Henri IV de France

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Henri IV
Roi de France
Henri IV de France

Règne

2 août 1589 - 14 mai 1610

Couronnement {{{couronnement}}}
Sacre 27 février 1594 à Chartres
Investiture {{{investiture}}}
Intronisation {{{intronisation}}}
Prestation de serment {{{serment}}}
Ère {{{ère}}}
Dynastie Maison de Bourbon
Titre complet Roi de France et de Navarre
Coprince d'Andorre
Hymne royal {{{hymne}}}
Hymne impérial {{{hymne_imp}}}
Devise royale {{{devise}}}
Prédécesseur Henri III
Successeur Louis XIII
Héritier Louis XIII
Ministre(s) d'État {{{ministre d'état}}}
Chef(s) de Cabinet {{{chef de cabinet}}}
Premier(s) ministre(s) {{{premier ministre}}}
Président(s) du Conseil {{{président du conseil}}}
Président(s) du gouvernement {{{président du gouvernement}}}
Ministre(s)-président(s) {{{ministre-président}}}

Biographie
Nom de naissance Henri de Bourbon
Naissance 13 décembre 1553
Pau
Décès 14 mai 1610
Paris, France
Maison royale {{{maison royale}}}
Père Antoine de Bourbon
Mère Jeanne III de Navarre
Consort(s) {{{consort}}}
Conjoint(s) Marguerite de France
Marie de Médicis
Descendance Louis XIII
Élisabeth
Christine
Nicolas
Gaston
Henriette
Maîtresse(s) {{{maîtresse}}}
Favorite(s) {{{favorite}}}
Amant(s) {{{amant}}}
Favori(s) {{{favori}}}
Descendance
illégitime
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Résidence(s) Palais du Louvre
Signature {{{signature}}}

Autres fonctions
Roi de Navarre
Mandat
9 juin 1572 - 14 mai 1610
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Monarque Henri III
Gouverneur général {{{gouverneur1}}}
Prédécesseur Jeanne III
Successeur Louis Ier

Coprince d'Andorre
Mandat
9 juin 1572 - 14 mai 1610
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Monarque Henri IV
Gouverneur général {{{gouverneur2}}}
Prédécesseur Antoine de Bourbon
Successeur Louis XIII

Rois de France

Henri IV, né Henri de Bourbon (13 décembre 1553 à Pau - 14 mai 1610 à Paris) fut roi de Navarre (Henri III de Navarre, 1572-1610) puis roi de France (1589-1610), premier souverain français de la branche dite de Bourbon de la dynastie capétienne.

Il était le fils de Jeanne III, dite Jeanne d'Albret, reine de Navarre et d'Antoine de Bourbon, chef de la maison de Bourbon, descendant du roi Louis IX et premier prince de sang[1]. En vertu de la « loi salique » cette filiation fera d'Henri le successeur naturel du roi de France à la mort de François, duc d'Anjou (frère et héritier du roi Henri III), en 1584.

Contemporain d'un siècle ravagé par les guerres de religion, il y fut d'abord lourdement impliqué en tant que prince de sang et chef protestant avant d'accéder au trône de France. Pour être accepté comme roi, il se convertit au catholicisme, et signa l'Édit de Nantes, énième traité de paix qui autorisait tout en la limitant la liberté de culte pour les protestants mais mit fin aux guerres de religion. Il fut assassiné le 14 mai 1610 par un fanatique, François Ravaillac, rue de la Ferronnerie à Paris.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Jeunesse

