Mad

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

MAD est un magazine satirique américain créé par l'éditeur William Gaines et le rédacteur et auteur Harvey Kurtzman, en 1952.
Ouvertement destiné aux jeunes lecteurs, il caricature la culture pop américaine, dégonfle les baudruches et se moque des petits travers de chacun. Il est le dernier survivant d'un ensemble de titres appréciés de la critique et du public, les EC Comics. Leur éditeur William Gaines a beaucoup souffert de la censure qui a littéralement fait disparaitre ses précédentes parutions, des magazines de science-fiction et d'horreur (les EC horror comics).

Sommaire

[modifier] Histoire

À ses débuts, MAD était publié comme un comic book sous le titre 'Tales Calculated To Drive You Mad' (Histoires conçues pour vous faire perdre la tête), devenu Mad. Le sous-titre initial était Humor in a jugular vein (et dans la version française : Humour dingue pour les dingues et demi-dingues).

Le premier numéro du magazine est paru en octobre-novembre 1952 et était presque entièrement rédigé par Harvey Kurtzman.
Il était principalement consacré à la satire de la presse quotidienne et magazine de l'époque ou encore des films à la mode.

On raconte souvent que MAD est passé du format comic book (juillet 1955, numéro 24) au format magazine dans le but d'échapper aux règles strictes du Comics Code Authority, que s'étaient imposés certains éditeurs de bande dessinée en 1955, sous la pression du Sénat américain qui rendait la bande dessinée responsable de l'augmentation de la délinquance juvénile et menaçait d'imposer à l'industrie de la bande dessinée un dispositif législatif. Mais il semble qu'en réalité, cette mutation a été imposée par Harvey Kurtzman qui, courtisé à l'époque par un autre magazine, n'acceptait de continuer MAD que si le journal devenait un magazine plus luxueux. La conséquence immédiate de ces changements fut que MAD élargit à la fois sa taille et le domaine des sujets traités. Il élargit au passage son lectorat et voit s'étendre la tranche d'âge de ses lecteurs.
Un conflit permanent opposant Harvey Kurtzman à son éditeur à propos du contrôle du contenu de la publication aboutit, en 1956, à une interruption définitive de la collaboration entre Kurtzman et EC Comics. C'est Albert Feldstein qui prend la direction du journal à partir du numéro 29 (août 1956).

Bien qu'il y ait eu des précédents tant dans la presse qu'à la radio ou encore dans les films, à l'époque MAD était unique en son genre, un pavé bien agité dans la mare tranquille de son époque.

Durant les années 1950, MAD fut l'image même de la parodie de la culture pop américaine, illustré par des artistes tels que Jack Davis, Bill Elder et Wally Wood, chacun dans un style qui lui était propre. Ils ont mélangé l'affection sentimentale pour la culture familiale américaine (Par exemple Archie, ou Superman) avec un plaisir malicieux d'exposer la supercherie derrière l'image (Par exemple Starchies ou Superduperman) (Superduper peut se traduire à peu près par "plus que Super" donc Plus-que-Superman)

[modifier] Imitations et éditions internationales

De nombreux journaux ont tenté de se placer dans le sillage de Mad Magazine, avec un succès variable : Panic (imitation « autorisée » car ayant le même éditeur), Sick, Whack, Cracked (formé de "sécessionistes" du magazine, qui a survécu le plus longtemps et que l'on s'apprête à faire reparaître) Crazy ou encore Eh dig this crazy comic pour ne citer que les plus connus.
En France, le journal Fluide Glacial n'a jamais caché sa dette envers Mad, dont les dessinateurs ont du reste fourni un temps quelques pages à Pilote. Au Québec, le journal Safarir s'est lui aussi placé sur le créneau de l'humour et de la parodie.

[modifier] Éditions non-américaines actuelles (2005)

[modifier] Anciennes éditions non-américaines

[modifier] À propos des éditions françaises

Mad a fait l'objet de deux tentatives successives de traduction en français, l'une par Ives Trevian et l'autre en collaboration avec l'équipe de Hara-Kiri. L'adaptation s'est souvent révélée difficile pour les français, peu au fait de la culture états-unienne, ou très maladroite : citons par exemple une caricature d'Elvis Presley (bien connu en France) qui présentait le chanteur sous le nom de Johnny Hallyday.
De nombreux recueils de bandes dessinées issues de Mad ont été publiés en français, par les éditions du Fromage, les éditions Neptune et les éditions Albin Michel.

