Sérères

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Sérères

Femme sérère dans un village du Sine-Saloum
Population totale ~ 1 183 120 (2002)[1]
Populations significatives en Sénégal, Gambie
Langue sérère
Religion islam, catholicisme, animisme
Groupes ethniques relatifs Ndut, Nones, Niominka

Les Sérères forment une ethnie présente dans le centre-ouest du Sénégal, au sud de la région de Dakar jusqu'à la frontière gambienne. Environ un Sénégalais sur six est d'origine sérère. Quelques Sérères sont également présents en Gambie.

Sommaire

[modifier] Histoire

Tisserand sérère de Mbissel (aquarelle de l'abbé Boilat dans Esquisses sénégalaises, 1853)
Tisserand sérère de Mbissel (aquarelle de l'abbé Boilat dans Esquisses sénégalaises, 1853)

Les Sérères constituent l'une des plus anciennes populations du pays. Ils sont partis des régions de la vallée du Nil, puis sont passés par le Gabou (région mythique) et se sont arrêtés au niveau de la vallée du fleuve Sénégal, région qui allait devenir le Tekrour, ensuite le Fouta-Toro. Les Sérères font d'abord partie du Fouta-Toro à l'époque de l'empire du Ghana, où ils ont fui l'islamisation, mais surtout la sécheresse, pour arriver définitivement dans les régions du Sine-Saloum où ils ont créé les deux royaumes sérères, le Sine et le Saloum. C'est la noblesse guelwar née de l'union entre Sérères et Mandingues déjà installés sur place à leur arrivée, qui régna sur ces deux royaumes qui ont tous deux été vassaux de l'empire Djolof, dont ils ont devenus indépendants à la fin du XVIe siècle, avant d'être annexés à la fin du XIXe siècle par la colonisation française.

Dans la société sérère, la hiérarchie est moins marquée que chez d'autres ethnies sénégalaises comme les Wolofs ou les Toucouleurs, mais elle ressemble beaucoup au système de castes de la plupart des ethnies d'Afrique de l'Ouest.

  • Au sommet se trouve la noblesse guelwar aux origines sérères et mandingues.
  • Puis vient la caste des artisans, subdivisée par corps de métier, ceux qui travaillent le fer, le bois (les Laobés d'origine poular), le cuir, les tisserands. À un rang inférieur, on trouve les griots attachés aux grandes familles dont ils connaissent la généalogie, l'histoire du terroir, ils sont poètes et musiciens. Grands maîtres de la parole, ils détiennent la tradition orale, très importante dans les sociétés africaines,
  • Au plus bas de la hiérarchie les esclaves de case et ceux de la royauté qui jouissent d'un statut particulier, car, comme chez les Wolofs, c'est chez eux qu'on recrutait les fameux Tiédos.

Au Sénégal, par rapport aux autres ethnies, les Sérères sont connus traditionnelement pour leur forme de société plus rustique et plus farouche, à la manière des Diolas. Autrefois les Sérères, en particulier ceux de la communauté none, s'habillaient de façon plus légère que les Wolofs par exemple. Ils se couvraient de gris-gris et portait le chapeau conique. Pendant la saison estivale, à la manière des hommes peuls, les hommes séréres étaient souvent torse nu, avec un pantalon bouffant. Sinon ils portaient une tunique ou un boubou. Les Sérères couvraient parfois leurs cheveux d'une sorte d'argile rouge. Les Sérères de ce type là se rencontraient dans les provinces et les villages reculés. Les femmes étaient vêtues avec leur pagne bleu indigo à rayures noires, ainsi que le mouchoir attaché sur leur tête de façon artistique, avec des coiffures complexes. Elles s'ornaient avec différents bijoux en or, ainsi que des pièces de monnaie qu'elles attachaient à leurs cheveux, comme les femmes peulh. Elles avaient aussi les lèvres et les gencives tatouées.

[modifier] Population

« Ouali : 21 ans, tirailleur du poste de Boké » (1881)
« Ouali : 21 ans, tirailleur du poste de Boké » (1881)
Toilette des petits dans un village sérère
Toilette des petits dans un village sérère

L'ethnie sérère est typiquement sénégalaise, car on ne la trouve qu'au Sénégal, dans les anciennes régions du Baol, du Sine, du Saloum et en Gambie.