Henri IV est né au château de Pau. La légende dit qu'il aurait été baptisé avec une gousse d'ail et une goutte de vin de Jurançon, et que son berceau était une carapace de tortue. Par la volonté de son grand-père Henri d'Albret, Henri passe sa petite enfance dans la campagne de son pays où il s'amuse avec les enfants des paysans du coin. Il grandit au château de Coarraze[2]. Il est éduqué dans la plus grande rectitude morale. Fidèle à l'esprit du calvinisme, sa mère prend soin de l'instruire selon les préceptes de la Réforme. À la mort du roi François II en 1560, son père l'amène à la cour de France où il l'élève dans la religion catholique. Henri grandit à Saint-Germain-en-Laye aux côtés du petit roi et des princes royaux. Protégé par Renée de France durant la première guerre de religion, il reçoit après la mort de son père en 1563, les charges que celui-ci avait. Il accompagne la famille royale durant son grand tour de France. C'est à cette occasion qu'il retrouve sa mère qu'il n'avait pas vue depuis plusieurs années. Après le grand tour de France, il retourne vivre avec sa mère et retourne à la religion protestante[3].

[modifier] Roi de Navarre

[modifier] A la cour de France

En 1572, succédant à sa mère Jeanne d'Albret, Henri de Navarre devient roi de Navarre sous le nom d'Henri III. Certains auteurs prétendent toutefois qu'il l'aurait déjà été de manière titulaire dès 1562 (mort d'Antoine de Bourbon, roi consort) alors même que le trône de Navarre ne venait pas du côté paternel. Jeanne d'Albret était protestante, et avait élevé son fils selon cette religion. Elle avait de plus déclaré le calvinisme religion officielle en Navarre.

Le 18 août 1572, Henri est marié à Marguerite de France, sœur du roi Charles IX, aussi connue sous le nom de « reine Margot ». Ce mariage auquel s'était opposée Jeanne d'Albret, a été arrangé pour favoriser la réconciliation entre catholiques et protestants, créant un problème car Margot, étant catholique, ne peut se marier que devant un prêtre, et Henri, lui, ne peut entrer dans une église. Mais les reines mères trouvent la solution. Margot et Henri célébreront leur mariage sur le parvis de Notre-Dame. S'ensuivent dix jours de fête. Cependant, dans un climat très tendu à Paris, et suite à un attentat contre Gaspard de Coligny, le mariage est suivi quelques jours plus tard du massacre de la Saint-Barthélemy. Épargné par les massacres, Henri est contraint de se convertir au catholicisme.

Interdit de quitter la cour, il suit le roi dans ses déplacements, il participe au siège de La Rochelle et se lie politiquement avec le duc d'Alençon. Après sa participation aux complots des Malcontents, il est fait prisonnier au côté d'Alençon (1574). Si la clémence du roi lui fait éviter la peine de mort, il reste prisonnier. A l'avènement d'Henri III, il recouvre un semblant de liberté mais la suspicion royale maintient la surveillance sur sa personne. Il reçoit à Lyon le pardon du nouveau roi et participe à la cérémonie du sacre à Reims.

[modifier] La cour de Nérac

Quatre années après son mariage, il profite des troubles pour s'enfuir. Ayant regagné son royaume de Navarre et son gouvernement de Guyenne, il renoue avec le protestantisme (le 5 février 1576) et installe sa cour au château de Nérac. Pour devenir chef des protestants, il rivalise avec son cousin le prince de Condé, avec qui il ne s'entend pas. En 1578, la reine mère, Catherine de Médicis lui rend visite pour lui ramener son épouse Marguerite et ainsi pacifier le royaume.

La prise de Cahors, en mai 1580, où il réussit à éviter pillage et massacre malgré trois jours de combats de rue, lui vaut un grand prestige à la fois pour son courage et son humanité[4].

Le couple Navarre mène un bon train de vie, ce dont se plaignent les pasteurs. Les aventures féminines du roi créent la discorde au sein du couple et provoquent le départ de Marguerite à Paris. Le coup d'éclat de Marguerite à Agen (1585) consomme leur rupture.

[modifier] Héritier du trône de France

Henri III, obligé malgré lui de faire la guerre contre Henri de Navarre
Henri III, obligé malgré lui de faire la guerre contre Henri de Navarre

En 1584, le frère du roi de France, François d'Alençon meurt sans héritier et le roi Henri III lui même n'en a pas. Celui-ci envoie alors à Nérac une ambassade extraordinaire dirigée par le duc d'Épernon pour confirmer Henri de Navarre comme son héritier légitime. Seulement quelques mois plus tard contraint par les Guise de signer le traité de Nemours, il lui déclare la guerre et met hors la loi tous les protestants. La rumeur dit qu'en une nuit, la moitié de la moustache d’Henri IV blanchit[5].

