Laogai

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Carte des Laogai en Chine
Carte des Laogai en Chine


Un laogai (chinois : 勞改, pinyin : láo găi, abréviation de laodong gaizao 勞動 改造 qui signifie « travail et réforme », « réforme par le travail », soit la « rééducation par le travail ») est un camp de rééducation par le travail en République populaire de Chine. C'est l'équivalent de ce qui était appelé « goulag » en Union sovétique.

Sous Mao Zedong, le laogai était un réseau de camps de concentration et de travaux forcés pour les ennemis du Parti communiste chinois selon les « neuf catégories de nuisibles » (propriétaires fonciers, paysans riches, contre-révolutionnaires, mauvais éléments, droitistes ou droitiers, militaires et agents du Guomindang, agents ennemis capitalistes et les intellectuels pendant la Révolution culturelle). Aujourd'hui encore, plusieurs de ces centres de détention existent. On y trouve les opposants politiques, dissidents, et étudiants présents lors des manifestations du 27 avril et 4 juin sur la place Tian'anmen en 1989. On trouve donc également dans ses camps, des activistes qui reconnaissent le pape, des activistes tibétains et un nombre important de pratiquants du Falun Gong.

Sommaire

[modifier] Règlement du laogai du Parti communiste chinois (extrait)

[modifier] Manuel de réforme de procédure criminelle approuvé par le Bureau du laogai du ministère de la Justice

« La tâche essentielle de nos installations du laogai est de punir et réformer les criminels. Pour définir concrètement leurs fonctions, elles remplissent leurs tâches dans les trois domaines suivants :
  1. punir les criminels et les garder sous surveillance.
  2. réhabiliter les criminels.
  3. Faire participer les criminels au travail et à la production, créant ainsi de la richesse pour la société.
Nos installations du laogai sont à la fois des services de l'État et des entreprises spécialisées. »

[modifier] Décision du Conseil d'État relative à la rééducation par le travail

« Les catégories suivantes de personnes peuvent être embauchées pour être éduquées par le travail :
Les contre-révolutionnaires et réactionnaires anti-socialistes dont les crimes sont mineurs et ne font pas l'objet d'une poursuite criminelle et qui ont été renvoyés des administrations du gouvernement, des organismes, entreprises, écoles et autres unités, et n'ont aucun moyen de gagner leur vie. »

(D'après Œuvres choisies des règlements de sécurité publique de la République populaire de Chine, p. 209, Pékin).

[modifier] Le laogai, entre goulag et entreprise

[modifier] Bilan

Le système du laogai est estimé à plus de 1000 camps à travers les différentes régions de la République populaire de Chine. D'après le gouvernement chinois, il concerne actuellement plus de 2 millions d'individus, mais entre 4 et 6 millions de prisonniers selon la Laogai Research Foundation (références). Cette organisation, créée par Hongda Harry Wu, ancien prisonnier chinois du laogai, estime à plus de 50 millions le nombre de prisonniers chinois qui sont passés dans ces camps depuis l'arrivée des communistes au pouvoir en 1949 et à 20 millions d'hommes et de femmes qui y sont morts (froid, faim, maladie, fatigue, exécutions sommaires, etc.).

La République populaire de Chine est souvent critiquée pour ne pas respecter les Droits de l'homme dans le laogai.

[modifier] Types de camps, production, produits

La Laogai Research Foundation dénombre 4000 camps de travail, centres de détention et prisons ayant le caractère de camps laogai. Ce nombre est obtenu en prenant en compte des centres de détention prenant l'apparence d'usines, de fermes et de mines. Pékin a reconnu officiellement que les marchandises produites dans ces camps rapportaient en moyenne 200 millions d'euros par an.

À partir de 1983, alors que Deng Xiaoping fait de chaque laogai une entité économique autonome, le directeur de camp est devenu chef d'entreprise.

Les produits du laogai sont divers et variés allant du thé noir à l'amiante, en passant par les pièces automobiles, produits chimiques( engrais, poudre noire), ciment, jouets, agriculture (coton, riz, etc.), mais aussi l'exploitation minière. Les prisonniers produisent pour l'exportation environ 150 articles différents. Et "si la qualité n'est pas satisfaisante, le prisonnier est battu". (Libération du 28/01/97)

[modifier] Made in laogai

« Le soutien financier des firmes occidentales, l'encouragement des gouvernements aux échanges commerciaux, la Banque mondiale qui continue de financer de grands travaux au Xinjiang en sachant très bien qu'elle finance aussi des camps de travail renforcent un système pénitentiaire lié au commerce extérieur chinois. » (La Vie, 30 janvier 1997)

[modifier] Voir aussi

  • Jean Pasqualini le seul Français ayant survécu au Laogai, il a témoigné dans un livre paru en 1974 : Prisonnier de Mao

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes