Renaud de Bourgogne

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Renaud de Bourgogne était un fils de Hugues de Châlon (de la Maison d'Ivrée), sire de Salins et de Adélaïde ou Alix de Méranie.

Comte de Montbéliard de 1282 à 1321, il accorda en mai 1283 une charte d'affranchissement à la ville de Montbéliard. Cette charte des franchises, dont la cérémonie s'est déroulée au bourg Saint-Martin, fixe le nouveau statut des Montbéliardais. Elle proclame la fin des servitudes, instaure une notion inédite de liberté individuelle assez avancée pour l'époque. Les habitants de Montbéliard paieront 1.000 livres estèvenantes (monnaie de Besançon) leur affranchissement collectif. Dans la charte de 1283, Renaud fonde également une administration urbaine qui perdurera jusqu'à la Révolution française. Ce partage du pouvoir entre le seigneur (car souvent absent) et la bourgeoisie constitue un élan vers une conception nouvelle de vie publique. Montbéliard devient ainsi une ville médiévale « moderne ». L'administration de la cité est confiée au Conseil des IX, composé de neuf francs-bourgeois (chacun d'eux est chef d'un des neuf « guets » ou quartiers formant la ville). Ils ont à leur tête deux maîtres-bourgeois et un maire. Ce dernier est le représentant auprès du comte. Tous sont élus annuellement par tirage au sort. L'ensemble forme le « Magistrat », ou Conseil de ville, organe d'administration et de juridiction de celle-ci ; la plupart sont des commerçants, des artisans. Ils se réunissent pour exercer la justice en un tribunal municipal, c’est-à-dire, qu'ils exercent la Basse Justice et jugent les causes ordinaires. Toutefois, le comte souverain reste le suprême arbitre. Ayant toujours besoin d'argent pour mener sa guerre contre l'Empereur Rodolphe Ier du Saint-Empire, il affranchira encore la ville de Belfort en 1307, moyennant 1.000 livres estèvenantes, somme qu'il avait exigée 24 ans plus tôt des bourgeois de Montbéliard.

De Guillemette de Neufchâtel comtesse de Montbéliard, son épouse, il eut un garçon et quatre filles :

  • Othein, ou Othenin de Montbéliard, un garçon handicapé mental, décédé en 1339
  • Agnès (Agnès de Montbéliard), qui épousa Henri de Montfaucon (décédée en 1367)
  • Jeanne, qui épousa Ulrich III, comte de Ferrette, puis Rodolphe de Hesse, margrave de Bade, et en 3e noces, le comte Guillaume de Katzenellenbogen (elle décède en 1349).
  • Marguerite, qui épousa Guillaume d'Antigny, sire de Sainte-Croix.
  • Alix, qui épousa Jean II de Chalon-Auxerre (décédée 1363).

Le 1er septembre 1314, Renaud rédige un testament qui prévoit la succession de ses biens au profit de son épouse, mais elle décède quelques années plus tard. En 1321, peu avant sa mort, il modifie son testament ; ses biens iront cette fois au profit de ses enfants. Par ailleurs, Othenin, handicapé mental, sera mis sous tutelle en cas d'incapacité de celui-ci à lui succéder. Ce sera Hugues de Bourgogne, le plus jeune frère de Renaud, qui en sera le tuteur et devient pendant 5 ans le régent du comté. Car si cinq ans après le décès de Renaud, Othenin est toujours incapable de gérer les affaires du comté (ce qui fut le cas), alors, le patrimoine sera définivement partagé entre les enfants, mais le comté de Montbéliard subviendra aux besoins de son fils jusqu'à la fin de ses jours. Othenin meurt 17 ans après son père. Au décès d'Hugues de Bourgogne (vers 1330), Agnès, troisième fille de Renaud et mariée à Henri de Montfaucon hérite du comté de Montbéliard. Jeanne, l'aînée de l'hoirie, reçoit Belfort. Ce fut le début du démembrement du comté de Montbéliard, car Belfort tomba d'abord dans l'escarcelle des comtes de Ferrette, puis, vers 1360, dans le domaine autrichien des Habsbourg.

Note : Renaud avait plusieurs frères, dont Othon IV de Bourgogne, l'aîné de la famille, qui mourut en 1303 au cours de la bataille de Cassel. Il devint comte palatin de Bourgogne au décès de sa mère et épousa en seconde noces, Mahaut d'Artois, comtesse d'Artois, personnage emblématique (avec son neveu Robert) du roman de Maurice Druon Les Rois maudits. Le plus jeune frère, Hugues de Bourgogne, mourut dans les années 1330 sans postérité. Il était seigneur de Maubusson, Aspremont, Fraisans, Orchamps, Lavans, Gendrey, Dampierre-sur-Saône, Port-sur-Saône, et de Châtillon-le-Duc (près de Besançon). Après que le duc Eudes IV de Bourgogne eût rattaché la Comté au Duché, ce dernier l’avait nommé lieutenant-général de la Comté.

[modifier] Sources

Le Roman d'une Principauté, D. Seigneur. - Éditions : Cêtre (Besançon).

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