Reliquaire

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Reliquaire de Saint Démétrius, cathédrale de Thessalonique, Grèce.
Reliquaire de Saint Démétrius, cathédrale de Thessalonique, Grèce.

Un reliquaire est au départ une sorte de coffret destiné à abriter une ou plusieurs reliques. Les reliquaires sont en fait d'une grande variété de forme et d'usage.

Sommaire

[modifier] Les reliquaires dans le christianisme

Au sens premier du mot, un reliquaire (du latin reliquiarium) contient les reliques d'un saint catholique ou orthodoxe.

[modifier] Différentes catégories

Chef-reliquaire de saint Piat (premier martyr de Tournai)
Chef-reliquaire de saint Piat (premier martyr de Tournai)
  • La forme la plus ancienne du reliquaire chrétien est la châsse (du latin capsa, "boîte", "coffre"), qui rappelle le cercueil primitif et contient le corps entier du saint.
    Icône de détail Article détaillé : Châsse.
  • Dans certaines églises comme à Rouen, on a conservé longtemps le vieux terme de fierte (du latin feretrum, "brancard" ou "civière mortuaire").
  • Le terme reliquaire s'applique théoriquement à tout récipient contenant des reliques, y compris les châsses, mais en pratique on le réserve à des coffrets et boîtes de plus petite taille qui ne contiennent pas le corps entier d'un saint.
  • On a parfois usé du terme grec de lipsanothèque (littéralement "armoire à reliques"), pour qualifier des meubles ou des reliquaires destinés à recevoir plusieurs reliques.
  • Certains reliquaires portatifs destinés à l'exposition des reliques se sont appelés monstrances.
  • D'autres, épousant la forme de l'objet qu'ils contiennent, sont qualifiés de topiques (ainsi les bustes-reliquaires et chefs-reliquaires qui contiennent généralement tout ou partie du crâne d'un saint, les bras-reliquaires, etc.).
  • On appelle staurothèque, au moins en milieu byzantin, un reliquaire contenant un fragment de la Vraie Croix.
  • Il existe enfin d'autres modes de conservation des reliques tels que leur insertion dans des regalia (sceptres, couronnes, mains de justice, etc.), ou leur usage comme talismans (dans des amulettes ou dans le fourreau des épées), mais on sort ici du cadre des reliquaires proprement dits.
Bras-reliquaires (église San Pedre d' Ayerbe, Espagne)
Bras-reliquaires (église San Pedre d' Ayerbe, Espagne)

[modifier] Forme et matière

Il s'agit donc de boîtes de taille et de forme variable, destinées à recueillir des objets précieux et vénérés.

  • La plupart des reliquaires sont en métal, souvent argenté ou doré.
  • Ils peuvent être enrichis soit d'émaux, soit de pierre précieuses ou semi-précieuses.
  • Une vitre peut laisser entrevoir la relique dans son coffre.
  • Plusieurs formes géométriques sont possibles: quadrangulaire, cubique, octogonale, cylindrique ou autre.
  • Parmi les reliquaires topiques, les chefs-reliquaires prennent la forme soit d'une tête ou d'un buste, comme par exemple le chef-reliquaire de saint Ferréol à Naxon, du milieu du XIVe siècle[1] ou celui de saint Piat à Tournai (ci-contre).
  • Les bras-reliquaires[2], les pieds-reliquaires et les jambes-reliquaires revêtent la forme générale des membres qu'ils contiennent.
  • Les reliquaires portatifs destinés à la dévotion personnelle sont d'une variété de forme et de matière qui défie l'analyse.

[modifier] Fonctions

Les reliquaires sont donc destinés à conserver les restes matériels de saints personnnages ou d'autres objets qui ont été sanctifiés par leur contact.

  • Ils servent à les préserver de la corruption et des souillures. C'est pourquoi on utilisa de moins en moins le bois, et de plus en plus le métal, au moins pour les reliques les plus précieuses.
  • Ils servent à en garantir l'authenticité et l'intégrité. C'est pourquoi ils sont le plus souvent scellés et parfois munis de chartes rédigées et signées par un évêque.
  • Ils servent à exposer les reliques à la piété des fidèles, soit dans l'église même, soit lors de procession. Au départ en effet les reliques étaient conservées sous les autels des églises; mais à partir du XIIe siècle on les exposa à la piété des fidèles, soit sur l'autel, soit sur une tribune d'ostension, ou encore dans des reliquaires portatifs appelés monstrances.
  • Les reliquaires portatifs étaient parfois utilisés pour être montrés aux fidèles lors de tournées destinées à collecter des fonds.
  • Un autre fonction du reliquaire, ou plutôt des ornements précieux du reliquaires, était de manifester la gloire et le prestige du saint dont il contenait les restes, et au-delà du saint lui-même, la gloire et le prestige de la communauté qu'il protégeait. En même temps c'était une sorte de placement, car, en cas de crise, le reliquaire pouvait être fondu. En temps qu'objets précieux, les reliquaires étaient conservés dans le Trésor des églises avec les autres pièces d'argenterie, comme les calices.
  • La splendeur du reliquaire avait aussi pour fonction de commémorer la générosité du ou des donateurs qui en avaient financé la fabrication ou l'enrichissement. Le souvenir du donateur pouvait en effet être porté sur le reliquaire soit par la représentation de son blason, ou encore celle de son saint patron, ou encore par une inscription.

