Robert Hersant

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Robert Hersant, né le 31 janvier 1920 à Vertou (Loire-Atlantique), mort le 21  avril 1996 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), fut un éditeur de presse, fondateur du Groupe Hersant et un homme politique français.

Sommaire

[modifier] Une jeunesse entre le fascisme et la gauche

Avant la Seconde Guerre mondiale, Robert Hersant a milité au sein des Jeunesses socialistes (SFIO) de Rouen, où il a notamment rencontré l'anarcho-syndicaliste Alexandre Hébert[réf. nécessaire]. Après la défaite de 1940, il monte de Rouen à Paris (à pied selon certains, avec plusieurs amis des Jeunesses socialistes selon d'autres) pour tenter l'aventure politique.

Il dirige alors un groupuscule nazi, le Jeune front, situé dans l'orbite du Parti français national-collectiviste de l'ancien journaliste radical-socialiste Pierre Clémenti. La principale activité du Jeune front est de distribuer une feuille violemment antisémite, Au Pilori, l'un des pires journaux de la collaboration. Il se livre aussi à des violences (bris de vitrines de magasins juifs sur les Champs-Élysées, à côté du siège de Jeune front).

Par la suite, Robert Hersant se retrouvera au camp de Brévannes, créé dans l'esprit de la Révolution nationale. Il y retrouve Jean-Marie Balestre.

Robert Hersant a été condamné en 1947 à 10 ans d'indignité nationale pour collaboration avec l'Allemagne nazie, mais a bénéficié d'une amnistie générale en 1952. Il retourne ensuite à gauche, au parti radical-socialiste, puis à la FGDS. C'est à ce moment, alors qu'il est un notable de gauche, qu'il rachète Nord-Matin, le journal SFIO des bassins miniers[réf. nécessaire].

[modifier] Un patron de presse de droite

Dans les années 1970, Robert Hersant passera à droite et deviendra un soutien de la droite libérale et conservatrice avec notamment le rachat du Figaro. Il devient alors le symbole du gros patron de presse conservateur et conquérant. À cette époque, il est surnommé « Herr Sant » par Le Canard enchaîné[1]. En 1984, la majorité de gauche tente de faire adopter une loi restreignant la concentration dans la presse, afin de contraindre Robert Hersant à vendre une partie de son empire. Mais cette loi, largement vidée de sa substance par le Conseil constitutionnel, est abrogée après le retour de la droite au pouvoir, en 1986.

[modifier] Le fiasco de La Cinq

En 1987, Robert Hersant devient l'opérateur de chaîne française de télévision "La Cinq" en s'associant à Silvio Berlusconi, magnat de la télévision italienne. Après avoir racheté à TF1 tous ses animateurs vedettes, le fiasco financier arrive rapidement. Le public ne suit pas les stars sur la Cinq et malgré les séries américaines, les dessins animés japonais et les droits TV du tennis, de la Formule 1 et de la MotoGP, l'audience et donc les recettes publicitaires sombrent. Acculé, Robert Hersant vend ses parts à Jean-Luc Lagardère pour éviter la faillite de son groupe de presse.

[modifier] Notes

  1. « The Politic and the Pity », The Nation, 12 mai 1979

[modifier] Ouvrages

sur Robert Hersant :

  • Le dossier Hersant, Comment le "Springer" français a su passer des prisons de la République aux palais officiels, Maspéro. Cahiers libres. (1977) de Nicolas Brimo et Anne Guérin
  • Dossier H... comme Hersant. Editions Alain Moreau, 1977, de Dominique Pons
  • Le monde selon Hersant, éditions Ramsay. (1997) de Philippe Huet et Élizabeth Coquart
  • Citizen Hersant. De Pétain à Mitterrand, histoire d'un empereur de la presse. Seuil (L'Epreuve des faits), (1998), de Patrick & Philippe Chastenet.

[modifier] Citations

  • S'il n'y avait pas de journalistes et pas d'ouvriers du Livre, les éditeurs de journaux seraient des gens heureux (L'Expansion - Novembre 1976)
  • Quand je rencontre la première fois la rédaction d’un journal que je viens d’acheter, je demande aux journalistes la permission d’aller pisser. La deuxième fois, je vais pisser sans rien dire. La troisième fois, je leur pisse dessus (Citizen Hersant, Patrick et Philippe Chastenet, Le Seuil)

[modifier] Surnoms

  • Le papivore. À cause de son appétit insatiable pour l’achat de journaux et de périodiques : : « Bien sûr, depuis le début, je ne fais pas un journal, je fais des journaux, et je continuerai à faire des journaux. C’est la même chose pour moi que n’importe quel chef d’entreprise : la finalité d’une entreprise au plan industriel, c’est son développement, et la stagnation c’est le commencement de la fin. »

[modifier] Sources

  • Partis et mouvements de la Collaboration par Pierre Philippe Lambert et Gérard Le Marec, 1993.
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