Flandre française

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La Flandre française appelée aussi Pays-Bas Français, Flandre du Sud, Flandre ou Flandres est une région non-administrative du Nord de la France.

Sommaire

[modifier] Géographie

Localisation du Westhoek et de la Flandre gallicante historiques avec tracé de la Lys
Localisation du Westhoek et de la Flandre gallicante historiques avec tracé de la Lys

La Flandre occupe la majeure partie de la région Nord-Pas-de-Calais. Lille (Ryssel en flamand ou Rijsel en néerlandais) est sa principale ville, mais elle compte d'autres villes importantes : Douai (Dowaey), Cassel (Kassel), Dunkerque (Duynkerke), Hazebrouck, Bailleul (Belle), Arras (Atrecht), Béthune (Bethun), Saint-Amand-les-Eaux (Sint-Amandt-aen-de-Scherpe), Lens, Saint-Omer (Sint-Omaers)… Elle se compose de trois sous-régions : le Westhoek, la Flandre romane et l'Artois flamand.

Le Westhoek français ou Flandre maritime est compris entre la Lys et la mer du Nord. Ce territoire correspond à l'arrondissement de Dunkerque. Il peut être décomposé en trois régions naturelles :

La Flandre romane, également appelée Flandre gallicante ou, à tort, Flandre wallonne, se situe au sud de la Lys (Leye) et correspond aux arrondissements de Lille (Ryssel), Douai (Dowaey) et Saint-Amand-les-Eaux (Sint-Amandt-aen-de-Scherpe).

L'Artois flamand, avec les villes de Lens, Béthune, Arras, Hesdin, Bapaume…, souvent laissé de côté par une vision minimaliste réduisant l'étendue de la Flandre française au fur-et-à-mesure du recul de l'utilisation du flamand.

On inclut aussi parfois dans la Flandre française la partie méridionale du comté de Flandre (notamment la région de Valenciennes), voire toute l'ancienne province française de Flandre, soit la partie française du comté de Flandre, du comté de Hainaut, et l'Artois (arrondissements de Boulogne et Montreuil) avec pour capitale Lille.

[modifier] Langues

La Flandre française est historiquement une région bilingue. Ce bilinguisme date du IIIe siècle, époque à laquelle les Francs occupent en partie la région et apportent avec eux le dialecte germanique qui deviendra le flamand. Le reste de la région garde la langue romane (latin populaire) dont naîtra la langue d'oïl. Le picard, encore parlé dans la région est un des dialectes de la langue d'oïl qui donnera également le français. La frontière linguistique suit de nos jours à peu près le tracé de la Lys.

Deux langues, en dehors du français, se côtoient donc encore en Flandre :

[modifier] Histoire

Elle fit partie intégrante du comté de Flandre et, officiellement, du Royaume de Francie occidentale puis du Royaume de France de 843 (Traité de Verdun) à 1559 (Traités du Cateau-Cambrésis). Celui-ci passa sous domination bourguignonne (Seconde Maison capétienne de Bourgogne) puis habsbourgeoise au sein, très théoriquement, du Royaume de France dont il est vassal avant de devenir purement possession espagnole après 1559 dans le cadre du Saint-Empire Romain Germanique. Le territoire des arrondissements actuels de Lille, Douai et Dunkerque fut progressivement restitué officiellement à la France durant le règne de Louis XIV (mais dans le domaine royal cette fois et non comme fief vassal de la couronne de France comme avant 1559) par le traité des Pyrénées en 1659, par le traité d'Aix-la-Chapelle en 1668 et par le traité de Nimègue en 1678 (ce traité vient entériner notamment les conséquences de la bataille de la Peene à Noordpeene). La région n'est définitivement française qu'après 1713 avec le traité de la paix d'Utrecht.

Envahie en 1791 par les Autrichiens, Lille est un instant occupée malgré l'héroïque résistance de sa population. Pichegru la reprend en 1793.

La Flandre française n'a plus aujourd'hui la moindre institution politique ou administrative propre, si ce n'est par le biais de l'intercommunalité, instituée par les lois Chevènement-Voynet. Le mot Flandre apparaît en effet dans les dénominations de deux « pays » qui ont vu récemment le jour : le Pays Moulins de Flandre et le Pays Cœur de Flandre.

[modifier] Culture flamande

La Flandre française se caractérise surtout par son identité culturelle : jusqu’au début du XXe siècle, la majorité de la population du Westhoek, une bonne partie de l'arrondissement de Saint-Omer et une étendue non négligeable de la Flandre gallicante parlait le flamand, dialecte du néerlandais et nettement distincte du picard (dont le fameux chti), langue d'oïl parlée plus au sud et à l’ouest. Le flamand fut enseigné dans les écoles primaires de la région jusqu'à l'interdiction de 1853 par l'académie de Lille. Cet arrêté n'a jamais été remis en cause depuis. On pouvait lire sur les murs des écoles des inscriptions telles que « il est interdit de parler flamand et d'uriner sur les murs ». De même, jusque dans les années 1960, on encourageait les élèves à la délation en faisant porter un bonnet d'âne à ceux qui parlaient leur langue maternelle flamande.[réf. nécessaire].