Commence alors un conflit où Henri de Navarre affronte à plusieurs occasions le duc de Mayenne. Henri se fait de nouveau excommunier par le pape, puis doit affronter l'armée royale qu'il bat à la bataille de Coutras en 1587.

Plusieurs revirements apparaissent en 1588. La mort du prince Henri de Condé le place à la tête des protestants. L'assassinat surprise du duc de Guise l'amène à se réconcilier avec Henri III. Les deux rois se retrouvent tous les deux au château de Plessis-lez-Tours et signent un traité le 30 avril 1589. Alliés contre la Ligue qui contrôle Paris et la plus grande partie du royaume de France, ils parviennent à mettre le siège devant Paris en juillet. Le 1er août 1589, quelques instants avant de mourir des blessures infligées par le moine fanatique Jacques Clément, le roi Henri III reconnaît formellement son beau-frère et cousin le roi de Navarre comme son successeur légitime, et celui-ci devient le roi Henri IV.

Pour Henri IV commence la longue reconquête du royaume, car les trois quarts des Français ne le reconnaissent pas pour roi. Les catholiques de la Ligue refusent de reconnaître la légitimité de cette succession.

[modifier] Roi de France

[modifier] La conquête du royaume de France

Henri IV vainqueur de la Ligue représenté en Mars, par Jacob Bunel (Conservé au musée national du château de Pau.)
Henri IV vainqueur de la Ligue représenté en Mars, par Jacob Bunel (Conservé au musée national du château de Pau.)

Conscient de ses faiblesses, Henri IV doit d’abord commencer par conquérir les esprits. Les royalistes catholiques lui demandent d’abjurer le protestantisme, lui qui à neuf ans avait déjà changé trois fois de religion. Il refuse, mais dans une déclaration publiée le 4 août, il indique qu’il respectera la religion catholique. Beaucoup hésitent à le suivre, certains protestants comme La Trémoïlle quittent même l’armée, qui passe de 40 000 à 20 000 hommes.

Affaibli, Henri IV doit abandonner le siège de Paris car les seigneurs rentrent chez eux, ne voulant pas servir un protestant. Appuyés par l'Espagne, les ligueurs relancent les hostilités, le contraignant à se replier personnellement à Dieppe, en raison de l'alliance avec la reine Élisabeth Ire d'Angleterre, tandis que ses troupes refluent partout.

Cependant, Henri IV est victorieux de Charles de Lorraine, duc de Mayenne le 29 septembre 1589 lors de la bataille d'Arques. Au soutien des nobles, huguenots et politiques rassurés par ce chef de guerre solide et humain, s’ajoutent ceux de Conti et Montpensier (princes du sang), Longueville, Luxembourg et Rohan-Montbazon, ducs et pairs, des maréchaux Biron et d’Aumont, et d’assez nombreux nobles (Champagne, Picardie, Ile-de-France)[6]. Il échoue par la suite à reprendre Paris, mais prend d’assaut Vendôme. Là aussi, il veille à ce que les églises restent intactes, et à ce que les habitants ne souffrent pas du passage de son armée. Grâce à cet exemple, toutes les villes entre Tours et le Mans se rendent sans combat[7]. Il bat à nouveau les Ligueurs et les Espagnols à Ivry le 14 mars 1590, affame Paris, mais ne peut prendre la ville, qui est ravitaillée par les Espagnols.

Les protestants lui reprochent de ne pas leur donner la liberté de culte : en juillet 1591, il rétablit par l’Édit de Mantes les dispositions de l’édit de Poitiers (1577), qui leur donnait la liberté de culte[8]. Le duc de Mayenne, alors en guerre contre Henri IV, convoque les États généraux en janvier 1593, dans le but d’élire un nouveau roi. Mais il est déjoué : les États négocient avec le parti du roi, obtiennent une trêve, puis sa conversion. Encouragé par l'amour de sa vie, Gabrielle d'Estrées, et surtout très conscient de l'épuisement des forces en présence, tant au niveau moral que financier, Henri IV, en fin politique, choisit d'abjurer la foi calviniste. Le 4 avril 1592, par une déclaration connue sous le nom d'« expédient », Henri IV annonce son intention d'être instruit dans la religion catholique.

Henri IV abjure solennellement le protestantisme, le 25 juillet 1593 en la basilique Saint-Denis. On lui a prêté, bien à tort, le mot selon lequel « Paris vaut bien une messe » (1593), même si le fond semble plein de sens[9]. D’autre part, il garde la confiance des protestants, réunis à Mantes du 8 octobre 1593 au 22 janvier 1594 : il leur garantit l’édit de 1577, avec le culte autorisé partout, y compris à la Cour et dans les camps militaires[10]. Afin d’accélérer le ralliement des villes et des provinces (et de leurs gouverneurs), il multiplie les promesses et les cadeaux, pour un total de 25 000 000 de livres. L’augmentation des impôts consécutive (multiplication par 2,7 de la taille) provoque la révolte des croquants dans les provinces les plus fidèles au roi, Poitou, Saintonge, Limousin et Périgord[11].

Henri IV est sacré le 27 février 1594 en la cathédrale de Chartres. Son entrée dans Paris le 22 mars 1594 et, pour finir, l'absolution accordée par le pape Clément VIII le 17 septembre 1595, lui assurent le ralliement progressif de toute la noblesse et du reste de la population, malgré des réticences très fortes des opposants les plus exaltés, tel ce Jean Châtel qui tente d'assassiner le roi près du Louvre le 27 décembre 1594. Il bat de manière définitive l'armée de la Ligue à Fontaine-Française[12].

En 1595, Henri IV déclare officiellement la guerre contre l'Espagne. Le roi éprouve alors d'énormes difficultés à repousser les attaques espagnoles en Picardie. La prise d'Amiens par les Espagnols et le débarquement d'une troupe hispanique en Bretagne où le gouverneur Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercoeur, cousins des Guise et beau-frère du feu roi Henri III ne reconnaît toujours pas Henri IV pour roi, laisse celui-ci dans une situation périlleuse.

Après avoir soumis la Bretagne, Henri IV signe le 13 avril 1598, l'Édit de Nantes. Les deux armées étant à bout de forces, le 2 mai 1598 est signée la paix de Vervins entre la France et l'Espagne. Après plusieurs décennies de guerres civiles, la France connaît enfin la paix.

[modifier] Le mariage

Portrait d'une dame de la cour d'Henri IV
Portrait d'une dame de la cour d'Henri IV

Henri IV approche de la cinquantaine et n'a toujours pas d'héritier légitime. Depuis quelques années, Gabrielle d'Estrées partage sa vie mais elle n'a pas assez de noblesse pour prétendre devenir reine. Se comportant tout de même comme telle, Gabrielle fait l'objet de dévotion des courtisans mais suscite également les critiques de l'entourage royal. Sa mort survenue brutalement en 1599, soulage la conscience du roi et lui permet de prendre une nouvelle épouse digne de son rang.

En décembre 1599, il obtient l'annulation de son mariage avec la reine Marguerite, et épouse, à Lyon, le 17 décembre 1600, Marie de Médicis (26 avril 1573 - 3 juillet 1642), fille de François de Médicis grand-duc de Toscane et de Jeanne d'Autriche. La naissance d'un dauphin l'année suivante stabilise l'autorité du nouveau roi.

Henri IV compromet son mariage et sa couronne en poursuivant sa relation extraconjugale avec Henriette d'Entragues, jeune femme ambitieuse, qui n'hésite pas à faire du chantage au roi, pour légitimer les enfants qu'elle a eus de lui. Ses requêtes repoussées, Henriette d'Entragues complote à plusieurs reprises contre son royal amant.

