Mahaut d'Artois

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Blason du comté d'Artois

Mathilde d’Artois, dite Mahaut d’Artois (vers 1270-1329), est une princesse de la maison capétienne d’Artois, comtesse d’Artois, pair de France par son titre de comtesse d'Artois, comtesse de Bourgogne par son mariage avec le comte Othon IV de Bourgogne, et belle-mère des rois Philippe V de France et Charles IV de France par les mariages de ses deux filles.

Sommaire

[modifier] Biographie

1270 Naissance. Fille du comte capétien Robert II d'Artois et d'Amicie de Courtenay.

[modifier] Mariage avec le comte Othon IV de Bourgogne

1285 Elle se marie à l'age de 15 ans avec le comte Othon IV de Bourgogne de la maison d'Ivrée, dont elle a deux filles et trois fils, dont Robert, mort en bas âge, et Jean, mort au berceau.

[modifier] Héritière du comté d'Artois

1302 Son père meurt le 11 juillet à la bataille de Courtrai, en Belgique, contre les Flamands du comté de Flandre, bataille qu'il mène pour le compte de son suzerain, le roi Philippe IV de France (Philippe le Bel). Elle lui succède comme comtesse d'Artois en occultant son neveu Robert III d'Artois, alors âgé de 16 ans, fils de son frère aîné Philippe d'Artois, mort à la bataille de Furnes contre le comté de Flandre le 20 août 1297 : les lois de succession du comté d'Artois écartent les petits-enfants du dernier comte au profit de ses frères et sœurs.

[modifier] Régente du comté de Bourgogne

1303 Son mari le comte Othon IV de Bourgogne meurt à son tour le 4 avril à l'âge de 56 ans des blessures reçues à la bataille de Courtrai contre les Flamands du comté de Flandre. Elle devient veuve à l'âge de 33 ans et son fils aîné Robert de Bourgogne, âgé de 3 ans, succède à son père sous la régence de sa mère.

[modifier] Ses deux filles épousent des héritiers du royaume de France

Elle marie ses deux filles aux héritiers du roi Philippe IV de France :

1309 Son neveu Robert III d'Artois lui fait un premier procès, qu'il perd, devant la cour des pairs du roi de France pour essayer de récupérer son héritage du comté d'Artois.

1314 Blanche de Bourgogne est condamnée pour adultère sans avoir donné d'héritier mâle à Charles IV de France.

1315 Le fils aîné de Mahaut, Robert de Bourgogne, meurt à l'âge de 15 ans, et sa fille Jeanne II de Bourgogne hérite du comté de Bourgogne.

1316 Robert III d'Artois organise une insurrection du comté d'Artois contre Mahaut, qui fait face.

[modifier] Sa fille Jeanne II de Bourgogne devient reine de France

1317 À la mort de Louis X de France (fils aîné de Philippe IV de France) et de Jean Ier de France (Jean le Posthume), son seul héritier, âgé de 4 jours, Philippe V de France et la comtesse Jeanne II de Bourgogne sont sacrés roi et reine de France à la cathédrale Notre-Dame de Reims.

1318 Robert III d'Artois fait un second procès à Mahaut devant la cour des pairs du roi de France pour récupérer le comté d'Artois, son héritage légal. La mise en évidence du faux fourni par Jeanne de Divion fait perdre à Robert son procès. Jeanne de Divion est condamnée au bûcher, et Robert dépossédé de tous ses biens et banni en 1332.

[modifier] Sa fille Blanche de Bourgogne devient reine de France

1322 Philippe V de France meurt de dysenterie et de fièvre le 3 janvier à Longchamp, près de Paris, sans héritier mâle. Son frère Charles IV de France lui succède et est sacré roi de France à Reims le 21 février. Blanche de Bourgogne devient reine de France tout en étant en prison pour adultère, et son mariage est annulé le 19 mai par le pape Jean XXII. Elle finit sa vie dans l'abbaye de Maubuisson près de Pontoise, où elle meurt en avril 1326.

1328 Le 1er février, Charles IV de France, dernier des trois fils de Philippe IV de France, meurt sans héritier mâle à Vincennes, ce qui marque la fin de la dynastie des Capétiens directs et pose un problème de succession au royaume de France, résolu par l'assemblée des barons qui désignent Philippe VI de France (neveu de Philippe IV le Bel) comme successeur de Charles IV.

[modifier] Début de la guerre de Cent Ans entre la France et l'Angleterre

Le roi Édouard III d'Angleterre, fils d'Édouard II d'Angleterre et d'Isabelle de France (la dernière fille vivante de Philippe IV le Bel), encouragé par Robert III d'Artois et appuyé par les ducs de Bourgogne, revendique le trône de France, ce qui déclenche la guerre de Cent Ans entre la France et l'Angleterre.

[modifier] Disparition

Le 23 novembre 1329, Mahaut, après avoir dîné à Poissy avec le roi Philippe VI, passe la nuit à l’abbaye royale de Maubuisson. Le lendemain, elle rentre à Paris. Le 25, dans la nuit, elle tombe subitement malade ; son médecin accourt mais les saignées et remèdes divers ne peuvent rien, la comtesse meurt le 27 novembre à l'âge de 59 ans. Le 30 novembre, son corps est déposé à l’abbaye de Maubuisson, aux pieds de son père, tandis que son cœur est porté à l’église des Cordeliers de Paris dans la tombe de son fils. Sa fille, la comtesse Jeanne II de Bourgogne, lui succède au titre de comtesse d'Artois. Soupçonné de l’avoir empoisonnée, son neveu Robert d'Artois s’enfuit et se réfugie en Angleterre, où il soutient les prétentions du roi Édouard III à la couronne de France, d’où découlera la guerre de Cent Ans.

[modifier] Mahaut d'Artois dans la littérature

[modifier] Mahaut d'Artois à la télévision

[modifier] Portrait de Mahaut d'Artois dans Les Rois maudits

Son autoritarisme la rend impopulaire, ce qui explique les accusations portées contre elle, notamment à l’occasion de la mort du petit roi Jean Ier de France, qu’elle est soupçonnée d’avoir empoisonné. Ce sont justement ces accusations, vraies ou fausses, que l’écrivain Maurice Druon reprend dans son œuvre littéraire Les Rois maudits. Le tableau qui en ressort est pourtant loin de la réalité historique : Mahaut d’Artois était une excellente gestionnaire, n’intervenant qu’à bon escient dans la vie communale. Si elle a défendu ses droits avec âpreté, elle n’a pas cherché à envenimer les querelles. Elle s’est également montrée généreuse dans ses dons aux pauvres, aux monastères et aux hôpitaux. Enfin, elle a manifesté sa volonté de protéger les arts et d’encourager l’enluminure des nombreux manuscrits qu’elle a fait copier.

Dans la série de romans de Maurice Druon, portée à l’écran en 1972 et 2005, Mahaut d’Artois est décrite comme une conspiratrice et calculatrice perverse, prête à tout pour conserver l’Artois. Elle spolie son neveu Robert III d'Artois du comté, puis tente de faire de ses deux filles des reines de France en les mariant avec les héritiers du roi Philippe le Bel, et en jouant de poisons et diverses intrigues pour aider ses gendres à accéder au trône. Robert, pour se venger de sa tante, intrigue dans le sens contraire. Le conflit entre Mahaut et Robert pour le pouvoir contribue à la fin de la dynastie capétienne directe, ce qui provoque la revendication du trône de France par le roi Édouard III d'Angleterre, fils d’Isabelle de France, la seule fille survivante de Philippe le Bel, et mène à la guerre de Cent Ans.

[modifier] Voir aussi


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