et la première vague d'assaut[5] attaqua le parapet entre les deux fossés, pensant que c'était le rempart. Une fois que la brèche fut localisée, la force d'assaut principale progressa vers le haut en rencontrant peu de résistance. Les défenseurs français battirent en retraite jusqu'à la place principale de la ville où bientôt ils capitulèrent.

La ville était maintenant aux mains des Britanniques, et rien ne put arrêter les troupes victorieuses. Les 12 heures suivantes furent marquées par une orgie sauvage de pillage, de viols et de beuveries. Des fortunes furent faites en une nuit et aussitôt dissipées en boissons et personne n'était en sécurité, pas même les officiers britanniques. Au matin les soldats furent repris en main et le travail de réparation des dégâts commença.

[modifier] Bilan de la bataille

Les pertes britanniques pendant tout le siège furent d'environ 1 100 tués ou blessés. Au cours de l'assaut lui-même, les pertes dans la troupe ne furent pas particulièrement lourdes avec environ 100 morts et 400 blessés. Cependant, les pertes parmi les officiers, et particulièrement les officiers supopérieurs, furent très lourdes avec 59 morts ou blessés. Le général Craufurd, commandant de la division légère fut mortellement blessé, alors que le général McKinnon, commandant de la force d'assaut fut tué dans l'explosion de la mine qui ébranla la grande brèche. Le général Vandeleur, commandant de la brigade qui donna l'assaut à la petite brèche fut aussi grièvement blessé.

Des 1 900 hommes de la garnison française, environ 600 furent tués ou blessés pendant le siège.

[modifier] Sources

  • Lien externe:The siege of Ciudad Rodrigo by Robert Burnham[1]
  • Lien externe:The Peninsular War[2]
  • Lien externe: Carte du siège de Ciudad Rodrigo [3]

[modifier] Notes et références

  1. Tranchée parallèle aux remparts de l'assaillant, et donc protégée des tirs ennemis en enfilade
  2. Pièces d'acier forgées présentant quatre pointes, orientées de telle sorte qu'une pointe est toujours dirigée vers le haut, ces "accessoires" étaient prévus pour être utilisés en rase campagne autour des points à protéger contre les charges de cavalerie ennemie, en particulier, autour des batteries de canon de campagne.
  3. La ville était entourée de deux fossés, entre lesquels s'élevait un mur avec parapet d'où les défenseurs pouvaient couvrir d'un feu de mousquèterie le fond des fossés qui étaient hors ligne de tir depuis le haut des remparts
  4. Ces sacs devaient être jetés dans le fossé au pied du mur extérieur afin d'amortir la chute des assaillants qui devaient sauter dans le vide d'une hauteur de 6 mètres
  5. En anglais "The forlorn hope" , ce qui donne une idée sur les chances de survie de cette première vague d'assaut, qui selon l'expression française attaquaient en "enfants perdus".


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