[modifier] Contenu

Mad a longtemps résisté aux publicités dans ses pages, ce qui lui a permis d'embrocher les excès d'une culture matérialiste sans crainte de représailles de la part des annonceurs. Le magazine a souvent parodié les campagnes publicitaires américaines de son époque. Pendant les années 1960, MAD se penche sur des sujets tels que les hippies, la Guerre du Viêt Nam ou encore l'abus de drogues. Le magazine passait autant de temps à critiquer les drogues comme le cannabis que les drogues comme l'alcool et le tabac. Bien que l'on puisse considérer le ton de MAD comme étant «liberal» (ce que l'on peut traduire par «gauchiste»), le magazine n'a épargné ni les Républicains ni les Démocrates. Contrairement à certains de ses concurrents comme le National Lampoon et contrairement à certaines des ses éditions étrangères, Mad a toujours évité tout contenu pouvant être jugé comme obscène.

En clin d'œil à la célèbre page centrale dépliable du magazine Playboy, chaque numéro de MAD depuis 1964 contient une page extérieure "pliable", due à l'artiste Al Jaffee. Sur chacune de ces pages, une question est posée, illustrée par une image qui occupe la largeur de la page. Mais lorsque l'on rabat la page en suivant les indications données, une nouvelle image et un nouveau texte, qui répondent au texte d'origine, apparaissent.

D'autres parties récurrentes du magazines incluent "The Lighter Side of..." (le côté plus lumineux de...), par Dave Berg, qui caricaturait souvent le mode de vie de la banlieue, l'indescriptible "Spy vs Spy" (Espion contre Espion) d'Antonio Prohias qui décrit la guerre sans fin que se mènent l'espion blanc et l'espion noir (tellement "sans fin" qu'elle a duré plus longtemps que la Guerre Froide dont elle était inspirée). Don Martin qui fut qualifié d'artiste le plus fou de MAD (MAD's Maddest Artist), dessinait régulièrement une page mettant en scène des personnages ??? pauvres, clochards et vulgraires dont on pouvait voir les pieds articulés. Il s'agissait de gags visuels qui se terminaient souvent par un ensemble d'onomatopées telles que GLORK, PATWANG-FEE ou GAZOWNT-GAZIKKA. Sergio Aragones, dont le travail est presque uniformément silencieux, écrit et dessine "Looks At..." ("Regards sur...") depuis plus de 40 ans. Aragones réalise également les "MAD Marginals" : de petites images gag qui apparaissent un peu partout dans le magazine, dans les coins, les marges, les espaces libres.

[modifier] Alfred E. Neuman

L'icône de Mad Magazine est Alfred E. Neuman, un garçon aux cheveux ondulés, à qui il manque une dent et qui demande : « What, me worry ? », qu'on peut traduire par « Qu'est-ce que j'en ai à faire ? », « Quoi ? moi, inquiet ? » (prononcé avec insouciance, nonchalance et un sourire béat).

Le portrait d'Alfred s'affiche en couverture du magazine dès ses premières années de parution après être apparu dans une petite partie d'un exemplaire antérieur. L'idée originale d'un garçon sans nom avec un sourire béat était populaire bien des années avant que MAD l'adopte. Elle avait été utilisée par la propagande raciste des nazi comme stéréotype juif.

Le personnage tient son nom d'Alfred Newman, le célèbre compositeur, dont les apparitions intempestives à la radio avaient beaucoup amusé Kurtzman quelques années plus tôt.

[modifier] Quelques auteurs de Mad

[modifier] Scénaristes

  • Dick DeBartolo
  • Desmond Devlin
  • Stan Hart
  • Frank Jacobs
  • Tom Koch
  • Arnie Kogen
  • Jack Rickard
  • Larry Siegel
  • Lou Silverstone
  • Mike Snider

[modifier] Scénaristes/Dessinateurs

  • Sergio Aragones
  • Dave Berg (...looks at American people)
  • John Caldwell
  • Don Edwing
  • Al Jaffee
  • Don Martin
  • Paul Peter Porges
  • Antonio Prohias (Spy vs. spy)

[modifier] Dessinateurs

[modifier] Impact sur la culture populaire

De nombreux scénaristes et dessinateurs humoristiques y ont puisés leur inspiration.

Dans la série Les Simpsons, Bart y est abonné. Un clin d'œil de Matt Groening.

[modifier] Lien externe