Hugues des Hazards

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Hugues des Hazards est né à Blénod-lès-Toul en 1454. Il était Chancelier du Duché de Lorraine. Il est mort le 14 octobre 1517 à l'âge de 63 ans.

[modifier] Son tombeau dans l'église Saint-Médard de Blénod-lès-Toul

À gauche du chœur, nous pouvons admirer le tombeau de Hugues des Hazards, sculpté par Gauvin. Le portrait de Hugues des Hazards se trouve à la droite du choeur.

Portrait de Hugues des Hazards
Portrait de Hugues des Hazards
Tombeau de Hugues des Hazards
Tombeau de Hugues des Hazards

L'ensemble du tombeau mesure 4 m. de haut sur 3 m. 40 de large. Dans le milieu, se trouve représenté, en grandeur naturelle et penché, le corps de l'évêque. Hugues des Hazards est représenté couché et est revêtu des ornements pontificaux au complet : dalmatique sous la chasuble avec, par dessus, le surhuméral qui est toujours utilisé, uniquement dans les grandes occasions, par les évêques d'aujourd'hui. Le surhuméral, ornement propre aux prélats Toulois (et maintenant ceux de Nancy/Toul) est une large bande circulaire aux dessins réguliers, enrichie et bordée de pierres précieuses, avec de part et d'autre de la poitrine, deux fanons riches et frangés. Du dessus et aux épaules partent encore deux demi-disques, frangés aussi, remplis chacun par une brillante rose.

L'histoire de ce rare ornement épiscopal est curieuse. Son emploi viendrait d'un concession papale au Xe siècle. Il aurait certaines analogies avec le pallium, et rappellerait par son symbolisme, sa richesse, sa forme, le rational (pectoral) et l'ephod (huméral) du grand prêtre juif. Au dessous du pontife, sur une longue tablette de cuivre haute de 23 cm., on lit en lettre minuscules gothique gravées en relief une longue épitaphe latine remplie d'abréviation retraçant la vie et les mérites du prélat.

Au dessus du corps de Hugues des Hazards, s'alignent sept gracieuses statuettes féminines de 95 cm. de hauteur, aux vêtements riches et variés, toutes différentes par l'attitude et par l'expression et représentation. Ces statues représentent les sept arts libéraux, à savoir :

  1. La Grammaire La statue est enveloppée d'un grand manteau à capuchon, la penula ; sa main gauche tient une ardoise où sont tracées les douze premières lettres de l'alphabet (les 12 apôtres ?)
  2. La Dialectique Le costume rappelle celui du grand prêtre Juifs : robe longue de dessous sur laquelle est une tunique descendant jusqu'aux genoux et bordée d'un rang de sonnailles qui alternent avec des ornements représentant des grenades ; sur la tunique est passée l'éphode. Cette femme, qui a l'air décidé, porte le caducée élevé et le carquois pendant. Certain voit la médecine dans cette représentation.
  3. La Rhétorique Elle semble tenir dans la main droite une couronne, qu'elle veut offrir comme insigne de victoire. A la ceinture pend une bourse en forme d'escarcelle, comme en portaient les dames d'alors.
  4. L'Arithmétique Voilà les sciences du Trivium. Étudions celles du Quadrivium. Celle-ci est vêtue de la modeste pænula, comme la Grammaire, parce-qu'elle n'est pas une science supérieur. Elle tient à la main droite une ardoise renversée qui porte les nombres 1 à 10, et après le 10, une croix.
  5. La Musique Voici l'Harmonia, décrite par Capella : jeune femme élégante, à la chevelure abondante, au costume richement orné de broderie et d'entre-deux. Elle joue de la flûte, et avec ses pieds sont disposés un petit orgue, un luth, un cygne qui émerge d'une vague ondoyante.
  6. La Géométrie Couverte d'une longue robe à manche courtes, serrée par une ceinture unie, la sixième science a la jupe relevée en dessous de manière à former un bouffant tout autour du corps. La main gauche supporte un tableau où sont dessinées les figures fondamentales de la géométrie plane : triangle, carré, cercle ; l'autre main tient la baguette de démonstration ; elle a sous le bras une équerre ; un fil à plomb pend à sa ceinture.
  7. L'Astronomie Vêtue d'une robe bordée de riches broderies et d'un manteau comparable à celui de la Rhétorique, l'Astronomie, debout sur le croissant de Lune, couronnée d'étoiles, munie d'ailes qui lui permettent de franchir les espaces, tient un livre sur la couverture duquel flamboie le soleil. Au lieu d'un ciel étoilé, on remarque une sphère armillaire où sont tracés les orbes des étoiles, le cercle de l'écliptique et un méridien terrestre.