Les groupes sérères se distinguent par leurs dialectes parlés, par les régions habitées et par les métiers pratiqués ; en effet, la plupart des Sérères sont cultivateurs depuis des temps immémoriaux, tandis qu'ils confient leurs troupeaux aux bergers peuls avec lesquels ils ont toujours cohabité. Cependant on trouve des Sérères Niominka qui pratiquent la pêche dans le delta du Saloum.

Les Sérères et les Toucouleurs sont unis par un lien de cousinage appelé parenté à plaisanterie, qui leur permet de se critiquer, mais aussi les oblige à l'entraide et au respect mutuel. Les Sérères appellent ce lien de cousinage, le kalir, ou le massir. Ce lien est dû au fait que les Sérères sont les parents des Toucouleurs. Au Tekrour, ce sont les Sérères et les Peuls qui, en se métissant, ont donné naissance l'ethnie toucouleur. Aussi plusieurs légendes expliquent ce cousinage. Les Sérères entretiennent également le même lien de cousinage avec les Diolas de Casamance avec qui ils ont une parenté très ancienne. Dans l'ethnie sérère ce même lien existe entre les patronymes, par exemple entre les Diouf et les Faye.

Même si les méthodologies ont été différentes, plusieurs enquêtes permettent de tenter une évaluation du nombre de Sérères au Sénégal. En 1921, un recensement en dénombre 199 746[2], soit 19,35% de la population totale. Pour 1948, un annuaire de l'AOF estime leur nombre à 273 500, soit 13,92%[3]. Des estimations de 1960 portent leur nombre à 595 000[4], soit 19,1%. Au recensement de 1976, les Sérères sont 716 919[5], soit 14,3%. À celui de 1988 ils sont 1 000 650[6], soit 14,8%.

[modifier] Langue

Icône de détail Article détaillé : sérère (langue).

Le sérère est une langue qui a des liens avec la langue peule et la langue wolof. Il existe plusieurs dialectes sérères tels que le sérère noon, le léhar (ou laala), le safen (ou saafi) et le ndut.

[modifier] Patronymes

Quelques patronymes sérères typiques sont Diouf, Ngom, Faye, Sène, Sarr, Senghor, Ndour, Dione, Dior, Diong, Dieye, Seck, Ndong, Seye, Loum, Tine, Bakhoum, Diene, Pouye, Thiaw, Marone, Gningue.

Les Séréres Niominka portent souvent des patronymes mandingues, comme les Guelwar.

[modifier] Personnalités sérères

Parmi les personnalités d'origine sérère on relève notamment les noms des hommes politiques Blaise Diagne (de père sérère), Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf (de père sérère) ainsi que du champion de lutte sénégalaise, Robert Diouf ou de la réalisatrice Safi Faye qui consacra à son village natal Fadial à la fois un travail universitaire[7] et un long métrage.

[modifier] Religions

Reconstitution d'une chambre funéraire à Bandia, avec des tumulus en arrière-plan
Reconstitution d'une chambre funéraire[8] à Bandia, avec des tumulus en arrière-plan

Une partie des Sérères – animistes à l'origine – est christianisée, tandis que beaucoup sont musulmans. Malgré l'Islam et le Christianisme, on trouve chez les Sérères, comme chez beaucoup de peuples d'Afrique, une tradition animiste très ancrée dans la vie de tous les jours.

Le mode d'ensevelissement sous tumulus est un mode traditionnel de sépulture chez les Sérères.

Le ndut [9]est un rite de passage sérère.