[modifier] Quelques exemples de reliquaires chrétiens

[modifier] Les reliquaires dans les autres religions

Reliques du Bouddha Sakyamuni conservées à Mandalay, Birmanie.
Reliques du Bouddha Sakyamuni conservées à Mandalay, Birmanie.

[modifier] Les reliquaires bouddhiques

  • Après la mort du Bouddha historique prit place la "Guerre des reliques", dont le motif était la possession des restes échappés au bûcher funéraire de Bouddha[3].
  • Un élément traditionnel de l'architecture bouddhiste, le stûpa trouve aussi son origine dans le culte des reliques du Bouddha, dont les premiers furent conçus pour les abriter.
  • Les rois bouddhistes ont acquis à prix d'or et conservé dans de précieux reliquaires des reliques du Bouddha Sakyamuni et d'autres saints personnages du bouddhisme[réf. nécessaire].
Reliquaire de la barbe du Prophète à Konya
Reliquaire de la barbe du Prophète à Konya
  • Ainsi par exemple, une dent du Bouddha est conservée à Kandy au Sri Lanka dans un reliquaire en or massif. Dans d'autres pays asiatiques comme au Japon, au Tibet, en Birmanie, des reliques du Bouddha ou de Grands Maîtres disparus sont vénérées avec dévotion.[4]

[modifier] Les reliquaires islamiques

  • Le monde islamique, s'inspirant des pratiques du christianisme byzantin, a également utilisé des reliquaires, pour abriter des reliques volées aux chrétiens ou d'origine plus récente, spécialement pour les poils de la barbe de Mahomet.
  • La plus grande collection de reliques musulmanes, et donc de reliquaires musulmans, se trouve au palais de Topkapi, à Istamboul, ancienne capitale de l'Empire ottman, qui avait succédé à l'Empire byzantin et perpétuait certaines de ses traditions, notamment celle de prestigieuses collections de reliques.
  • Les sultans mirent leur point d'honneur à enrichir ces reliquaires des matières les plus précieuses.

[modifier] Les reliquaires profanes

On appelle aussi reliquaires des coffres ou récipients analogues destinés à conserver précieusement des restes humains autres que ceux des saints, ou bien d'autres souvenirs de personnes chères ou admirées.

  • L'usage de l'ancienne France était de conserver par exemple le coeur des rois à part, et le plus souvent dans une autre église que le reste de leur dépouille. Aussi a-t-on appelé reliquaires les récipients où on les conservait, par analogie avec ceux des saints.
  • A l'époque romantique ont fleuri des reliquaires napoléoniens, destinés à honorer le souvenir de l'Empereur.
  • On cite aussi comme une bizarrerie inexpliquée le reliquaire gothique en cuivre doré découvert par les héritiers de Vivant Denon (1747-1826), contenant entre autres des fragments d'os d'Héloïse et d'Abélard, une partie de la barbe d'Henri IV arrachée à sa tombe en 1793, une dent de Voltaire, et quantité de restes d'autres personnages historiques: il est conservé actuellement à l'Hôtel Bertrand de Châteauroux[5].
  • A la même époque on a souvent conservé dans différentes sortes de reliquaires des souvenirs familiaux ou galants, tels que, par exemple, la boucle de cheveux d'une personne chère et trop tôt disparue.

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Reliquaire.

[modifier] Notes et références

  1. Dont des des photographies en ligne. Traduction de l'inscription latine gravée sur la plaque: "Le seigneur Guido de Brugières, de la paroisse de Saint-Martin-le-Vieux, chapelain de l'église de Nexon a fait faire ce chef à Limoges en l'honneur du bienheureux pontife Férréol. Moi, Aymeric Chrétien orfèvre du château de Limoges, ai fait ce travail à Limoges en l'an de notre Seigneur mille trois cent quarante-six sur la commande de Guido de Brugières.
  2. Comme par exemple à Saint-Gildas-de-Rhuys (Morbihan).
  3. C'est d'ailleurs l'un des thèmes de l'iconographie bouddhique traditionnelle. Par exemple sur le portail ouest du du stūpa n° 1 de Sāñcī, en Madhya Pradesh, sous la dynastie Maurya ; ou encore dans la grotte 70 de Touen-Houang, d'époque Tang, décrite par Roger Grousset, La Chine et son art, 1952, p. 137.
  4. Les bienfaits de voir les reliques
  5. Clémentine Portier-Kaltenbach, Histoire d'os et autres illustres abattis, Paris, Lattés, 2007, cité par la page "Vivant Denon et son reliquaire".