[modifier] Qui était Hugues des Hazards ?

Le texte qui va suivre est la transcription du texte gothique de l'épitaphe latine située sur le tombeau de Hugues des Hazards.

"Hugues, de l'ancienne et honorable famille Des Hazards, né à Blénod, y fut initié, dès son bas âge, aux premiers éléments des belles-lettres. Ayant ensuite acquis à Toul, à Metz, à Dijon, les meilleurs principes de la Grammaire, il se rendit à Sienne (Italie) où, pendant sept années et aux frais de ses parents, il donna tous ses soins à l'étude de l'un et de l'autre Droit. Après de remarquables études, décoré du titre de Docteur (A), il alla à Rome pour y exercer la charge d'avocat. Mandé par l'illustrissime Roi de Sicile]], duc de Lorraine et de Bar, René II, il revint en Lorraine et fut élevé à la dignité de Prévôt de Saint-Georges de Nancy. Hugues, si recommandable par ses vertus religieuses et sociales, si dévoué aux intérêts de son pays, fut créé, par le même Roi de Sicile, Président des états de Lorraine et aussi Président de son Conseil. Il montra envers les puissants et les princes, dans les différentes légations dont il fut chargé, une rare prudence, une bonne foi singulière, un tact particulier. Le doyenné de la basilique de Metz étant venu à vaquer, les Chanoines, à l'unanimité, le firent leur Doyen. Ensuite, Olry de Blamont, Évêque de Toul, étant mort, les Chanoines [de cette église], d'une seule voix et comme inspirés par le souffle divin l'élurent, quoique absent, pour premier pasteur. Le Pape Jules II confirma son élection et lui donna l'abbaye de Saint-Mansuy alors vacante.

Il administra [son diocèse et sa communauté] avec impartialité, piété, prudence et justice, et quoiqu'il fut appliqué aux affaires les plus difficiles du pays, on ne le vit que rarement ne pas embellir de sa vénérable présence, aux grandes solennités de l'année, les lieux soumis à son autorité. Le très illustre Duc Antoine, fils du Roi René et son légitime héritier, après la mort de son père, environna le pontife Des Hazards d'une égale bienveillance et le combla d'honneurs. Après avoir élevé, depuis les fondements, ce magnifique temple Saint-Médard, la citadelle et le palais de Blénod ; après avoir réparé presque la moitié de l'abbaye de Saint-Mansuy, relevé et doté plusieurs chapelles, renouvelé les ........ en plusieurs endroits [de son diocèse], ménagé, du pied des montagnes et par des conduits souterrains, plusieurs fontaines et formé des réservoirs à l'usage des hommes et des animaux, il ordonna que chaque année son obit fût célébré avec une solennité décente dans l'Église [collégiale] de St-Gengoult de Toul et dans cette église de Saint-Médard. Enfin, le 14e jour du mois d'octobre de l'an 1517, le 63e de son âge, le 11e de son épiscopat, au grand regret de tous, il quitta la vie et reçut la sépulture en présence d'une foule imposante de personnes, dans cette église de Saint-Médard que, plein de souvenirs pour son pays natal, il avait de son vivant, fait construire avec bonheur. Priez pour lui"

L'église de Metz le choisit pour Doyen et la collégiale Saint-Georges de Nancy le nomma prévôt de Lièpvre. En septembre 1508, Hugues des Hazards, prieur de Lièpvre, échange avec les abbés et couvent d'Altdorf la cour franche de Wolxheim (canton de Molsheim) contre celle de Dambach. Vers 1512, Hugues des Hazards est en procès contre Henri et Oswald de Thierstein qui tentaient de s'accaparer des biens de la vallée de la Liepvrette (Archives de Meurthe et moselle G 393).

Pilladius, chanoine de Saint-Dié fit l'éloge funèbre. Sa vie est racontée dans l'histoire de Toul du Père Benoît Picard, page 599 et suivant. Il existe de Hugues des Hazards un ouvrage intitulé "Statuta synodalia olim per Episcopo Tullenses edité par Hugues des Hazards, innovata reformata & aucta, Tul, publié en 1514.

Notes : (A) = Le personnage du tombeau porte deux anneaux, dont l'un au pouce de la main droite. Il pourrait donc y avoir, outre l'anneau épiscopal, celui de docteur, à moins d'avoir rapport au temporel. Les évêques peuvent porter plusieurs anneaux.