[modifier] Reconstruction et pacification du royaume

Henri IV
Henri IV

Henri IV s'appuie, pour gouverner, sur des ministres et conseillers compétents comme le baron de Rosny, futur duc de Sully et Barthélemy de Laffemas. Les années de paix permettent de renflouer les caisses. Henri IV fait construire la grande galerie du Louvre qui relie le palais aux Tuileries. Il met en place une politique d'urbanisme moderne. Il poursuit ainsi la construction du Pont Neuf commencé sous son prédécesseur. Il fait bâtir à Paris deux nouvelles places, la place Royale (aujourd'hui Place des Vosges) et la place Dauphine.

Son règne voit le soulèvement massif des paysans dans le centre du pays et le roi doit intervenir à la tête de son armée. En 1601, il intervient également contre le duc de Savoie qui pendant les guerres de religion s'était permis de prendre possession de la Bresse et du Bugey. Après l'avoir remis à sa place, Henri IV doit faire face à plusieurs complots dirigés depuis l'Espagne et la Savoie. Il fait ainsi exécuter le duc de Biron et embastiller le duc d'Angoulème, le dernier des Valois.

Pour rassurer les anciens partisans de la Ligue, Henri IV favorise également l'entrée en France des jésuites qui pendant la guerre avaient appelé à l'assassinat du roi, crée une « caisse des conversions » en 1598[13]. Il se réconcilie avec le duc de Lorraine Charles III et marie avec le fils de celui-ci, sa sœur Catherine de Bourbon. Henri IV se montre fervent catholique -sans être dévot- et pousse sa soeur et son ministre Sully à se convertir (aucun d'eux ne le fera).

Petit à petit, la France doit être remise en état. La production agricole retrouve son niveau de 1560 en 1610. Le désir de paix est unanime : il favorise la mise en place de l’édit de Nantes, la reconstruction, dans le Languedoc et le Nord de la France, a un effet d’entraînement sur toute l’économie.

La société reste cependant violente : les soldats congédiés forment des bandes organisées militairement qui écument les campagnes, et qui doivent être poursuivies militairement pour disparaître progressivement dans les années 1600. La noblesse reste elle aussi violente : 4000 morts par duel en 1607, les enlèvements de jeunes filles à marier provoquent des guerres privées, où là aussi le roi doit intervenir[14].

[modifier] L'assassinat

L'assassinat d'Henri IV
L'assassinat d'Henri IV

La fin du règne d'Henri IV est marquée par les tensions avec les Habsbourg et la reprise de la guerre contre l'Espagne. Henri IV intervient dans la querelle qui oppose l'empereur de confession catholique aux princes allemands protestants qu'il soutient, dans la succession de Clèves et de Juliers. La fuite du prince de Condé en 1609 à la cour de l'infante Isabelle ravive les tensions entre Paris et Bruxelles. Henri IV estime son armée prête à reprendre le conflit qui s'était arrêté dix ans plus tôt.

Le déclenchement d'une guerre européenne, ne plaît ni au pape soucieux de la paix entre princes chrétiens, ni aux sujets français inquiets de leur tranquillité. En désaccord avec le roi, les prêtres catholiques ressortent leurs sermons virulents qui ravivent les anciens esprits dérangés de la Ligue. Le roi voit également un parti qui s'oppose à sa politique au sein même de l'entourage de la reine. Le roi est dans une position fragile qui n'est pas seulement le fait des catholiques, puisque les protestants cherchent à maintenir en dépit de l'édit de Nantes leurs privilèges politiques.

Tout en préparant la guerre, on s'apprête au couronnement officiel de la reine à Saint-Denis qui se déroule le 13 mai 1610. Le lendemain, Henri IV meurt assassiné par François Ravaillac, un catholique fanatique. Il est enterré à la basilique Saint-Denis le 1er juillet 1610, à l'issue de plusieurs semaines de cérémonies funèbres. Son fils aîné Louis (Louis XIII), âgé de neuf ans, lui succède, sous la régence de sa mère la reine Marie de Médicis.

[modifier] Enfants

Henri IV eut six enfants de son mariage avec Marie de Médicis :

[modifier] Descendants illégitimes

Henri IV eut également 13 enfants illégitimes :

  • Un seul avec Louise Borré[15] :

[modifier] La légende du bon roi Henri

Statue équestre d'Henri IV, au Pont Neuf (fondue en 1818)

C'est au XVIIIe siècle que s'est développée la légende du bon roi Henri qui est devenue si populaire qu'elle en est restée une image d'Épinal. En l'honneur d'Henri IV, Voltaire écrit en 1728 un poème intitulé La Henriade.

Malgré cette image positive, son tombeau de Saint-Denis n'échappe pas à la profanation en 1793, due à la haine des symboles monarchiques sous la Révolution française. La Convention avait ordonné l'ouverture de toutes les tombes royales pour en extraire les métaux. Le corps d'Henri IV est le seul de tous les rois à être trouvé dans un excellent état de conservation. Il est exposé aux passants, debout, durant quelques jours. Les dépouilles royales sont ensuite jetées, pêle-mêle, dans une fosse commune au nord de la basilique. Louis XVIII ordonnera leur exhumation et leur retour dans la crypte, où elles se trouvent aujourd'hui.

Dès 1814, on pense à rétablir la statue équestre du roi détruite sous la Révolution. Fondue en 1818, la nouvelle statue équestre a été réalisée à partir du bronze de la statue de Napoléon de la colonne Vendôme. Le siècle romantique pérennise la légende d'un roi galant et bonhomme, jouant à quatre pattes avec ses enfants.

Le château de Pau continue de cultiver la légende du bon roi Henri. On peut encore y voir son berceau fait d'une coquille de tortue de mer. C'est dans la tradition béarnaise que son premier baptême se fit : ses lèvres furent humectées de vin de Jurançon et frottées d'ail, ceci pour lui donner force et vigueur. Son surnom de « Vert-galant », qu'il doit à son ardeur envers ses nombreuses maîtresses, semble confirmer cela.[16]

Statue d'Henri IV à l'entrée du château de Pau
Statue d'Henri IV à l'entrée du château de Pau

Plus récemment, l'historiographie contemporaine a rétabli l'image d'un roi qui fut peu apprécié par ses sujets et qui eut beaucoup de mal à faire accepter sa politique. De plus, ses allées et venues d'une confession à l'autre, l'abjuration d'août 1572 et celle solennelle du 25 juillet 1593, lui valurent l'inimitié des deux camps. Ce roi en avait bien conscience et on lui prête vers la fin de sa vie les paroles suivantes: « Vous ne me connaissez pas maintenant, vous autres, mais je mourrai un de ces jours, et quand vous m'aurez perdu, vous connaîtrez lors ce que je valais» [17]. Avant d'être aimé du peuple, Henri IV fut donc l'un des rois les plus détestés, son effigie brûlée et son nom associé au diable. A cause du martèlement quotidien des prêtres ligueurs durant la dernière guerre de religion, on dénombre pas moins d'une douzaine de tentatives d'assassinat[18] contre lui, dont le batelier orléanais Pierre Barrière arrêté à Melun (armé avec intention déclarée) le 27 août 1593 et Jean Châtel qui, lui, blessa le roi au visage rue saint-Honoré, chez sa maîtresse, le 27 décembre 1594[19]. Son assassinat par Ravaillac est même vécu par certains comme une délivrance, au point qu'une rumeur d'une nouvelle Saint-Barthélémy se répand durant l'été 1610[20]. La popularité croissante du roi peut tenir à son attitude lors des sièges : il veille à ce que les villes prises ne soient pas pillées, et leurs habitants épargnés (et ce, dès le siège de Cahors en 1580). Il se montre magnanime également avec ses anciens ennemis ligueurs, notamment après la reddition de Paris. Il préfère acheter les ralliements, que faire la guerre pour conquérir son royaume. L'historiographie contemporaine a également confirmé l'attachement réel du roi pour le catholicisme après sa conversion, malgré un recul marqué à l'égard des dogmes religieux qu'ils soient catholiques ou protestants.

[modifier] Notes et références

  1. De manière très anecdotique, on relèvera que ses deux grands-mères, Françoise d'Alençon (mère d'Antoine de Bourbon) et Marguerite de France (mère de Jeanne d'Albret) se trouvent avoir été belles-sœurs de 1509 à 1527, Marguerite de France ayant été l'épouse, en premières noces, du duc d'Alençon Charles IV.
  2. Dans son livre sur Henri IV, François Bayrou parle ainsi du château de Coarraze : " Henri de Navarre a grandi au château de Coarraze [...]. J’ai beaucoup rêvé sur la devise qui orne encore aujourd’hui le portail du château : lo que a de ser no puede faltar, ce qui doit arriver ne peut pas manquer." (p. 12).
  3. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858), p 329-330
  4. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858), p 329-330
  5. Miquel p 342
  6. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858) p 361
  7. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858) p 367
  8. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858) p 374
  9. La phrase tire vraisemblablement son origine des propos prêtés au « duc de Rosny »(Sully) dans « Les Caquets de l'accouchée » (récit anonyme de 1622) : « Comme disoit un jour le duc de Rosny au feu roy Henry le Grand, que Dieu absolve, lors qu'il luy demandoit pourquoy il n'alloit pas à la messe aussi bien que lui : Sire , sire, la couronne vaut bien une messe ; aussi une espée de connestable donnée à un vieil routier de guerre merite bien de desguiser pour un temps sa conscience et de feindre d'estre grand catholique. » Les Caquets de l'accouchée, page 172 de l'édition de Le Roux de Lincy, numérisée sur Google Books
  10. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858) p 388
  11. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858) p 392
  12. Une pièce célèbre de l'époque de la fin du XVIe siècle entretient la légende de la grâce faite par Henri IV aux chefs ligueurs.
    Après avoir forcé toutes leurs citadelles,
    Il voit à ses genoux, les grands chefs des Rebelles,
    Qui d'un zèle obstiné couvrans un attentat,
    Pour affermir un Temple, ébranloient un État,
    Et par leur malheureuse et fausse Politique,
    Mesloient la Monarchie avec la République.
    Le Roy, pour divertir de plus tragiques maux,
    Sembloit avoir traitté ces subjects comme égaux,
    Et pour les retenir sous son obéissance,
    En leur donnant la Paix relasche sa puissance ;
    Mais cette ambition qui veut tout desunir,
    Leur ostant de ce bien le faible souvenir,
    Renversoit leurs esprits par sa noire manie,
    Et leur faisoit passer la Loy pour tyrannie :
    On les voyait tousiours dans les extremitez,
    Ou tantost abbatus, ou tantost agitez ;
    Et par leurs passions, leurs ames inégalles
    Entre mille fureurs avoient peu d'intervalles.
    Ce Prince, après avoir leurs Temples demolis,
    Replanté dans ces lieux, et la Croix, et les Lys ;
    Battu leurs alliez et par mer et par terre,
    Esteint dedans le sang, le flambeau de la guerre,
    Et si bien reüssy par ses exploits vainqueurs,
    Que l'Hydre pour tous forts, n'avoit plus que des cœurs.
    Des Rebelles soumis voyant leurs testes basses,
    luste dans ses Desseins, généreux dans ses graces,
    Prefere sa clemence à des faits glorieux.
    Et sans armes enfin s'en rend victorieux.
    Source:
  13. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858) p 411
  14. Miquel p 413-414
  15. In Histoire de Mésanger de Gilbert Chéron - Tome II -pages 223-224
  16. Henri IV fut un grand roi, il est vrai, mais paillard effronté, ladre et quelque peu larron, qui avouait lui-même que, s'il n'eut été roi, il eût été pendu : Il étoit larron naturellement, il ne pouvoit s'empescher de prendre ce qu'il trouvoit : mais il le renvoyait. Il disoit que s'il n'eùt été roi, il eût été pendu. Tallemand des Réaux tome I, p. 93.
  17. Historia n°731
  18. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858) p399. Dans la revue Historia n°731, de novembre 2007, A. Roullet en compte 17, en ajoutant pour les plus importants, à ceux déjà cités dans le texte, les frères Guédon, Jean en 1595 et Lucien en 1602
  19. Il y a également une tentative d’empoisonnement par une tenancière de Saint-Denis et une tentative d’envoûtement par un noble normand.
  20. Pierre de L'Estoile raconte dans son registre-journal la psychose de l'été 1610 et les arrestations des fanatiques qui se réjouissent de la mort roi.

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Henri IV de France.

[modifier] Bibliographie

  • Colloques L'Avènement d'Henri IV, s.d. Jacques Perot et Pierre Tucoo-Chala, Biarritz : J et D, Association "Henri IV 1989", 1988-1992 :
    • 1. Quatrième Centenaire de la bataille de Coutras (Coutras, 16-18 octobre 1987), 1988, 244 p.
    • 2. Provinces et pays du Midi au temps d'Henri de Navarre, 1555-1589 (Bayonne, 7-9 octobre 1988), 328 p. , 1989.
    • 3. Henri IV. Le roi et la reconstruction du royaume (Pau, Nérac, 14-17 septembre 1989), 508 p.
    • 4. Les Lettres au temps d'Henri IV (Auch, Agen, Nérac, mai 1990), 1991, 420 p.
    • 5. Les Arts au temps d'Henri IV (Fontainebleau, 20-21 septembre 1992), 1992, 366 p.
  • Exposition Henri IV et la reconstrution du royaume, Paris, éditions des musées nationaux, 1989
  • Nicola Mary Sutherland, Henry IV of France and the Politics of Religion, 1572-1596, 2 volumes, Intellect Books, 2002, 628 p.
  • Gilles Bresson, Henri IV, Les années terribles dans l'ouest, étude, Éd. D'Orbestier, Le Château d'Olonne, 2007, 203 p. (ISBN 2842380983)

[modifier] Cinéma

Seule une dizaine de films traitent du roi Henri IV, parmi lesquels on peut citer :

[modifier] Liens externes

Chronologie des rois de France, rois des Français et empereurs des Français
de 987 à 1870
987 996 1031 1060 1108 1137 1180 1223 1226
   Hugues Capet Robert II Henri Ier Philippe Ier Louis VI Louis VII Philippe II Louis VIII   
1226 1270 1285 1314 1316 1316 1322 1328 1350
   Louis IX Philippe III Philippe IV Louis X Jean Ier Philippe V Charles IV Philippe VI   
1350 1364 1380 1422 1461 1483 1498 1515 1547 1559
   Jean II Charles V Charles VI Charles VII Louis XI Charles VIII Louis XII François Ier Henri II   
1559 1560 1574 1589 1610 1643 1715 1774 1792
   François II Charles IX Henri III Henri IV Louis XIII Louis XIV Louis XV Louis XVI   
1792 1804 1814 1824 1830 1848 1852 1870
     -   Napoléon Ier Louis XVIII Charles X Louis-Philippe Ier - Napoléon III   

Histoire - France - Capétiens - Valois - Bourbons - Bonaparte

Précédé par Henri IV de France Suivi par
Jeanne
d'Albret
1572-1610

Roi de Navarre
Louis XIII
Henri III 1589-1610

Roi de France
Louis XIII
Précédé par Henri IV de France Suivi par
Antoine de Bourbon
Coprince d'Andorre
avec Joan Dimas Loris et
Miquel Jeroni Morell et
Hug Ambrós de Montcada et
Andreu Capella et
Bernat de Salbà i de Salbà
1562-1610
Louis XIII