Joris-Karl Huysmans

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Joris-Karl Huysmans
J.-K Huysmans à la fin de sa vie
Naissance 5 février 1848
Décès 12 mai 1907
Activité Romancier
Nationalité français
Mouvement naturalisme, Symbolisme
Œuvres principales À rebours, Là-bas

Joris-Karl Huysmans, né le 5 février 1848 à Paris où il est mort le 12 mai 1907, est un écrivain et critique d'art français.

Sommaire

[modifier] Biographie

Joris-Karl Huysmans descend d'une longue lignée d'artistes peintres flamands. Il est inscrit à l'état civil sous la forme francisée de son nom : Georges-Charles Huysmans. La plupart de ses œuvres ont été éditées — et continuent de l'être — sous la forme abrégée de J-K. Huysmans.

Après une « jeunesse d'humiliation et de panne » (le remariage de sa mère avec l'homme d'affaires protestant Jules Og ; son père étant mort le 24 juin 1856), il poursuit une carrière de fonctionnaire pendant trente ans.

Il publie à compte d'auteur en 1874 un recueil de poèmes intitulé Le Drageoir à épices qui est réédité et rebaptisé l'année suivante Le drageoir aux épices. Un article sur L'Assommoir et un roman, Les Sœurs Vatard (1879), lui valent l'amitié d'Émile Zola et l'amènent à participer à la publication en 1880 d'un recueil collectif intitulé Les Soirées de Médan, véritable manifeste en acte du naturalisme, où il insère Sac au dos. Ses œuvres peignent alors des existences ternes et une vie quotidienne fade dans En Ménage (1881) et À vau-l'eau (publié à part en 1882). Déjà apparaissent son pessimisme et son dégoût pour un monde moderne composé « de sacripants et d'imbéciles ».

À rebours (1884) rompt nettement avec l'esthétique naturaliste ; les « tendances vers l'artifice » du héros, Des Esseintes, sont, « au fond, des élans vers un idéal ». Un autre personnage, Durtal (Là-bas, 1891), exprime aussi l'évolution que connaît Huysmans ; cette étape satanique, où se mêlent occultisme et sensualité, précède sa conversion à la foi chrétienne (La Cathédrale, 1898 et L'Oblat, 1903) à laquelle l'ont amené des préoccupations esthétiques : l'écrivain, en effet, en vient au catholicisme, attiré par l'art qu'il avait fondé, comme il avait été séduit par le talent des impressionnistes (Degas, Monet, Pissarro, Odilon Redon) dont il se fait le défenseur dans L'Art moderne (1883).

Au terme d'une difficile évolution, Huysmans cherche à « atteindre les en deçà et les après », à faire un « naturalisme spiritualiste » tout en gardant son goût du détail cru, des termes rares et de la brutalité véhémente du style, « la langue étoffée et nerveuse du réalisme ».

Il se retire chez les bénédictines à Paris. On lui découvre un cancer de la machoire en 1905. Conformément à ses convictions religieuses, il décide d'accepter la douleur et de ne rien faire pour la soulager. Il meurt deux ans plus tard, le 12 mai 1907 dans des conditions de douleurs physiques atroces. Il est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris. Son exécuteur testamentaire fut son ami Lucien Descaves.

[modifier] Un portrait de J.-K. Huysmans par Léon Daudet vers 1890

« J.-K. Huysmans, familier de Goncourt, était silencieux et grave comme un oiseau de nuit. Mince et légèrement voûté, il avait le nez courbé, les yeux enfoncés, le cheveu rare, la bouche longue et sinueuse, cachée sous la moustache floche, la peau grise et des mains fines de bijoutier ciseleur. Sa conversation, ordinairement crépusculaire, était toute en exclamations écoeurées, dégoûtées sur les choses et les gens de son époque, qu’il exécrait également, qu’il maudissait, depuis la décadence de la cuisine et l’invention des sauces toutes préparées, jusqu’à la forme des chapeaux. À la lettre, il vomissait son siècle et le parcourait frileusement, comme un écorché vif, souffrant des contacts, des atmosphères, de la sottise ambiant, de la banalité et de l’originalité feinte, de l’anticléricalisme et du bigotisme, de l’architecture des ingénieurs et de la sculpture « bien-pensante » de la tour Eiffel et de l’imagerie religieuse du quartier Saint-Sulpice.

[...] Il fallait voir Huysmans, acculé par un raseur dans un coin du « grenier » Goncourt, allumant une cigarette, comme pour chasser un insecte, cherchant à s’évader par petits pas feutrés, et coulant vers son interlocuteur un regard de martyr qui eût voulu se faire bourreau. Un jour que j’étais arrivé à le dégager : « Merci, me dit-il, pour mes rotules ; je pensais ne jamais pouvoir les décoller de cet ignoble individu. » Il ne ménageait pas les termes, je vous assure, et ses coups de griffe laissaient, en général, cinq raies sanglantes sur le museau de son fâcheux. »
    — Léon Daudet, Fantômes et vivants, chap. V.

[modifier] Œuvres

Portrait de J.-K. Huysmanspar Félix Vallotonparu dans Le Livre des masquesde Remy de Gourmont (1898).
Portrait de J.-K. Huysmans
par Félix Valloton
paru dans Le Livre des masques
de Remy de Gourmont (1898).
Éditions modernes
  • Le Drageoir aux épices, éd. Patrice Locmant, Champion, 2003

[modifier] Bibliographie

Pages sur ce thème sur les projets Wikimedia :

  • Robert Baldick, Vie de J.K. Huysmans, Denoël, 1975.
  • Jean Borie, Huysmans, le Diable, le célibataire et Dieu, Grasset et Fasquelle, 1991.
  • Patrice Locmant, J.-K. Huysmans, Le forçat de la vie, Bartillat, 2007.
  • Léon Bloy, Sur Huysmans

[modifier] Liens externes