Séfévides

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Carte représentant l'État Safavide entre 1512 et 1722.
Carte représentant l'État Safavide entre 1512 et 1722.
Histoire de l'Iran
Shah Ismail, le fondateur de la dynastie des Safavides.
Shah Ismail, le fondateur de la dynastie des Safavides.

La dynastie des Séfévides ou Safavides (en persan : صفویان, Safaviān) régna sur l'Iran de 1501 à 1732. Ils sont la première dynastie iranienne indépendante à régner sur l'Iran depuis près de 1000 ans. Les Safavides sont à l'origine membres d'un ordre religieux soufi militant, les Qizilbash.

Sommaire

[modifier] Origine

L'arrivée au pouvoir des séfévides est liée directement au développement du soufisme en Iran et en Asie centrale. Le Sheykh Safi al-Din (1252-1334) fonde la tariqa Safavieh, centrée à Ardabil, entre Tabriz et la Caspienne, dans l'Azerbaïdjan iranien. Bien que certainement sunnite, il sera présenté comme un chiite au XVIe siècle et descendant du septième imam issu de Ali. En 1447-1448, le Sheykh Safavieh Djunayd, chassé d'Ardabil par les Qara Qoyunlu, rejoint leurs adversaires Aq Qoyunlu. Son fils Haydar épouse la fille de Uzun Hasan. En 1488, Haydar, devenu trop puissant, est battu et tué par les Aq Qoyunlu à Tabarsaran. Son fils Ismail, fondateur de la dynastie, prend la tête de la tariqa.

[modifier] Prise du pouvoir et les premières conquêtes

Au XIVe siècle, Ardabil était le centre d'une organisation destinée à garder les chefs Safavides en contact avec ses murids ("maîtres spirituels") sur les territoires qui sont maintenant l'Azerbaïdjan, l'Irak et l'est de l'Anatolie. L'organisation était contrôlée à travers le poste de khalifat al-khulafa'i qui nommait des représentants (khalifa) dans les régions où la propagande safavide était active. Le Khalifa avait à son tour des subordonnés appelés pira. Leur présence dans l'est de l'Anatolie représentait une menace sérieuse pour les Ottomans, car ils encourageaient la population chiite d'Asie mineure à se révolter contre le sultan.

En 1499, Ismail, le jeune chef de l'ordre Safavide, a quitté Lanjan pour Ardabil afin de réclamer le pouvoir. Pendant l'été 1500, près de 7000 de ses partisans originaires des tribus turcomanes d'Anatolie, de Syrie et d'Irak – appelés ensemble les Qizilbash – se sont joints à lui afin de le soutenir. À la tête de ces troupes, il commence par mener une campagne punitive contre le Shirvanshah (souverain du Shirvan) ; il cherchait alors à se venger de la mort de son père Heydar et de son grand-père au Shirvan. Après avoir battu le Shirvanshah Farrokh Yassar, il se déplace au sud vers l'Azerbaïdjan où ses 7 000 guerriers Qizilbash battent une force de 30 000 Aq Qoyunlu sous les ordres d'Alwand Mirza[1] puis prennent Tabriz, marquant ainsi la fondation de l'État Safavide.

Au cours de la première décennie du XVIe siècle, les Qizilbash étendent le pouvoir safavide au reste de la Perse, jusqu'à Bagdad et l'Irak, auparavant sous le contrôle des Aq Qoyunlu.

En 1510, Shah Ismail envoie un grand contingent de Qizilbash en Transoxiane afin de soutenir le souverain Timouride Bâbur , en guerre contre les Ouzbeks. Les Qizilbash battent les Ouzbeks et sécurisent Samarcande pour le compte de Babur. Cependant, en 1512, une armée entière de Qizilbash est anéantie par les Ouzbeks après que les qizilbash turcomans se soient révoltés contre leur vakil d'origine persane et leur commandant, Amir Nadjm [2]. Cette lourde défaite marque la fin de l'expansion et de l'influence safavide en Transoxiane et les frontières du nord-est de l'Iran restent vulnérables aux invasions nomades.

[modifier] Unification de l'État

C'est sous l'impulsion d'Ismaïl Ier, premier souverain safavide, qu'est décidée la conversion de l'Iran au chiisme duodécimain. Cette conversion résulte d'une volonté de s'affirmer face à la domination des Ottomans sunnites. La conversion permet de constituer les bases d'un État fort à partir d'une identité spécifique. Les safavides ont aussi utilisé leurs ressources afin de convertir un grand nombre d'Iraniens au chiisme. Sous les règnes des premiers safavides, l'Iran est devenu une théocratie : en effet, les partisans d'Ismail Ier le reconnaissent comme le murshid kamil, « le guide parfait » mais aussi comme une émanation de Dieu.

Fresque du Chehel Sotoun : Shah Abbas Ier recevant Vali Nadr Muhammad Khan.
Fresque du Chehel Sotoun : Shah Abbas Ier recevant Vali Nadr Muhammad Khan.

Le problème majeur des Safavides a été de créer un état unifié, une tâche qui était difficile compte tenu de la diversité ethnique du pays. En effet, ils ont dû faire cohabiter leurs partisans turcophones avec les iraniens, leurs traditions de combat avec la bureaucratie iranienne et leur idéologie messianique avec les exigences administratives d'un état territorial. Les institutions du début de l'État Safavide reflètent ces efforts d'intégration et d'équilibrage entre ces différents éléments. De plus, les Safavides faisaient face à des menaces extérieures, notamment celles des Ouzbeks, qui les attaquaient sur la frontière nord-est et qui faisaient des raids sur le Khorasan ; et des Ottomans, qui combattaient l'Iran dans le Caucase et en Anatolie.

La défaite des Iraniens contre les Ottomans à Chaldoran en 1524 puis l'occupation de la capitale Safavide, Tabriz, marque un tournant dans l'histoire des Safavides : le Shah ne peut plus être considéré comme une figure semi-divine, et son influence décroît sur un certain nombre des chefs Qizilbash. Les Ottomans se battirent par la suite avec les Iraniens sur la frontière occidentale de l'Iran, prenant Bagdad et le sud de l'Irak en 1533. Les batailles ont continué dans le Caucase et en Irak jusqu'en 1639, année durant laquelle fut signé le traité de Qasr-e Chirin, qui établissait des frontières entre les deux puissances qui sont restées quasiment inchangées jusqu'au début du XXe siècle.

[modifier] Apogée et déclin des Safavides

L'apogée des Safavides est atteinte sous Shah Abbas Ier le Grand (1588-1629) : il réussit à se défaire des menaces extérieures en signant des traités, équilibre le pouvoir des troupes qizilbash en créant un corps d'arméniens et de géorgiens qui lui sont loyaux, étend le territoire administré par son État et centralise encore plus l'administration. Il était un roi pieux, qui a soutenu les institutions religieuses en construisant des mosquées et des madresehs (écoles religieuses) ; cependant, on constate sous son règne une séparation graduelle des institutions religieuses et de l'État, dans un mouvement vers une hiérarchie religieuse indépendante. Son règne est aussi un âge d'or pour le commerce et les arts. Il se bat d'abord contre les portugais qui occupaient le détroit d'Ormuz puis accueillent les commerçants étrangers (britanniques, hollandais, français et autres). Le niveau des arts patronnés par le Shah est visible à Ispahan, sa nouvelle capitale, où il construit des palais et mosquées de toute beauté : Place Naghsh-e Jahan, et Ali Qapu, mosquée du Shah, mosquée du Sheikh Lutfallah, Palais de Chehel Sotoun,etc.) et donne une grande importance aux miniatures et aux beaux-arts. Ce mécénat donne naissance à une période artistique appelée art safavide.

Le déclin des Safavides commence véritablement après la mort de Shah Abbas. Ce déclin résulte de plusieurs facteurs : souverains faibles, interférence de la politique du harem avec la politique d'État, mauvaise administration des terres de l'État et taxes excessives ainsi que faiblesse croissante des armées (à la fois l'armée qizilbash et l'armée des ghulams). De plus, la politique religieuse des oulémas chiites persécutant les sunnites (particulièrement les sunnites d'Afghanistan) est un autre des éléments déclencheur de la chute des safavides. C'est ce déclin et ce mécontentement qui poussera des tribus afghanes dirigées par Mahmoud Ghilzai à se soulever puis à gagner une série de victoires sur la frontière occidentale en 1722, les menant rapidement jusqu'à la capitale et mettant un terme à la dynastie à l'État Safavide.

[modifier] Dynastie Séfévide

[modifier] Notes et références

  1. Roger M. Savory, Encyclopaedia of Islam, "Safavides", Online Edition, 2005
  2. Roger M. Savory, "The significance of the political murder of Mirza Salman", in "Studies on the history of Safawid Iran", xv, pp. 186-187

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes