Pierre-Antoine Herwyn

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Pierre-Antoine Herwyn de Nevèle (18 septembre 1753 - 16 mars 1824) est un agronome et homme politique français.

Sommaire

[modifier] Famille et études

Pierre-Antoine Herwyn de Nevèle, naquit le 18 septembre 1753, à Hondschoote, où son père était bourgmestre. Après avoir fait ses humanités au collège des Oratoriens à Furnes, il se rendit à Douai pour y suivre des cours de philosophie et de droit, et joignit à cette étude celle des sciences naturelles, notamment de la physique et de l'anatomie. Son goût pour l'agriculture s'y fortifia aussi par l'observation des excellentes méthodes qu'il y voyait pratiquer, et de retour à Hondschoote où il fut nommé conseiller-pensionnaire de la ville et de l'arrondissement, il eut occasion de mettre à profit les connaissances agronomiques qu'il avait acquises.

[modifier] l'asséchement des marais

Des vastes marais appelés moëres belgiques, situés sur la frontière de la Flandre française et de la Flandre autrichienne avait été concédés depuis longtemps par les souverains des deux pays, à charge de dessèchement ; mais les travaux considérables entrepris à cet effet n'avaient jamais réussi. Enfin, en 1780, les marais de la partie autrichienne ayant été cédés à M. Van der May aux mêmes conditions, Herwyn, avec l'agrément du concessionnaire, se chargea de cette opération difficile et dispendieuse. Aidé de son frère (le baron Herwyn), il fit construire des moulins à palettes et à vis d'Archimède pour élever les eaux ; il établit des digues, des saignées intérieures, des canaux de ceinture, des écluses, des ponts. Son entreprise fut couronnée d'un plein succès et terminée en 1787. L'évacuation des eaux stagnantes, en assainissant le pays, rendit à l'agriculture environ trois mille arpents, dont jusqu'alors on n'avait pu tirer aucun parti.

[modifier] La révolution

En 1789, le bailliage de Bailleul l'envoya comme député aux États-Généraux, où il vota avec la majorité; il fut nommé et constamment réélu, pendant toute la session, membre et secrétaire du comité d'agriculture et de commerce.

Revenu à Hondschoote, il eut le commandement d'un bataillon de la garde nationale dont il excita tellement le zèle pour le service militaire, que lors de la levée des trois cent mille hommes au commencement de 1793, la commune en fournit un tiers au-delà du contingent qui lui avait été assigné. Chargé des travaux de défense de la contrée, Herwyn protégea la retraite de l'armée française, se tint à l'arrière-garde avec son bataillon qu'il ramena à Dunkerque, et prit une part glorieuse a la défense de cette ville. Il venait d'être nommé commissaire des guerres, lorsque, sur un ordre du comité révolutionnaire, il fut arrêté à Hondschoote le 9 octobre 1793. Conduit à Dunkerque puis à Arras, enfin à Douai, avec sa femme qui n'avait pas voulu se séparer de lui, un des geôliers de la prison les tint pendant sept jours dans un cachot; mais cette conduite, si brutale en apparence, était cependant un acte d humanité : le geôlier voulait ainsi les soustraire aux fureurs d'une troupe révolutionnaire dont on craignait l'arrivée dans la ville. Le danger passé, il leur donna une chambre. Après sept mois d'incarcération, Herwyn et sa femme comparurent devant une commission militaire comme prévenus d'intelligence avec l'ennemi, et ils furent acquittés de cette accusation mensongère qu'on ne leur avait même pas fait connaître. Sorti de prison, Herwyn reprit ses fonctions de commissaire des guerres; il servit sous Pichegru et sous Moreau. Après la conquête de la Hollande, il résida pendant quatre ans, en qualité de commissaire-ordonnateur, dans la ville de Bruges et y fut, durant quelques mois, commissaire du Directoire prés le département de la Lys. Dans ces divers emplois il atténua les mesures rigoureuses qui lui étaient prescrites, fit rendre à la liberté les prêtres qu'on avait arrêtés, et s'opposa fortement à l'enlèvement des otages qu'on voulait prendre à Bruges.

[modifier] Consulat et Empire

En 1799, le département de la Lys l'élut député au Conseil des Anciens dont il fut nommé secrétaire ; et, après le 18 brumaire, il fut appelé au Sénat conservateur. Vers cette époque, il se réunit encore à son frère pour recommencer les travaux de dessèchement des moëres belgiques, que les ravages de la guerre avaient entièrement ruinés, et en rétablir l'exploitation. Ils y consacrèrent de nouveau une partie de leur fortune, et terminèrent en deux ans cette vaste entreprise, pour laquelle une médaille d'or leur fut décernée, en 1802, par la société d'agriculture de la Seine, qui les admit ensuite l'un et l'autre au nombre de ses membres.

Vers 1804, cinq ans après la mort de sa première femme, Herwyn épousa mademoiselle Van der Meersch, de l'ancienne famille belge de Nevéle, dont il se fit légalement autoriser à prendre le nom et les armes.

[modifier] Sous la restauration

En 1814, il vota comme sénateur la déchéance de Napoléon, et entra à la Chambre des Pairs dès sa création. Louis XVIII le nomma comte héréditaire, mais ses lettres-patentes ne furent expédiées que le 17 mars 1815; le 20 à midi, lorsque le roi avait déjà quitte sa capitale et qu'on attendait Bonaparte aux Tuileries. Herwyn se présente à la cour royale pour prêter son serment de fidélité au roi entre les mains du premier président, « Si vous êtes homme à le prêter, lui dit le Magistrat, je suis homme à le recevoir ». Le serment est prêté, et l'acte en est transcris sur les registres de la cour. Pendant les Cent-Jours, Herwyn qu'on croyait en Belgique, mais qui n'avait pu suivre Louis XVIII à Gand, se tint soigneusement à l'écart. Après son retour, le roi lui fit remettre son portrait orné d'une légende qui consacrait l'action du 20 mars, et le nomma grand-officier de la Légion d'Honneur. Il continua de prendre part aux travaux de la Chambre des Pairs ; mais, dans ses dernières années, une goutte nerveuse, dont il était attaqué depuis longtemps, le força de mener une vie retirée; et, à la suite de cruelles souffrances, il mourut le 16 mars 1824.

[modifier] Sources

  • Archives historiques et littéraires du Nord de la France et du Sud de la Belgique, 1854, Valenciennes,