Aujourd'hui, certaines personnes âgées dans les villages parlent toujours le flamand entre elles. Le néerlandais est enseigné dans quelques écoles et collèges dans un cours d'une heure par semaine, mais ce n'est pas la langue régionale. L'Institut de la Langue Régionale Flamande, localisé à Cassel dispense des cours de flamand régional. Par ailleurs, des jeux flamands (comme la bourle) sont encore pratiqués. Les kermesses sont nombreuses, et les fêtes des moissons et de corporation revêtent un caractère traditionnel apprécié par les visiteurs.

La langue flamande n'est pas reconnue par l'État français comme langue régionale, ceci en dépit des cent mille citoyens français qui parlent ou comprennent cette langue[réf. nécessaire]. La demande d'une telle reconnaissance fut introduite auprès de Luc Ferry mais elle se heurta à un refus au motif que le flamand n'est « qu'une composante du néerlandais, langue étrangère ».

On trouve des traces de l'extension du flamand dans la toponymie : Dunkerque signifie « église de la dune », Godewaersvelde « champ de Geoffroy », Brouckerque « église du marais », Steenwerck « chemin ("travail") de pierre » et Hazebrouck « marais du lièvre ».

Il existe des associations de défense du patrimoine culturel flamand, telles que le Comité flamand de France ou encore De katjebei

[modifier] Environnement

La géologie et la faiblesse du reliefs (hormis les monts de Flandre ; buttes tertiaires relictuelles au sol plus acide, où le boisement a été conservé en raison des sols pauvres et pentus) expliquent des cours d'eau très lents qui ont créé ce paysage de "Plat-pays".

La nature sauvage et les grandes forêts ont précocement disparu de cette région en raison de son potentiel agricole exceptionnel, valorisé dès la fin de la préhistoire.
Beaucoup d'espèces des anciennes lisières et clairières forestières et des zones humides ont néanmoins pu survivre de la préhistoire aux années 1950 dans le bocage et dans les nombreuses mares creusées dans l'argile des flandres (Chaque maison avait sa mare, et de nombreuses pâtures avaient les leurs).

J. Macquart, en 1851 dans les Mémoires de la Société des sciences de l'agriculture et des arts de Lille décrivait ainsi le bocage flamand;

« Les arbres forestiers que nous avons transplantés dans nos vergers, dans nos bosquets, le long des chemins et des cours d'eau, forment une partie considérable de la richesse du sol dans quelques-unes de nos provinces, et particulièrement dans la Flandre. Pour s'en faire une idée, il faut gravir le mont Cassel (Castellum morinorum), aux souvenirs romains, trois fois champ de bataille sous les rois Philippe, et jeter les yeux sur le panorama qui s'étend de Dunkerque à Lille. Cette heureuse contrée où les terres arables luttent de fertilité avec les nombreux pâturages , est semblable à une vaste forêt mêlée de petites clairières, et cependant, à l'exception de la forêt de Nieppe, du bois de Clairmarais et de quelques bosquets, toutes les plantations qui semblent couvrir la terre sont celles des vergers, dont l'intérieur est planté d'arbres fruitiers, et le bord, généralement orné d'un ou deux cordons d'ormes.
Dans les haies d'Aubépine ou de Pruneliers s'élèvent des Chênes, des Peupliers, des Frênes. Le bord des chemins est planté de Peupliers de Hollande (Bois-blancs), dont les racines traçantes raffermissent le sol et eu absorbent l'humidité, tandis qu'un large fossé préserve de cet effet les champs riverains.
 »[1]

Les ormaies caractéristiques de la plaine maritime ont disparues avec la régression du bocage encouragée par les remembrements, mais aussi à cause de l'épidémie de graphiose de l'orme qui a décimé cette espèce dans toute l'Europe dans les années 1970-1980.

Il reste néanmoins sur les monts et dans les dépressions plus humides des reliques de milieux naturels ou semi-naturels riches en biodiversité, qui sont des éléments de la trame verte régionale et nationale.

[modifier] Littérature

L'œuvre de l'auteur dunkerquois Michel de Swaen est encore reconnue de nos jours dans l'ensemble de l'espace néerlandophone comme l'une des plus importantes de la littérature flamande.

Le Théâtre populaire pour la Flandre française de Flor Barbry est une société théâtrale néerlandophone donnant des représentations en Flandre-Occidentale (Belgique) et Flandre française depuis 1954.

L'écrivain nordiste Maxence Van der Meersch et Marguerite Yourcenar qui a vécu au Mont noir ont notamment écrit sur cette région.

[modifier] Voir aussi


[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes