Place Fontette (Caen)

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Place Fontette
Entrée de la rue Guillaume le Conquérant
Pays France France
Région Basse-Normandie
Ville Caen
Quartier Centre-ville ancien
Morphologie
Type Place-carrefour
Forme Octogonale
Superficie 2500 m²
Histoire
Création 2e moitié XVIIIe siècle
Anciens noms Place des Tribunaux
Place de l'Espérance
Monuments Palais de Justice
Classé MH ISMH
Site du centre historique

Bien que moins prestigieuse que la place Saint-Sauveur sa voisine, la place Fontette à Caen offre tout de même un bon exemple de l'urbanisme du 18e.

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Sommaire

[modifier] Origines

Au XVIIIe siècle, Caen était encore une ville à la physionomie héritée du Moyen Âge. Excepté le quartier de la Place Royale aménagé au XVIIe siècle sur une ancienne prairie entre Noë et Grand Odon, les Petits Prés, le reste de la cité était composé de rues étroites et de ruelles sinueuses, scindées par de nombreux cours d’eau (Noë, Petit et Grand Odon). La ville était encore marquée par son développement polynucléaire, chaque entité demeurant clos de rempart ; Bourg-l’Abbé et Bourg-l’Abbesse restaient donc toujours séparés du reste de la cité. Au XVIIIe siècle, la foire de Caen connut un développement assez important et la population passa de 25 000 à 32 000 habitants ; la vielle ville se densifia, on rajouta un étage, le plus souvent le quatrième, aux maisons existantes. Les problèmes de circulation se firent de plus en plus difficiles à gérer.

Plan de Caen daté de 1705
Plan de Caen daté de 1705

Le nord-ouest de la ville offrait un bon exemple des embarras auxquels devaient faire face les Caennais du début du XVIIIe siècle. La place du Pilori, ou du Vieux Marché, (place Saint-Sauveur à partir de 1776), alors bordée de maisons en bois bâties sur des porches formant des passages couverts, se finissait sur un cul-de-sac appelé le Coignet aux Brebis, au pied de la Tour Lourirette. Ce secteur était alors isolé et peu recommandable. Ainsi, après la révocation de l'Edit de Nantes en 1685, les Huguenots, qui devaient être inhumés nuitamment dans des lieux secrets, utilisèrent le jardin du sieur Bacon de Brécourt comme cimetière ; ce terrain est en grande partie occupé aujourd'hui par les tribunaux. Les exécutions publiques avaient également lieu à proximité. Le seul accès à la vieille ville pour la population de Bourg-l’Abbé ou pour les personnes venant de l’Ouest se faisait par la Porte Saint-Martin reliée à la place Saint-Sauveur par la rue Pémagnie, étroite et tortueuse .

[modifier] Les grandes opérations d'urbanisme de l'époque classique

En 1752, Louis XV nomma le baron de Fontette intendant de la Généralité de Caen. S’inscrivant dans le courant de rénovation urbaine du XVIIIe siècle en France, le représentant du roi, très au fait des questions d’urbanisme, décida d’aérer la ville. Il participa au réaménagement de la place Saint-Sauveur dont les anciennes bâtisses médiévales avaient été détruites pour permettre aux classes les plus aisées de construire de beaux hôtels particuliers sur un nouvel alignement.

N°1 place Fontette
N°1 place Fontette

Moins présente dans l’esprit des Caennais d’aujourd’hui et pourtant tout aussi voire plus importante que le réaménagement de la place Saint-Sauveur, la création de la place Fontette fut une vraie révolution dans le dispositif urbain de la cité. Fontette fit en effet raser une partie des remparts, combler les fossés et perça une rue rectiligne depuis la place des Petites Boucheries à travers les jardins de l’Abbaye aux Hommes (dont les bâtiments conventuels étaient d’ailleurs en cours de reconstruction depuis 1704). La partie sud de ce nouvel axe, qui fut appelé rue Saint-Benoît (actuelle rue Guillaume-le-Conquérant), fut lotie par les moines de Saint-Étienne. Au bout de cette nouvelle voie, on aménagea une place octogonale, nommée place Fontette à partir de 1763. Les rues Saint-Pierre et Écuyère furent alignées et élargies afin de permettre un accès direct et rapide au centre de la ville. Dans la rue Écuyère, des lucarnes datées de 1750 et des agrafes de style rocaille permettent de relier ces travaux au règne de Louis XV.

Les pavillons d'entrée de la place Fontette à la Belle-Epoque
Les pavillons d'entrée de la place Fontette à la Belle-Epoque

À l'emplacement des anciens fossés, on éleva deux pavillons d'entrée : au sud, celui des moines achevé en 1758 (4 place Fontette) et, au nord, celui de la ville terminé 15 ans plus tard (2 place Fontette). En 1777, le Ministère de la Guerre décida de transformer ce dernier en caserne pouvant recevoir 200 hommes (afin de mettre l'armée à l'écart de la population mais tout en la maintenant à proximité en cas d'émeute). Les deux pavillons devaient être à l’origine reliés par un arc de triomphe ; le projet, trop coûteux, fut abandonné.

[modifier] Le Palais de Justice

Projet du Palais de Justice, 1788. Fonds normands (BM Caen)
Projet du Palais de Justice, 1788. Fonds normands (BM Caen)

A partir de 1781, on éleva le Palais de Justice au nord de la place au pied de la Tour Chastimoine qui fut détruite pour permettre la construction de la prison du Palais (elle-même détruite en 1906 pour prolonger la rue Bertauld vers la rue Saint-Manvieu). Le Palais de Justice de Caen, avec sa façade gréco-romaine, est l'un des premiers d'une longue série de tribunaux construits de la fin du XVIIIe siècle et à la fin du XIXe siècle. La maison de justice médiévale était en effet conçue sur deux niveaux (le carcéral au bas étage, le judiciaire à l'étage noble) et elle s'insérait facilement dans le tissu urbain, comme à Caen où le baillage et la vicomté se situaient dans une maison de la rue des Cordeliers ; à l’inverse, le palais de justice qui apparait au XVIe siècle et s'épanouit à l'âge classique cherche d'une part à séparer la prison des lieux de jugement, d'autre part à se doter d'une image de majesté et d'équilibre par ses dimensions imposantes, sa symétrie et son plan . A partir de 1798, le conseil des bâtiments civils a imposé la généralisation du modèle classique dont le Palais de Justice de Caen peut donc passer pour un précurseur.

Le Palais de Justice a été construit par Armand Lefebvre, ingénieur des ponts et chaussées. Le bâtiment, construit sur un plan hexagonal, s'ouvre sur la place par un vestibule néo-classique porté par dix colonnes monumentales d'ordre ionique. A la veille de la Révolution, seuls la prison, le bailliage et la cour Royale étaient achevés. Les travaux de l’aile sur la place Saint-Sauveur reprirent en 1809 sous la direction de l'architecte départemental Jean-Baptiste Harou-Romain, mais ne furent terminés que sous la Monarchie de Juillet. La grande salle des audiences, datant de 1866, est l'œuvre de l’architecte Léon Marcotte. Seule la Cour d'Appel a conservé la plus grande partie de ses dispositions anciennes et de ses décors, les locaux du Tribunal de Grande Instance ayant été largement modifiés au cours du XXe siècle.

Un Palais de Justice a été construit sur la place Gambetta en 1996 afin de loger la Cour d’Appel, la Cour d'Assises, le Conseil des Prud’hommes et le Tribunal du Commerce ; le Tribunal d'instance étant installé dans l'Hôtel Daumesnil, le Tribunal de Grande Instance est le seul à occuper les locaux de la place Fontette. Le bâtiment nécessite une opération de restructuration lourde (défaut de solidité des planchers sur environ 50 % des surfaces du bâtiment et fragilisation des façades). Une importante restructuration du site est donc en projet.

[modifier] Monuments historiques

Voir le site du du Calvados

N°3 Place Fontette
N°3 Place Fontette
  • Palais de Justice Parties protégées Façades et toitures de l’ensemble des bâtiments, péristyle, vestibule, les deux escaliers de la Cour d’Appel, salle d’audience dite « Salle des Abeilles » avec son décor Protection ISMH, 16/04/1975 Localisation Place Fontette Propriétaire Mairie de Caen
  • N°1 place Fontette et n°49 rue Ecuyère Parties protégées Façades et toitures Protection ISMH, 13/04/1928 Propriétaire Privé
  • N°3 place Fontette Parties protégées Mur décoré de balustres, et fontaine Protection ISMH, 01/06/1927 Localisation 3, place Fontette, place Louis Guillouard Propriétaire Privé
  • N°2 et n°4 place Fontette Parties protégées Façades et toitures Protection ISMH, 13/04/1928 Localisation 4, place Fontette et 2, rue Guillaume le Conquérant Propriétaire Privé

A proximité : place Saint-Sauveur

  • Eglise du Vieux-Saint-Sauveur Parties protégées Totalité de l'édifice Protection CLMH, 29/06/1951 Localisation Place Saint-Sauveur, rue Saint-Sauveur Propriétaire Mairie de Caen
  • Hôtel du Grand Cerf Parties protégées Façade sur cour et lucarnes sur la rue Protection ISMH, 13/04/1928 Localisation 10, rue Pémagnie Propriétaire Mairie de Caen
  • Hôtel de Fouet Parties protégées Façade Protection ISMH, 21/06/1927 Localisation 20 place Saint-Sauveur Propriétaire Privé
  • Hôtel Marescot de Prémare Parties protégées (A) Façade ; (B) Salle à manger avec son décor de boiseries, au rez-de-chaussée Protection (A) ISMH, 25/06/1929 ; (B) ISMH, 07/04/1975 Localisation 10, place Saint-Sauveur Propriétaire Privé
  • Hôtel Canteil de Condé Parties protégées Façade sur rue, vantaux de la porte compris Protection ISMH, 23/01/1928 Localisation 19, place Saint-Sauveur Propriétaire Privé
  • Statue de Louis XIV Parties protégées Statue avec son socle Protection ISMH, 18/08/2006 Localisation Place Saint-Sauveur Propriétaire Commune

[modifier] Liens