[modifier] Notes

  1. Source Ethnologue [1]
  2. Chiffres d'Iba Der Thiam cités par Makhtar Diouf, Sénégal. Les ethnies et la nation, NEAS, Dakar, 1998, p. 26
  3. Annuaire statistique de l'AOF, volume IV, tome I, p. 57, cité par M. Diouf, Les ethnies et la nation, op. cit., p. 26
  4. Démographie Africaine, novembre-décembre 1986, chiffres cités par M. Diouf, Les ethnies et la nation, op. cit., p. 27
  5. Démographie Africaine, mars-avril 1987, chiffres cités par M. Diouf, Les ethnies et la nation, op. cit., p. 27
  6. Chiffres cités par M. Diouf, Les ethnies et la nation, op. cit., p. 28
  7. Safi Faye, Contribution à l'étude de la vie religieuse d'un village sérère (Fadial), Sénégal, 1976
  8. Voir Georges Gaan Tine, Ethnographie comparée et tourisme au Sénégal : étude du cas des pyramides dites "sereer" de Bandia, Dakar, Université de Dakar, 1988, 119 p. (Mémoire de Maîtrise)
  9. Le Ndut dans « L'héritage spirituel sereer » (article du R.P. Henri Gravrand dans Éthiopiques n° 31 [2]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • (fr) Charles Becker, Vestiges historiques, témoins matériels du passé dans les pays sereer, Dakar, CNRS-ORSTOM, 1993, 12 p.
  • (fr) Ismaïla Ciss, Les Seerer du Nord-Ouest, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1982, 66 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Ismaïla Ciss, L’évolution des sociétés Sereer du nord-ouest du milieu du XIXe à la veille de la deuxième guerre mondiale, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1993, 35 p. (Mémoire de DEA)
  • (fr) Ismaïla Ciss, Colonisation et mutation des sociétés sereer du nord-ouest du milieu du XIXe siècle à la 2e guerre mondiale, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 2001, 396 p. (Thèse)
  • (fr) Léon Diagne, Le système de parenté matrilinéaire sérère, Dakar, Université de Dakar, 1985, 279 p. (Thèse de 3e cycle)
  • (fr) Salif Dione, L’Education traditionnelle à travers les chants et poèmes sereer, Dakar, Université de Dakar, 1983, 344 p. (Thèse de 3e cycle)
  • (fr) Marie-Madeleine Diouf, L’image de l’enfant à travers le conte sereer du Sine, Dakar, Université de Dakar, 1985, 217 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Marguerite Dupire, « Funérailles et relations entre lignages dans une société bilinéaire : les Serer (Sénégal) », Anthropos, St Paul, Fribourg, 1977, vol. 72, p. 376-400
  • (fr) Marguerite Dupire, « Les "tombes de chiens" : mythologies de la mort en pays Serer (Sénégal) », Journal of Religion in Africa, 1985, vol. 15, fasc. 3, p. 201-215
  • (fr) Amad Faye, La poésie funèbre en pays sereer du Sine, Dakar, Université de Dakar, 1980, 212 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Jean-Marc Gastellu, L’égalitarisme économique des Serer du Sénégal, Paris, ORSTOM, 1981, 808 p. (Travaux et Documents de l’ORSTOM n°128) (Thèse d’Etat publiée)
  • (fr) Henri Gravrand, La Civilisation Sereer. Cosaan : les origines, Dakar, NEA, 1983, 361 p.
  • (fr) Brigitte Guigou, Les effets de l’islamisation et du catholicisme sur la condition de la femme serer (Sénégal), Paris, EHESS, 1985, 7-106 p. (Diplôme d’Études Approfondies, sociologie)
  • (fr) Oumy K. Ndiaye, Femmes sérères et projets de développement : exemple de la diffusion des foyers améliorés dans le Département de Fatick, Sénégal, Université Laval, 1988 (M.A.)
  • (fr) Théodore Ndiaye, Littérature orale et culture : exemple des Serer du Sénégal, Paris, Université de Paris, 1972 (Thèse de 3e cycle)
  • (fr) Robert A.D. Sarr, L’éducation traditionnelle chez les Sérèr (Sénégal), Paris, EPHE, 1971, 210 p. (Mémoire)
  • (fr) Robert A.D. Sarr, Société sérèr et problèmes d’éducation traditionnelle et moderne, Paris, Université de Paris V-EPHE, 1973, 334 p. (Thèse de 3e cycle)
  • (fr) Birane Sène, La royauté dans vingt contes sérères, Dakar, Université de Dakar, 198?, (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Vincent Aly Thiaw, Les Sereer du Kajoor au XIXe siècle, Uniuversité de Dakar, 1990, 117 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Georges Gaan Tine, Ethnographie comparée et tourisme au Sénégal : étude du cas des pyramides dites "sereer" de Bandia, Dakar, Université de Dakar, 1988, 119 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Paul E. Vallée, Changements socio-économiques dans une communauté Serer, Université de Montréal, 1969 (M. A.)

[modifier] Liens externes

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